Généralement manipuler de l’argent, n’est pas trop dommageable, en autant qu’un se tiennent à une bonne hygiène, car l’argent est un vrai nid de microbe dont la population de bactérie est plus élevée dans un billet que dans la nature. Certaines bactéries peuvent apporter de l’acné,. E.Coli, le C difficile et une résistance aux antibiotiques
Nuage
« L’argent sale » et la résistance aux antibiotiques

Photo : iStock
Les billets de banque en polymère ne protègent pas uniquement de la contrefaçon. D’une certaine manière, ils nous protègent aussi… des bactéries. Et c’est un avantage important à l’ère des bactéries résistantes aux antibiotiques.
Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné
Les microbes résistent plus longtemps sur le papier-monnaie que sur les billets en plastique. Même si le papier semble peu hospitalier, une bactérie peut facilement y survivre pendant trois semaines et même davantage, si le climat est propice, comme dans une région chaude et humide.
Cette survie des microorganismes sur l’argent en papier peut entraîner plusieurs problèmes, comme le montre une récente étude publiée dans le journal Frontier in Microbiology. En plus de constituer un véritable nid de bactéries, cela peut même contribuer au développement de résistances aux antibiotiques.
Une surface peu recommandable
L’étude a été menée avec des billets de banque de la ville de Hong Kong. Les chercheurs ont sillonné la métropole de 7 millions d’habitants pour y récolter des billets dans 12 hôpitaux et 3 stations de métro.
Ils ont aussi recueilli des échantillons bactériens dans différents milieux aux quatre coins de l’île, afin d’évaluer les types de populations microbiennes qu’on y retrouve. Sans surprise, ils ont constaté que les écosystèmes bactériens changeaient en fonction des régions. Par exemple, les bactéries récoltées dans des sédiments marins étaient très différentes de celles trouvées dans un métro.
Rien à voir avec les résultats obtenus à la surface des billets de banque. Tous les billets abritaient des populations bactériennes semblables, comme si, en circulant d’une personne à l’autre, leur surface constituait une palette de toutes les bactéries de la région.
Les chercheurs ont identifié pas moins de 164 espèces différentes de bactéries. La plus commune est Propionibacterium acnes (4,6 % des espèces), une bactérie qui peut être à l’origine de poussées d’acné chez l’humain. Par ailleurs, on en a retrouvé certaines susceptibles de provoquer des problèmes de santé plus sérieux, comme E. coli (1,96 %) ou C. difficile (0,88 %).
Les bactéries présentant un danger pour la santé étaient cinq fois plus nombreuses sur le papier-monnaie que dans l’environnement. Malgré cela, le risque d’attraper une maladie en manipulant de l’argent demeure négligeable tant qu’une hygiène de base adéquate est maintenue.
Un trafic de gènes
Il existe cependant un autre problème : certaines bactéries peuvent mutuellement se transmettre des gènes pour se défendre contre les antibiotiques, de la même manière qu’on échangerait des technologies entre pays alliés en temps de guerre.
Cette technique se nomme le transfert horizontal de gènes. Les chercheurs ont retrouvé cinq fois plus de gènes de résistance aux antibiotiques dans les bactéries des billets de banque que dans la nature, et le mélange homogène des bactéries augmente de 16 fois le risque que de tels transferts aient lieu.
Ceci dit, tout n’est pas négatif : les chercheurs voudraient aussi se servir de ce vecteur à notre avantage, en surveillant les types de microorganismes à la surface des billets de banque d’une région pour avoir une meilleure idée de ce qu’on pourrait appeler « le microbiote d’une ville ».
En comparant les billets de Hong Kong avec des billets venant du centre de l’Inde, les chercheurs ont noté plusieurs différences, non seulement dans le nombre et le type de bactéries, mais aussi dans les antibiotiques auxquels ces bactéries sont résistantes.
Il y aurait donc une possibilité d’utiliser ces informations pour rapidement faire un bilan des bactéries pathogènes d’une région et évaluer les risques pour la population et les stocks d’antibiotiques.
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