Partout dans le monde, nous sentons les changements climatiques, et ce n’est pas fini. Au Québec, nous aurons des changements de nos saisons. Certains seront probablement heureux que l’hiver deviendra moins froid et dura moins longtemps, sauf qu’il y aura plus de risque de verglas. La belle saison sera plus longue, mais des insectes qui véhiculent des maladies se sentirons aussi chez eux. Bref, ces changements auront peut-être des points positifs, mais il y aura beaucoup de conséquences
Nuage
Les changements climatiques ont profondément modifié la météo au Québec. Et ça va continuer.
Plein écran(Illustration : Samantha Puth)
Naël Shiab
ESPACES VERTS
Avec le printemps qui arrive de plus en plus tôt, la période de croissance des végétaux augmente d’année en année. À Montréal, les plantes poussent pendant 9 jours de plus aujourd’hui, par rapport à 1955. D’ici 2050, ce seront de 10 à 30 jours supplémentaires.
CONCRÈTEMENT
Les personnes allergiques au pollen n’ont pas fini d’éternuer. À Montréal, on a constaté que l’herbe à poux libérait ses allergènes pendant 20 jours de plus en 2002, par rapport à 1994. Ça ne va pas s’arranger. D’ici 2065, ce type d’allergies pourrait coûter jusqu’à 800 millions de dollars supplémentaires aux Québécois.
CONSOLATION
Les amateurs de jardinage seront comblés.
CHALEUR
La température moyenne a grimpé de 1 °C à 3 °C au Québec de 1950 à 2011. À Montréal, les nuits avec un humidex supérieur ou égal à 30 °C ont augmenté de 58 % pendant la même période. La surchauffe du Québec n’est pas terminée : on s’attend à de 4 °C à 7 °C supplémentaires d’ici 2100.
CONCRÈTEMENT
Plus il fait chaud, plus la mortalité augmente, notamment chez les personnes âgées. Avec notre population vieillissante et des températures maximales qui devraient battre des records, les projections font état de plus de 20 000 décès en raison des vagues de chaleur d’ici 2065.
INSECTES
Avec l’adoucissement de l’hiver et le prolongement de la saison estivale, certains insectes se propagent au Québec, comme le moustique vecteur du virus du Nil ou la tique qui transmet la maladie de Lyme.
CONCRÈTEMENT
Les projections montrent 600 décès supplémentaires d’ici 2065 à cause du virus du Nil. La tique porteuse de la maladie de Lyme poursuivra son inexorable colonisation du Québec à un rythme de 46 km par année, en direction nord-est. Ces deux maladies pourraient coûter près de 1,6 milliard de dollars à l’État et à la société au cours des 50 prochaines années.
NEIGE
Le Québec se couvrira de blanc moins longtemps. À Montréal, on remarque déjà 30 jours d’enneigement de moins aujourd’hui, comparativement à 1955. D’ici 2070, la métropole pourrait encore perdre de 45 à 65 jours d’enneigement.
CONCRÈTEMENT
La température oscillera plus souvent autour du point de congélation, ce qui multipliera les opérations d’épandage de sel pour assurer la sécurité sur les routes et les trottoirs. Les périodes de gel-dégel abîment aussi les infrastructures.
CONSOLATION
Les snowbirds n’auront peut-être plus besoin de migrer dans le Sud…
ÉNERGIE
Au Québec, avec le réchauffement planétaire, les besoins en chauffage baisseront l’hiver et l’air conditionné deviendra nécessaire l’été. Mais sur l’ensemble de l’année, la consommation électrique résidentielle devrait baisser de 6,7 % d’ici 2030.
CONCRÈTEMENT
La demande d’énergie au Québec, ailleurs au Canada ainsi que dans certains États américains a des effets notables sur les revenus d’Hydro-Québec.
ÉROSION CÔTIÈRE
D’ici 2100, le volume des glaces marines et côtières sera réduit de 90 %, et le niveau de l’eau aura grimpé de 30 à 75 cm. Les vagues causées par les tempêtes frapperont avec davantage de force les littoraux québécois et accéléreront l’érosion.
CONCRÈTEMENT
Des milliers de bâtiments publics et privés se trouvent dans des zones à risque, en plus de voies ferrées et de routes. D’ici 2065, les dégâts subis par ces infrastructures pourraient coûter près d’un milliard de dollars.
PLUIE VERGLAÇANTE
À Montréal, des épisodes de pluie verglaçante se sont produits 29 % plus souvent en 2008 qu’en 1979.
CONCRÈTEMENT
Le verglas provoque davantage d’accidents et de chutes. L’augmentation du nombre de fractures osseuses en hiver cette dernière décennie au Québec est attribuable à ces pluies glacées de plus en plus fréquentes.
(SOURCES : Plan d’adaptation aux changements climatiques de l’agglomération de Montréal 2015-2020, Ville de Montréal, 3e trimestre 2015. Vers l’adaptation : Synthèse des connaissances sur les changements climatiques au Québec, édition 2015, Ouranos. Évaluation des impacts des changements climatiques et de leurs coûts pour le Québec et l’État québécois, Rapport d’étude, Ouranos.)