Les chercheurs ont trouvé 4 sur 51 espèces de lézards à sang vert en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Serait-ce des lézards venu directement de Vulcain, partageant cette curiosité sanguine avec M. Spock ? Si nous avons aussi une haute concentration de biliverdine, comme bien des bébés naissants une jaunisse. Les scientifiques espères trouver une utilité en médecine
Nuage
Ces mystérieux lézards ont le sang vert et toxique
Crédits : Christopher Austin
par Nicolas Prouillac
Dans les profondeurs de la jungle de Papouasie-Nouvelle-Guinée, tapis à l’abri des rayons du Soleil, différentes variétés de lézards Prasinohaemaont un fascinant trait commun : l’évolution les a dotés d’un sang vert et toxique.
Une caractéristique qu’on rencontre plus souvent dans les récits de science-fiction que dans la nature. Mais aujourd’hui, des scientifiques de l’université d’État de Louisiane espèrent utiliser leur sang pour faire avancer la médecine.
Zachary Rodriguez, Susan Perkins et Christopher Austin ont publié le 16 mai dans Science Advances une étude poussée de ces étonnantes créatures, dont le sang, les muscles, les os et les tissus muqueux sont parés d’un vert vif qui éclipse la couleur écarlate de leurs globules rouge. Une couleur due à la haute concentration en biliverdine, un pigment biliaire de couleur verte, de leur système circulatoire.
Notre organisme contient lui aussi de la biliverdine, c’est elle qui donne une teinte jaunâtre ou bleu-vert aux ecchymoses. Mais présente en trop grande quantité dans le sang, elle est responsable d’une manifestation bien connue : la jaunisse. Les lézards Prasinohaema, eux, doivent nous prendre pour des petits joueurs. Leur sang contient en effet plus de 40 fois la dose mortelle pour l’homme de biliverdine. Leur sang de Predator est à ce prix. Et pourtant, ils se portent comme des charmes.
« En plus d’avoir la plus haute concentration de biliverdine jamais enregistrée chez un animal, ces lézards ont développé au cours de leur évolution une résistance à sa toxicité », a déclaré Zachary Rodriguez, l’auteur principal de l’étude, dans un communiqué. « Comprendre les changements physiologiques sous-jacents qui ont permis à ces lézards de ne pas contracter de jaunisse pourrait donner lieu à des approches non-traditionnelles de problèmes de santé spécifiques. »
L’équipe de chercheurs a ainsi passé au crible 51 espèces de lézards issus de ces forêts, dont quatre présentaient cet inquiétant sang vert vif. À leur surprise, les quatre lézards étaient issus de lignages distincts, ce qui signifie qu’ils sont le produit de quatre « accidents » de l’évolution, provoqués par le même environnement. Cela veut dire que son apparition doit avoir une fonction précise, mais elle reste mystérieuse pour les scientifiques. On sait toutefois qu’il est possible que la biliverdine, hautement concentrée, repousse certaines maladies comme le paludisme. Peut-être s’agit-il donc d’un moyen pour eux de se protéger des maladies. Faudra-t-il qu’on ait le sang vert pour devenir immortels ?
Source : Science Advances