La rosacée, une maladie à démystifier


 

La rosacée est une inflammation de la peau qui peut être très invalidante. Il y a des traitements, mais pas de guérison à ce jour. Elle aurait un lien avec certaines maladies comme le Parkinson, les troubles gastriques, maladie cardio-vasculaire et autre
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La rosacée, une maladie à démystifier

Au Canada, environ deux millions de personnes souffrent de rosacée, une... (ILLUSTRATION LA PRESSE)

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IRIS GAGNON-PARADIS

La Presse

Au Canada, environ deux millions de personnes souffrent de rosacée, une inflammation de la peau caractérisée par des rougeurs et des éruptions cutanées au visage. Le hic : la plupart l’ignorent. Alors qu’avril 2016 a été nommé Mois de la sensibilisation de la rosacée au pays, Pause vous présente quelques faits méconnus sur cette mystérieuse maladie.

Le rouge aux joues

Souvent associée – à tort – à l’alcoolisme, la rosacée a autant des répercussions physiques que psychologiques. Avec le Dr Jason Rivers, dermatologue de Vancouver spécialisé en rosacée et porte-parole pour la Société canadienne de l’acné et de la rosacée, nous avons tenté de démystifier cette maladie encore mal comprise.

Facteurs génétiques

La rosacée est bien mystérieuse : encore aujourd’hui, la science ne comprend pas exactement ce qui est responsable de l’apparition de cette maladie chronique de la peau (qui n’est aucunement contagieuse). La rosacée apparaît généralement chez les adultes qui ont entre 30 et 50 ans et est davantage commune chez les femmes et les gens à la peau claire.

« Ce que nous savons, c’est que la génétique semble jouer un grand rôle et que les gens qui en sont atteints ont une peau qui réagit énormément aux facteurs externes, ce qui contribue à augmenter l’inflammation. La cathélicidine, une molécule en lien avec le système immunitaire, semble être plus active chez les personnes qui souffrent de rosacée, causant l’inflammation de la peau », explique le Dr Rivers.

Symptômes visibles

La rosacée est caractérisée par des rougeurs qui peuvent apparaître et disparaître dans la partie centrale du visage – surtout les joues -, une peau rugueuse et des veines apparentes.

« Avec le temps, les rougeurs vont devenir permanentes, et des petites bosses et boutons peuvent apparaître. Plus rarement, dans environ 5 % des cas, les tissus vont enfler et bosseler dans la région nasale, une forme avancée de rosacée qui s’appelle rhinophyma, longtemps associée à l’alcoolisme », détaille le dermatologue. La maladie empire avec le temps si elle n’est pas traitée.

Acné

La rosacée est souvent confondue avec l’acné d’adulte. Une méprise qui n’arrange pas les choses, puisque les produits contre l’acné peuvent irriter davantage la peau sensible et réactive des personnes atteintes de rosacée. Comment les différencier ?

« La rosacée affecte surtout les joues, alors que l’acné peut se retrouver un peu partout sur le visage, le cou, la poitrine et le dos », donne en exemple le Dr Rivers.

Les boutons acnéiques seront aussi plus pustuleux en général. Le mieux est de consulter un dermatologue pour en avoir le coeur net.

Yeux

Chez environ 50 % des gens atteints de rosacée, la maladie va aussi toucher les yeux, un trouble nommé rosacée oculaire. Parfois, la rosacée touche seulement la région oculaire (et non la peau), rendant le diagnostic encore plus difficile à établir. Quels sont les symptômes ? Rougeurs, démangeaisons, orgelets, sensation d’irritation, de sécheresse ou de sable dans l’oeil, sensibilité à la lumière, énumère le Dr Rivers.

« Dans certains cas, cela peut même affecter la vision », ajoute-t-il.

Dépression

Les personnes atteintes de rosacée sont cinq fois plus à risque de souffrir de dépression que la population normale. Maladie stigmatisée – on croit souvent que les gens qui en souffrent prennent un verre de trop -, elle peut causer un grand tort à l’estime. En effet, 75 % des gens affectés par la maladie disent souffrir d’une faible estime de soi.

« J’avais même une patiente qui ne sortait carrément plus de sa maison », raconte le Dr Rivers.

En plus de causer souvent gêne ou honte liée à l’apparence, la rosacée est particulièrement inconfortable.

Facteurs déclencheurs

Si l’alcool n’est pas responsable de l’apparition de la rosacée, il a par contre été établi comme un facteur aggravant de la maladie, particulièrement le vin rouge. Il n’est pas le seul : les produits cosmétiques irritants (avec parfum, alcool, abrasifs), la caféine, les aliments épicés, les températures extrêmes, le stress et l’exposition aux UV sont les déclencheurs les plus communs de la maladie.

« Une personne qui souffre de rosacée ne réagira pas nécessairement à tous ces facteurs ; pour certains, c’est le vin rouge qui est le déclencheur », explique le dermatologue.

Hygiène de vie

« On peut contrôler la rosacée, mais il n’y a pas de remède qui existe à ce jour », affirme le Dr Rivers.

L’hygiène de vie joue pour beaucoup dans le contrôle de la maladie. Il est donc important d’adopter un mode de vie sain et d’éviter le plus possible les facteurs déclencheurs.

« Les gens doivent utiliser des produits doux pour la peau et des savons non irritants. L’application d’une crème solaire est aussi très importante », ajoute le dermatologue.

Traitements

Il existe quelques traitements sur ordonnance pour traiter la rosacée. Des crèmes comme la métronidazole ou encore celles aux stéroïdes ainsi que des antibiotiques en formulation topique ou à prendre par voie orale peuvent aussi être prescrits ; parmi eux, la tétracycline, la minocycline ou l’érythromycine. Certaines personnes ont aussi recours au laser pour traiter les veines rouges visibles sur le visage.

Un lien avec le parkinson?

On comprend encore mal, il est vrai, les mécanismes à l’oeuvre derrière la rosacée. Beaucoup d’études non seulement se penchent sur la maladie en tant que telle, mais examinent aussi son association avec d’autres maux comme le parkinson.

« Plusieurs études tendent à montrer un lien entre la rosacée et des maladies comme les troubles cardio-vasculaires, les reflux gastriques ou même le cancer de la peau. Ce n’est pas que la rosacée cause ces maladies, mais elle y est associée. »

« Cette association montre seulement que ces maladies sont plus communes chez les gens qui ont la rosacée, mais ce n’est pas une relation de cause à effet. C’est important de faire la différence », détaille le Dr Jason Rivers.

Une étude danoise publiée fin mars s’est penchée sur la relation entre la rosacée et la maladie de parkinson. C’est que, même si les processus de déclenchement de la rosacée restent encore à être éclaircis, il existe des preuves que l’activité élevée d’une enzyme nommée métalloprotéinase matricielle (qui décompose les protéines) jouerait un rôle dans la maladie. Une activité accrue de l’enzyme a aussi été observée chez des patients atteints de parkinson et d’autres troubles neurologiques dégénératifs, d’où l’intérêt de l’étude.

Utilisant les données de plus de 5,4 millions d’individus, les chercheurs ont observé un diagnostic de parkinson chez 22 387 d’entre eux et de rosacée chez 68 053 patients. L’incidence de la maladie de parkinson était de 3,54 pour 10 000 par an pour la population générale et de 7,62 pour 10 000 par an chez les personnes atteintes de rosacée. Les gens souffrant de rosacée ont aussi eu tendance à avoir la maladie de parkinson 2,4 ans plus tôt.

L’étude conclut que la rosacée constitue un facteur de risque indépendant pour la maladie de parkinson. Une association qui pourrait être due à des mécanismes pathogènes communs impliquant une activité élevée de la fameuse métalloprotéinase matricielle.

Autre donnée intéressante tirée de l’étude : les gens atteints de rosacée qui prennent de la tétracycline, un antibiotique, semblent avoir de plus faibles chances d’avoir la maladie de parkinson. Dans tous les cas, les chercheurs indiquent que davantage de recherche est nécessaire pour comprendre les mécanismes à l’oeuvre dans cette association avec le parkinson et aussi sur l’effet de la tétracycline.

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Les poussières du Sahara : un maillon du climat


Le Sahara, un jour pourrait devenir verdoyant ! Il semble que les tempêtes de sable sont poussées au-delà du vaste monde et ont une incidence sur le climat a certains endroits de la planète
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Les poussières du Sahara : un maillon du climat

 

Tempête de poussière au dessus de Sahara

Une tempête de poussière sur plusieurs centaines de kilomètres au-dessus du Sahara (image prise depuis la Station spatiale internationale).

Alice Maestracci

 

Une étude montre que le transport des poussières du Sahara est corrélé avec des épisodes météorologiques majeurs, mais aussi avec la topographie du désert. Ces émissions de poussières devraient diminuer au cours du siècle, et ainsi engendrer des modifications climatiques importantes.

Les vents du Sahara transportent de grandes quantités de poussières. Celles-ci fertilisent sols et eaux, mais aussi bloquent ou réfléchissent la lumière du Soleil et influent sur la formation des nuages et des cyclones dans l’Atlantique tropical : elles jouent donc un rôle majeur dans le système climatique. Cyrille Flamant et ses collègues du latmos (cnrs/uvsq/upmc), du cnrm (cnrs/Météo-France) et du sio (Scripps institute of oceanography, Université de Californie) ont analysé les mécanismes qui gouvernent l’émission et la dispersion de ces poussières sahariennes afin de mieux comprendre leur influence sur le climat.

Les chercheurs ont mené une analyse statistique sur les données des vents soufflant à 10 mètres au-dessus de la surface – le standard météorologique –, récoltées entre 1851 et 2011. Ils ont couplé cette analyse à l’étude des dépôts de poussières dans les massifs coralliens du Cap-Vert, dépôts représentatifs du transport vers l’Atlantique tropical Nord. Les résultats obtenus ont mis en évidence les fluctuations importantes du transport des poussières au-dessus du Sahara au cours des 150 dernières années. On y retrouve la trace de divers événements connus, comme les fortes émissions de poussière entre 1910 et 1940 résultant de l’oscillation nord-atlantique (phénomène océanique et atmosphérique qui influe notamment sur le climat européen), ou la sécheresse au Sahel dans les années 1980.

Cette analyse révèle que les phénomènes météorologiques tels qu’El Niño, l’oscillation nord-atlantique ou la zone de convergence intertropicale sont corrélés au transport des poussières du Sahara, notamment par leur influence sur la force de l’harmattan, un vent saharien. Ce dernier accélère lorsqu’il traverse les massifs montagneux d’Afrique du Nord-Ouest et, si sa vitesse est suffisamment élevée, soulève les poussières et les disperse partout sur le globe. L’étude a aussi montré que les zones d’accélération de l’harmattan se trouvaient principalement au-dessus des régions sources de poussières, ce qui explique la forte corrélation entre les fluctuations du vent et le transport de poussières.

Cyrille Flamant et ses collègues ont ensuite appliqué la même méthode aux projections climatiques, et ont ainsi montré que l’émission et le transport des poussières sahariennes devraient baisser jusqu’à la fin du xxie siècle. En conséquence, la qualité de l’air devrait s’améliorer et les précipitations augmenter en Afrique de l’Ouest. Revers de la médaille : un réchauffement de l’océan Atlantique Nord, qui le rendrait plus propice à la formation et au développement de cyclones tropicaux.

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