Découverte majeure à Sainte-Justine au sujet d’une maladie cardiaque congénitale


Le CHU de Sainte-Justine, un hôpital dédié aux enfants, ont pu mieux comprendre la cardiopathie valvulaire grâce à une famille dont deux enfants sur trois avaient une variation congénitale de la valve aortique. Cela serait un gène manquant et qui joue un rôle dans la formation et la maintenant de cette valve.
Nuage


Découverte majeure à Sainte-Justine au sujet d’une maladie cardiaque congénitale

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Cette découverte découle du suivi d’une famille au CHU Sainte-Justine ; deux des trois enfants de cette famille étaient atteints de cette variation congénitale, ce qui a permis d’identifier le gène responsable.

(Montréal) Une équipe de recherche du CHU Sainte-Justine a découvert le gène responsable d’une maladie congénitale courante de la valve aortique dont l’origine n’avait jamais été expliquée auparavant.

JEAN-BENOIT LEGAULT
LA PRESSE CANADIENNE

Les résultats de cette étude, qui a été réalisée en collaboration avec The Hebrew University Center, sont présentés lundi dans la revue Nature Genetics.

2 % de la population présente une cardiopathie valvulaire. Malgré les nombreux indices du rôle de la génétique dans les maladies aortiques, seuls quelques gènes ont pu être identifiés jusqu’à présent.

Ici, le gène ADAMTS19 est mis en cause dans une maladie de la valve aortique ciblant spécifiquement la valve bicuspide.

« Les maladies de la valve aortique sont relativement fréquentes dans la population générale, mais c’est très rare que nous ayons des familles qui se prêtent à une analyse génétique, a expliqué le docteur Gregor Andelfinger, un cardiologue pédiatrique et chercheur au CHU Sainte-Justine. Dans notre étude, nous décrivons deux familles chez qui nous avons identifié le même défaut génétique, à savoir la perte d’un gène qui à date n’était pas connu comme jouant un rôle dans la formation et la maintenance […] de la valve aortique. »

La valve aortique est l’une des valves « les plus importantes du cœur », a dit le docteur Andelfinger, puisque c’est là que passe le sang qui est pompé vers l’organisme par la partie gauche du cœur.

Un mauvais fonctionnement de cette valve peut mener à une défaillance cardiaque ou à divers symptômes quand le patient deviendra moins tolérant à l’effort. Plusieurs d’entre eux auront éventuellement besoin d’une intervention chirurgicale.

« Il y a [des patients] qui sont asymptomatiques, surtout plus jeunes, a indiqué le docteur Andelfinger. En général ce sont des maladies progressives qui vont tôt ou tard avoir une manifestation clinique. »

Cette découverte découle du suivi d’une famille au CHU Sainte-Justine ; deux des trois enfants de cette famille étaient atteints de cette variation congénitale, ce qui a permis d’identifier le gène responsable.

« Cette mutation-là perturbe […] la façon par laquelle les cellules interprètent le stress mécanique du flot sanguin, a dit le docteur Andelfinger. C’est un nouveau mécanisme génétique que nous avons réussi à identifier.

« Potentiellement, la ramification la plus importante est que cette étude-là est un saut en avant dans notre compréhension des mécanismes de la maladie. Je pense que ça pourrait s’appliquer au moment où on pensera à faire de l’ingénierie biologique de remplacement valvulaire. Je pense que notre étude ouvre une nouvelle compréhension pour diriger la génération de valves biologiques artificielles. »

On estime que près de 4000 chirurgies valvulaires sont effectuées au Canada chaque année, un chiffre en constante croissance avec le vieillissement de la population. Le fardeau économique est évalué à près d’un milliard de dollars par an, sans compter le poids de la souffrance pour les patients et leur entourage.

https://www.lapresse.ca/

Décès du Dr. Brazelton, le pédiatre qui a fait du bébé une personne


Le Dr Thomas Berry Brazelton est décédé à 99 ans. Qui est ce médecin ? Un pédiatre qui a changer la façon de voir les nouveau-nés dans les années 1950, alors que les câlins, les bisous, voir même allaitement était la marche à suivre. Il a préconisé l’importance de la relation mère enfant dans le développement de l’enfant
Nuage

 

Décès du Dr. Brazelton, le pédiatre qui a fait du bébé une personne

 

Thomas Berry Brazelton en 2006.... (ARCHIVES AP)

Agrandir

Thomas Berry Brazelton en 2006.

ARCHIVES AP

 

Agence France-Presse
Washington

Thomas Berry Brazelton, pédiatre américain dont les travaux ont fait école dans le monde entier et qui a révolutionné la façon de considérer les nouveau-nés, est mort à l’âge de 99 ans, a rapporté jeudi le New York Times.

Professeur de pédiatrie à Harvard, pionnier en matière de recherche néonatale, le Dr. Brazelton a eu l’intuition novatrice que le bébé avait un caractère et un tempérament individualisés, et qu’il disposait de compétences précoces dans la communication avec son entourage.

Cette idée, qu’il a défendue dès les années 1950, allait complètement à contre-courant d’une époque où le nourrisson était schématiquement considéré comme un tube digestif soumis à un cadre strict. En ce temps-là, les parents se voyaient conseiller d’utiliser des biberons et de s’abstenir de câlins et de baisers sur leur enfant.

T. Berry Brazelton occupe une place centrale dans «Le bébé est une personne», un documentaire de 1984 qui a eu un impact considérable sur les téléspectateurs, en bouleversant les rapports entre les mères et leurs enfants.

Après vingt ans de recherche, notamment sur  les interactions précoces, le Dr. Brazelton avait établi en 1973 une échelle d’évaluation du comportement néonatal, nommée échelle de Brazelton, qui fait encore référence aujourd’hui. Le Dr. Brazelton a également pratiqué une quarantaine d’années à l’hôpital des enfants de Boston.

Spécialiste de la psychanalyse du bébé, il avait une faculté extraordinaire pour accrocher le regard d’un nouveau-né, en le tenant très près de son visage.

Capable de calmer ainsi instantanément un nourrisson agité, de l’endormir ou au contraire de l’éveiller, il a écrit une quarantaine d’ouvrages qui ont permis de changer le regard sur le nouveau-né et, par voie de conséquence, sur sa relation avec son entourage.

http://www.lapresse.ca/

Cancer : quand de « vieux » médicaments deviennent un traitement d’avenir


Le cancer, une maladie qu’on est pas prêt à trouver le traitement pour qu’il disparaisse à tout jamais, il a trop de visages à combattre. En attendant, les chercheurs cherchent des nouveaux traitements pour les enfants que la chimiothérapie et la radiothérapie n’ont pas fait effet. Sans être certain de la réussite proche, ils croient qu’une thérapie ciblée, des médicaments mieux ajusté sont encourageante
Nuage

 

Cancer : quand de « vieux » médicaments deviennent un traitement d’avenir

 

Des cellules cancéreuses

Des cellules cancéreuses Photo : iStock

 

Alors que la chimiothérapie et la radiothérapie permettent de guérir la majorité des cancers pédiatriques, bien peu d’options existent pour traiter ceux pour qui ces thérapies ont échoué. Au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, à Montréal, chercheurs et médecins travaillent sans relâche pour que leurs patients puissent bénéficier de nouvelles méthodes à la fine pointe de la technologie. L’une d’elles est très prometteuse et commence à porter fruit.

Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné, Les années lumières

À première vue, Laurent est un garçon de 12 ans comme les autres. Rien dans son énergie ne laisse présager qu’il est un survivant. Pourtant, il se bat depuis trois ans contre un cancer du foie très agressif, un cancer qui n’a commencé à régresser qu’après l’application d’une nouvelle forme de thérapie ciblée.

« Laurent nous a toujours dit qu’il espérait que les médecins inventent une pilule pour le guérir, explique sa mère, Hélène Tessier. On n’est pas exactement rendu là, mais c’est très proche et ça a beaucoup aidé. »

Laurent, 12 ans, et sa mère, Hélène Tessier

Laurent, 12 ans, et sa mère, Hélène Tessier Photo : Radio-Canada/Renaud Manuguerra-Gagné?

Bien qu’essentielles aux taux de survie actuels des patients, il arrive que la chimiothérapie et la radiothérapie ne viennent pas à bout de certains cancers. De plus, ces méthodes ne sont pas sans séquelles et peuvent entraîner des effets toxiques non négligeables. Depuis quelques années, les médecins tentent donc de mettre en place des traitements beaucoup plus précis et beaucoup moins pénibles que les thérapies conventionnelles.

Selon le Dr Michel Duval, médecin-pédiatre et chef du département d’hémato-oncologie de l’hôpital Sainte-Justine, ce sont surtout les enfants qui ont le plus à gagner de ces nouvelles méthodes.

Présentement, les patients pédiatriques chez qui la chimiothérapie et la radiothérapie n’ont pas fonctionné sont souvent atteints de cancers pour lesquels il est impossible de développer de nouveaux médicaments dans de grandes études pharmacologiques. Ces patients, trop peu nombreux, ne représentent qu’une petite fraction de l’ensemble des malades atteints du cancer. Par conséquent, beaucoup de médicaments sont d’abord développés pour les adultes.

Pour corriger la situation, la communauté médicale se tourne vers deux nouvelles voies très prometteuses. La plus connue reste l’immunothérapie et utilise les cellules du système immunitaire pour combattre directement le cancer.

Toutefois, une autre méthode suscite beaucoup d’intérêt. Il s’agit de l’oncogénomique, aussi appelée thérapie ciblée. L’objectif de cette technique est de trouver une faille dans le code génétique des cellules cancéreuses et de l’exploiter.

Depuis deux ans, plusieurs familles dont les enfants ne répondent pas aux traitements traditionnels ont été approchées par l’équipe du Centre de cancérologie Charles-Bruneau de l’hôpital Sainte-Justine.

La méthode étant encore expérimentale, les chances qu’elle guérisse ces malades restent faibles.

« Nous sommes au début d’une nouvelle sorte de traitement, explique le Dr Duval. La chimiothérapie a mis plusieurs décennies de perfectionnement pour arriver au taux de réussite actuel. Il faudra le même temps pour la thérapie ciblée, mais les résultats que nous avons obtenus sont très encourageants! »

Tout au long du processus, les médecins restent parfaitement transparents avec les familles en ce qui concerne les chances de réussite. Selon le docteur Henrique Bittencourt, médecin pédiatre impliqué dans ce projet, les proches acceptent de participer non seulement dans l’espoir d’une guérison, mais aussi à cause d’un grand esprit d’entraide entre les patients.

En plus de n’entraîner aucun risque – dans le cas de Laurent, ce dernier n’a eu qu’à se soumettre à une biopsie –, cette méthode fournit de l’information qui sera utile pour le traitement d’autres malades.

Le Dr Michel Duval, médecin-pédiatre au CHU Sainte-JustineLe Dr Michel Duval, médecin-pédiatre au CHU Sainte-Justine Photo : Radio-Canada/Renaud Manuguerra-Gagné?

Talon d’Achille d’une tumeur

Selon Daniel Sinnett, chercheur au Centre de cancérologie Charles-Bruneau de l’hôpital Sainte-Justine, préparer un traitement peut prendre entre neuf et dix semaines.

Des chercheurs vont d’abord analyser le code génétique des cellules cancéreuses afin de comprendre les rouages qui font progresser la maladie.

Des équipes de bio-informaticiens vont cartographier l’ADN tumoral et assembler une liste de mutations fonctionnelles. Ces dernières sont les mutations les plus importantes pour la progression du cancer. Il y en aurait entre cinq et dix par type de cellule cancéreuse.

Une fois les cibles établies, les scientifiques vont parcourir la littérature médicale à la recherche de quelque chose qui, à première vue, peut sembler étonnant : un médicament déjà existant et capable de s’attaquer à ces mutations.

Pour comprendre d’où provient un tel médicament, il faut savoir qu’il existe des millions de molécules thérapeutiques, chacune ayant la capacité de cibler un ou plusieurs mécanismes biologiques. Ces mécanismes peuvent être utiles à plusieurs cellules du corps, y compris les cellules cancéreuses.

Si, par exemple, un médicament a été développé pour bloquer des molécules importantes pour la progression de la maladie d’Alzheimer, et que les cellules cancéreuses d’un patient utilisent justement cette même molécule pour fonctionner, les chercheurs pensent qu’il serait possible d’utiliser ce médicament pour attaquer les cellules cancéreuses.

La version audio de ce reportage est disponible sur la page de l’émission Les années lumière sous le titre L’oncogénomique : Une nouvelle arme contre le cancer

Un parcours difficile

Bien que l’idée derrière la thérapie ciblée semble simple, fournir un tel médicament à un malade est un véritable parcours du combattant pour les médecins traitants.

Selon Daniel Sinnett, plusieurs embûches peuvent interrompre ce processus : il est d’abord possible qu’il n’y ait aucun médicament capable de cibler la mutation, soit parce que rien de tel n’a été découvert, soit parce que le médicament n’est plus fabriqué par la compagnie en possédant les droits, et donc, n’existe plus.

Si un tel médicament est disponible, il est aussi possible que sa posologie soit trop difficile à tolérer par un enfant, qui serait alors affecté par des effets secondaires dangereux. Le dernier problème d’accessibilité en est un de coût.

Étant donné que cette méthode est expérimentale et qu’aucun résultat n’est garanti, il arrive que les assurances publiques ou privées refusent d’en prendre la charge. Dans certains cas, les coûts de la médication peuvent atteindre les dizaines de milliers de dollars par mois, ce qui la rend inaccessible aux familles laissées dans cette situation.

Des résultats prometteurs

Une fois qu’un médicament sécuritaire est entre les mains des médecins, le patient fait face à plusieurs situations possibles.

« Dans certains cas difficiles à expliquer, il est possible que le médicament n’ait simplement aucun effet, explique le Dr Bittencourt. Il peut aussi avoir plusieurs résultats positifs. La tumeur peut se stabiliser, c’est-à- dire que le cancer arrête de progresser, mais sera toujours là. Il est aussi possible que l’on observe un recul temporaire de la maladie. Bien que les patients ne soient pas guéris, ce recul aide beaucoup à leur traitement et peut leur donner un moment de répit avant de reprendre des thérapies difficiles. »

Jusqu’à maintenant, sur les quelques dizaines d’enfants participant au projet, seuls deux ont bénéficié directement de la procédure, dont Laurent. Après deux transplantations d’organes, son cancer a produit des métastases dans ses poumons et ne répondait plus à la chimiothérapie.

Dès lors, sa famille s’est fait offrir la possibilité de lui faire suivre une thérapie ciblée expérimentale. Le médicament identifié a considérablement réduit la taille de ses tumeurs et permis de ralentir la progression de son cancer. Laurent est présentement suivi en radiothérapie pour les dernières phases de son traitement.

« J’ai pu retrouver ma vie d’enfant, nous a-t-il confié. J’ai pu retourner à l’école, voir mes amis et retrouver mon énergie. »

Le début d’une nouvelle ère

Même si le taux de réussite actuel est faible, la méthode n’en est pas moins prometteuse. Plusieurs hôpitaux à travers le Canada, dont l’Hôpital de Montréal pour enfants, l’Hôpital SickKids à Toronto et plusieurs centres à travers la Colombie-Britannique, travaillent sur différents projets pour combiner leurs ressources et perfectionner la thérapie ciblée.

Pour simplifier les tâches des équipes traitantes, ces derniers bâtissent actuellement une banque de données pour savoir quel médicament a été essayé pour quelle mutation et quel a été son effet.

L’hôpital Sainte-Justine a justement reçu, au mois de mai dernier, un don de 22 millions de dollars de la Fondation Charles-Bruneau, dont une partie de ce montant ira au développement des thérapies ciblées.

Selon Daniel Sinnett, « la thérapie ciblée va sûrement prendre son envol quand on va commencer à la jumeler avec des thérapies courantes ou avec l’immunothérapie, ce qui n’est pas fait en ce moment à cause des incertitudes entourant ces combinaisons ».

Dans un projet, les chercheurs voudraient que l’on séquence le génome des tumeurs de tous les enfants malades dès l’apparition du cancer, pour immédiatement préparer un plan B si la chimiothérapie ne fonctionne pas.

On ne trouvera pas de sitôt LE remède contre le cancer. Il s’agit d’un groupe de maladies extrêmement variées, et chaque tumeur est unique à un patient. L’essor de l’immunothérapie et de l’oncogénomique, combinées avec l’expertise des traitements actuels développée après des décennies d’efforts, permet d’espérer un jour guérir ces maladies avec des traitements sur mesure, un patient à la fois.

http://ici.radio-canada.ca/

Aux États-Unis, on prescrit de plus en plus d’antidépresseurs aux bébés


Je ne suis pas médecin, je sais qu’aujourd’hui, les parents ont des difficultés à gérer le comportement de leurs enfants, mais de là à prescrire des antidépresseurs et des antipsychotiques à des enfants de bas âge est inquiétant.
Nuage

 

Aux États-Unis, on prescrit de plus en plus d’antidépresseurs aux bébés

 

À Baltimore I REUTERS/Kevin Lamarque

À Baltimore I REUTERS/Kevin Lamarque

Repéré par Claire Levenson

Les enfants de moins de 2 ans sont davantage sujets à d’inquiétantes prescriptions.

Aux États-Unis, lorsque des bébés de moins de 2 ans ont des comportements violents ou font des crises difficiles à gérer, il est de plus en plus fréquent que des médecins leur prescrivent des antipsychotiques ou des antidépresseurs.

Selon des chiffres publiés dans le New York Times, près de 20.000 prescriptions pour des médicaments antipsychotiques comme le rispéridone (Risperdal) ont été rédigées en 2014 pour des enfants de moins de 2 ans. Selon le groupe de consulting médical IMS Health, il s’agit d’une augmentation de 50% par rapport à 2013. De même environ 83.000 prescriptions pour l’antidépresseur Prozac ont été données à des bébés du même âge, soit une augmentation de 23% par rapport à l’année dernière.

Approuvés pour les plus de 8 ans seulement

Ces chiffres ne veulent pas dire que 83.000 enfants ont reçu ces prescriptions, car les données ne prennent en compte que le nombre de prescriptions et certains enfants peuvent en recevoir plusieurs. Mais selon IMS Health, ce genre de médicaments a été prescrit à au moins 10.000 enfants aux États-Unis.

Selon des données publiées en février dans le Wall Street Journal, près de 250.000 bébés de moins de 1 an ont également reçu des prescriptions pour des anxiolytiques comme le Xanax.

Les experts en psychiatrie interviewés par le New York Times se sont dits étonnés de ces chiffres, dans la mesure où ces médicaments ne sont officiellement approuvés que pour les enfants de plus de 8 ans. Il n’y a aucune étude sur l’effet qu’ont les antidépresseurs et les antipsychotiques sur les moins de 2 ans. Certains experts se demandaient même si les enfants prenaient vraiment ces médicaments, ou si les prescriptions n’étaient pas en fait utilisées par les adultes.

Pénurie de psychiatres

En règle générale, la tendance aux États-Unis est à la médicalisation des troubles du comportement dès le plus jeune âge. Selon le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies, au moins 10.000 enfants entre 2 et 3 ans ont reçu des diagnostics de troubles du déficit de l’attention et hyperactivité, ainsi que des médicaments comme le psychostimulant Adderall.

Plusieurs experts notent que cette augmentation de la médicalisation est en partie liée à la pénurie de psychiatres pour enfants (seulement 8.350 aux États-Unis). Dans de nombreux cas, ce sont des pédiatres sans formation psychiatrique qui prescrivent les médicaments.

http://www.slate.fr/

A 102 ans, elle reçoit le doctorat dont l’ont privée les nazis


Comme on dit mieux vaut tard que jamais, mais elle a quand pu devenir pédiatre aux États-Unis
Nuage

 

A 102 ans, elle reçoit le doctorat dont l’ont privée les nazis

 

SOCIÉTÉ

La pédiatre allemande Ingeborg Syllm-Rapoport, 102 ans, a officiellement reçu mardi son doctorat, après en avoir été empêchée en 1938 par les nazis en raison de ses origines juives, selon la clinique universitaire de Hambourg (nord).

« Mme Ingeborg Syllm-Rapoport a solennellement reçu aujourd’hui son diplôme à la clinique universitaire de Hambourg-Eppendorf (UKE) », a indiqué cette institution dans un communiqué, estimant que l’intéressée était « probablement la plus âgée du monde » à se voir décerner un doctorat.

Mme Syllm-Rapoport avait étudié la médecine à Hambourg, travaillé en tant que médecin-assistant à l’Hôpital israélite de la ville en 1937 et 1938, période au cours de laquelle elle rédigea sa thèse de doctorat consacrée à la diphtérie.

Mais elle ne put jamais soutenir sa thèse et donc obtenir son doctorat car les autorités universitaires national-socialistes, « en application des lois raciales en vigueur », l’en empêchèrent « du fait de ses origines juives », a expliqué l’UKE.

Le 15 mai dernier, à 102 ans, elle avait donc passé avec succès cet oral devant un jury de trois professeurs venus spécialement de Hambourg pour se rendre dans son appartement berlinois.

« Après environ 80 ans, nous sommes enfin parvenus (…) à rétablir un petit peu de justice, cela nous remplit de satisfaction », a déclaré le président du conseil d’administration de l’UKE, Burkhard Göke, pendant la cérémonie de remise de diplôme.

Née en 1912, elle a réussi à émigrer en 1938 aux Etats-Unis. Elle y est devenue pédiatre et y a rencontré son futur mari, Samuel Mitja Rapoport (mort en 2004), avec lequel elle a eu quatre enfants.

En 1952, tandis que le sénateur Joseph MacCarthy entretient un climat de « chasse aux sorcières » contre tout sympathisant éventuel du bloc soviétique, cette communiste convaincue, comme son mari, revient en Allemagne, côté RDA.

En 1969, Mme Syllm-Rapoport y fonde, au sein de l’hôpital berlinois de la Charité, la première chaire de néo-natalogie en Allemagne.

Aujourd’hui, elle vit toujours dans son appartement de l’ex-Berlin Est, dans un quartier jadis réservé aux artistes et aux intellectuels que le régime souhaitait privilégier.

Sollicitée par l’AFP, la vieille dame qui a connu en quelques jours une notoriété subite en raison de son diplôme tardif, a gentiment décliné toute interview:

« Je suis trop fatiguée », a-t-elle confié.

http://www.lalibre.be/

Enfants et tablettes électroniques: des experts inquiets


Les enfants qui naissent a l’ère technologie apprennent vite et très jeunes a manipuler ces appareils comme les téléphones intelligents, les tablettes électroniques. Il y a des bons côtés, mais je pense qu’il est bon de garder aussi les méthodes de jeux et d’éducation conventionnelle pour interagir avec d’autres enfants et adultes
Nuage

 

Enfants et tablettes électroniques: des experts inquiets

 

PHOTO ASSOCIATED PRESS

BREE FOWLER
Associated Press
NEW YORK

Les tablettes électroniques sont si faciles à utiliser que même un enfant de trois ans peut s’en servir. Et cela inquiète certains pédiatres et autres experts du domaine de la santé.

Puisque le fait de naviguer dans une tablette ne nécessite habituellement pas la capacité de lire ou d’écrire, des enfants parfois aussi jeunes que des bambins peuvent rapidement apprendre comment regarder des films, faire défiler les photos familiales ou jouer à des jeux simples.

Cette facilité d’utilisation rend les tablettes – et les téléphones intelligents – populaires auprès des parents occupés, qui s’en servent pour calmer leurs enfants lors de balades en voiture, de sorties au restaurant ou durant la préparation des repas. Et plusieurs d’entre eux se sentent moins coupables s’ils estiment que les applications et les jeux utilisés ont une valeur éducative.

Certains experts soulignent toutefois qu’il n’existe aucune preuve que le temps passé devant un écran offre un quelconque avantage éducatif ou favorisant le développement pour les bébés et les jeunes enfants. Il s’agit surtout de temps perdu pour d’autres activités qui favorisent le développement cérébral, comme les jouets traditionnels et des interactions avec les adultes.

Ces mêmes experts croient également que trop de temps passé devant un écran est lié à des problèmes comportementaux et à un retard du développement social chez les enfants plus âgés.

Le docteur Dimitri Christakis, un pédiatre de Seattle, souligne que les iPads sont sur le marché depuis seulement trois ans, ce qui signifie que les recherches liées à cet appareil n’en sont encore qu’à leurs débuts.

Il estime toutefois que les jeux et applications éducatifs ont un bon côté s’ils poussent l’enfant à interagir avec la tablette, mais met en garde contre le fait que si l’enfant ne fait que regarder des vidéos, cela ne diffère en rien de la télévision, ce qui signifie donc que la capacité d’implication de l’enfant est limitée.

Le pédiatre précise également que les parents doivent savoir si le temps passé sur une tablette remplace des activités plus importantes comme dormir, lire ou interagir avec des adultes. D’ailleurs, si les pédiatres américains ne recommandent pas plus d’une ou deux heures passées devant l’écran par jour pour les enfants âgés de plus de deux ans, le docteur Christakis croit qu’une heure est amplement suffisante.

Pour d’autres experts, ces appareils électroniques sont au contraire dotés de vertus éducatives uniques. Selon Jill Buban, rectrice de la School of Education à l’université Post, plus les enfants comprennent la technologie avant de débuter l’école, plus ils seront à l’aise avec celle-ci lorsqu’ils entreront pour la première fois dans une salle de classe.

Elle affirme cependant que même les meilleures applications éducatives doivent être surveillées par les parents, et limitées dans leur durée. Elle recommande de ne pas dépasser une trentaine de minutes d’utilisation à la fois sur la tablette, à une époque de la vie où la capacité d’attention des enfants est particulièrement limitée.

http://www.lapresse.ca/

Du lait maternel toxique?


Je peux comprendre qu’une mère qui ne veut pas allaiter ou ne peut pas allaiter, ce qui est formidable, ce sont les banques de lait maternel qui ont été mises sur pied justement pour que bébé puisse avoir le meilleur lait … Cependant, je ne comprends pas comment on peut préférer acheter du lait en ligne alors que les garantis d’un lait sans danger est inexistant
Nuage

 

Du lait maternel toxique?

 

Contrairement aux banques de lait maternel, qui filtrent... (Photothèque La Presse)

Contrairement aux banques de lait maternel, qui filtrent leurs donneurs et pasteurisent le lait distribué, le lait offert en ligne n’est soumis à aucun contrôle de la qualité.

PHOTOTHÈQUE LA PRESSE

ssociated Press
CHICAGO

Le lait maternel offert en ligne pour seulement quelques dollars est potentiellement contaminé par des bactéries dangereuses, comme la salmonellose, prévient une nouvelle étude.

Des chercheurs américains ont acheté et testé 101 échantillons offerts par des femmes sur un site populaire – qui, la fin de semaine dernière, a annoncé qu’il modifiait ses procédures.

Les trois-quarts des échantillons contenaient suffisamment de bactéries pour rendre un bébé malade, ont indiqué les scientifiques.

Ces résultats sont «très épeurants», a dit le docteur Kenneth Boyer, un pédiatre d’une université de Chicago qui n’a pas participé à cette étude. «Imaginez simplement si le donneur est un toxicomane. On ne peut pas savoir.»

Contrairement aux banques de lait maternel, qui filtrent leurs donneurs et pasteurisent le lait distribué, le lait offert en ligne n’est soumis à aucun contrôle de la qualité.

Avec les sites Internet, «il est très difficile de savoir si ce qu’on obtient est vraiment du lait maternel ou si c’est sécuritaire pour votre bébé, a dit l’auteure principale, la docteure Sarah Keim d’un hôpital pédiatrique de l’Ohio. Parce que les conséquences pourraient être désastreuses, ce n’est pas une bonne idée de se procurer du lait maternel de cette manière.»

Les bactéries retrouvées dans le lait analysé pouvaient notamment provenir de la peau de la mère, des pompes utilisées pour le prélever ou de méthodes d’expédition insalubres, a ajouté Mme Keim.

Les échantillons avaient tous été achetés sur le site onlythebreast. Un responsable du site a annoncé que leur sélection des donneurs serait améliorée, mais le site ne semblait pas disponible lundi.

L’étude a été publiée lundi dans le journal médical Pediatrics.

http://www.lapresse.ca

Comment combattre le rhume?


Le rhume sont des moments pénibles a vivre pour l’adulte alors imaginé un enfant .. les parents voudraient tellement soulager leurs petits mais il n’y a pas plus de recettes miracles pour les enfants .. mais la prévention, certains médicaments pour soulager l’inconfort .. et le temps …
Nuage

Comment combattre le rhume?

 

Mes enfants sont constamment enrhumés l'hiver. Que puis-je leur donner pour les... (Photo archives La Presse)

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

NATHALIE CÔTÉ
La Presse

Mes enfants sont constamment enrhumés l’hiver. Que puis-je leur donner pour les aider?

Depuis 2009, de nombreux médicaments contre le rhume et la grippe destinés aux tout-petits ont dû modifier leur étiquetage. Ils ne doivent plus être indiqués pour les enfants de moins de 6 ans, a tranché Santé Canada.

«Rien ne prouve qu’ils fonctionnaient. En fait, à cause de certains effets secondaires, l’enfant risquait de se sentir encore moins bien», indique la Société canadienne de pédiatrie (SCP).

Et c’est sans compter les mauvais dosages.

«Une étude a comparé le nombre de visites aux urgences pour les enfants de moins de 2 ans, avant et après la recommandation. Elles ont chuté de moitié. Plusieurs hospitalisations étaient dues à des erreurs d’administration du médicament et à des effets indésirables», signale Diane Lamarre, présidente de l’Ordre des pharmaciens du Québec.

L’utilisation d’acétaminophène (Tylenol, Tempra) ou d’ibuprofène (Advil, Motrin) pour contrôler la fièvre et soulager les maux de gorge demeure une bonne solution.

«Mais il faut vérifier la posologie. Elle varie souvent entre deux produits d’une même marque», prévient Mme Lamarre.

Pour combattre la congestion, les solutions salines à vaporiser dans le nez et les poires nasales peuvent aider.

«L’application d’un onguent Vicks sur le cou et le thorax demeure recommandée pour les enfants de 2 ans et plus, explique Mme Lamarre. Il faut éviter d’en mettre près des narines.»

L’humidificateur à air froid peut aussi être utilisé, mais l’appareil doit être désinfecté quotidiennement pour éviter les bactéries et les moisissures.

Produits naturels

Plusieurs produits naturels prétendent aider à soigner les symptômes du rhume. Or, naturel ne signifie pas sûr.

«Certaines substances peuvent être nuisibles si elles sont prises en trop grande quantité. D’autres provoquent des effets secondaires ou des réactions allergiques. De plus, un produit sûr pour un adulte ne l’est pas nécessairement pour un enfant», rappelle la SCP.

L’efficacité des produits naturels sur les enfants n’a pas été démontrée, précise Mme Lamarre. Une seule exception: le miel!

«Il aide à calmer les maux de gorge et la toux. On recommande une demi-cuillerée à café pour les enfants de 1 à 5 ans et une cuillérée à café pour ceux de 6 à 12 ans», conseille-t-elle.

En raison des risques de botulisme, on ne doit pas donner de miel aux bébés de moins de 12 mois.

Prévention

Pour prévenir la contagion du rhume, la meilleure solution demeure d’apprendre aux enfants à tousser dans leur coude et à se laver les mains. Malheureusement, contrairement à une idée répandue, les suppléments de vitamine C ne sont pas efficaces, selon Mme Lamarre. Quant aux produits censés renforcer le système immunitaire, aucune étude démontrant leur efficacité sur les enfants n’a été réalisée.

Saviez-vous que?

Il existe plus de 100 virus du rhume. Comme les bambins n’ont pas acquis d’immunité contre ceux-ci, ils peuvent en attraper de huit à dix par an avant l’âge de 2 ans, selon la Société canadienne de pédiatrie.

http://www.lapresse.ca

La science au secours des enfants maltraités


Il arrive que des parents perdent patience mais qu’il suffit d’un peu d’aide et des outils pour mieux gérer son impatience, sa colère, alors que d’autres parents, il est important d’agir pour sauver les enfants .. La science de la maltraitance demande beaucoup d’observations, d’expérience … pour distingué ce qui est de la maltraitance et ce qui ne l’est pas
Nuage

 

La science au secours des enfants maltraités

 

ILLUSTRATION FRANCIS LÉVEILLÉ, LA PRESSE

DAPHNÉ CAMERON
La Presse

Au milieu de la chambre d’hôpital, Roxanne*, 9 mois, s’agrippe aux longs barreaux métalliques de son petit lit et les secoue vigoureusement.

Le Dr Alain Sirard pénètre dans la chambre et s’approche de la couchette. La petite le regarde. Une large ecchymose lui barre le crâne, de l’oreille gauche à l’arrière de la tête. Elle sourit, son oeil tuméfié se plisse.

La blondinette est agitée. Elle se lève, s’assoit, se relève, se rassoit sans arrêt.

Roxanne est une escaladeuse, «lance sa mère, assise en face, en pyjama.

Je vois qu’elle pratique le sport extrême de bassinette!», répond le pédiatre.

Il est 11 h. Il fait chaud. Dans un coin, un ventilateur rend l’humidité plus tolérable.

Kevin, le père de la petite, s’avance pour expliquer comment, la veille, elle a escaladé sa couchette pour tenter d’en sortir. Le jeune homme raconte d’abord que, attiré par des bruits, il s’est rendu à sa chambre et l’a vue se tenir en équilibre sur la barrière.

Le Dr Sirard lui demande de mimer la scène.

Le père s’approche de la couchette et montre comment il a saisi sa fille en plein vol, comme un joueur de football qui attrape un ballon. Malgré cela, il n’a pu amortir la chute. Elle s’est fracassé la tête sur le sol.

Le Dr Sirard demande au père de dessiner un croquis de la chambre. Kevin lui répète la même histoire en barbouillant sur une feuille.

Le pédiatre examine la petite. Il remarque un bleu important sur sa fesse gauche, une marque dans son cou et une autre sur son front. Il constate qu’il y a des bleus derrière le pavillon de chaque oreille.

Or, le père raconte qu’il n’y a eu qu’un seul impact, du côté gauche.

«Je suis spécialiste en maltraitance, dit le Dr Sirard. Selon moi, beaucoup d’éléments de votre histoire ne sont pas compatibles avec les lésions. J’ai de la difficulté à expliquer tous les bleus. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un accident. Je pense que c’est un geste de perte de contrôle.»

Le père tente d’interrompre le médecin.

La mère se retourne et fusille son conjoint du regard.

«J’ai été parent et je sais ce que c’est, un bébé casse-cou, reprend le médecin. Mais à son stade de développement, elle est incapable de se hisser hors de sa couchette, encore moins de se tenir en équilibre sur la barrière. C’est ce que je vais écrire dans mon rapport.»

Le médecin sort de la chambre en coup de vent.

Alors qu’il s’éloigne à toute vitesse dans le couloir, la mère crie. Mais, rapidement, sa voix se noie à travers le va-et-vient du personnel de l’unité d’hospitalisation pédiatrique.

***

Midi et demi. Une intervenante de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) entre dans le bureau des cinq médecins de la clinique sociojuridique de l’hôpital Sainte-Justine, dont fait partie le Dr Sirard.

Le local ressemble à n’importe quel bureau de médecin, mais jour après jour, ses murs sont témoins des pires histoires d’horreur.

C’est là que sont vus les enfants de moins de 12 ans que l’on croit avoir été victimes de mauvais traitements ou de sévices sexuels et leurs parents. L’équipe évalue en moyenne 450 cas par année, les plus graves de la province.

L’intervenante, une rousse au visage constellé de taches de rousseur, fait partie de l’équipe d’urgence de la DPJ déployée dans les 24 heures qui suivent un signalement. Elle dépose sur le bureau une pile de photos de la chambre de l’enfant et de son petit lit.

Ces photos viennent renforcer les soupçons du Dr Sirard.

«J’ai mesuré le bébé du talon au creux axillaire. À la hauteur des barreaux que je vois là, il me paraît impossible qu’il ait pu enjamber sa couchette», explique-t-il à l’intervenante.

Tous les enfants sont photographiés avec une règle à côté de leurs lésions et un témoin de couleur pour enregistrer avec précision la couleur de l’ecchymose.

«Regardez, dit le pédiatre en montant une photo de Roxanne. Il y a des lignes plus foncées qui traversent l’ecchymose sur sa tête. Ce sont des traces d’entre-doigts. Lorsqu’on frappe avec le poing, ça fait un bleu. Lorsqu’on gifle, avec la main ouverte, ça fait des lignes.»

***

La pédiatrie de la maltraitance est une véritable science. Chaque enfant vu à Sainte-Justine doit passer une série de tests révisés par un petit nombre de médecins spécialistes qui sont devenus, avec le temps, experts en maltraitance.

Une «série squelettique» – des rayons X du corps en entier – est réalisée pour déceler des fractures. Les radiologistes sont à l’affût de cals osseux, indices d’anciennes fractures qui révèlent des épisodes antérieurs de maltraitance. On fait aussi un examen de tomodensitométrie (scan) du cerveau pour déterminer s’il y a des hémorragies, puis un examen ophtalmologique pour dépister des hémorragies rétiniennes, l’un des symptômes du traumatisme crânien non accidentel, qui englobe le syndrome du bébé secoué.

***

Vers le milieu de l’après-midi, les résultats des tests de Roxanne arrivent. Il n’y a ni fracture ni hémorragie cérébrale ou rétinienne.

Kevin entre seul dans le bureau de la clinique sociojuridique pour recevoir les résultats. Le jeune père a lui-même l’air d’un enfant. Il flotte dans son pantalon de sport. Il s’installe en face de l’intervenante de la DPJ et du Dr Sirard.

«Il n’y aura pas de conséquences physiques sur Roxanne. Les bleus vont guérir… Mais lorsqu’on perd patience et que des gestes sont commis, ça peut se répéter. La prochaine fois, il y aura peut-être des séquelles.»

Le père prend sa tête entre ses mains, les yeux cachés par sa casquette.

«Se peut-il que vous ayez perdu patience et que les claques soient parties? Et que là, vous ayez inventé une histoire pour tenter de vous en sortir?»

Un silence glacial traverse la pièce. Les pieds de Kevin se mettent à trembler.

«Ce que je dis est vrai, n’est-ce pas? renchérit le Dr Sirard.

– À peu près, laisse finalement tomber le jeune homme. J’ai paniqué.»

Le père essuie les larmes qui ruissellent sur ses joues.

«Quand je l’ai pognée, j’ai été vraiment trop fort. Je lui ai donné une tape aux fesses et je l’ai serrée… C’est ça qui est arrivé.

– Mais on sait que ce n’est pas ça qui a causé les traces d’entre-doigts sur sa tête. Lorsqu’on serre, ça donne un bleu.»

Kevin lève alors les yeux pour la première fois.

«Elle était dans sa bassinette. Ce qui m’écoeure, c’est que c’est sa deuxième bassinette parce qu’elle a brisé l’autre en fessant dessus. La nouvelle est plus cheap. Quand je suis entré dans la chambre, elle était encore en train de la péter. J’ai paniqué. Quand je l’ai pognée, elle a eu peur. Elle a hurlé. Je l’ai prise par la jambe. Elle était à l’envers. Je lui ai donné une petite claque derrière la tête. Pis là, sa tête a revolé sur le poteau.»

Kevin refoule des sanglots.

«Il va falloir que tu le dises à ta blonde, dit le médecin après une petite pause.

Anyways, je ne suis plus sûr de vouloir continuer. Je sais qu’avec ce qui est arrivé tantôt, moi pis ma blonde, c’est fini. On se sépare. Je vais sortir du portrait.

– Je comprends ta réaction, mais elle est impulsive. Le geste que tu as fait, tu l’as fait. Là, il va y avoir des mesures immédiates et à moyen terme. Mais il faut que tu regardes pourquoi tu as fait ça.

Il y a des gens qui peuvent t’aider, ajoute l’intervenante sociale. Je connais un bon groupe d’aide auquel tu pourrais te joindre.»

Avant de quitter l’hôpital, Kevin consent à faire une thérapie de groupe et à aller vivre chez des amis pendant quelques jours. Il devra se présenter au tribunal de la jeunesse dans les 48 heures. Un juge décidera de quelle façon il pourra voir sa fille dans les prochains mois. La police poursuit son enquête criminelle.

***

Le Dr Alain Sirard est un bel homme. Grand, 52 ans, toujours bien habillé, bronzé, lunettes à la mode, ce père de quatre enfants est spécialisé en maltraitance depuis 1995.

«On entre dans la pièce pour aider l’équipe sociale à prendre les bonnes décisions d’orientation et de protection, expliquera-t-il plus tard. Ce qu’on cherche, ce sont des éléments de l’histoire qui peuvent expliquer les lésions.Très souvent aussi, on arrête les impressions de maltraitance et les mesures sociales qui en découlent.»

«Au-delà du parent agresseur, nous sommes témoins de véritables drames humains», ajoute Patsy Villeneuve, travailleuse sociale à la clinique. «Lorsqu’un père qui a fracturé la jambe de son bébé dit finalement à la mère: Écoute, ce n’est pas accidentel, c’est la terre qui arrête de tourner.»

***

Le lendemain, en fin de journée, le Dr Sirard passe la porte de la même chambre d’hôpital.

Une jeune mère, Karine, berce Morgane, sa fille de 6 mois. Elle consulte pour des pleurs incessants et parce que les yeux de son enfant «virent à l’envers». Quelques jours plus tôt, elle s’est aussi rendue à l’hôpital pour une bosse à la tête.

Karine est déjà connue de la DPJ. Son intervenante l’accompagne à l’examen médical, car un signalement vient d’être ajouté à son dossier.

Avant d’entrer dans la pièce, le Dr Sirard savait déjà que la série squelettique, le test ophtalmologique et le «scan» cérébral étaient négatifs. Il demande comment Morgane s’est blessée à la tête.

«Je suis écoeurée de le dire! Ça fait 10 fois que je raconte mon histoire!», hurle-t-elle.

Après quelques protestations, elle poursuit, agressivement.

«Elle était assise sur le plancher pendant que je lavais les biberons. Elle s’est mise à chialer, pis j’ai entendu «bang!». Elle s’est cogné la tête sur le plancher de carreaux. Elle est tombée sur le côté. À ce moment-là, il n’y avait pas de bosse. C’est dans la nuit qu’elle a commencé à grossir. Le lendemain, elle a crié durant des heures.»

Karine pose Morgane dans la couchette. Un préposé entre et fait des prises de sang à la petite fille.

Quelques minutes plus tard, un autre préposé apporte le repas.

«Yark! Ça pue! On dirait de la bouffe à chat!

– Que s’est-il produit avant l’accident? demande le Dr Sirard.

Ça n’a pas rapport, ce qui s’est passé avant! lâche-t-elle, visiblement excédée.

– Pouvez-vous m’expliquer ce qu’il s’est passé ensuite?

– Le lendemain, elle était plus pâle et elle était chialeuse. Le deuxième soir, elle s’est levée une fois par heure et n’a pas fait sa sieste. Le lendemain, elle a pleuré toute la journée.

– A-t-elle fait de la fièvre? Est-ce que son nez a coulé?

– Non.

– Et vous? Comment vous sentez-vous?

C’est l’enfer! J’ai mal aux muscles des cuisses comme si j’avais des couteaux plantés dedans. Je ne suis pas capable de lever mes bras, c’est comme si je pesais 58 000 livres!

– Depuis quand?

– Depuis le soir où elle a pleuré toute la nuit.»

Le Dr Sirard fait une pause pour réfléchir.

«Tout cela a du sens, madame. Je pense que vous faites une myosite, un virus contagieux qui circule en ce moment et qui cause une inflammation des muscles. Vous avez dû l’attraper de votre bébé. C’est pour cela qu’elle a pleuré toute la nuit. Elle avait mal partout.

– Hey, j’ai-tu assez de marde dans ma vie pour avoir pogné de quoi en plus!»

Quelques minutes plus tard, une résidente en médecine revient avec les résultats des analyses sanguines de Morgane. Le taux de créatine-kinase, un enzyme du muscle, est trois fois plus élevé que la normale. Les symptômes s’expliquent. La chute survenue quelques jours plus tôt n’avait rien à voir. Pour en être certain, le médecin demande aussi des examens sanguins pour Karine.

Sur le plan médical, la piste de la maltraitance est exclue, comme dans 40% des cas hospitalisés vus par l’équipe sociojuridique.

La pédiatrie de la maltraitance est un métier difficile. Mais les médecins de la clinique sociojuridique acceptent de faire face à l’horreur pour protéger leurs patients.

Avant de rentrer chez lui, le Dr Sirard confie que sa motivation principale est de permettre à l’enfant de retourner dans son environnement, auprès des gens qui l’aiment.

«Mais ça, ça survient juste quand on sait qui a commis l’abus. Si on ne sait pas qui l’a fait ou si on n’est pas capables de conclure à une cause accidentelle, l’enfant quitte sa famille.»

***

La clinique sociojuridique de l’hôpital Sainte-Justine existe depuis 1990. Elle a été créée au moment où la littérature scientifique sur la maltraitance a véritablement pris son essor.

«Aujourd’hui, il y a toute une communauté scientifique qui s’occupe de la maltraitance. C’est devenu une surspécialité médicale», explique la Dre Claire Allard-Dansereau, responsable de la clinique.

Les médecins sont appuyés par une infirmière, un psychologue et deux travailleuses sociales.

Il faut bien connaître la pédiatrie en général pour pratiquer en maltraitance, explique la pédiatre de 62 ans.

«Les sévices, c’est complexe, car il faut toujours se demander si quelque chose d’autre aurait pu causer les symptômes ou les lésions. On ne veut pas dire que c’est un abus quand ce n’en est pas, ni l’inverse, parce qu’on veut que les enfants soient protégés.»

L’an dernier, 105 enfants soupçonnés d’avoir été victime de sévices ont été hospitalisés à Sainte-Justine. Environ 60 autres cas ont été évalués en consultation externe à la demande de la DPJ.

L’appareil judiciaire recourt souvent à l’expertise médicale. L’an dernier, les médecins se sont rendus au tribunal à 48 reprises pour témoigner.

Les policiers des quatre coins de la province font aussi appel à la clinique sociojuridique pour obtenir un avis médical.

Il n’est pas rare de les y voir. Lorsqu’un enfant est victime d’une agression physique ou sexuelle grave, une entente multisectorielle est déclenchée et permet le partage de certains renseignements confidentiels pertinents à l’enquête entre les corps policiers, les médecins, la DPJ et les écoles.

***

Un matin, lors de notre passage, le Dr Sirard avait rendez-vous avec un enquêteur pour discuter du cas d’un enfant gravement blessé, examiné récemment à la clinique sociojuridique. En questionnant l’enfant et ses proches, le Dr Sirard a commencé à soupçonner la gardienne.

Fait troublant: au fil de son enquête, le médecin a appris que, plusieurs années auparavant, un enfant était mort pendant qu’il était confié à la même gardienne. Sa mort n’a jamais été expliquée, et les policiers ont classé l’affaire. Le détective, grand homme mince dans la quarantaine, entre dans la pièce.

Le policier et le médecin examinent les photos du cadavre. Durant près d’une heure, ils scrutent le rapport d’autopsie réalisé à l’époque.On y lit que les ambulanciers, puis les médecins des urgences, ont remarqué que l’enfant était en rigidité cadavérique jusqu’aux extrémités de son corps. Or, la rigidité musculaire s’installe normalement dans la mâchoire au bout de 30 minutes puis s’étend graduellement, après plusieurs heures, au reste du corps.

«Ça veut dire que, lorsqu’elle a appelé le 911, l’enfant était déjà mort depuis plusieurs heures, affirme le Dr Sirard. Quel genre de gardienne ne jette pas un coup d’oeil sur un jeune enfant durant des heures?»

Il lit que la température du corps, à l’hôpital, était de 34°C.»Son corps était froid, l’enfant était mort depuis longtemps», ajoute le médecin.

Le Dr Sirard étudie avec attention les blessures des deux enfants. Les deux histoires se ressemblent. Trop.

«Il y a plein d’éléments ici pour faire capoter n’importe quel docteur en maltraitance. J’en ai la chair de poule, dit le médecin.

– Moi aussi, répond le policier.

– Je pense, monsieur l’enquêteur, que nous sommes peut-être devant un cas d’homicide et un de tentative de meurtre.»

Un silence de mort s’installe dans la pièce. L’enquêteur promet de donner des nouvelles au Dr Sirard. Abasourdis, les deux hommes quittent la pièce.

*Tous les noms des patients et de leurs parents ont été changés.

http://www.lapresse.ca