Le Saviez-Vous ► Connaissez-vous la face cachée de ces contes de fées ?


Les contes de fées que nous racontons à nos enfants et petits enfants, les dessins animés de Disney qui ont fait sa renommée. Pourtant, l’origine de ces contes est très différente de ce que nous connaissons aujourd’hui, à vrai dire, ils étaient plutôt glauques.
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Connaissez-vous la face cachée de ces contes de fées ? 

 

 

Inutile de rappeler les phrases qui commencent et concluent les contes les plus célèbres – elles ne sont que trop connues. Ce qui l’est moins en revanche, c’est la véritable version de ces histoires que nous pensons connaître sur le bout des doigts. Récemment, les dessins animés et autres fictions nous ont en effet souvent proposé une version largement édulcorée de ces récits merveilleux. Faisons donc tout de suite le point sur les versions “originales” les plus surprenantes de ces cinq contes !

Raiponce, les frères Grimm

Récemment adaptée par le studio Disney, l’histoire de l’héroïne aux cheveux (très) longs ne figure pas parmi les plus connues de la littérature du genre. Quoi qu’il en soit, l’histoire des frères Grimm la met bien plus à l’épreuve. Déjà, son père accepte avant sa naissance de la donner à une sorcière, en échange du droit de cueillir des raiponces (les fleurs, donc) sur les terres de cette dernière. Il est vrai que la reine se sent très mal et que seules ces fleurs la soulagent. L’enfant du couple royal est donc enlevé à la naissance par la vieille femme.

Des années plus tard, nous retrouvons Raiponce enfermée dans sa grande tour. Elle tombe amoureuse du prince du royaume voisin qui a fait sa connaissance en déjouant l’attention de la sorcière. Mais pas pour longtemps : son stratagème est découvert, et il se retrouve aveugle après avoir chuté du haut de la tour et atterri dans les ronces. Perdu, il erre ainsi seul pendant des années, croyant que Raiponce n’est plus.

De son côté celle-ci est punie pour sa trahison. La sorcière coupe sa chevelure et l’abandonne à un triste sort. Dans sa solitude, elle mettra au monde des jumeaux. Des années plus tard, le prince la retrouvera par hasard, et les larmes de joie de la jeune fille soigneront la cécité de son bien-aimé.

Blanche-Neige, les frères Grimm

Les versions diffèrent parfois quant aux châtiments imposés par la belle-mère de Blanche-Neige. Avant la pomme empoisonnée, les frères Grimm évoquent plusieurs tentatives de la part de la sorcière pour tuer sa belle-fille. D’abord avec un lacet de corset trop serré, puis avec un peigne empoisonné. Dans tous les cas, rien de bien réjouissant puisque la jeune fille finit par mourir – du moins jusqu’à l’arrivée du prince.

En effet, l’histoire se finit bien pour l’héroïne aux cheveux noirs comme l’ébène. En revanche, c’est un tout autre dénouement pour la sorcière rongée par la jalousie. Si elle ne parvient effectivement pas à ses fins, elle finit d’une bien triste manière. Certes, elle est tout à fait diabolique – mais son châtiment ne l’est pas moins.

Elle se retrouve en effet contrainte de danser avec des souliers en fer, sauf que ceux-ci sont brûlants et rougis par le feu. Le tout jusqu’à ce que mort s’ensuive. Pas sûr que cette scène ait sa place dans un film pour enfants…

pomme neige blanche-neige

Crédits : PxHere / Domaine Public

La Belle aux bois dormant, Charles Perrault

C’est l’un des rares contes qui ne s’arrête pas au mariage des héros. En vérité, ils ont ensemble deux enfants : Aurore et Jour. La princesse – devenue reine – part vivre dans le château de son époux avec la mère de ce dernier. Dans les contes de fées, la figure récurrente de la belle-mère est rarement de bon augure. Une fois n’est pas coutume donc, celle de ce conte est une ogresse qui désire faire de ses petits-enfants (et de sa belle-fille) son repas.

Après de multiples ruses pour les accommoder à sa sauce en l’absence du prince (parti à la guerre), elle parvient à ses fins. Enfin, presque. Le valet chargé de tuer les victimes trompe l’ogresse en cachant la reine et ses enfants. À la place, il lui sert de la viande animale. Mais elle découvre la ruse et furieuse, prépare une cuve remplie de crapauds, vipères et autres serpents.

On s’en doute, ce stratagème a pour but de la venger de la tromperie dont elle a été victime. La reine et ses enfants sont donc amenés au-dessus de la cuve pour y être jetés. C’est le moment que le prince choisit pour rentrer in extremis au château et sauver sa famille. Figure royale ou non, l’ogresse finit jetée dans la fosse remplie de serpents.

La petite sirène, Hans Christian Andersen

C’est sûrement l’un des contes les plus repris par le cinéma. En témoignent les versions de Disney avec La petite sirène (1989) et des studios Ghibli avec Ponyo sur la falaise (2008). Mais elles n’ont pas la même fin que l’histoire de l’écrivain danois, bien au contraire. Il s’agit même de l’un des contes les plus tristes qu’il ait pu écrire.

Au début, l’héroïne sauve bel et bien d’un naufrage le prince dont elle est tombée amoureuse. Après l’avoir ramené sur une plage, elle se cache alors qu’il est recueilli par une jeune fille. Pour le retrouver, elle fait un pacte irréversible avec une sorcière pour devenir humaine et le rester – seulement si le prince se marie avec elle. Mais à quel prix ? Sa voix, et la douleur.

Sa transformation s’accompagne de terribles sensations, comme si une épée lui tranchait les jambes pour les séparer. À chaque pas, c’est comme si des lames acérées s’enfonçaient dans la plante de ses pieds. Une fois transformée, elle souffre le martyre mais retrouve son bien-aimé. Or il a beau tomber sous son charme, il ne reconnaît pas en elle celle qui l’a autrefois sauvé.

Un beau matin, les cloches des églises sonnent pour annoncer des noces : celles du prince et de la princesse du royaume voisin, qui n’est autre que la jeune fille qui l’a recueilli sur la plage. Dévorée par le chagrin, la petite sirène refuse cependant le marché de ses sœurs, qui lui proposent de tuer le prince pour retrouver sa vie de sirène. Incapable de faire du mal à celui qu’elle aime, elle préfère finir transformée en écume, et ce pour l’éternité.

Le petit chaperon rouge, Charles Perrault

C’est sans conteste le personnage de conte par excellence, qui n’a cessé d’alimenter l’imaginaire collectif depuis sa création. Inutile ici de rappeler le début de l’histoire, penchons-nous sur la rencontre avec le loup. Notons au passage que cette figure a souvent été associée à celle d’un prédateur sexuel… Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un personnage néfaste avec lequel il ne fait pas bon s’attarder. La jeune fille le sait, mais l’on connaît la suite de l’histoire. Enfin, pas tout à fait.

Dans le récit écrit par Perrault, il n’y a tout simplement pas de chasseur ! Certaines versions plus rassurantes évoquent en effet cette figure providentielle qui vient tuer le loup et sauver la petite fille et sa grand-mère après qu’elles aient été mangées. Mais ce n’est pas le cas chez l’auteur qui nous intéresse. Ici, cette fin abrupte signifie que l’imprudence du petit chaperon rouge lui coûte bel et bien la vie à elle et sa grand-mère… La “leçon idéale” pour éviter aux jeunes filles de l’époque les mauvaises fréquentations, au risque d’y perdre leur vertu et de se compromettre.

Si l’on peut se demander pourquoi les versions récentes des contes de fées sont “allégées” par rapport à celles que nous venons d’évoquer, il ne faut pas perdre de vue que le premier objectif de ces histoires est de divertir et de s’adapter à un public qui change selon les époques. Il existe en effet autant de versions qu’il y a de narrateurs !

Cendrillon

 

Cendrillon est loin d’être la petite fille innocente que nous connaissons chez Disney. Dans la version de Basile apparue en 1634 dans le Pentamerone, Cendrillon s’appelait en fait Zezolla. Elle aurait aimé que son père se marie avec sa gouvernante, qu’elle adore. Malheureusement, le père choisit une horrible femme. La gouvernante, qui n’est pas contre l’idée de monter en grade, élabore un plan avec Zezolla. La petite, téméraire et sans scrupule, demande à sa belle-mère d’attraper un vêtement dans une malle et alors qu’elle plonge la tête au fond de celle-ci, Zezolla referme le couvercle d’un coup sec, lui brisant la nuque : le coup du lapin ne pardonne pas.

Ce que Zezolla n’avait pas prévu est que sa gouvernante et ses six filles sont plus pestes encore que sa défunte belle-mère. Elle devient malgré elle la servante de la maison que l’on surnomme Cat Cendrillon, littéralement « celle qui dort avec les cendres ». Quand le père part en voyage, il demande toujours à ses filles ce qu’elles aimeraient recevoir en souvenir. Zezolla, elle, n’est pas intéressée par les objets de grande valeur, elle supplie que les fées lui envoient quelque chose. Elle finit par recevoir un dattier. Rien d’extraordinaire, pensez-vous, mais un jour, une fée en sort et offre un vœu à Zezolla. La suite, vous la connaissez : elle demande de pouvoir quitter la maison sans que personne ne s’en aperçoive.

Zezolla s’en va donc au bal, où elle rencontre le roi qui tombe fou amoureux d’elle. Le seul moyen qu’il a de la revoir est d’organiser un autre bal et faire essayer la pantoufle que Zezolla a perdue derrière elle. Et c’est là que l’on comprend pourquoi Perrault et même Basile ont choisi d’occulter ce passage sordide : dans des versions anciennes, la belle-mère coupe les orteils et le talon de ses filles afin qu’elles puissent rentrer leur pied dans la pantoufle. Et dans le conte des frères Grimm « Aschenputtel », les demi-sœurs de Zezolla se mutilent elles-mêmes les pieds. C’est alors que de petits moineaux chantent afin d’avertir le roi de la boucherie qui a lieu. Et pour finir, ces mêmes oiseaux (mais n’imaginez pas ceux de Disney) se mettent à attaquer les demi-sœurs, alors en route pour le mariage de Cendrillon, et à leur dévorer les yeux.

La morale de ce conte en reste inchangée : les méchants finissent toujours par payer. Perrault a ajouté toute la dimension féerique au conte : la citrouille magique, la fée marraine, la pantoufle en verre, etc. Effectivement, essayez d’imaginer les pieds mutilés ensanglantés se laissant apercevoir dans la pantoufle transparente. Heureusement que Walt Disney a choisi d’adapter la version de Perrault pour son film !

Peter Pan

 

Peter Pan est à l’origine un personnage du roman pour adulte le Petit Oiseau blanc, de J. M. Barrie, publié en 1902. En raison du succès de ce personnage qui n’apparaissait que dans quelques chapitres seulement, J. M. Barrie en fait le héros d’une pièce qu’il écrivit en 1904 : Peter Pan où le garçon qui ne voulait pas grandir(Barrie l’adapte ensuite dans un autre roman beaucoup plus connu : Peter Pan et Wendy). La pièce introduit pour la première fois les personnages de Capitaine Crochet, Wendy et la fée clochette.

« Le nombre des garçons vivant dans l’Ile peut varier, évidemment, selon qu’il leur arrive d’être tués ou bien d’autres choses. Dès qu’ils semblent avoir grandi – ce qui est contraire au règlement- Peter les supprime».

 Ce que Disney ne dit pas, mais ce qu’il faut pourtant comprendre ici, est que Peter Pan, ni plus ni moins, tue les garçons perdus avant qu’ils ne grandissent.

« Mourir sera une terriblement grande aventure ».

Peter Pan est en fait moins obsédé par le fait de rester jeune que par la mort elle-même. Cela peut trouver son explication dans l’enfance de l’auteur qui perdit son frère très jeune. Les moments les plus tragiques se résument à Wendy passant à côté de la mort à cause d’un tir de flèche, Peter Pan attaqué par le capitaine Crochet se noyant et le capitaine lui-même se faisant manger par un crocodile. La féérie et l’innocence n’atténuent pas moins les atrocités de ce conte.

 

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Certains contes de fées remonteraient à la Préhistoire


Est-ce que certains contes ont pour leur origine l’Âge de bronze ? Possible, mais peut-être difficile à être totalement sûr. Cependant, certains des contes que l’on raconte à nos enfants sont transmit par des traditions orales dans divers pays et leur origine pourraient être plus anciens que l’on croit
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Certains contes de fées remonteraient à la Préhistoire

 

Illustration du conte de "La Belle et La Bête", par Walter Crane, en 1874. CREDIT: Walter Crane

Illustration du conte de « La Belle et La Bête », par Walter Crane, en 1874. CREDIT: Walter Crane

Par Bernadette Arnaud

L’étude phylogénétique de plusieurs contes populaires suggère que leur origine serait beaucoup plus ancienne que l’on imaginait.

ÉTUDE. Barbe bleue, Peau d’Ane… Les contes de fées ne s’adressent pas qu’aux enfants. Ils intéressent aussi les scientifiques. Et deux chercheurs ont eu l’idée de rechercher l’origine de ces récits merveilleux peuplés d’êtres surnaturels. Résultat : certaines fables remonteraient… à l’Age du Bronze ! La Belle et la Bête pourrait ainsi être née il y a 4000 ans, alors que le thème de Faust,présent dans Le forgeron et le diable, de Hans-Christian Andersen, serait vieux de 6000 ans. C’est du moins la conclusion d’une étude publiée dans The Royal Society Open Science par deux anthropologues, Sara Graça da Silva, de l’université de Lisbonne (Portugal), et Jamshid J.Tehrani, de l’université de Durham (Angleterre).

Les chercheurs ont fait appel aux méthodes statistiques et phylogénétiques comparatives habituellement utilisées en biologie de l’évolution pour analyser les relations existant entre des contes. Ils ont ainsi réunis 275 contes qu’ils ont réduit à 76 structures de base – certains contes n’étant que des variantes – dont ils ont étudié l’évolution au sein des langues indo-européennes. Les deux spécialistes sont ainsi parvenus, en construisant un arbre des contes, à établir que plusieurs d’entre eux, issus de lointaines traditions orales, étaient bien antérieurs aux époques supposées de leur apparition dans la littérature, à savoir généralement l’époque de la Renaissance au 16e siècle. Les chercheurs rappellent d’ailleurs que les frères Grimm, auteurs de nombreux contes au 19e siècle, étaient eux-mêmes convaincus des origines proto-indo-européennes de certaines fables traditionnelles allemandes qu’ils avaient compilées.

Une méthodologie qui pose problème

Un résultat qui laisse cependant l’historien Jean-Paul Demoule sceptique, non sur les datations mais sur la méthodologie.

« L’idée qu’il existe des thèmes narratifs anciens plongeant dans la préhistoire est tout à fait acceptable, tout comme le fait que ces contes se transmettent de génération en génération. Toutefois, la structure généalogique n’est pas la seule possible », explique le professeur de protohistoire européenne à l’université de Paris 1 et à l’Institut universitaire de France.

« Avoir imposé une structure arborescente pour classer des contes les uns par rapport aux autres, en estimant ensuite la durée de chaque branche, sans expliquer quel a été le moyen de mesure utilisé, pose problème. Même en génétique cela reste discuté », poursuit Jean-Paul Demoule.

PRÉCÉDENT. Faisant référence à une étude antérieure de 2013, le chercheur affirme que les résultats obtenus par une autre équipe nuancent fortement les propos de Sara Graça da Silva et Jamshid J.Tehrani.

En classant 700 variantes du conte Les Fées, de Charles Perrault, retrouvées dans la plupart des langues indo-européennes « et » non-indo-européennes (basque, turc, estonien, finnois, ou langues finno-ougriennes de Russie), cette autre recherche a abouti à la création d’un graphique d’où ont émergé cinq grands groupes correspondant à cinq grandes zones géographiques.

« Si les contes se sont transmis de génération en génération, on voit bien qu’ils circulaient aussi dans tous les sens dans l’étroite péninsule européenne », ajoute Jean-Paul Demoule.

« Le raisonnement des deux auteurs, qui a consisté à ne prendre que des contes dans des langues indo-européennes peut avoir constitué un biais », ajoute-t-il.

« Ces contes n’existent pas que dans les langues indo-européennes, ils existent aussi ailleurs. Analyser tous les contes connus, dans toutes les langues de l’Europe est un travail qui reste à faire », conclut le protohistorien.

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Le Saviez-Vous ► Il était une fois La véritable histoire des contes de fées


Les contes pour enfants que nous connaissons tous n’ont pas tous été magiques et ne finissaient pas très bien. Ces contes étaient sans doute une représentation de la vie difficile que vivaient les gens a cette lointaine époque
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Il était une fois La véritable histoire des contes de fées

 

« Il était une fois… » les contes. Récits merveilleux qui divertissent chaque génération d’enfants, les contes d’aujourd’hui n’ont pourtant rien à voir avec leurs ancêtres moyenâgeux.

« Les premières traces de contes datent du 12e siècle environ, explique Catherine Velay-Vallantin, maître de conférence à l’EHESS et auteur d’une Histoire des contes.

Les prédicateurs franciscains et dominicains les utilisaient notamment pour illustrer leurs prêches.

 » Mais ce sont surtout les conteurs qui font vivre la tradition. Ils vont de foyer en foyer pour raconter des histoires et rassembler près du feu les parents et les enfants, divertissant les premiers et effrayant les seconds.

Dès cette époque, trois exigences caractérisent le conte, qui demeure une tradition orale: concision narrative, inventivité esthétique, et logique. Il faudra attendre Charles Perrault au XVIIe siècle pour voir l’émergence d’un genre littéraire spécifique.

La vie est cruelle

Les versions originales sont bien plus violentes que leurs transpositions actuelles.

« Le soleil, la lune et Thalie, le récit à l’origine de la Belle au bois dormant, remonte au 14e siècle, raconte Catherine Velay-Vallantin. Pour résumer, c’est l’histoire d’un viol. Le prince est déjà marié et viole la princesse dans son sommeil. Elle donne naissance à des jumeaux qui, cherchant son sein, suce son doigt et retire l’écharde qui la maintenait endormie. Elle se réveille alors et constate l’ampleur du désastre. »

Les contes, à l’époque, se finissent souvent mal et sont empreints de violence, en écho à l’existence difficile des paysans. Ils confirment que la vie est cruelle.

« Il existe quand même des contes pour enfants », tempère la chercheuse. Le conteur s’adapte à son public et ne choisit pas toujours la version la plus tragique. Les contes de « randonnées » ont un but didactique : apprendre à compter aux enfants. « Ils enseignent la logique », résume Catherine Velay-Vallantin.

Un premier adoucissement des histoires se produit avec Charles Perrault, au public bourgeois, qui commence à s’inquiéter des répercussions sur les enfants. Exclu de la Petite Académie par Colbert, Perrault connaît de sérieuses difficultés financières. Il écrit pour revenir à Versailles et choisit délibérément les versions les plus édulcorées pour répondre aux exigences morales de l’Eglise.

« Charles Perrault est considéré aujourd’hui comme un bon père de famille, s’amuse Catherine Velay-Vallantin, alors que c’était un carriériste, et certainement pas un pédagogue. »

En leur temps, les ouvrages de Perrault et ceux des frères Grimm ont rencontré un succès phénoménal. Presque autant lu que la Bible, ils ont été traduits et diffusés dans toute l’Europe.

Le monde de la recherche s’est penché sur leur richesse et continue à le faire. Du psychanalyste Bruno Bettelheim au sociologue Jack Zypes, en passant par les revues d’universitaires telles que La Grande Oreille. On peut être chercheur et avoir su garder son âme d’enfant. 

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Enquête sur les origines du petit chaperon rouge


Qu’est-ce que la biologie, les mathématiques ont affaire avec le petit Chaperon rouge … Et bien, ils ont probablement trouvé l’origine de ce conte qui serait en fait une variante d’un autre conte connu
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Enquête sur les origines du petit chaperon rouge

 

Amanda Seyfried a incarné le petit chaperon rouge... (Warner Bros.)

Amanda Seyfried a incarné le petit chaperon rouge dans un film américain sorti en 2011.

WARNER BROS

Agence France-Presse
Washington

Des scientifiques sont remontés aux origines du petit chaperon rouge, l’un des contes populaires les plus anciens, en s’appuyant sur un modèle mathématique utilisé par les biologistes pour étudier l’évolution des espèces.

Ils ont ainsi pu ainsi clore un vieux débat en démontrant que Le petit chaperon rouge avait bien les mêmes racines qu’un célèbre conte allemand, Le loup et les sept chevreaux, mais était devenu une histoire différente.

Reconstruire l’évolution d’un conte, c’est «faire le travail d’un biologiste qui montre par exemple que les humains et les grands singes partagent un ancêtre commun mais ont évolué dans des espèces distinctes», explique l’anthropologue britannique Jamie Tehrani, de l’Université Durham au Royaume Uni.

Son étude, publiée mercredi dans la revue scientifique américaine PLOS ONE, retrace la genèse et le cheminement dans le temps et les lieux de contes et croyances populaires pour apporter un nouvel éclairage sur les mouvements de populations dans l’histoire humaine.

Cette étude révèle que Le loup et les sept chevreaux remonte probablement au 1er siècle de l’ère chrétienne donnant naissance mille ans après à une variante devenue Le petit chaperon rouge.

Le loup et les sept chevreaux, populaire en Europe et au Proche-Orient, est l’histoire d’un loup déguisé en «mère chèvre» pour dévorer ses petits. Dans le petit chaperon rouge, le loup mange une petite fille après avoir pris l’apparence de sa grand mère.

Le petit chaperon rouge figurait dans les ouvrages, célèbres en Allemagne, des frères Grimm publiés au 19e siècle. Cette version était basée sur celle écrite au 17e siècle par le français Charles Perrault.

Celui-ci s’était inspirée d’un conte plus ancien transmis par la tradition orale en France et en Autriche.

Il en existe de nombreuses variantes en Afrique et en Asie comme par exemple le tigre grand-mère au Japon, en Chine et en Corée.

Pour retrouver les origines du conte, Jamie Tehrani a soumis 58 variantes à une analyse phylogénétique, une méthode statistiques utilisée par les biologistes pour la classification des êtres vivants qui permet d’établir le degré de parenté entre les espèces et de comprendre leur évolution.

L’analyse s’est concentrée sur 72 scénarios en fonction de différents protagonistes comme le loup, l’ogre, le tigre ou d’autres créatures et les ruses utilisées pour berner les victimes ainsi que le sort de ces dernières.

Cette étude a aussi permis de démentir une théorie répandue selon laquelle la version la plus ancienne du petit chaperon rouge était née dans la tradition orale chinoise avant de se répandre en Occident par la route de la soie.

«Ma recherche montre l’opposé, à savoir que la version chinoise est dérivée des traditions orales européennes», affirme le chercheur.

«Les Chinois ont en fait mélangé le petit chaperon rouge, le loup et les sept chevreaux et des contes du folklore local pour créer une nouvelle version hybride», explique-t-il.

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Un village allemand fait la paix avec les loups


C’est je pense, un bel exemple de cohabitation entre l’homme et l’animal et ce même si cet animal fait peur nourrit par les contes pour enfant du méchant loup ..
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Un village allemand fait la paix avec les loups

 

Treize ans après son retour au pays des... (Photo AFP)

Treize ans après son retour au pays des Frères Grimm et de leur Petit Chaperon rouge, le loup est même devenu un outil de marketing touristique.

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LAURENT GESLIN
Agence France-Presse
RIETSCHEN

Plus de dix ans après le retour du loup à Rietschen, village de l’est de l’Allemagne, les habitants ont fini par remiser leurs peurs ancestrales pour cohabiter en paix avec l’animal dont l’essor provoque toujours le rejet ailleurs en Europe.

Dans cette partie de l’Allemagne appelée le Lausitz, le loup gris d’Europe s’est adjugé un vaste territoire fait de grandes forêts de pins et de lacs, au côté des cerfs et des sangliers.

Treize ans après son retour au pays des Frères Grimm et de leur Petit Chaperon rouge, il est même devenu un outil de marketing touristique.

«Rietschen est la commune qui vit depuis le plus longtemps avec le loup en Allemagne. Sa présence ici est devenue aujourd’hui normale», assure Vanessa Ludwig, biologiste au Bureau d’information «Région du loup Lausitz», agence officielle chargée de l’observation du canidé et de la communication auprès des habitants et des médias.

À Rietschen, paisible bourgade de 3700 âmes à la frontière polonaise, devenue la «ville du loup», on propose aux touristes de partir sur les traces de l’animal à pied ou à vélo.

«Le loup nous a bien plus apporté qu’il ne nous a causé de dommages», affirme le maire, Ralf Brehmer.

Treize des 19 meutes ou couples recensés en Allemagne vivent dans cette région devenue un vivier pour le reste du pays. Ici, les loups se sont habitués au bruit des pelleteuses qui exploitent la houille et aux détonations entendues aux alentours d’un terrain d’entraînement militaire de 200 km2.

Quasiment exterminé d’Allemagne au milieu du XIXe siècle, le loup gris d’Europe profite de son statut d’espèce protégée par la Convention de Berne (1979), ratifiée par l’Allemagne et la plupart des États européens.

On recense neuf groupes de populations en Europe, notamment en Scandinavie, dans les Pays baltes, mais aussi en Pologne, en Roumanie, dans l’est et le sud-est de la France, en Italie et dans la péninsule ibérique.

Dans le Lausitz, le dernier spécimen, un solitaire venu de Pologne, avait été abattu en 1904. Quand, en 2000, la télévision montre un couple de loups originaire de Pologne venant de passer la frontière avec un louveteau, les peurs se réveillent.

«Enfant, tout le monde a entendu l’histoire du Petit Chaperon rouge et du loup. Cela reste ancré dans les têtes», explique Jana Endel, garde forestière au Bureau d’information.

Elle n’a pas oublié l’ambiance «échauffée» des premières réunions communales.

«Les gens craignaient que le loup se reproduise toujours plus», ignorant que l’animal quitte ses parents entre un et deux ans pour se chercher son propre territoire ailleurs, souligne-t-elle, «on avait tout simplement oublié comment vivre avec le loup».

Pour vaincre les peurs, le Bureau d’information a animé plusieurs centaines de réunions d’information. Aujourd’hui, les habitants savent que le loup n’est pas un danger pour les humains. Dans le Lausitz, il n’a jamais attaqué l’homme en treize ans de présence.

Fidèle à sa réputation, il se régale en revanche de moutons et de chèvres mal protégés. Une cinquantaine de bêtes ont encore été fauchées dans la région en 2012.

Un agriculteur, qui avait perdu 33 bêtes après deux attaques en 2002, a paradoxalement contribué à calmer la colère de certains éleveurs.

«Il a fait profiter ses collègues de son expertise» en matière de sécurité, explique Jana Endel. Les agriculteurs bénéficient d’ailleurs de subventions à l’installation de clôtures électriques.

Si «le loup n’est plus le principal sujet de discussion dans la commune», il a toujours des opposants. «Des chasseurs se plaignent qu’il mange leur gibier», reconnaît M. Brehmer.

Certains veulent toujours sa peau: trois spécimens ont été abattus dans la région depuis 2000, sans que les auteurs aient pu être identifiés.

L’animal sait qu’il doit rester sur ses gardes. Aussi, peu de monde peut se targuer de l’avoir croisé.

«Ce serait comme avoir les six bons numéros au loto», estime le maire.

Pourtant il est bien là, et rôde parfois la nuit dans le village. Ses déjections attestent d’une présence aussi discrète que banale.

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