Le Saviez-Vous ► Il était une fois La véritable histoire des contes de fées


Les contes pour enfants que nous connaissons tous n’ont pas tous été magiques et ne finissaient pas très bien. Ces contes étaient sans doute une représentation de la vie difficile que vivaient les gens a cette lointaine époque
Nuage

 

Il était une fois La véritable histoire des contes de fées

 

« Il était une fois… » les contes. Récits merveilleux qui divertissent chaque génération d’enfants, les contes d’aujourd’hui n’ont pourtant rien à voir avec leurs ancêtres moyenâgeux.

« Les premières traces de contes datent du 12e siècle environ, explique Catherine Velay-Vallantin, maître de conférence à l’EHESS et auteur d’une Histoire des contes.

Les prédicateurs franciscains et dominicains les utilisaient notamment pour illustrer leurs prêches.

 » Mais ce sont surtout les conteurs qui font vivre la tradition. Ils vont de foyer en foyer pour raconter des histoires et rassembler près du feu les parents et les enfants, divertissant les premiers et effrayant les seconds.

Dès cette époque, trois exigences caractérisent le conte, qui demeure une tradition orale: concision narrative, inventivité esthétique, et logique. Il faudra attendre Charles Perrault au XVIIe siècle pour voir l’émergence d’un genre littéraire spécifique.

La vie est cruelle

Les versions originales sont bien plus violentes que leurs transpositions actuelles.

« Le soleil, la lune et Thalie, le récit à l’origine de la Belle au bois dormant, remonte au 14e siècle, raconte Catherine Velay-Vallantin. Pour résumer, c’est l’histoire d’un viol. Le prince est déjà marié et viole la princesse dans son sommeil. Elle donne naissance à des jumeaux qui, cherchant son sein, suce son doigt et retire l’écharde qui la maintenait endormie. Elle se réveille alors et constate l’ampleur du désastre. »

Les contes, à l’époque, se finissent souvent mal et sont empreints de violence, en écho à l’existence difficile des paysans. Ils confirment que la vie est cruelle.

« Il existe quand même des contes pour enfants », tempère la chercheuse. Le conteur s’adapte à son public et ne choisit pas toujours la version la plus tragique. Les contes de « randonnées » ont un but didactique : apprendre à compter aux enfants. « Ils enseignent la logique », résume Catherine Velay-Vallantin.

Un premier adoucissement des histoires se produit avec Charles Perrault, au public bourgeois, qui commence à s’inquiéter des répercussions sur les enfants. Exclu de la Petite Académie par Colbert, Perrault connaît de sérieuses difficultés financières. Il écrit pour revenir à Versailles et choisit délibérément les versions les plus édulcorées pour répondre aux exigences morales de l’Eglise.

« Charles Perrault est considéré aujourd’hui comme un bon père de famille, s’amuse Catherine Velay-Vallantin, alors que c’était un carriériste, et certainement pas un pédagogue. »

En leur temps, les ouvrages de Perrault et ceux des frères Grimm ont rencontré un succès phénoménal. Presque autant lu que la Bible, ils ont été traduits et diffusés dans toute l’Europe.

Le monde de la recherche s’est penché sur leur richesse et continue à le faire. Du psychanalyste Bruno Bettelheim au sociologue Jack Zypes, en passant par les revues d’universitaires telles que La Grande Oreille. On peut être chercheur et avoir su garder son âme d’enfant. 

http://www.lexpress.fr/