Couch surfing, car surfing… ►Jeux de vie, jeux de mort


Difficile de comprendre les comportements des jeunes qui risquent leur vie et ce pour chercher la reconnaissance de leur pairs .. que ce soit dans la vie réelle ou sur internet quand ils immortalisent sur vidéo leur exploit. Serait-ce explicable point de vue physionomique et probablement un effet d’entrainement surtout avec l’ère d’Internet
Nuage

 

 

Couch surfing, car surfing… ►Jeux de vie, jeux de mort

 

Jeux de vie, jeux de mort

Crédit photo : Gracieuseté

Par Kathleen Frenette | Agence QMI

Couch surfing, car surfing, chickens… certains jeunes semblent prendre de plus en plus de plaisir à défier leur propre mort et, comme si ce n’était pas assez, ils propagent leur envie mortelle sur l’ensemble des réseaux sociaux.

Loin d’être nouveau, ce phénomène pourrait toutefois s’amplifier au cours des prochaines années, selon le professeur Denis Jeffrey, qui travaille à la faculté des sciences de l’éducation à l’Université Laval.

«Nous vivons dans une société qui se veut de plus en plus protectrice et sécuritaire alors, face à cette réalité, les jeunes se trouvent des occasions pour pratiquer le risque, qu’il soit contrôlé et très organisé, comme par exemple en ski alpin ou en ski acrobatique, ou qu’il ne le soit pas, comme le phénomène de couch surfing de la fin de semaine dernière où un jeune homme a perdu la vie», a mentionné l’homme qui étudie les comportements à risque chez les jeunes depuis une quinzaine d’années.

«Dans certains pays, comme le Vietnam, les jeunes n’ont pas à se lancer dans ce genre d’activité parce que leur survie comporte des risques chaque jour mais ici, comme plusieurs règles encadrent la vie de tous les jours, les jeunes se cherchent des espaces où ils peuvent s’essayer et voir jusqu’où ils sont capables d’aller», a-t-il ajouté.

Selon lui, les jeunes adolescents se retrouvent donc assoiffés de sensations fortes, ils veulent vivre leur vie jusqu’à la limite et surtout, le plus intensément possible.

(Crédit: Journal de Montréal)

Roulette russe…

«C’est certain que ce qui attire les jeunes, c’est le risque, l’adrénaline, les sensations fortes, les émotions et ils veulent se sortir de leur quotidien habituel. Ils jouent à ce que l’on appelle des ordalies, c’est-à-dire qu’ils défient la mort et leur propre destin. Ils prennent des risques en se disant que, s’ils en sortent vivants, c’est que leur vie vaut la peine d’être vécue», a ajouté le professeur.

Ces exploits, qui prennent la forme de prises de risques délibérées, s’inscrivent la plupart du temps dans une recherche de reconnaissance, selon les sociologues qui étudient le phénomène.

«Ce comportement n’est pas nouveau car, pendant longtemps, la traversée d’une épreuve, imposée par la communauté, était une modalité du passage à l’âge adulte. Autrement dit, les plus jeunes dans les sociétés dites traditionnelles devaient «mériter» d’appartenir à leur communauté», a expliqué Jocelyn Lachance, chercheur postdoctoral en sociologie.

Sur Internet

Selon lui, cette modalité anthropologique est, aujourd’hui, réactualisée dans le contexte de groupes d’adolescents et surtout, elle est poussée à l’extrême grâce aux réseaux sociaux.

«Les jeunes se mettent à l’épreuve pour trouver reconnaissance et valorisation auprès de leurs pairs et Internet leur offre une nouvelle vitrine pour susciter l’intérêt, pour s’exposer au regard anonyme de la communauté internet ou au regard des pairs sur les médias sociaux. En d’autres termes, en affichant leurs «exploits» sur Internet, les jeunes répondent à ce besoin anthropologique de chercher un regard valorisant sur soi», a ajouté l’auteur du livre L’adolescence hypermoderne, le nouveau rapport au temps des jeunes.

(Crédit: Journal de Montréal)

Changement d’attitude

Selon le professeur Denis Jeffrey, les adolescents changent de comportement le jour où ils prennent conscience du risque réel auquel il s’expose. Bien souvent, selon le professeur, ce changement s’effectue le jour où ils ont leur premier enfant.

«À partir de là, il y a vraiment une conversion qui s’effectue puisqu’ils se voient dans l’obligation de prendre des responsabilités. C’est souvent à ce moment qu’ils prennent conscience des risques parce que, en tant que parents, ils se retrouvent forcément dans un état de protection», a-t-il expliqué, en précisant que les gens commençaient alors à penser aux autres et aux conséquences que leur comportement pouvait avoir sur la société.

«Le conducteur qui a frappé le jeune, la fin de semaine dernière, va rester avec l’image et ce triste moment sera gravé dans sa mémoire pour le reste de sa vie. Il y a toutefois fort à parier que les quatre jeunes, lorsqu’ils ont pris la décision de faire du couchsurfing, même si la pensée de mourir les a effleurés, ils n’ont très certainement pas pensé à l’impact que ce type de comportement pouvait avoir sur leurs pairs», a ajouté monsieur Jeffrey.

Manque de jugement

De récents travaux aident présentement les chercheurs à comprendre les mécanismes neurobiologiques du cerveau des jeunes au moment où ceux-ci adoptent des conduites à risque. Selon les recherches, les lobes frontaux du cerveau sont les éléments dont la maturité est la plus tardive.

Entre 15 et 25 ans, le cerveau connait sa 3e phase de croissance de l’intérieur vers l’extérieur et de l’arrière vers l’avant. Ainsi, les deux premiers sens à se développer sont le plaisir et la douleur, les deux causes premières de la dépendance alors que la dernière partie qui se développe est celle du jugement.

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