Les crises des enfants … comment les gérer pour ne pas se sentir manipuler et que par la suite, ils deviennent de plus en plus exigent dans ses demandes .. Ne jamais oublier qu’un jeune enfant vit le moment présent … le moment qu’il demande quelque chose, qu’il pique sa crise et qu’il passe a autre chose
Nuage
Le chantage affectif des enfants
Nadia Gagné
Le Droit
Julie est la maman d’une charmante petite fille âgée de 3 ans, Lydia.
Un jour, alors que Julie recevait sa meilleure amie Mélanie à la maison, Lydia lui a fait une de ses premières crises de colère. Elle lui a demandé un biscuit au chocolat à sa mère et Julie a refusé afin d’éviter de lui couper l’appétit juste avant le souper. Rouge de colère, Lydia lui a crié:
«T’es pas fine, je te déteste, je m’en vais vivre dans une autre famille!»
Les yeux de Julie se sont remplis de larmes. Il faut dire qu’elle vient de vivre un divorce après avoir réalisé que son mari la trompait. Elle supporte très mal de sentir que sa fille – la seule chose qui lui reste, selon elle – la rejette ainsi. Résignée, elle s’apprêtait à aller lui chercher les fameux biscuits, mais Mélanie s’est empressée de la retenir par le bras et de lui dire:
«Je t’en supplie, fais-moi confiance, ne lui donne pas son biscuit et attendons de voir ce qu’elle va faire».
À la grande surprise de Julie, mais exactement comme Mélanie l’anticipait, Lydia s’est mise à pleurer et à faire une crise. Elle est même allée dans sa chambre pour préparer un petit baluchon, pour ensuite sortir sur le balcon. En voyant cela, Julie a paniqué, mais elle s’est un peu calmée lorsqu’elle a vu Lydia s’asseoir sur le balcon en boudant. Au bout de trois minutes, elle est rentrée dans la maison pour demander à sa mère à quoi elle avait envie de jouer! Inutile de dire que Mélanie était heureuse d’avoir suggéré à son amie d’ignorer la crise de Lydia.
Évidemment, dans cet exemple, Lydia ne savait plus quoi faire une fois qu’elle avait mis le pied sur le balcon! À trois ans, on n’est pas vraiment assez débrouillard pour faire une fugue… La période de trois minutes qu’elle a attendue dehors correspond environ au temps qu’aurait duré un retrait dans un coin, sur une chaise ou dans sa chambre, si Julie avait utilisé cette technique. En fait, ce qui s’est produit, c’est que Lydia s’est aperçue que sa colère et ses menaces ne lui apportaient pas ce qu’elle désirait. Ensuite, sa colère a diminué, puis elle a eu envie de passer à autre chose.
Les enfants sont comme ça: ils disent des gros mots et font des menaces sans vraiment évaluer la portée de leurs paroles. Ensuite, ils oublient rapidement, puisqu’ils ont une capacité de vivre le moment présent (même si parfois, ça représente un inconvénient de ne pas pouvoir penser à long terme, comme pour Lydia qui n’a pas évalué qu’elle ne connaissait pas de famille adoptive près de chez elle!).
C’est exactement la même chose qui se produit lorsque deux enfants entrent en conflit et qu’ils se disent des choses aussi graves et lourdes de portée comme
«Je te déteste, tu n’es plus mon ami».
Qu’arrive-t-il habituellement cinq minutes plus tard? Ils jouent ensemble.
Gérer ses émotions
Plusieurs parents au coeur sensible sont bouleversés lorsqu’ils entendent leurs enfants leur dire qu’ils ne les aiment plus. C’est encore pire si le parent se sent vulnérable psychologiquement, comme lorsqu’il vit une épreuve qui affecte son estime de soi (une séparation, une perte d’emploi, etc.).
Dans ce cas, il est plus à risque de se laisser «manipuler» par les paroles de son enfant. Remarquez: le mot «manipuler» est entre guillemets, et ce n’est pas juste pour faire joli! Un enfant ne dit pas ces paroles pour manipuler ses parents. Il les dit parce qu’il ne sait pas comment exprimer sa frustration autrement. C’est au parent de maintenir sa consigne, afin que l’enfant apprenne où se situent les limites de ses parents, comment mieux exprimer et gérer sa frustration.
Pour enseigner tout cela à son enfant, il faut rester calme et savoir soi-même gérer ses émotions. Si on devient émotif, c’est comme ajouter de l’huile sur le feu: l’enfant fera encore plus souvent des crises, et elles seront plus intenses.
Donc, face aux paroles parfois méchantes de son enfant, au lieu de se dire qu’il ne nous aime plus, un parent devrait plutôt se dire:
«Tiens, tiens… Voilà une occasion de lui montrer que ‘non’ veut dire ‘non’ et qu’il peut apprendre à se calmer et à mieux exprimer sa colère».
Peut-être qu’en 2100, la technologie nous permettra de brancher un décodeur sur nos tout-petits et nous permettre de comprendre ce dont ils ont réellement besoin lorsqu’ils nous disent des méchancetés… En attendant, un soupçon de jugement, une pincée d’humour, une grande dose de patience et beaucoup d’amour peuvent aider tous les parents à passer au travers cette étape plus ou moins difficile du développement de leur enfant.
Une psy vous répond
Q: J’ai un petit garçon de 2 ans et demi, Louka, dont le papa n’est pas du tout dans le portrait… Il commence à me demander où est son père. Comment lui répondre sans rien lui cacher, de manière à ce qu’il puisse comprendre et surtout, comment faire cela en douceur?
R: Il ne faut pas minimiser l’impact de l’absence d’un père pour les enfants qui vivent cette situation. À long terme, ils peuvent se sentir rejetés, ce qui peu affecter leur estime de soi. Ceci étant dit, plusieurs enfants s’en sortent bien. Une bonne façon d’aborder le sujet, c’est de lui lire une histoire. Quelques suggestions: Vivre seul avec papa ou maman, de Catherine Dolto-Tolitch, ou Marguerite veut un papa, de Clara Le Picard. Plus tard, il faudra lui affirmer qu’il n’est pas responsable du départ de son père. Et si votre enfant vous pose des questions sur son père, dites-lui la vérité en évitant de ternir son image. Bonne chance!