La Nasa travaille encore pour son projet de son voyage vers la planète Mars, mais il n’est pas au bout de ses peines, Que ce soit physiologie, psychologique des volontaires et sans parler du côté mécanique du voyage, il reste beaucoup à faire. Mais, je ne comprends toujours pas pourquoi ce besoin d’aller a des années-lumières alors que sur Terre, il y a tant à faire
Nuage
Les 3 étapes avant de pouvoir mettre le pied sur Mars
La planète Mars.Photo AFP / NASA
Guy Doyen
Pourquoi ne peut-on pas nous rendre sur Mars aujourd’hui, en 2014? Ou, pour poser la question différemment: quelles sont les étapes à franchir avant d’être capables de nous y rendre?
Tout le monde ne s’en rend pas forcément compte, mais une mission habitée vers Mars nécessite de maitriser énormément de domaines différents.
Les technologies qui nous emmèneront là-bas doivent encore être testées et validées, et nos connaissances scientifiques sur les risques physiologiques et psychologiques liés aux trajets vers l’Espace lointain ne sont pas suffisantes pour garantir la bonne santé des astronautes lors de longs voyages.
Tester et valider les véhicules spatiaux
Avant d’envoyer qui que ce soit dans l’Espace lointain, il faut s’assurer que les engins destinés à transporter un équipage seront fiables. Les premiers tests de vol commenceront seulement fin 2014 et les premières missions sont prévues dans les années 2020.
Le premier vol de test de la fusée SLS (Space Launch System), qui a été conçue pour les missions au-delà de l’Espace lointain, est prévu pour 2017. La première mission habitée (capsule Orion), quant à elle, est prévue pour 2021 (photo du bas).
Le premier vol d’essai de la capsule Orion est prévu pour le 4 décembre prochain et le premier vol spatial habité pour 2021. La mission, qui consistera à capturer un astéroïde, servira entre autres à valider les technologies nécessaires (incluant la propulsion électrique solaire avancée) pour atteindre Mars dans les années 2030.
Il faut savoir que la capsule Orion, seule, ne permettra pas de nous emmener sur Mars, car elle ne peut faire subsister qu’un équipage de 4 personnes pendant 21 jours: elle fera donc partie d’un véhicule spatial plus grand qui inclura des modules d’habitation et de propulsion supplémentaires.
L’image ci-dessous montre les étapes technologiques à respecter avant de pouvoir nous rendre sur Mars. Nous devrons tout d’abord maitriser les fondamentaux, grâce aux expériences menées à bord de la SSI.
Les sociétés privées doivent se charger des allers-retours pour des missions de 6 à 12 mois. Il faudra ensuite valider les technologies envisagées pour l’exploration de Mars grâce à des missions de 1 mois à un an qui nous feront visiter des astéroïdes.
L’étape suivante consiste en des missions de 2 à 3 ans vers Mars et d’autres destinations de l’Espace lointain.
Détail de la planète rouge.Photo NASA
Régler les problèmes physiologiques d’un voyage spatial de longue durée
De nombreux problèmes physiologiques peuvent survenir lorsqu’il s’agit de séjours de longue durée dans l’Espace. Mais, malgré toutes les expériences faites par le passé, nous manquons encore de données pour pouvoir assurer une protection optimale de nos astronautes.
Les êtres humains sont physiologiquement adaptés à la vie sur Terre ce qui fait que les séjours dans l’Espace ont des effets négatifs sur le corps. Les effets les plus significatifs de l’apesanteur sur le corps humain sont l’atrophie musculaire et la détérioration du squelette. On sait aussi que le système immunitaire change dans l’Espace: il n’est plus aussi performant que sur Terre.
On a récemment découvert que le coeur des astronautes s’arrondissait lors de leur passage sur la Station Spatiale Internationale, ce qui pourrait entrainer des problèmes de santé.
Une autre étude montre que les astronautes ont des difficultés à trouver le sommeil (ils ne dorment que 6 heures par «nuit» en moyenne) et ont beaucoup trop recours aux somnifères, ce qui pourrait nuire à leur capacité de réaction en cas de danger.
Pour améliorer nos connaissances sur les effets de séjours longue durée, la NASA a prévu une mission avec des jumeaux astronautes. Cette expérience débutera en mars 2015. Pendant que l’astronaute américain Scott Kelly (ainsi que le russe Mikhail Kornienko) passera un an à bord de la Station Spatiale Internationale, son frère Mark Kelly (astronaute maintenant à la retraite) continuera sa vie sur Terre.
Les jumeaux seront inspectés avant, pendant et après cette mission de un an. Cette mission, visant à étudier les effets d’un vol spatial longue durée sur le corps humain, nous aidera à déterminer et à valider les mesures de réduction de risque des effets d’une vie en environnement de faible gravité.
Seulement 4 êtres humains sont restés plus d’un an dans l’Espace au cours d’une même mission, et toutes ces missions se sont déroulées sur l’ancienne Station spatiale russe Mir. C’est le cosmonaute Valery Polyakov qui détient le record de temps passé dans l’Espace, totalisant 438 jours entre janvier 1994 et Mars 1995.
À cela s’ajoutent les problèmes de protection des astronautes pendant le voyage. Le danger en question ne doit pas être pris à la légère: il s’agit des rayons cosmiques de haute énergie. En prenant en compte le rayonnement calculé lors du voyage de la sonde MSL (Curiosity) vers Mars, un aller-retour exposerait les astronautes à une dose de 0,66 sievert. Pour vous faire une idée, la limite imposée par la NASA pour l’intégralité de la carrière de ses astronautes est de 1 sievert.
Nous n’avons pas encore accumulé suffisamment de connaissances dans ces domaines pour risquer un voyage vers Mars. Il est donc urgent d’attendre.
Ci-dessous, une photo des astronautes jumeaux Scott Kelly (à gauche) et Mark Kelly (à droite) lors de la préparation du vol STS-124.
Dessin de Tony Auth pour NewsWorks.Photo Tony Auth
Tenir compte des problèmes sociologiques et psychologiques pouvant survenir
La distance entre la Terre et Mars varie de 55,7 millions de km au plus proche (périgée) et 401,3 millions de km au plus éloigné (apogée). Attendre la meilleure configuration Terre-Mars pour que le voyage soit le moins long possible signifie tout de même avoir à vivre en espace confiné pendant un trajet de plus de 6 mois.
Les effets psychologiques d’un tel confinement et d’une telle isolation par rapport à la Terre doivent être pris sérieusement en compte. Et pour être pris en compte, ils doivent être étudiés progressivement dans des conditions réelles.
Certains projets (comme Mars500) qui consistaient à isoler des personnes pour simuler un voyage vers Mars sont loin d’avoir le même impact, car les personnes savent qu’elles sont sur Terre et qu’elles peuvent être évacuées en cas d’urgence, ce qui ne sera pas le cas lors du véritable voyage.
Au fur et à mesure du trajet, les temps de communication vont s’accroitre pour atteindre jusqu’à plusieurs minutes lors de l’arrivée sur Mars. L’impossibilité d’une communication en temps réel avec la Terre peut être une grande source de stress pour des êtres humains habitués à des communications en temps réel.
Pour vous faire une idée, les communications mettent 3 minutes-lumière pour arriver lorsque Mars est au plus près de la Terre, et 22 minutes-lumière lorsque la planète rouge est au plus loin. Ça n’est pas tout à fait la même chose que lorsqu’on est à bord de la SSI à 400 km de la Terre…
La Lune quant à elle est à 363 100 km (1,21 seconde-lumière) de la Terre au plus près et à 405 700 km (1,35 seconde-lumière) au plus loin.
En prenant tous ces éléments en compte, il n’est pas difficile de comprendre qu’un retour vers la Lune, qui est beaucoup plus proche et qui permet une communication quasiment en temps réel, avec une possibilité de rapatriement en quelques jours, serait une étape plus prudente et tout aussi importante pour tester les futures technologies d’exploration spatiale et les conditions de vie lors de longs séjours dans des environnements hostiles.
La Lune comme principale base d’exploration spatiale de l’humanité? C’est une idée à évaluer sérieusement.
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