Le Saviez-Vous ► L’âge de glace : Les secrets du business de la cryogénisation en Russie


On peut trouver dans l’avenir bien des remèdes aux maladies aujourd’hui mortelles. Cependant, je ne crois pas qu’un jour nous puissions réanimer un mort encore plus s’il est cryogénisé. Ni transplanter un cerveau sur un autre corps. Et puis est-ce vraiment souhaitable ? Imaginer si Hitler avait cette possibilité de revenir à la vie ?
Nuage

 
L’âge de glace : Les secrets du business de la cryogénisation en Russie

 

Au nord-est de Moscou, une chambre froide conserve soigneusement plusieurs dizaines de corps, avec la promesse de les réveiller dans le futur.

 

par Servan Le Janne

Le sanctuaire

Par la vitre d’un vieux train russe, dans le ciel clair de ce mois de juin 2018, des clochers en forme d’oignons annoncent la ville de Serguiev Possad. Grappe dorée au milieu de l’étendue noire du tchernoziom, cette terre fertile de l’infinie campagne russe, le monastère orthodoxe de la Trinité-Saint-Serge attire quelques touristes et pèlerins vers cette cité calme, à une heure de rail de Moscou. Sur le quai de la gare, il est d’ailleurs proposé par des vendeurs ambulants en version miniature. Mais ce n’est pas le seul sanctuaire du coin.

La laure de la Trinité-Saint-Serge
Crédits : Wikimedia commons

Après avoir descendu deux chemins de terre et contourné une maison rose pavoisée par un drapeau soviétique, on arrive à un portail vert survolé par des câbles téléphoniques. Un chien et des caméras de vidéo-surveillance montent la garde. En plus de la maison à deux étages, le terrain comprend une dépendance habitée par un agent de sécurité. Il y a aussi et surtout un hangar de 2000 mètres carrés dans lequel deux grandes cuves conservent plusieurs dizaines de corps. Voilà tout ce qui est à surveiller : des morts. Mais ils sont censés se réveiller.

« Ils flottent dans de l’azote liquide, comme un enfant dans l’utérus de sa mère », explique Danila Medvedev.

Blond jusqu’aux sourcils, cet homme de 38 ans a participé à la création du mouvement transhumaniste russe en 2003 dans l’objectif d’offrir « l’immortalité pour tous les habitants de la planète ». Pour faire un pas vers ce fantasme, il a fondé la première entreprise de cryogénisation du pays, KrioRus, en 2005. Elle veille aujourd’hui sur les dépouilles de 61 personnes, 31 animaux de compagnie et s’est engagée à entretenir celles de 487 autres personnes.

Chaque client a déboursé 36 000 dollars pour que son cadavre repose à -196 °C dans une des deux grandes cuves. D’autres ont choisi de ne donner que leur tête, pour réduire le tarif de moitié. Dans tous les cas, leur sang a été remplacé par un agent cryoprotecteur empêchant les tissus d’être endommagés par le gel. Pareils à de grands thermos, les tombeaux glacés comportent deux parois espacées par du vide. Ils coûtent chacun 17 420 dollars et leur température est régulièrement inspectée. Car Medvedev dit être convaincu qu’il y a une vie après la mort. Littéralement.

Danila Medvedev

« D’après certaines prédictions, la technologie nécessaire à la réanimation de patients pourrait apparaître d’ici 40 à 50 ans en nanomédecine », évalue-t-il. « Nous sommes à peu près certains que la réanimation existera au XXIe siècle. »

Cette promesse d’immortalité ne concerne pas seulement le commun des mortels. Le transhumaniste rêve de ramener à la vie les membres de l’expédition en Antarctique dirigée par le capitaine Robert Falcon Scott, tous morts gelés sur la barrière de Ross en 1912.

« La température était très probablement assez froide pour que nous puissions préserver les cerveaux et les réanimer dans le futur », pronostique Medvedev.

KrioRus possède les restes de deux personnes « dont les cerveaux contiennent des informations très secrètes », souffle-t-il.

L’un d’eux « était un expert cryptographe sous l’Union soviétique. Cela veut dire qu’il détient un grand volume d’informations classifiées, secrètes ou top secrètes. Par chance, les hackers ne peuvent pas y avoir accès. Cette personne possède vraiment des données sur la manière avec laquelle le système soviétique a été conçu. »

La majorité de la communauté scientifique est évidemment sceptique. Mais la greffe de tête promise à courte échéance par les chirurgiens Sergio Canavero et Ren Xiaoping montre pour Medvedev que les limites de la vie sont sur le point d’être repoussées.

« J’ai vécu dix ans en Union soviétique, dix ans dans les années 1990, et dix ans dans la Russie moderne », fait-il remarquer. « Ce n’était pas futuriste, mais j’ai pu voir comme les choses changent rapidement. »

La vie cosmique

Au-dessus des cuves blanches en forme de piles qui conservent les corps dans le hangar de KrioRus, une enfilade de drapeaux indique leurs différentes nationalités : il y a là un ou plusieurs Japonais, Américains, Britanniques, Roumains, Suisses et Ukrainiens. La société attire des étrangers car son offre est moins chère que celles de l’Américain Alcor, qui demande 200 000 dollars. Formé au management et à la finance à Saint-Pétersbourg, Danila Medvedev maîtrise l’anglais et les lois de l’économie. Il se présente comme un expert en technologie et un activiste politique, versé dans la philosophie et les relations presses. Le trentenaire voit grand. Sa personnalité plurielle lui permet de viser une clientèle internationale par différents canaux.

KrioRus parle plutôt de « patients » que de « morts » :

« C’est une distinction importante aux États-Unis », constate son PDG. « En Russie, c’est OK si vous êtes en vie à un moment, mort puis de retour à la vie. »

Danila Medvedev connaît l’âme russe. Ses compatriotes sont 20 % plus optimistes à l’égard des technologies que les autres Européens, d’après une étude de la Russian Venture Company publiée en janvier 2017, fait-il valoir. La course à l’innovation menée par les dirigeants soviétiques face aux Américains n’y serait pas étrangère. Autre avantage pour lui, tout un pan de la philosophie russe s’est développé autour de l’idée de poursuivre la vie au-delà de la tombe, en mélangeant connaissances scientifiques et promesses mystiques.

Né en 1980 à Leningrad (devenu Saint-Pétersbourg) d’un père chercheur, Danila Andreyevich a grandi en lisant les livres d’auteurs américains de science-fiction comme Arthur C. Clarke et Robert Heinlein. Plus tard, il s’est intéressé au mouvement cosmiste. À l’en croire, les Russes sont plus prompts à adopter la cryogénisation car ce dernier fait partie de leur héritage intellectuel.

Ce courant de pensée apparu au XIXe siècle « est basé sur une vision holiste et anthropocentrique de l’univers », définit le spécialiste de littérature russe George M. Young, auteur du livre The Russian Cosmists: The Esoteric Futurism of Nikolaï Fedorov and His Followers. « Ses adeptes essayent de redéfinir le rôle de l’humanité dans un univers qui manque de plan divin pour le salut de l’âme. »

En tant qu’êtres doués de raison, les humains sont appelés à exercer un rôle dans l’évolution du cosmos. Pour cela, il leur faut d’abord répondre à une question centrale, considère la plus haute figure du mouvement, Nikolaï Fedorov : pourquoi meurent-ils ?

Ce fils illégitime du prince Paval Gagarine et d’une paysanne « pensait que tous les problèmes des Hommes prenaient racine dans celui de la mort et que, par suite, aucune solution sociale, politique, économique ou philosophique ne conviendrait tant que le problème de la mort ne serait pas réglé », résume George Young.

Même si le penseur a reçu une bonne éducation à Odessa, en Crimée, il passait pour un marginal dans la société des lettres russes.

Les cuves de KrioRus
Crédits : KrioRus

Il n’empêche, Fedorov était réputé pour son érudition. Tour à tour professeur d’histoire et de géographie dans des écoles de province, puis libraire au musée Roumiantsev de Moscou, il avait un quotidien d’ascète qui faisait l’admiration de Tolstoï et Dostoïevski.

 « J’ai rarement lu quelque chose d’aussi logique », vantait même ce dernier au sujet d’écrits qui ne furent jamais publié du vivant de son auteur.

Car Fedorov n’a pu échapper à la mort qu’il combattait. Synonyme de désintégration, le trépas allait pour lui à rebours de l’idéal d’unité.

Aussi, faudrait-il « renverser le cours naturel de la vie », traduit George Young.

Le philosophe cherchait un chemin vers la résurrection, à la manière de Jésus, mais avec des outils scientifiques : c’est le corps qui devait être ramené à la vie.

Vu les difficultés éprouvées par les biologistes pour empêcher le vieillissement des cellules, Fedorov fondait certains espoirs dans la technologie. Il envisageait le voyage spatial comme un moyen de contourner la processus de désintégration à l’œuvre sur Terre. Ailleurs dans le cosmos, les particules d’ancêtres passés de l’autre côté pourraient être synthétisées, imaginait-il.

Guerre très froide

 

Une partie de Nikolaï Fedorov ressuscite le 12 avril 1961. Avec le premier vol dans l’espace de Youri Gagarine, l’Union soviétique remet en orbite les idées du fils caché de Pavel Gagarine. Elles ne s’étaient d’ailleurs pas tout à fait évanouies dans la révolution d’octobre 1917 : après la mort de Lénine, le 21 janvier 1924, son sang a été remplacé par une solution chimique afin d’en stopper la décomposition. Comme ses idées, le corps de l’homme de la Léna devait ne jamais vraiment mourir. De cette fuite en avant est né le programme spatial soviétique. Au printemps 1961, il remporte une victoire décisive sur celui du camp américain. Mais, alors que ses tressautements sont encore difficilement perceptibles, le géant soviétique commence à se défaire.

« Quand elle sera réanimée, elle pourra choisir son nouveau corps. »

À la fin de la décennie, les Américains seront finalement les premiers à mettre le pied sur la Lune. Ils initient aussi la cryogénisation grâce au livre du physicien Robert Ettinger, La Perspective de l’immortalité, publié en 1962.

Dans les premières lignes, l’auteur affirme vouloir démonter que « l’immortalité (dans le sens d’une vie indéfiniment étendue) est techniquement atteignable non seulement pour nos descendants mais aussi pour nous mêmes ».

Il assure qui plus est que cet horizon « ne soulève pas de problème insurmontable » et est « désirable tant à un niveau individuel que collectif ».

Au secours de ces affirmations, l’ouvrage convoque une série de recherches dans le domaine de la conservation par le froid :

 « De petits animaux et des tissus humains ont été gelés et ramenés à la vie. » Car une série de laboratoires explorent ce champ de recherche aux « États-Unis, en Grande-Bretagne, en France et en Russie ».

Personne ne sert pourtant encore de cobaye. « Sommes-nous en train de prêcher dans le désert ? » fulmine Evan Cooper, auteur du livre Immortality: Physically, Scientifically, paru lui aussi en 1962.

« Comment se fait-il que 110 millions de personnes meurent sans qu’au moins une n’essaye d’avoir une vie future en se congelant ? »

En 1964, il crée donc la Life Extension Society. Un an plus tard, une tentative de cryogéniser une femme, Wilma Jean McLaughlin, échoue. Un nouvel essai réussit en 1966, mais l’intervalle entre la mort du sujet et la réussite de l’opération est trop grande. Finalement, le 12 janvier 1967, un psychologue américain atteint d’un cancer, James Bedford, devient le premier homme à être cryogénisé avec succès.

En Union soviétique, un Institut pour les problèmes de cryobiologie et de cryomédecine est fondé en 1972 à Kharkiv (Ukraine). Intéressé par le thème lors de ses études à Tomsk, en Sibérie, Youri Pichougin le rejoint en 1978.

Il y déplore la « relation négative du communisme à l’immortalité et à la cryogénie » alors que les personnes congelées sont de plus en plus nombreuses aux États-Unis.

Cette même année, la Cryonics Society of California (CSC) observe une fuite dans une capsule renfermant deux personnes cryogénisées. Elle essaye de la réparer mais c’est peine perdue : les corps ont déjà commencé à se décomposer. Quant à James Bedford, il a été restitué à sa famille un an plus tôt, les 100 000 dollars qu’il avait provisionnés ayant été dépensés. À la mort de sa femme, en 1982, il retourne à la CSC, devenue Alcor, avec des lésions et sans nez.

Un des « patients » de KrioRus
Crédits : KrioRus

Ces affaires ont légèrement terni l’image des hérauts de la cryogénisation aux États-Unis.

 Mais en Russie, « nous n’avons pas eu les crises auxquelles ils ont dû faire face », observe Medvedev. « Ici les gens n’en ont pas une mauvaise opinion. »

 Pourtant, affirme le neuroscientifique américain Michael Hendrick, « la réanimation est un faux espoir qui va au-delà des promesses de la technologie. Elle est certainement impossible avec les tissus morts et gelés qu’offrent l’industrie de la cryogénie. »

Fuyant le chaos qui a suivi la chute de l’Union soviétique, Youri Pichougin émigre aux États-Unis dans les années 1990, où il « fait des recherches sur la préservation du cerveau d’animaux pour le Cryonics Institute ». Il en devient directeur de recherche en 2001.

Dès que Danila Medvedev fonde KrioRus en 2005, avec sept associés, les clients affluent. La première s’appelle Lidia Fedorenko. À la mort de cette professeure de mathématiques, à 79 ans, son petit-fils réalise sa dernière volonté :

« Elle voulait prolonger sa vie de 200 à 300 ans », justifie-t-il. « Quand elle sera réanimée, elle pourra choisir son nouveau corps. » 

Rentré à Kharkiv en 2007, Youri Pouchigin collabore encore avec des instituts privés américains. Pour le compte du Cryonics Institute de Chicago, il a récemment cryogénisé une adolescente britannique de 14 ans à sa demande et à celle de sa mère.

Son père estime qu’on lui a vendu de faux espoirs.

« Quand j’ai demandé s’il y avait une chance sur un million qu’elle revienne à la vie, on n’a pas pu me le dire », regrettait-il en 2016. « Même la plus petite chance vaut mieux que l’alternative, qui est de zéro », rétorque Pichugin.

Mais il y a en somme beaucoup de zéros à aligner sur un chèque pour peu de chance.


Couverture : KrioRus.

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Les «extropiens», ces chasseurs de mort


À la recherche de l’immortalité grâce à la technologie. Personnellement, j’aimerais vivre longtemps, pour voir mes petits enfants grandir, mais de là que la technologie remplace les morceaux défaillants ou ajouter des logiciels pour être plus performante, ça jamais ! Qui veut voir des dictateurs vivre 100 et plus … ? En plus, on parle de surpopulation, il y aurait plus encore plus de personnes âgées, sans compter le manque de ressources de la terre pour nourrir tout ce beau monde. Sans compter que ce serait les plus riches qui en profiteraient, là, un fossé de plus en plus grand entre riche et les moins nantis.
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Les «extropiens», ces chasseurs de mort

 

Pixabay  Domaine public

Pixabay Domaine public

Repéré par Xavier Ridel

Repéré sur New Republic

L’extropianisme, un courant du cherche à rendre les êtres humains immortels grâce aux technologies.

En ce moment même, des hommes cherchent à tuer la mort. Ceux qui se font appeler les «extropiens» placent ainsi tous leurs espoirs dans la science et les avancées technologiques qui, selon eux, permettront de devenir immortels et de réaliser l’impossible. Le site américain New Republic s’est longuement penché sur leur cas, en s’appuyant sur le livre To Be A Machine du journaliste Mark O’Connell.

Voilà comment Max More, philosophe et co-fondateur de l’extropianisme, décrit ce mouvement de pensée:

«Nous voyons l’humanité comme une phase de transition dans le développement évolutionnaire de l’intelligence. Nous défendons l’usage de la science pour accélérer notre passage d’une condition humaine à une condition transhumaine, ou posthumaine.»

Le courant philosophique en question n’est pas neuf. Ses principes de base, écrits par More, ont été publiés en 1993; et dès 1994, le magazine Wired publiait une très longue enquêtesur ces hommes en quête d’immortalité, cherchant à «devenir plus que des humains». Une quête qui, en dehors de toute idée métaphysique, est également motivée par les avancées technologiques, et la crainte d’être un jour dépassé par les machines.

Un business en pleine expansion

Il semble facile de voir dans l’extropianisme un ensemble d’idées absurdes et loufoques. Pourtant, les géants du numérique ont déjà investi des sommes colossales dans les recherches contre la mort. Dmitry Itskov, le milliardaire russe, est un grand partisan de ce courant de pensée. Il a notamment lancé le projet 2045 et déclarait à ce propos en 2015 dans L’Obs:

«Tout le monde aura le droit de vivre éternellement. Au pied du mur vous le ferez, car personne n’a envie de mourir. Ni vous ni moi.»

Il n’est pas le seul à s’être positionné sur le sujet et à rêver d’immortalité, puisque ces dernières années, Google s’est aussi lancé dans la course. En effet, Larry Page, le co-fondateur de l’entreprise, a investi 750 millions de dollars dans Calico, un laboratoire de recherche sur les technologies anti-âge. Et Ray Kurzweil, internationalement connu pour être en faveur du transhumanisme, a été nommé ingénieur en chef de la société.

Quitter le corps?

Les extropiens se subdivisent en deux camps. Ceux qui, d’un côté, souhaitent se libérer de leur enveloppe de chair (et, pourquoi pas, finir par faire migrer leur conscience dans un hologramme), et ceux qui veulent conserver leur corps en bonne santé le plus longtemps possible. Max More fait partie de cette seconde catégorie. Il a ainsi créé Alcor Life Extension Foundation, qui propose de cryogéniser des corps humains, mais aussi des animaux de compagnie. Pour l’instant, l’homme abrite 149 «patients», même si la science n’a pas encore trouvé le moyen de réanimer un corps.

Il paraît néanmoins essentiel de noter que l’extropianisme pose de nombreux problèmes, autant d’un point de vue philosophique que social. Si on se projette dans un futur où l’Homme verrait son espérance de vie atteindre les 100 ans, tout serait chamboulé. Le concept même d’enfance finirait par évoluer, la planète serait probablement surpeuplée, et le paysage politique serait totalement modifié. En outre, comme le notait le philosophe Bernard Stiegler pour Sciences et Avenir, au vu des prix exorbitants de ces technologies, on peut supposer que seuls les riches auront accès à l’immortalité, et qu’un fossé finira forcément par se creuser entre les différentes classes sociales. Sans compter que ce rejet de la mort et des imperfections ressemble fort à une dictature du bien-être, telle que l’esquissent ces quelques mots d’Itskov, parus dans l’Obs:

«Rendez-vous compte : il n’y aura plus de vieillards, plus de malades, et tout le monde sera beau.»

http://www.slate.fr

Le cyborg est-il aussi l’avenir de l’homme?


Serons-nous un jour des êtres totalement robotisés sans apparence humaine ? J’espère bien que non, par contre nous avons maintenant une technologie qui peut rendre un membre ou un organe jusqu’à maintenant déchu, plus performant. Mais irons-nous jusqu’à reculer l’inévitable vieillissement ?
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Le cyborg est-il aussi l’avenir de l’homme?

 

Le terme «cyborg» décrit un être humain à... (Image tirée du site du New York Times)

 

Le terme «cyborg» décrit un être humain à qui on a greffé des parties mécaniques.

Image tirée du site du New York Times

Adèle SMITH
Agence France-Presse
PARIS

Des implants dans le cerveau contre la maladie de Parkinson? Des nanorobots dans le corps pour manger à volonté sans devenir obèse? L’homme «amélioré» ou cyborg fascine autant qu’il angoisse, mais pour les transhumanistes, notre survie en dépend.

Interface homme-machine, stimulation crânienne, prothèse mémorielle: nous ne sommes pas dans un roman de Aldous Huxley, mais au premier colloque international du transhumanisme à Paris où neuroscientifiques, bioéthiciens, philosophes, anthropologues et sociologues discutent progrès technologique et avenir de l’humanité.

Le transhumanisme est un courant de pensée mal connu, créé au début des années 80 par des futurologues en Californie pour défendre l’idée que l’homme peut être amélioré à l’aide des technologies.

La lutte contre le vieillissement est au coeur de ce courant intellectuel qui réunit 5000 personnes à travers le monde, dont la moitié aux États-Unis, selon sa principale association, Humanity+, mais guère plus de 200 personnes dans l’Hexagone selon sa branche française, ATF (Association française du transhumanisme).

Des nanorobots dans le corps pour manger et «jouir des plaisirs de la vie sans en subir les conséquences», l’idée plaît bien à Marina Maestrutti, sociologue à l’Université de Paris 1 invitée au colloque.

Sans être transhumaniste, la chercheuse s’intéresse à ce courant, dont les représentants travaillent et sont financés par des sociétés comme Google, Facebook et la NASA.

«C’est très bien que ceux qui ont beaucoup d’argent, écoutent ce qu’on dit depuis des années», se félicite quant à lui Aubrey De Grey, transhumaniste et directeur scientifique de la Science Research Foundation, un laboratoire spécialisé dans la lutte contre le vieillissement qui a reçu six millions de dollars (5 millions d’euros) du fondateur du géant du paiement en ligne américain PayPal.

«L’homme est déjà un cyborg»

Le biologiste spécialisé dans la médecine régénérative espère trouver un traitement qui permettrait un rajeunissement de 20 ans des quinquagénaires d’ici une vingtaine d’années.

Vivre plus vieux, en meilleure santé et être capable de meilleures performances, c’est l’un des vieux rêves de l’homme, mais il fait peur pour toutes sortes de raisons socio-économiques, politiques, éthiques et philosophiques, et également parce que les pratiques ne sont pas toujours régulées.

«Aujourd’hui, on pratique la biotechnologie dans les garages exactement comme Wosniak (cofondateur d’Apple) faisait de l’informatique chez lui», rappelle Guillaume Dumas, neuroscientifique à l’Institut Pasteur.

Le chercheur s’interroge par ailleurs sur l’usage de la stimulation du cerveau par des ondes magnétiques désignée comme «l’Open rTMS» ou encore sur celui des psychostimulants dans l’armée américaine pour améliorer les performances des soldats sur le théâtre d’opérations et réparer les fonctions cognitives des blessés.

La peur du «cyborg» provient cependant d’un malentendu, selon l’ex-directeur exécutif de Humanity+, l’Américain James Hugues.

Les gens ont peur «parce que c’est lié au cerveau et à l’intelligence… et parce qu’ils ne se rendent pas compte que l’homme est en réalité déjà un cyborg», assure ce bioéthicien de formation.

«On a commencé à implanter des électrodes dans la cochlée (organe de l’oreille interne) dans les années 60 pour la surdité et des pacemakers dans le cerveau depuis les années 90 pour la dépression», souligne-t-il.

Dans quelques années, les prothèses dans le cerveau seront de plus en plus sophistiquées, prédit-il.

«Les gens acceptent les jambes bioniques pour les amputés, mais ils s’inquiètent de la perte des caractéristiques humaines chez l’homme. On va pourtant avoir recours à ces technologies non seulement pour être en meilleure santé et vivre plus longtemps, mais aussi pour devenir plus humain, plus intelligent, plus sain et plus heureux» assure James Hugues.

Tout le monde ne partage pas cet enthousiasme pour l’avenir «technologique» de l’espèce humaine.

«Moi, je n’ai pas du tout envie qu’on nous force à vivre jusqu’à 140 ans. Il faut qu’on s’impose des limites!», s’exclame Cyril Bodolec.

L’homme qui manifeste contre le colloque transhumaniste distribue des tracts de «Pièces et Main d’oeuvre», une association qui se revendique antiprogrès.

http://www.lapresse.ca

Transhumanisme ► Améliorer l’homme ou le remplacer par des cyborgs


On se croirait en plein film de science fiction et pourtant ces scientifiques sont sérieux, mais dans quel but ? Est-ce mieux de vouloir changer la nature du corps humain pour le faire ressembler a une machine ? Si le monde change au point d’opter pour l’indifférences des autres, des guerres pour acquérir plus de pouvoir doit t’on espérer que des hommes comme violents, psychopathes vivent plus longtemps ? L’humanité doit t’il devenir une sorte de machine ?
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Transhumanisme  ► Améliorer l’homme ou le remplacer par des cyborgs

 

 

Transhumanisme - Améliorer l'homme ou le remplacer par des cyborgs

©Shutterstock

Agence France-Presse
Annie HAUTEFEUILLE

PARIS – Quasi-immortalité, avenir de cyborg : l’homme est-il condamné à intégrer des nanopuces dans son cerveau pour ne pas devenir obsolète?

Désireux d’améliorer l’espèce, les transhumanistes hésitent entre promesses de futurs qu’ils jugent meilleurs et crainte d’une apocalypse.

Issu d’une frange de la cyberculture californienne, ce mouvement mise sur une évolution rapide des progrès de l’informatique, des bio- et nanotechnologies et de la connaissance du cerveau.

Grâce à ces techniques, il s’agirait non seulement d’augmenter les capacités de l’homme (d’où le nom «Humanity +» choisi par le mouvement à l’échelle internationale), mais aussi de préparer la transition vers des «posthumains», sortes de cyborgs (organismes cybernétiques) qui succéderaient à notre espèce.

Le scientifique américain Ray Kurzweil, apôtre du transhumanisme, prédit que dès 2029 l’intelligence artificielle égalera celle de l’homme. Pour l’auteur du livre «Humanité 2.0», dès 2045, l’homme devra fusionner avec une intelligence artificielle, ce qui lui permettra d’augmenter son intelligence un milliard de fois. Un tel destin de cyborg fait pour lui figure d’aboutissement.

A l’extrême, Hugo de Garis, chercheur australien en intelligence artificielle, promet un avenir plus noir.

Avant la fin du siècle, une «guerre exterminatrice» risque d’opposer les «êtres humains» face aux machines intelligentes et aux «groupes qui veulent construire ces dieux», a-t-il mis en garde lors d’une conférence organisée dimanche dernier à Paris par l’Association française transhumaniste (AFT Technoprog).

Bientôt, un condensé de nanotechnologies de la taille d’un grain de sable intégré dans le cerveau pourrait suffire à faire d’un humain un cyborg aux capacités mentales des milliards de fois supérieures, assure M. de Garis qui a effectué des recherches dans un laboratoire de l’Université de Xiamen (Chine).

Paradis ou enfer ?

Il imagine qu’en 2070, une jeune mère pourrait être face à un dilemme : transformer ou non son bébé en cyborg. Le faire reviendrait à «tuer son enfant» puisqu’il deviendrait «complètement différent», avertit-il.

D’ici quelques décennies, l’humanité devra, selon lui, choisir si elle «reste l’espèce dominante» en fixant une limite à l’intelligence artificielle ou si elle construit des supercerveaux.

Sans partager l’extrémisme de Hugo de Garis, le président de l’AFT Marc Roux relève qu’à «la différence d’une bonne partie du courant transhumaniste outre-atlantique», en France «le questionnement sur les risques» est mis en avant. D’où le thème de la conférence : «Futurs transhumanistes: paradis ou enfer ?»

Créée voici deux ans, l’association française qui se veut «technoprogressiste», d’où son nom Technoprog, avec le «souci de l’équilibre social», ne compte qu’une vingtaine de cotisants et quelque 200 participants actifs sur ses forums en ligne, selon M. Roux.

Cet historien de formation pense que «la perspective historique de Kurzweil est fausse», car les repères choisis sont «arbitraires». Dire que l’émergence de l’intelligence artificielle «forte» ou de la conscience artificielle est «pour dans vingt ou trente ans, ça me paraît être à la limite du raisonnable»,dit-il.

L’accent est mis sur la «prolongation de la durée de vie en bonne santé», un thème plus apte à séduire le public.

Sans aller jusqu’à affirmer, comme le Britannique Aubrey de Grey, que l’homme pourrait vivre jusqu’à mille ans grâce à la génétique et aux nanotechnologies, Didier Coeurnelle, vice-président de l’AFT, déclare se situer «dans la même type d’optique».

D’ici quelques décennies, le vieillissement pourrait être repoussé de 30 ans, l’objectif final étant de le «repousser indéfiniment», selon Aubrey de Grey qui prophétise une quasi-immortalité.

http://fr.canoe.ca/