Arbres, fuites de gaz, aspirer le carbone: trois idées oubliées pour sauver le climat


Il est clair qu’il est urgent d’agir, même si on sait qu’il est trop tard pour changer les conséquences avenir des changements climatiques, mais au moins, il possible pour minimiser l’impact.
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Arbres, fuites de gaz, aspirer le carbone: trois idées oubliées pour sauver le climat

 

Non seulement les humains doivent cesser de rejeter des gaz à effet de serre,... (PHOTO ARCHIVES REUTERS)

 

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IVAN COURONNE
Agence France-Presse

Non seulement les humains doivent cesser de rejeter des gaz à effet de serre, mais ils doivent trouver le moyen de retirer une partie du carbone déjà rejeté, afin de limiter la hausse de la température du globe.

Ce renversement doit intervenir, selon de nombreux scientifiques, dans la seconde moitié du XXIe siècle. Cette absorption du CO2 est l’angle mort de la lutte contre le changement climatique. Mais des solutions existent, mises à l’affiche lors du sommet mondial pour l’action climatique qui se tient cette semaine à San Francisco.

Les forêts et les champs

Les arbres absorbent du dioxyde de carbone par la photosynthèse, et aident à stocker ce carbone dans le sol. La déforestation conduit donc à laisser plus de carbone dans l’atmosphère, ce qui réchauffe la planète.

C’est pour cela que les forêts et la végétation en général sont considérées comme une solution centrale au problème du carbone – potentiellement des centaines de millions de tonnes supplémentaires de CO2 absorbables par an. Si seulement les humains cessent de défricher.

« C’est 30 % de la solution, mais cela ne reçoit que 2 % des financements internationaux » liés au changement climatique, dit Carlos Manuel Rodriguez, le ministre de l’Environnement du Costa Rica, où la superficie boisée a doublé en 30 ans.

Les terres agricoles sont aussi importantes.

Les cultures des champs absorbent naturellement du CO2 de l’air, dont ils réinjectent le carbone dans le sol. Il suffirait d’augmenter légèrement le taux absorbé pour potentiellement en capturer d’énormes quantités: 0,04 %, ou 4 pour mille, suffirait, selon une initiative lancée par la France en 2015.

Par exemple, argue Stéphane Le Foll, qui dirige « 4 pour 1000 », les agriculteurs devraient planter de la luzerne, afin que les champs restent couverts de plantes toute l’année, entre le maïs et le blé par exemple. Et qu’ils arrêtent de labourer, afin de limiter l’érosion.

« L’idée est que quand vous passerez en avion d’ici 20 à 30 ans, il n’y aura plus de grandes parcelles labourées », dit-il à San Francisco.

Réduire les fuites de gaz

Les gaz hydrofluorocarbures (HFC) sont les réfrigérants des climatiseurs, mais les climatiseurs fuient, ce qui réchauffe l’atmosphère. En accélérant le remplacement des HFC par d’autres gaz moins nocifs, les émissions pourraient baisser de 5 à 16 % entre 2015 et 2025, selon un rapport publié cette semaine par la coalition America’s Pledge.

Les fuites des puits et gazoducs sont une autre source majeure de gaz à effet de serre, en l’occurrence du méthane, dont le pouvoir réchauffant est très supérieur à celui du CO2. Il faudrait réparer les fuites, jusqu’au bout du circuit de distribution… les conduites de gaz de ville.

Aspirer le CO2 de l’air

« Aspirer » le carbone directement de l’air est une autre idée pour l’instant au stade expérimental. Trois sociétés en Suisse, en Islande et au Canada ont mis au point des systèmes qui extraient le CO2 de l’air et le stockent… Par exemple, le CO2 peut être injecté en sous-sol, dans les aquifères, ou bien il peut être absorbé par les roches.

« C’est cher, c’est difficile, mais c’est plausible », explique James Mulligan, auteur d’un rapport sur le sujet à l’ONG World Resources Institute.

Le coût est évalué de 100 à 200 dollars par tonne de CO2 stocké, contre 50 dollars environ pour la reforestation. Des économies d’échelles conséquentes doivent donc encore être réalisées.

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Sainte-Sophie: la faune menacée par une «soupe de contaminants»


Deux entreprises qui travaillent en décontamination sont soupçonnées de contamination de sols agricoles. En fait, ils décontaminent un terrain et la terre ramassée est supposée être transportée en Ontario, mais ils se sont plutôt dirigés quelques km de Montréal pour déverser leur terre contaminée sur des terres agricole. Ils auraient même truqués les analyses de laboratoires pour se couvrir. S’ils sont coupables, ils n’auront qu’une petite amende de 30 milles dollars.
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Sainte-Sophie: la faune menacée par une «soupe de contaminants»

 

Les camions que la police avait suivis jusqu'à... (PHOTO OLIVIER JEAN, archives LA PRESSE)

Les camions que la police avait suivis jusqu’à Sainte-Sophie (notre photo) le 25 mai 2016 avaient été remplis sur le site fortement contaminé d’une ancienne station-service, à l’angle des boulevards Laval et de la Concorde, à Laval.

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VINCENT LAROUCHE
La Presse

Il existe au nord de Montréal une terre agricole riveraine où des entrepreneurs véreux ont déversé tellement de sols contaminés que les animaux du secteur risquent de subir des « mutations », selon une enquête de la police et du ministère de l’Environnement. Les autorités croient que des analyses de laboratoire truquées ont été utilisées pour couvrir l’affaire.

C’est ce qu’a révélé un enquêteur de la Sûreté du Québec qui témoignait mardi au palais de justice de Saint-Jérôme, dans le cadre du procès des entreprises Gestion OFA Environnement et Remblais ATL. Les deux sociétés sont accusées d’une infraction à la Loi sur la qualité de l’environnement pour avoir déposé des sols contaminés sur une terre agricole de Sainte-Sophie, dans les Laurentides.

Le juge Claude Lachapelle avait d’abord ordonné qu’une partie des audiences soit temporairement frappée d’une ordonnance de non-publication. Mais une avocate de La Presse dépêchée d’urgence sur place lundi a plaidé que le public subirait un préjudice si on lui cachait les informations mises en preuve. La Cour a finalement permis la publication de tous les témoignages.

«Pour masquer la réalité»

Le policier Sylvain Lacroix, qui était chef d’équipe au Service des produits de la criminalité à l’époque des faits, est venu décrire à la Cour comment son équipe avait suivi des camions de sols contaminés à partir d’un chantier de décontamination lavallois jusqu’à une terre agricole non exploitée à Sainte-Sophie, près de Saint-Jérôme, le 25 mai 2016.

Les enquêteurs affirment avoir saisi par la suite des documents indiquant que Gestion OFA Environnement et Remblais ATL avaient déversé « énormément de tonnage » de sols contaminés sur cette terre du boulevard Sainte-Sophie, au bord de la rivière de l’Achigan.

Lorsqu’elle a pris conscience que les autorités s’intéressaient à ce site, la société Remblais ATL a montré des analyses faites par un laboratoire spécialisé de Montréal qui démontraient que tout allait bien, que le site de Sainte-Sophie n’avait pas du tout été contaminé.

« Nous, dans notre enquête, on ne pouvait pas concevoir que ce n’était pas contaminé. L’enquête avait démontré qu’il y avait beaucoup de sols contaminés amenés là », a expliqué à la Cour l’enquêteur Sylvain Lacroix.

« Notre prétention, c’était que la caractérisation des sols faite pour Remblais ATL était là pour masquer la réalité. »

La Sûreté du Québec a donc fait faire sa propre analyse du sol, en demandant l’aide des experts du ministère de l’Environnement. Ceux-ci ont produit un rapport qui révélait une contamination alarmante du site par des produits toxiques.

« J’ai accroché sur une phrase, monsieur le juge : le résultat qu’on avait, c’était que certains animaux pourraient subir des mutations », s’est souvenu l’enquêteur.

Rosa Galvez-Cloutier, professeure titulaire à la faculté des sciences et de génie de l’Université Laval, juge cette possibilité réaliste.

« C’est très fort comme affirmation, mais c’est possible », a-t-elle déclaré lorsque La Presse l’a jointe au téléphone hier.

« On reconnaît plusieurs produits toxiques à leurs effets sur le système nerveux, le système lymphatique. Il y a des effets à court terme : perte d’équilibre, perte de fonction d’organes comme le coeur, les reins, le foie. Mais il y a aussi des effets chroniques, qui ne se voient pas le jour même de la consommation. Des produits peuvent s’accumuler dans les tissus animaux, les tissus humains, et développer des cancers, des tumeurs », explique la chercheuse, considérée comme l’une des plus grandes spécialistes au pays en matière de contamination des sols et des eaux.

Lorsqu’il y a déversement « sauvage », il devient difficile de connaître exactement la dangerosité de la « soupe de contaminants » qui se forme dans un milieu naturel, dit-elle.

« C’est très irresponsable de faire ça, c’est inacceptable. On ne devrait pas avoir ces cas dans un pays comme le Canada », s’insurge la professeure.

«Pour que je puisse semer du foin»

Jean-Raymond Bélisle, garagiste de profession qui possède la terre où les déversements ont eu lieu, est venu expliquer au tribunal mardi qu’il avait accepté des chargements de terre et de roche depuis 1974 pour remblayer son terrain et tenter de le mettre à niveau.

« C’était pour que ça devienne égal, pour que je puisse semer du foin, de l’avoine », a-t-il dit.

En 2016, Martin Archambault, dirigeant de Remblais ATL, est venu lui proposer de lui apporter de la terre.

« Il était venu voir le terrain et il a dit qu’il y avait de la place pour mettre plusieurs voyages. Il n’y avait pas d’argent là-dedans. Moi, je ne payais pas et lui, il ne payait pas », a expliqué M. Bélisle. Il jure avoir dit qu’il ne voulait « pas de terre contaminée ».

Mais il n’a jamais gardé de preuve écrite de ce qui était livré chez lui, n’a jamais demandé de voir des analyses de sols avant d’accepter un chargement.

Des prix imbattables

Les camions que la police avait suivis jusqu’à Sainte-Sophie le 25 mai 2016 avaient été remplis sur le site fortement contaminé d’une ancienne station-service, à l’angle des boulevards Laval et de la Concorde, à Laval.

Un consultant en environnement qui était chargé de réhabiliter le site, et dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication, est venu raconter comment il en était venu à confier ses sols excavés à Gestion OFA Environnement.

Il a dit avoir été appelé au début du mois de mai par Louis-Pierre Lafortune, ancien associé des Hells Angels qui a déjà été reconnu coupable de complot en vue de recycler les produits de la criminalité. En 2016, M. Lafortune était responsable du développement des affaires pour Gestion OFA Environnement.

« M. Lafortune m’a dit : « On travaille seulement dans les règles de l’art. » »

Le témoin a raconté que Louis-Pierre Lafortune lui proposait de prendre en charge le transport et la disposition des sols contaminés pour 28,50 $ la tonne, un prix imbattable, beaucoup moins cher que ceux de la concurrence.

Une erreur exceptionnelle ?

L’avocat des deux entreprises visées, Me Karl-Emmanuel Harrison, a souligné devant la Cour que les sols contaminés pris en charge par Gestion OFA Environnement étaient souvent envoyés en Ontario. Par ses questions en contre-interrogatoire, il a laissé entendre que l’envoi de camions à Sainte-Sophie le jour où la police avait monté une opération de surveillance était une erreur exceptionnelle.

Les sols déversés ce jour-là ont d’ailleurs été retirés par les responsables et envoyés en Ontario par la suite.

Me Harrison a annoncé son intention de faire témoigner son propre expert en sols contaminés lorsque le procès reprendra à l’automne.

Personne n’est accusé au criminel dans cette affaire. En vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement, les deux entreprises s’exposent chacune à une amende de 30 000 $ si elles sont reconnues coupables.

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Crise alimentaire imminente


L’agriculture est une activité importante pour un pays pour s’auto-suffire, mais avec ces changements climatiques et les risques de sècheresse risque dans les années avenir augmenter a coup sûr la famine dans le monde. Au Québec il y a encore des terres agricoles qui ne sont pas exploité et il faut trouver des moyens durables
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Crise alimentaire imminente

 

«Le Québec n'est pas une puissance agricole, mais... (Photo: Olivier PontBriand, La Presse)

«Le Québec n’est pas une puissance agricole, mais avec ce qu’on a, c’est sûr qu’on peut produire plus et mieux», dit René Mongeau, président de l’Ordre des agronomes du Québec.

PHOTO: OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

MARIE ALLARD
La Presse

Une nouvelle crise alimentaire est à nos portes.

«Elle va arriver, en raison de la flambée du prix des céréales», dit Michel R. St-Pierre, président du cinquième Congrès mondial des agronomes, qui s’ouvre lundi à Québec.

La sécheresse aux États-Unis et en Russie a fait bondir de 17% l’indice FAO du prix des céréales en juillet, faisant craindre le pire.

«Cela créé une famine additionnelle, qui s’ajoute à celle qui est endémique», constate l’agronome.

Déjà, un milliard d’humains ont faim. En 2050, la population mondiale dépassera neuf milliards. Pour espérer les nourrir tous, il faut augmenter la production alimentaire de 70%, calcule la FAO. C’est le plus grand défi du 21e siècle, disent les agronomes.

Le Québec – qui comptera neuf millions d’habitants en 2050 – ne saurait calmer la faim de la planète, mais peut très bien agir comme lieu d’échange. L’objectif du congrès: trouver des solutions «réalistes et durables» pour nourrir le monde.

Terres agricoles en friche

Sans rêver en couleurs, «le Québec peut améliorer son taux d’autosuffisance, assure M. St-Pierre, ex-sous-ministre au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). On a encore un million d’hectares de terres zonées «agricoles», qui ne sont pas en exploitation. Il y a certainement une diversification de nos productions qui pourrait s’y faire.»

«On n’est pas une puissance agricole, mais avec ce qu’on a, c’est sûr qu’on peut produire plus et mieux, corrobore René Mongeau, président de l’Ordre des agronomes du Québec. Tout dépend de la volonté politique: tant qu’on n’aura pas une politique agricole claire, avec pour objectif la multifonctionnalité de l’agriculture, on aura de la misère à revaloriser ces territoires.»

Le Québec produit du maïs, du soya et du blé, mais délaisse d’autres céréales comme l’avoine et l’orge.

«Ça a un impact sur nos régions périphériques», observe M. Mongeau.

Il faut diversifier notre agriculture, répondre à la demande, au lieu de produire en fonction des programmes de soutien, en s’endettant toujours plus.

Diversifier prend encore plus de sens dans les pays qui se sont convertis à la monoculture, comme le Mali. Incapable de vendre son coton à prix concurrentiel, le cas du Mali «démontre à quel point il est temps qu’on revoie ces politiques», souligne M. St-Pierre.

Préservation de l’eau

Autre enjeu important mis en lumière par la sécheresse aux États-Unis: la préservation de l’eau. Au total, 70% des prélèvements d’eau dans le monde servent à l’agriculture.

«Au Québec, où 2% de l’eau va à l’irrigation, ce n’est pas un enjeu, dit M. Mongeau. Mais en Californie, où on note la réduction des nappes phréatiques, on comprend que l’agriculture a une fragilité insoupçonnée.»

Le rôle des marchés financiers – où s’échangent des produits dérivés agricoles – est aussi crucial que difficile à influencer.

«L’agriculture est devenue une valeur spéculative, mais je ne sais pas si un jour on structurera cela, note M. Mongeau. Au Québec, on a fait le choix d’avoir l’assurance stabilisation des récoltes pour assurer un revenu à la ferme, mais ce système s’essouffle.»

«On n’a pas de baguette magique, convient M. St-Pierre. On veut réunir des gens. Pour régler le problème, il faut qu’on se parle davantage qu’on ne le fait dans différentes disciplines: agronomes, médecins, ingénieurs. Il faut briser les silos.»

Le nombre d’êtres humains sur Terre en 2050 (projection)

« 70%

C’est la quantité d’aliments qu’il faudra produire en plus pour les nourrir

9 MILLIONS

C’est le nombre de Québécois en 2050 (projection)

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Parcelles des terres agricoles du Québec en friche aujourd’hui.

Sources: FAO, ISQ, Michel St-Pierre.

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