L’étrange syndrome qui affecte la vision des astronautes


Des missions de plusieurs mois dans l’espace comportent des risques pour les astronautes de perdre la vision. Un astronaute qui a une vision de 20/20 et quelque temps après sa mission revient avec une moyenne de 20/100. Si 80 % des astronautes en mission à long terme, alors qu’arrivera-t-il pour la vision de ceux qui voleront vers Mars ?
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L’étrange syndrome qui affecte la vision des astronautes

 

Au retour de leur mission, les astronautes constatent une perte de la vision | Tom B via Flickr CC License by

Au retour de leur mission, les astronautes constatent une perte de la vision | Tom B via Flickr CC License by

Repéré par Camille Malnory

Les chercheurs étudient un mystérieux syndrome oculaire qui touche 80% des astronautes après de longues missions dans l’espace.

Passer d’une vision de 20/20 à 20/100 en l’espace de quelques mois n’est pas chose courante. C’est pourtant ce qu’a vécu John Philips, astronaute ayant passé six mois sur la Station spatiale internationale en 2005. Il constate qu’il voit flou après seulement trois mois dans l’espace mais ne s’en inquiète pas.

Pour lui, «tout rentrera dans l’ordre à son retour sur Terre», explique t-il au Washington Post.

Sauf que, à son retour, la Nasa lui fait passer une batterie de tests qui montrent que non seulement sa vision est altérée mais que l’arrière de son globe oculaire s’est aussi aplati, poussant sa rétine vers l’avant, et que ses nerfs optiques sont enflammés. Ce phénomène, appelé pour le moment déficience visuelle par pression intracrânienne (VIIP), toucherait près de 80% des astronautes.

Les experts de la Nasa ne savent pas à quoi est dû ce phénomène mais penchent pour une hypothèse: sur Terre, la gravité fait descendre le fluide intracrânien vers les pieds, contrairement à ce qu’il se passe dans l’espace, ce qui aurait pour conséquence une trop grande pression intracrânienne, laquelle affecterait directement les yeux.

Partie émergée de l’iceberg

Pour l’instant, il est difficile de vérifier si un surplus de liquide dans le crâne est effectivement la cause du VIIP. Les tests pour ce faire sont invasifs et ne peuvent s’effectuer dans l’espace sans représenter un grand danger pour les astronautes.

Les chercheurs tentent de mettre au point des techniques moins risqués, utilisant par exemple des ondes sonores, mais, pour le moment, «aucune des techniques n’est assez précise», explique Eric Bershad, neurologue au Baylor College Medicine.

Peut-être faudra-t-il alors mener ces tests malgré leur danger, comme la Nasa avait dû le faire dans les années 1990 afin de vérifier l’impact d’un voyage dans l’espace sur le cœur. Car Richard Williams, médecin et chef de la santé à la Nasa, est presque certain que les troubles de la vision ne sont que la partie émergée du problème. Et ce n’est pas une question anodine: la Nasa a besoin d’en savoir plus sur le VIIP avant d’envoyer le premier homme sur Mars, d’ici 2030 si tout se passe selon les plans.

http://www.slate.fr/