Sols contaminés: pas d’accusations contre les pollueurs


C’est honteux ! Des organisations criminelles s’en tirent à bon compte malgré une longue enquête sur la contamination criminelle des sols en campagne, surtout des zones agricoles au Québec.
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Sols contaminés: pas d’accusations contre les pollueurs

 

Selon nos informations, plusieurs policiers et enquêteurs du... (PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE)

Selon nos informations, plusieurs policiers et enquêteurs du ministère de l’Environnement sont révoltés par la tournure des événements.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

 

VINCENT LAROUCHE
La Presse

Ce sont deux ans et demi de travail qui finissent à la poubelle. La grande enquête policière qui a mis au jour un système de déversements massifs de sols contaminés dans la nature se termine en queue de poisson, a appris La Presse. La Couronne ne veut même pas s’essayer à porter des accusations tellement la tâche de faire condamner ceux qui saccagent les campagnes lui semble insurmontable, dans le contexte actuel.

Il y a eu un mort, des petits propriétaires qui se sont retrouvés pris à la gorge, des milieux naturels gravement pollués et une industrie bouleversée de fond en comble, mais personne ne sera traduit en justice.

«Dommage. J’en ai vu beaucoup, des enquêtes, et je peux dire que cette fois, les gars avaient vraiment mis le paquet. Ils avaient tout mis», s’insurgeait hier un cadre retraité de la Sûreté du Québec (SQ) qui a personnellement travaillé sur le phénomène et qui a demandé à ne pas être identifié, vu son devoir de réserve.

Selon nos informations, plusieurs policiers et enquêteurs du ministère de l’Environnement sont révoltés par la tournure des événements et se questionnent sur la pertinence de mener d’autres enquêtes du genre à l’avenir. Or, plusieurs sources au sein de l’industrie et des agences d’application de la loi confirment que les déversements illégaux de sols contaminés se poursuivent sans signe de ralentissement.

Depuis 2015

Le projet Naphtalène a été amorcé le 14 décembre 2015 par la division des enquêtes sur l’infiltration de l’économie de la SQ, selon une déclaration sous serment déposée à la cour et rendue publique grâce aux démarches des avocats de La Presse.

Une dizaine d’enquêteurs ont été mobilisés sur le dossier, selon nos informations. Rapidement, des gens du ministère de l’Environnement se sont ajoutés. La cible : 

une organisation criminelle qui tentait de «prendre le contrôle de la gestion et du transport des sols contaminés au Québec».

Grâce à des entreprises en apparence légales, l’organisation soumissionnait à très bas prix et remportait des contrats de décontamination sur d’importants chantiers de construction du Grand Montréal.

Au lieu de payer un prix élevé pour les envoyer dans un site accrédité, elle les faisait disparaître discrètement.

«Les sols récupérés ne sont pas décontaminés, mais rapidement disposés dans des zones vierges, des terres agricoles ou des sites illégaux, causant ainsi des méfaits importants à l’environnement», peut-on lire dans un document policier.

Depuis 2016, La Presse a interviewé plus d’une quinzaine de sources reliées de près ou de loin au projet Naphtalène. Selon nos informations, quatre personnes qui sont apparues sur l’écran radar des enquêteurs au fil des ans ont des liens avec le milieu du crime organisé, surtout les motards.

Celui qu’on soupçonne d’être la tête dirigeante du stratagème est un ancien partenaire d’affaires bien connu des Hells Angels. Son avocat a obtenu une ordonnance de non-publication qui nous interdit désormais de dévoiler les noms cités dans les mandats de perquisition de la SQ.

Plus de 80 sites

Selon nos sources, la police a connaissance de plus de 80 sites, surtout en milieu agricole, qui ont ainsi été saccagés au cours des dernières années à coups de déversements sauvages de sols bourrés de contaminants, qu’il s’agisse d’essence, de plomb, d’arsenic, de xylène ou de résidus de combustion de charbon.

Dans un des cas, un propriétaire de terre agricole à Sainte-Sophie a avoué aux enquêteurs que le gang venait déverser chez lui. Des analyses du ministère de l’Environnement ont révélé que sa terre était maintenant «hautement contaminée», selon un document judiciaire. Le terrain est situé au bord de la rivière de l’Achigan, où vivent près d’une quarantaine d’espèces de poissons, dont l’anguille d’Amérique et le chat-fou des rapides, qui sont classées comme «susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables».

Dans un autre cas, Philippe Genty, un propriétaire de la même municipalité qui croyait faire affaire avec une entreprise légale de remblais, a découvert qu’on avait inondé son terrain de sols contaminés.

«Je venais de scrapper ma propriété», a-t-il confié à La Presse.

«La maison n’est pas vendable, elle est entachée», a-t-il laissé tomber.

Les policiers disent avoir découvert plusieurs grands chantiers où les sols contaminés ont été pris en charge par l’organisation et jetés illégalement à la campagne, qu’il s’agisse de l’estacade du pont Champlain, du centre communautaire d’Outremont ou du site de l’ancienne aciérie Dominion Structural Steel à Côte-Saint-Luc.

Des milliers de faux documents

Les enquêteurs ont saisi de fausses pièces justificatives qui donnaient un air de légalité aux opérations, notamment 4711 faux bons de pesée pour les camions de terre. Ils ont trouvé l’homme qui avait vendu le logiciel pour les fabriquer. Ils ont suivi des camionneurs à la trace. Ils sont entrés de nuit dans des bureaux pour fouiller les dossiers de l’organisation. Ils ont pris des échantillons de sols. Ils ont obtenu des témoignages très instructifs, notamment d’un suspect qui s’est suicidé à la fin de son interrogatoire, en 2016.

La police a vu l’organisation tenter d’accroître son influence, notamment en recrutant des personnalités proches des milieux politiques.

Jean-René Gagnon, ancien chef de cabinet du ministre libéral Pierre Laporte, a été embauché comme lobbyiste. Marcel Tessier, vétéran de la politique municipale à Longueuil, a été pressenti pour développer des projets. Alain Matuszewski, dont la conjointe est présidente de la Commission des femmes du Parti libéral du Canada au Québec, a travaillé sur des chantiers pour le groupe.

Tous trois ont par la suite rompu leurs liens avec les entreprises impliquées et ne faisaient pas partie des suspects qui devaient être arrêtés.

Quatre mois sur le bureau des procureurs

Au cours de leur enquête, les policiers ont travaillé avec six procureurs différents du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), au gré des changements d’affectations ou d’emplois.

En février dernier, les enquêteurs ont remis au DPCP la totalité de la preuve amassée, en recommandant des accusations criminelles contre cinq suspects directement impliqués dans le stratagème, selon eux.

Le dossier est resté à l’étude pendant quatre mois. La semaine dernière, les procureurs ont annoncé qu’aucune accusation ne serait portée.

«À la suite de l’examen de la preuve soumise au DPCP par les policiers, les procureurs ont conclu à l’insuffisance de preuve afin de pouvoir établir la culpabilité des suspects», a affirmé à La Presse Me Jean-Pascal Boucher, porte-parole du DPCP.

«Pour qu’une poursuite soit autorisée dans cette affaire, le DPCP devait d’abord avoir la conviction d’être en mesure de prouver la présence de contaminants dans les sols déposés sur certains terrains. Ensuite, il devait être aussi convaincu que ces terrains ont été détériorés par le dépôt des sols contaminés. Or, l’échantillonnage effectué dans le dossier ne permet pas à l’expert de conclure du niveau de contamination des terrains et de la présence même de contaminants dans le sol», affirme Me Boucher.

La ministre Melançon espérait un succès

Selon nos informations, certains intervenants craignaient que l’absence d’analyse des terres agricoles avant qu’on y déverse des sols rende difficile la preuve d’une «détérioration».

Les procureurs craignaient aussi que certains sols classés comme «contaminés» et ciblés par l’enquête aient pu être lavés par la pluie et l’érosion et qu’ils soient devenus moins contaminés au moment d’en faire l’analyse.

Me Boucher, de son côté, souligne que «tout écart» par rapport au strict protocole d’expertise scientifique des sols peut «affecter la validité des résultats».

À la SQ, l’inspecteur Guy Lapointe a précisé que l’absence d’accusations ne signifie pas que les enquêteurs ont failli de quelque façon que ce soit à leur tâche.

«On est satisfaits du travail de nos enquêteurs dans ce dossier. Ultimement, c’est la prérogative du DPCP de décider s’ils vont porter des accusations ou pas», a-t-il dit.

L’absence d’accusations est un revers pour la ministre de l’Environnement, Isabelle Melançon, qui souhaite implanter un jour un système panquébécois de traçabilité des sols, mais qui s’en remettait d’ici là aux policiers pour faire cesser le saccage.

«Quand vous parlez de groupes criminalisés, ce sont des groupes qui sont organisés. Il y a des enquêtes qui sont encore en cours, et c’est tant mieux ainsi», avait-elle déclaré en commission parlementaire au mois d’avril, pendant que le dossier Naphtalène était à l’étude.

En chiffres

 

1 million de tonnes métriques

Volume annuel de sols contaminés excavés au Québec, selon une estimation de l’industrie

80

Plus de 80 sites de déversements illégaux ont été recensés.

4711

Nombre de faux bons de pesée pour camions saisis par la SQ

5

Nombre de suspects que les policiers voulaient voir accusés au criminel

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Le monde évalue l’ampleur de la «crise» de la biodiversité


Des études de grandes envergures se font sur la biodiversité de la Terre, les animaux, la faune, la flore tout est en danger. On le sait que si on veut préserver ce que l’on peut, il faudrait agir. La question que je me pose, avec tout ce monde qui étudie l’environnement, l’action est peu efficace des gens, des gouvernements qui pourraient faire changer les choses ou du moins protéger ce que l’on peut encore
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Le monde évalue l’ampleur de la «crise» de la biodiversité

 

Les sols du monde sont de plus en... (Andre Penner, archives AP)

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Les sols du monde sont de plus en plus dégradés par la pollution, la déforestation, l’exploitation minière et des pratiques agricoles non durables qui les appauvrissent. Sur cette photo, de la déforestation dans le nord de l’État Para, au Brésil.

ANDRE PENNER, ARCHIVES AP

 

MARIETTE LE ROUX, FLORENCE PANOUSSIAN
Agence France-Presse
Paris et Bogota

En raison de l’activité humaine, la Terre vit une extinction massive d’espèces, la première depuis la disparition des dinosaures, une crise dont l’ampleur va être exposée dans les prochains jours en Colombie, l’un des pays les plus biodiversifiés du monde.

À partir de samedi, experts et décideurs de 128 pays vont se rassembler au chevet de la planète afin d’évaluer les dégâts sur la faune, la flore et les sols, puis préconiser des solutions pour enrayer la tendance.

« La science le démontre : la biodiversité est en crise à l’échelle mondiale », a déclaré à l’AFP le directeur général du WWF, Marco Lambertini, avant cette réunion de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) prévue jusqu’au 26 mars à Medellín (nord-ouest).

« Nous dépendons de la biodiversité pour la nourriture que nous mangeons, l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons, la stabilité du climat, et malgré cela nos activités mettent la pression sur la capacité de la Nature à subvenir à nous besoins », a-t-il ajouté.

Pour dresser son état des lieux, l’IPBES a divisé la planète en quatre régions : Amérique, Afrique, Asie-Pacifique et Europe-Asie centrale. Chacune a fait l’objet d’une analyse approfondie et d’un volumineux rapport de 600 à 900 pages, que les 750 délégués vont étudier à huis clos. Puis le diagnostic sera rendu le 23 mars.

Cinq volumineux rapports

Un second bilan sera extrait le 26 mars d’un cinquième rapport sur l’état des sols du monde, de plus en plus dégradés par la pollution, la déforestation, l’exploitation minière et des pratiques agricoles non durables qui les appauvrissent.

Quelque 600 chercheurs ont travaillé bénévolement durant trois ans sur ces cinq évaluations, qui synthétisent les données d’environ 10 000 publications scientifiques. Le résultat final couvre la totalité de la Terre, sauf les eaux internationales des océans et l’Antarctique.

Les déléguées de l’IPBES se retrouvent dans un pays qui compte plus de 56 300 espèces de plantes et d’animaux, soit le 2e du monde pour sa biodiversité après le Brésil, qui est huit fois plus grand.

La Colombie, qui arrive en tête pour le nombre d’espèces d’orchidées et d’oiseaux (plus de 1920, soit 19 % de la planète), est traversée par trois cordillères andines, une topographie complexe qui a permis l’évolution de 311 écosystèmes différents.

Elle sort peu à peu d’un conflit armé de plus d’un demi-siècle, dont la violence a longtemps converti en zones interdites d’immenses parties du territoire, ainsi paradoxalement préservées.

Mais 1200 espèces sont aujourd’hui menacées en raison notamment du déboisement et de la pollution, dues en particulier à l’élevage extensif, aux plantations illicites de marijuana et de coca, matière première de la cocaïne, et aux exploitations minières clandestines.

« Nous sommes encore confrontés à un énorme défi lié au contrôle de la déforestation », a admis en février le ministre colombien de l’Environnement et du Développement durable, Luis Gilberto Murillo, en faisant état d’environ 170 000 ha déboisés l’an dernier.

Suggestions non contraignantes

À Medellín, les experts vont travailler sur des synthèses d’une trentaine de pages, destinées aux dirigeants des états membres de l’IPBES, afin de les orienter en matière de protection de la biodiversité.

Allant des transports à l’éducation, en passant par l’agriculture, ces « résumés » ne sont que des recommandations non contraignantes.

Ce sont des « suggestions pour agir », a précisé à l’AFP la secrétaire administrative de l’IPBES, Anne Larigauderie.

« Nous espérons que cela aidera à la prise de décisions pour stopper la perte de biodiversité », a ajouté Tom Brooks, directeur scientifique de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN,) qui fournit des données pour les rapports.

Le processus a jusqu’à présent coûté quatre millions d’euros (environ cinq millions de dollars).

Après l’ouverture officielle de la conférence samedi soir, les délégués négocieront à huis clos et « mot par mot » le contenu des synthèses.

« Des milliers de personnes ont fait des milliers (…) de commentaires », a ajouté Mme Larigauderie, en prédisant « beaucoup de discussions » durant la réunion de Medellín.

« Il se peut que certains pays ne soient pas satisfaits de ce que le rapport dit de l’état de leur biodiversité », a-t-elle aussi averti.

Selon un rapport distinct du Fonds mondial pour la nature paru mercredi, le dérèglement climatique pourrait menacer entre un quart et la moitié des espèces d’ici 2080 dans 33 régions du monde parmi les plus riches en biodiversité.

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Enterrer ses sous-vêtements pour connaître la qualité de son sol


Il semble que ce soit très sérieux d’enterrer des sous-vêtements en coton pour vérifier l’état de la terre. C’est quand même un test peu couteux et s’il est fiable alors tant mieux
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Enterrer ses sous-vêtements pour connaître la qualité de son sol

 

SOUSVTEMENT

La plupart des gens tentent de garder leurs sous-vêtements blancs, mais une nouvelle campagne du Conseil canadien de conservation des sols invite plutôt les Canadiens à les salir en les enterrant afin de connaître la qualité de leur sol.

« Ce n’est pas seulement une activité amusante. Il y a un quelque chose de sérieux dans tout ça », affirme Jim Tokarchuk, directeur général du Conseil canadien de conservation des sols.

L’organisme encourage donc les Canadiens à enterrer une paire de sous-vêtements en coton afin de tester la qualité du sol. Si le sol est en bon état et actif biologiquement, il ne devrait plus y avoir de trace des sous-vêtements deux mois plus tard.

« L’élastique sera là et les sous-vêtements auront disparu », précise Jim Tokarchuk. À l’inverse, si les sous-vêtements ne se sont pas décomposés, c’est un indicateur clair que le sol n’est pas sain.

« Cela vous dit que le niveau d’activité biologique dans le sol doit être amélioré et il existe plusieurs façons de le faire », reprend-il, ajoutant qu’il est important de parler de la santé des sols, car « nous comptons tous sur une nourriture sûre et fiable ».

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