Combien valent vos données personnelles sur le dark web?


Ces derniers mois, nous avons entendu parler de vol de données de clients dans certaines entreprises. Ces données sont vendues dans le darknet, le côté sombre d’Internet. Tout est a risque, vol d’identité, carte de crédit, même un dossier médical peut devenir notre pire cauchemar.
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Combien valent vos données personnelles sur le dark web?

Une main tenant un sac d'argent sort d'un écran d'ordinateur.

Les données volées ont une valeur marchande et peuvent servir aux acteurs malveillants, qui les vendent et les achètent dans les recoins du web.

PHOTO : RADIO-CANADA / ÉMILIE ROBERT

Desjardins, Capital One, Cambridge Analytica… Les scandales liés à la protection des données personnelles se multiplient ces dernières années et nos informations sont plus convoitées que jamais. Certains banalisent la situation. « Je n’ai rien à cacher », entend-on souvent. Pourtant, les risques sont sérieux, et vos données ont une valeur marchande dans les recoins du web.

Le chef de la cybersécurité aux Commissionnaires du Québec, Jean-Philippe Décarie-Mathieu, connaît bien cette facette du monde interlope. Voici ses réponses à nos questions sur le sujet.

Ce texte est le premier d’une série d’entrevues avec des experts en cybersécurité sur des enjeux qui vous préoccupent

Radio-Canada Techno : Où se vendent les données personnelles sur le web?

Jean-Philippe Décarie-Mathieu : Ça se fait sur des cryptomarchés accessibles sur les darknets, donc dans des parties cachées du web. On trouve sur ces marchés de l’information volée, des cartes de crédit fraudées, des outils de hacking, de la drogue, des armes et plus. Il existe plusieurs marchés de différentes tailles, un des plus connus étant BerlusconiMarket.

Dans le fond, ces sites sont comme un eBay du crime électronique. Les vendeurs ont des profils et une réputation, ils montrent des fiches de produits. Tu cherches ce que tu veux acheter, et tu as toi-même une réputation en tant qu’acheteur. On paie le vendeur d’une manière qui est difficilement traçable, généralement en utilisant une cryptomonnaie comme bitcoin ou Litecoin.

Quel genre de données personnelles peut-on acheter?

Il y a de tout. On peut par exemple acheter des fullz, un dossier qui représente en quelque sorte l’identité numérique ou l’entièreté des dossiers personnels de quelqu’un.

Il n’y a pas de définition exacte d’un fullz, mais généralement, on parle d’une date de naissance, d’un numéro d’assurance sociale, d’une adresse, d’un numéro de téléphone… Bref, tout ce qui permet de voler l’identité de quelqu’un.

La valeur des fullz a énormément baissé. Il y a deux ans, ça valait environ 800 $ US. L’an dernier, c’était en dessous de 600 $ et présentement, le prix tourne autour de 150 $.

Il y a tellement de fuites de données et d’informations personnelles accessibles sur le web que les prix chutent drastiquement. C’est l’offre et la demande, mais ça reste très peu cher pour une solution clés en main de vol d’identité.

On peut aussi acheter des accès à des comptes de courriel GMail, Yahoo et autres. Ça se vend pour environ 3 dollars américains et c’est aussi considéré comme des fullz, mais plus en matière d’identité numérique. Il y a beaucoup d’informations personnelles là-dedans : on y trouve toutes les communications des gens depuis souvent des années, et tous leurs mots de passe peuvent être réinitialisés à partir de leur compte.

Des prix de données personnelles en dollars américains

Fullz : 50-150 $ (très variable selon la cote de crédit)

Courriel et mot de passe Gmail : 3 $

Accès à un site web bancaire : 100 $

Numéro de carte de crédit avec code CVV : 60 $

Permis de conduire : 400-500 $ pour un permis d’un État américain (moins cher pour les autres pays)

Passeport canadien : 2000 à 5000 $, aussi peu que 15 $ pour un scan

Carte d’assurance maladie du Québec : 200 $

Nouvelle identité complète (incl. documents, etc.) : 46 000 $

* Les prix fluctuent selon les marchés, les vendeurs, la demande et d’autres facteurs. Ces chiffres ne sont que des estimations.

Concrètement, on peut faire quoi avec mes données?

Toutes sortes d’activités criminelles. Commander un téléphone cellulaire pour faire des transactions de drogue illicite, faire une demande pour une carte d’identité qui requiert plus ou moins de vérification… Il y a plein de raisons pour lesquelles les gens se créent une fausse identité.

C’est rare de voir des cas extravagants, comme se faire coller une hypothèque sans le savoir, parce que les compagnies de carte de crédit ont des bons systèmes pour la fraude, bloquent les cartes et remboursent rapidement les victimes.

Souvent, les gens vont ouvrir des nouveaux comptes de cartes de crédit pour acheter des choses, par exemple 200 cartes prépayées Amazon qui sont ensuite revendues ou utilisées. Une fois que le fraudeur se rend au magasin et achète les cartes, la compagnie de crédit remarque que c’est une fraude et désactive la carte de crédit.

Le fraudeur a maintenant 200 cartes-cadeaux Amazon, et pour qu’il se fasse prendre, il faudrait que la compagnie de crédit parle à Amazon pour savoir où il a acheté les cartes, trouver dans quel dépanneur il les a achetées, appeler le dépanneur pour regarder les caméras et voir à quoi ressemble le fraudeur…

Ça marche bien parce que ça se passe dans différents pays, et on ne va pas faire appel à Interpol pour chaque vol de 200 cartes-cadeaux Amazon.

Même juste mon courriel et mon mot de passe, c’est risqué?

Il y a un an, plein de gens ont reçu un courriel qui leur disait qu’on les avait vus se masturber devant leur webcam. Le message montrait leur mot de passe et disait que s’ils n’envoyaient pas X nombre de bitcoins, on enverrait à toute leur famille des enregistrements d’eux en train de se masturber. On appelle ça de la sextorsion.

Deux groupes criminels en Europe de l’Est ont fait des dizaines de millions de dollars avec ça, et toutes les informations qui ont servi à monter ce stratagème provenaient de fuites publiques. Ils ont réussi à créer un modèle de courriel qu’ils ont pu automatiser et ils l’ont envoyé à des millions de personnes en achetant simplement des listes d’adresses courriel avec des mots de passe. C’est simple et c’est super efficace.

Nos données sensibles peuvent-elles être utilisées d’autres façons?

Prenons par exemple une hypothétique fuite de données d’une banque. L’historique de transactions des gens, c’est de l’information qui parle. Si je suis un ex frustré et que je sais que mon ex est dans cette fuite-là, je peux me servir de ces données comme des munitions contre elle.

J’ai vu ça très souvent, des gens qui espionnent leurs ex, quand j’étais à Crypto.Québec. On recevait au moins un courriel par semaine d’une femme qui nous rapportait ça. C’est plus répandu qu’on pense, et je dirais même que c’est un très gros problème.

Si je veux cibler une personne, il y a plein d’information nominative que je peux utiliser contre elle, que ce soit 10 ans de courriels, de l’historique de navigation, ou autre chose comme son inscription à Ashley Madison, le site de rencontres extraconjugales qui a fait l’objet d’une fuite de données en 2016.

Aussi, je ne sais pas pourquoi on n’entend pas trop parler des dossiers médicaux. Dans l’industrie de la santé, les menaces internes, c’est-à-dire des employés qui sortent de l’info à grande pelletée, sont un problème important. Il y a eu plusieurs fuites comme ça aux États-Unis, et ça peut aussi servir à l’extorsion.

L’information médicale, c’est de l’information très sensible. Ça en dit beaucoup sur nous, sur notre famille et sur nos habitudes de vie. C’est de l’information qui peut être utilisée contre nous et sur laquelle on n’a aucun contrôle.

Le grand drame du 21e siècle est que toutes ces données-là, toutes mises ensemble, peignent un portrait très détaillé de quelqu’un. 

Est-ce que des données de base comme le nom, la date de naissance, l’adresse physique et l’adresse courriel d’une personne valent quelque chose?

Monétairement, ça ne vaut rien parce que ça se trouve dans plein de fuites de données des dernières années qui sont accessibles gratuitement. Il y en a tellement eu que des informations qui sont sensibles, mais non confidentielles sont extrêmement faciles à obtenir.

Ce n’est pas ça qui est vendu sur les cyptomarchés, à moins que ce soit, disons, 150 millions d’enregistrements provenant de plusieurs fuites, toutes mises ensemble dans un package deal. On peut facilement créer sa propre base de données comme celle-là, par contre.

Les données personnelles des Canadiens valent-elles plus que celles d’autres pays?

Elles valent moins que celles des Américains, mais tout ce qui est occidental vaut plus que ce qui est oriental. C’est dommage, mais si tu fais affaire avec quelqu’un en Inde, les gens penseront que c’est une arnaque pour plein de raisons et à cause de plein de préjugés.

Et si on parle de documents, c’est une autre histoire. Un passeport américain vaut plus qu’un passeport nicaraguayen. C’est un peu un reflet du statut de la strate géopolitique du vrai monde qui se transpose là-dedans. Si c’est juste des accès, on s’en fout plus.

Est-ce qu’on prend la vente de données personnelles assez au sérieux?

Je dirais que la valeur des données personnelles et l’importance de leur sécurisation ne sont pas prises au sérieux par tout le monde alors que ça devrait l’être.

Ça dort au gaz au gouvernement. Personne ne comprend les enjeux, et même dans la société civile, personne ne prend ça au sérieux quand les données de dizaines de milliers de personnes ont fuité.

C’est toujours l’histoire du je n’ai rien à cacher. Ça ne change rien si on a une vie de comptable ou non; le problème, c’est qu’on n’a aucun contrôle sur nos données.

Les citations ont été éditées à des fins de clarté et de précision.

https://ici.radio-canada.ca//

"Les gens sur internet ne sont pas toujours ceux qu’ils prétendent être"


Malheureusement, le chantage est fréquent sur Internet et ce n’est pas juste en Europe que ce problème existe. Les jeunes sont particulièrement ciblés, mais cela arrive aussi sur d’autres groupes d’âge. La meilleure manière d’éviter le sextorsion est de ne pas se dévêtir a la demande d’une personne qu’on ne connait probablement pas sauf via Internet, et même avec des personnes que l’on connait. Mais si cela arrive faites une plainte, même si la situation est très humiliante
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« Les gens sur internet ne sont pas toujours ceux qu’ils prétendent être »

 

 

L’agence de police criminelle Europol a lancé une campagne de sensibilisation contre le chantage en ligne à caractère sexuel des jeunes. Le SPF Justice soutient cette action, baptisée « Say no! », annonce-t-il mardi.

Ce type d’extorsion à caractère sexuel, ou « sextorsion », voit le maître-chanteur réclamer de l’argent à la victime sous la menace de diffusion de photos intimes. De plus en plus de jeunes font les frais de cette pratique, révèle une enquête internationale des services de police.

La campagne d’Europol vise à avertir les jeunes des dangers propres à ce type de chantage. Elle souhaite également proposer de l’aide aux victimes.

En Belgique, le SPF Justice s’associe à cette action et appelle à « briser le silence » dans lequel s’enferment souvent les victimes. Le service public rappelle ainsi que des collaborations avec plusieurs organisations, comme Child Focus, ont été mises sur pied dans ce cadre.

Sur YouTube, la police a diffusé plusieurs cas réels de « sextorsion ».

« Toute ta vie est en ligne. Protège-la. Les gens sur internet ne sont pas toujours ceux qu’ils prétendent être. Assure-toi de garder le contrôle. Ne vous exposez pas », conseille-t-elle.

En cas d’extorsion, les autorités conseillent aux victimes de rompre la communication et de conserver les messages et captures d’écran afin d’aider la police à appréhender les auteurs.

http://www.7sur7.be

Dans les filets de la sextorsion


Que ce soit Facebook, Avatar, le sextage, qui lui peut devenir le sextorsion, par des prédateurs qui veulent de l’argent sinon, ils font circuler la vidéo compromettante qu’ils ont réussi à prendre avec une grande manipulation d’un jeune a jouer un jeu sexuel qui probablement n’aurait jamais fait dans des conditions normales … et évidemment l’éternelle cyberintimidation, nos jeunes sont des victimes faciles et il est important d’en parler avec eux et de leur donner des ressources en cas de problèmes
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Dans les filets de la sextorsion

 

La «multiplication des cas de sextorsion» impliquant des...

La «multiplication des cas de sextorsion» impliquant des ados inquiète le Centre canadien de protection de l’enfance qui enregistre une hausse importante des dénonciations.

Baptiste Ricard-Châtelain
Le Soleil

(Québec) Le Centre canadien de protection de l’enfance sonne l’alarme. Les jeunes d’ici sont la cible d’organisations criminelles étrangères, probablement africaines, qui tentent de les extorquer, de les «sextorquer». Et ce n’est qu’un des périls qui guettent les enfants et les ados, bien candides en pianotant sur leurs claviers, sur leurs cellulaires dernier cri…

La «multiplication des cas de sextorsion» impliquant des ados inquiète le Centre canadien de protection de l’enfance qui enregistre une hausse importante des dénonciations.

«Dans le dernier mois seulement, on a reçu quelques dizaines de signalements concernant des jeunes qui se sont fait prendre à ce piège-là», avance le porte-parole francophone, René Morin. «C’est quelque chose qui nous préoccupe depuis quelques semaines, la multiplication des cas de sextorsion pour les jeunes. […] Ces gens opèrent de l’étranger pour s’en prendre aux adolescents de chez nous.»

Des garçons et des filles dans le pétrin, déboussolés, se font menacer. La scène ressemble à ceci :

«Si tu ne nous envoies pas de l’argent, on transfère ta vidéo, celle où on te voit nu, celle où tu te livres à des gestes sexuels. Tes amis, ta famille, peut-être même tes profs et ton patron vont la recevoir.»

Généralement, on leur réclame entre 200 $ et 900 $.

Le site Cyberaide.ca recueille les signalements des internautes dégoûtés par de présumés cas d’exploitation sexuelle d’enfants. Mis en ligne par le Centre canadien de protection de l’enfance, il reçoit quelque 2200 plaintes par mois.

«C’est énorme!» balance M. Morin.

Dans le lot, on avait l’habitude de dénombrer un ou deux cas de cyberextorsion par semaine. L’objectif du criminel était souvent d’obtenir, sous la menace, des images plus osées de la victime, pour sa collection privée.

De plus en plus nombreux

Depuis quelques semaines, on observe toutefois un changement: les dossiers sont de plus en plus nombreux et les malfaiteurs veulent de l’argent. Un indice qu’un réseau criminel installé en Afrique ou en Asie mène peut-être la charge, analyse René Morin.

L’arnaque serait fréquente dans l’univers adulte. «C’est un phénomène qui n’est pas nouveau. Des tas d’adultes se font prendre.»

Le Centre canadien de protection de l’enfance observe toutefois avec crainte le virage jeunesse des «brouteurs» – c’est le nom affublé aux arnaqueurs en France et en Afrique de l’Ouest.

Le scénario. Un ado se fait aborder par un autre «jeune» sur les réseaux sociaux. Une relation se développe. Le malfaiteur, sous sa fausse identité, propose alors rapidement de poursuivre les échanges sur un service d’appel vidéo, comme Skype ou FaceTime.

«Ils sont conduits à s’exhiber sans savoir que ce qu’ils font à la caméra est en train d’être enregistré.»

Quelques jours plus tard, un individu contacte l’ado attiré dans ses filets. La victime apprend que ses actes sexuels ont été immortalisés. Il est piégé, se sent impuissant, ne veut surtout pas en parler à ses parents.

Sensibilisation

«Les parents doivent rappeler sans cesse aux ados qu’il est risqué de se livrer à des actes sexuels sur Internet et que les images peuvent être utilisées contre eux», prévient le Centre canadien de protection de l’enfance, dans une communication écrite.

«La vidéo en direct, combinée à la curiosité sexuelle des jeunes, rend les jeunes particulièrement vulnérables à la sextorsion et à la coercition. Les parents doivent savoir que cela peut arriver à n’importe quel ado.»

Que faire s’il est trop tard?

«Ne pas verser l’argent qui leur est demandé.»

Il ne faut pas faire confiance au criminel, répond René Morin. Ne pas penser qu’en décaissant, on achètera la paix. Reste à faire face, à porter plainte et à essayer de faire effacer les images. On cesse toute communication avec le criminel en le bloquant sur tous les réseaux. Puis on désactive les comptes ayant servi à communiquer avec l’arnaqueur. On en parle à un adulte et on communique avec les policiers et Cyberaide.ca. Quelques pistes ici : www.aidezmoisvp.ca

On trouve également une fiche pour les parents sur http://www.cyberaide.ca, intitulée Comment aborder l’extorsion sur Internet avec des ados. On se rend sur le site, on clique sur l’onglet «Sécurité Internet». Choisissez la section «Pour les ados». Plusieurs documents y sont offerts.

Intimidation

Armé d’un clavier

«L’intimidation peut avoir des conséquences graves.»

 Des ados se sont suicidés parce que leur estime s’était étiolée à coup de messages haineux sur les médias sociaux.

Devant leur clavier, les jeunes se sentent anonymes, se sentent totalement détachés, observe l’agente Marie-Ève Painchaud, affectée aux communications du Service de police de la Ville de Québec.

«Ils ne réalisent pas la portée.»

Que les insultes soient balancées au visage de la victime ou que les commentaires désobligeants soient publiés en ligne, l’effet dévastateur est le même, fait remarquer Mme Painchaud.

Avant de proférer des menaces ou de déprécier, photo à l’appui, un camarade de classe, mieux vaut prendre une pause : face à face, dans le blanc des yeux, lui dirais-tu?

La parole, les écrits, deviennent une arme. La répétition des insultes mine la victime. La détresse est réelle, note Mme Painchaud.

Pour que ça cesse, elle invite à la dénonciation. Pas seulement les victimes, tous les témoins silencieux aussi.

Selon l’organisme Jeunesse, J’écoute, «la plupart des témoins ne font rien lorsqu’ils voient de l’intimidation».

Pourtant, «60 % du temps, l’intimidation cesse dans les 10 premières secondes lorsque des témoins interviennent», lit-on sur le site Web.

La cyberintimidation est particulièrement insidieuse, ajoute la Gendarmerie royale du Canada.

«Contrairement à l’intimidation traditionnelle, la cyberintimidation suit sa victime en tout temps, de l’école au centre commercial et jusqu’à la maison, où la victime serait à l’abri de l’intimidation traditionnelle», explique-t-on en ligne, sur une page dédiée à cette problématique. «Les jeunes qui sont victimes d’intimidation sont plus susceptibles de souffrir de maux de tête et de ventre, de dépression et d’anxiété. Les problèmes de santé mentale associés à l’intimidation peuvent troubler la victime pendant de nombreuses années.»

Si tu es victime, ne réponds pas. Conserve les preuves et parle à un adulte. Tu peux contacter Jeunesse, J’écoute au 1 800 668-6868. Il y a aussi des informations pertinentes ici : www.aidezmoisvp.ca. Ensuite, on demande au fournisseur du service téléphonique de bloquer le harceleur et on écrit à Facebook, Twitter et les autres réseaux sociaux pour que ses comptes soient fermés. On avertit également l’école et les policiers.

Sextage (sexting)

 

«C’est en train de prendre des proportions démesurées.»

Le sextage foisonne :

«C’est en train de prendre des proportions démesurées.»

Deux ados se fréquentent, s’amourachent. Mais l’idylle s’effondre, il y a rupture. Et il y a ces photos sexuelles échangées par les amants, stockées. Un matin, un des coeurs brisés envoie les plus osées à ses amis, qui transfèrent aussitôt à tous leurs amis, qui s’empressent de faire suivre…

«Ça se voit couramment dans les écoles du Québec. C’est un problème qui prend de court les familles, les jeunes, les écoles et les corps policiers», explique le porte-parole francophone du Centre canadien de protection de l’enfance, René Morin. «Ça vient avec la popularité des téléphones intelligents.»

«Lorsque des images intimes de vous-même sont en circulation sur Internet, vous perdez le contrôle», enchaîne-t-il.

Du jour au lendemain, des dizaines d’élèves, voire des centaines, se promènent avec vos photos, vos vidéos, dans leur poche.

«Psychologiquement, ça peut être très, très dur.» Certains jeunes craquent, se suicident.

Dans le feu de l’action, les victimes s’effondrent en pensant aux conséquences sociales de la diffusion de leur intimité, ajoute M. Morin. Elles ne pensent pas à l’aspect légal, elles ne pensent pas à contacter Facebook pour faire retirer ces photos de pornographie juvénile. Car c’est souvent de la pornographie juvénile.

L’ancien amoureux qui diffuse pourrait se retrouver dans de beaux draps.

«Les jeunes ne réalisent pas qu’ils deviennent eux-mêmes des producteurs de pornographie juvénile.»

«Il est illégal de produire, posséder ou distribuer de la pornographie juvénile», acquiesce Marie-Ève Painchaud, agente aux communications du Service de police de la Ville de Québec. «À partir de 12 ans, ils peuvent être reconnus coupables.»

Pris dans le tourbillon? Il faut en parler à un adulte, à ses parents. Et pour savoir comment faire cesser la diffusion, comment faire retirer une photo ou une vidéo des sites sociaux populaires, comment déposer une plainte, comment prendre soin de soi durant la tempête: http://www.aidezmoisvp.ca ou Jeunesse, J’écoute 1 800 668-6868.

Avatar

Mon «ami» de jeu en ligne veut me rencontrer

La popularité des jeux vidéo en ligne est grandissante chez les internautes. Et là où on retrouve beaucoup de mineurs, quelques prédateurs chassent.

L’activité semble banale : un jeune met son casque d’écoute, se branche sur la Toile pour y retrouver ses amis de jeu. Mais ces «amis», aux noms fort inventifs, ne reviennent pas tous de l’école. Selon les dernières données disponibles auprès du CEFRIO, un centre de recherche et d’innovation, environ 36 % des internautes adultes sont adeptes de jeux en ligne.

Dans la capitale, treize policiers sillonnent les écoles. Durant leurs rencontres avec les jeunes, un message:

«Ne pas donner de renseignements personnels, ne pas rencontrer les autres joueurs», explique Marie-Ève Painchaud, agente aux communications du Service de police de la Ville de Québec. On ne sait pas qui se cache derrière l’avatar, le pseudonyme.

Du haut de leur adolescence, les jeunes ne saisissent pas tout le danger potentiel. Les policiers doivent leur rappeler qu’il est aisé de modifier son identité, de se bâtir un profil imaginaire.

«On peut faire face à des gens mal intentionnés.»

Les conseils de l’agente Painchaud: ne pas utiliser de pseudonyme qui donne son âge afin d’éviter de devenir une cible, ne pas donner d’informations personnelles aux autres joueurs sans en parler à un adulte de la maison. Surtout, toujours avertir ses parents si on planifie une rencontre avec ses «amis» et s’assurer d’y être accompagné. Ne pas y aller seul.

«On ne sait jamais à qui on a affaire», renchérit le porte-parole francophone du Centre canadien de protection de l’enfance, René Morin. Toute personne qui a un attrait sexuel pour des enfants va se tourner vers des endroits où se regroupent les jeunes. On en retrouve chez les bénévoles d’équipes sportives, par exemple. Et maintenant dans le cyberespace, sur les sites de réseautage les plus populaires. «Ce qui se passe sur Internet est un peu le miroir de ce qui se passe dans la vie.»

Facebook

Ma vie, ce livre ouvert

«Les jeunes dévoilent sans souci une quantité phénoménale d’informations à leur sujet au vu et au su de tous. Ça les expose considérablement à des dangers qu’ils ne soupçonnent même pas.»

Quand la popularité se mesure en nombre d’amis sur Facebook, on comprend que plusieurs jeunes les accumulent à un rythme accéléré : ils acceptent «un peu n’importe qui», observe le porte-parole francophone du Centre canadien de protection de l’enfance, René Morin.

Le problème, c’est que les 3000 abonnés voient tout. Ces relations reçoivent les publications du jeune, peuvent en apprendre beaucoup sur ses intérêts, ont accès à ses autres «amis».

Le cyberprédateur reste à l’affût, guette les signes de vulnérabilité. Un jeune criant sa solitude sur les médias sociaux, par exemple.

«Il y a un conditionnement pour gagner sa confiance, sexualiser lentement les échanges, puis banaliser la question du sexe adulte-enfant…»

Le printemps dernier, nous avions d’ailleurs relaté le stratagème élaboré par un conseiller en assurances de Cap-Rouge, père de deux petits, pour séduire sept enfants de 10 à 12 ans sur Facebook. Il avait utilisé trois identités fictives de jeunes pour tisser des liens intimes, avoir une relation sexuelle avec une fille prépubère.

René Morin recommande donc aux jeunes de n’accepter comme amis que les personnes qu’ils connaissent dans la «vraie» vie.

L’agente Marie-Ève Painchaud, du Service de police de la Ville de Québec, rappelle l’importance de modifier ses paramètres de confidentialité dans les réseaux sociaux virtuels. Cela permet de déterminer qui peut voir les informations diffusées. Tout en gardant à l’esprit qu’il s’agit néanmoins de lieux publics : «Il faut rester prudent.»

http://www.lapresse.ca

La sextorsion, l’arnaque de l’heure


Je ne sais pas quelle idée stupide que des gens vont accepter de se déshabiller devant un écran d’ordinateur pour une personne qui souvent ne connait même pas. Le sexetorsion semble choisir les victimes chez les hommes pour ensuite les faire chanter en demandant de l’argent tout en menaçant de faire diffuser une vidéo d’eux dans une situation humiliante, et pouvant même les accuser a tord de pédophile s’ils ne paient pas. Et comme il est facile d’accuser un homme de pédophile et détruire la vie d’une personne a tord, le piège est bien rôdé
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La sextorsion, l’arnaque de l’heure

 

Des dizaines de victimes de sextorsion - toutes... (PHOTO ANNE GAUTHIER, LA PRESSE)

Des dizaines de victimes de sextorsion – toutes des hommes – ont été recensées ces derniers mois dans la grande région montréalaise, selon les policiers de plusieurs territoires interrogés.

PHOTO ANNE GAUTHIER, LA PRESSE

HUGO MEUNIER
La Presse

Utiliser le sexe pour faire chanter une victime constitue une des arnaques de l’heure en matière d’hameçonnage informatique. Plusieurs corps policiers s’inquiètent d’une récente recrudescence des cas.

Des dizaines de victimes de sextorsion – tous des hommes – ont été recensées ces derniers mois dans la grande région montréalaise, selon les policiers de plusieurs territoires interrogés. Il s’agirait selon eux d’une infime fraction des fraudes commises.

L’escroquerie est simple: vous rencontrez une jeune et jolie femme sur des sites de rencontre, notamment le site populaire Badoo et même Facebook. Elle vous invite alors à poursuivre la conversation dans l’intimité, devant des webcams sur des plates-formes comme MSN ou Skype. Les échanges virtuels dévient rapidement vers le sexe. La jeune femme commence alors un striptease ou entreprend de se caresser en vous encourageant à en faire autant. Après quelques minutes, surprise! La jeune femme vous apprend que vous venez d’être filmé à votre insu. On vous ordonne d’aller sur le champ verser de l’argent via des entreprises de transfert de fonds comme Western Union ou Moneygram, faute de quoi on menace de partager la vidéo compromettante sur des sites comme YouTube, de même qu’à vos contacts de divers réseaux sociaux comme Facebook.

La piste des responsables de cette arnaque informatique remonte à la Côte d’Ivoire (dans la ville d’Abidjan), là où les victimes doivent envoyer l’argent extorqué. Ils sont pratiquement impossibles à épingler et les policiers doivent se résigner à un rôle préventif.

Quelques adresses IP d’ordinateurs utilisés par des jeunes femmes ont pour leur part été découvertes en France et en Belgique.

Les échanges avec les victimes québécoises se font au clavier seulement et en français.

Les policiers sont par ailleurs unanimes: les filles utilisées pour appâter les victimes ne sont qu’un maillon d’un réseau plus vaste, structuré et surtout lucratif. Seulement sur le territoire de Laval, où 13 dossiers ont été répertoriés depuis décembre, les montants extorqués varient de 150 $ à 3800 $. Les sommes sont d’abord exigées en euros, avant d’être révisées en devises canadiennes.

Pour toucher de l’argent, les escrocs semblent même prêts à négocier, constate le sergent Franco Di Genova, de la police de Laval.

«Une de nos victimes s’est fait demander 500 $, il a plaidé n’avoir que 150 $, le montant finalement envoyé.»

Les victimes recensées à Laval se sont fait arnaquer entre le 19 décembre et le 21 mai derniers. Elles ont de 20 ans à 73 ans, mais la plupart sont dans la vingtaine. Deux d’entre elles ont envoyé paître les fraudeurs. La police ignore si les extorqueurs ont mis leur menace à exécution.

À l’échelle mondiale, le fléau est tel que même le FBI a récemment lancé un message de prévention sur son site.

«Les victimes se font aussi pirater leur ordinateur, puisque les escrocs énumèrent les noms de leurs proches, à qui on menace d’envoyer la vidéo embarrassante, explique le sergent. Nos enquêteurs disent que ce n’est que la pointe de l’iceberg. Que les victimes peuvent être trop gênées pour porter plainte à la police».

Les plaintes augmentent

Autre signe que la sextorsion est en vogue, la Sûreté du Québec (SQ) avait justement médiatisé en octobre dernier une stratégie de prévention.

«On avait alors une vingtaine de victimes au Québec», mentionne la sergente Joyce Kemp.

La SQ invite les internautes à s’assurer de l’identité de leur interlocuteur sur les réseaux sociaux et à ne jamais tenir pour acquis le caractère privé d’une conversation sur l’internet.

Les Montréalais tombent également dans le piège. Leur service de police observe une hausse marquée des plaintes, soit une cinquantaine entre janvier 2012 et le 3 juin dernier et plusieurs dossiers s’accumulent depuis avril dernier. «Avant cette date, nous n’avions qu’environ une ou deux plaintes par mois», rapporte-t-on au Service de police de la Ville de Montréal(SPVM).

Même phénomène du côté de Longueuil, où la police a enregistré une dizaine de plaintes depuis le début de l’année.

«Faute de moyens, nos enquêtes n’aboutissent pas jusqu’en Côte d’Ivoire. Mais 10 cas, c’est quand même pas mal pour notre territoire», reconnaît l’agent Jean-Pierre Voutsinos.

La sextorsion est à prendre très au sérieux, ajoute le sergent Di Genova. «Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de drame, mais on sait que cette arnaque a déjà causé un suicide en Europe», note le policier.

Après vérification, un jeune Breton de 18 ans s’est en effet enlevé la vie il y a quelques mois à Brest, victime de sextorsion.

«J’ai une vidéo de toi. Si tu ne me donnes pas 200 euros, je vais détruire ta vie», lui avait écrit la maître chanteuse, dont l’adresse IP avait été localisée à Abidjan.

***

«Sur le coup, j’ai paniqué!»

Victime de sextorsion, un Lavallois de 24 ans raconte l’avoir échappé belle, après avoir été hameçonné par une belle jeune femme, en mars dernier, sur le site de rencontre Badoo.

«Elle m’a proposé d’aller discuter sur MSN et d’ouvrir nos webcams. Elle m’a demandé de faire des choses», explique le jeune homme, sous le couvert de l’anonymat. «Elle a dit: « Tu me montres quelque chose et ensuite, je te montre quelque chose. » Elle insistait. J’ai dit: « Toi d’abord. »»

La jeune femme a alors commencé à se dévêtir et se caresser, imitée par le Lavallois. Le piège s’est vite refermé.

«Ils ont menacé d’envoyer la vidéo à ma famille et sur YouTube. Ils avaient les noms de mes contacts Facebook.»

Les escrocs avaient bel et bien l’intention de diffuser la vidéo sur YouTube, puisque le Lavallois a reçu le lien en privé.

Le titre qui coiffait la vidéo:

«Regardez ce pédophile se branler devant une fillette de 12 ans.»

Par chance, le Lavallois est parvenu in extremis à faire retirer la vidéo avant sa diffusion, en la signalant à YouTube comme contenu explicite.

«Sur le coup, j’ai paniqué. J’ai peut-être fait une niaiserie, mais de là à mériter quelque chose comme ça…»

Le Lavallois est convaincu que les vrais responsables de l’escroquerie utilisent des images préenregistrées de filles glanées sur des sites porno, puisqu’un de ses amis a failli se faire prendre par la même fille après sa mésaventure.

Le manège était identique, seul le nom de la fille était différent.

«Ne faites rien devant une webcam, même si c’est votre meilleure amie. On ne sait jamais qui est derrière ça», prévient le jeune homme.

«Ils m’ont demandé 15 000 $, j’ai dit ne pas avoir d’argent. Ils m’ont répondu: «Arrange-toi, on te donne 24heures!»

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D’autres visages de l’extorsion

La ruse Justin Bieber

L’Américain Christopher Park Gunn a récemment été condamné à 35 ans de prison pour de la sextorsion sur des mineures. Pour arriver à ses fins, l’homme prétendait être le chanteur Justin Bieber et proposait à ses jeunes victimes des billets de concert en échange de photos suggestives. Par ailleurs, un Californien de 27 ans risque pour sa part une peine de 105 ans de prison pour avoir fait chanter pas moins de 350 femmes. Gary Kazaryan piratait les comptes Facebook de ses victimes en quête de photos compromettantes. L’escroc menaçait ensuite de rendre les clichés publics si les victimes ne se pliaient pas à ses caprices.

Côte d’Ivoire: terreau fertile de l’extorsion

Une riche héritière qui vous propose des sommes colossales provenant de l’industrie du diamant? Une jeune femme se déshabille devant vous et vous propose d’en faire autant? Plusieurs arnaques semblent remonter jusqu’à la Côte d’Ivoire, visiblement un terreau fertile pour l’extorsion informatique. Nous avons demandé pourquoi au spécialiste des nouvelles technologies et médias sociaux Carl Charest.

«En fait, c’est la mafia russe qui serait derrière ça et la Côte d’Ivoire serait un endroit facile pour encaisser l’argent», explique-t-il.

 Une grande portion de l’argent récoltée par la mafia russe proviendrait d’ailleurs de l’extorsion informatique tous azimuts.

«C’est plus simple et efficace que la drogue. Tu engages des hackers qui font tout le travail. La sextorsion n’est qu’une façon parmi tant d’autres», résume M. Charest.

L’affaire Lesiewicz

Le cas le plus célèbre de sextorsion au Québec est sans doute celui impliquant le cyberprédateur montréalais Daniel Lesiewicz, condamné en 2011 à 12 ans de prison pour avoir piégé quelque 200 adolescentes et jeunes femmes de 2006 à 2008. L’homme d’une trentaine d’années repérait ses victimes en s’introduisant par leur liste de contacts MSN. Sous de fausses identités, il les incitait ensuite à se déshabiller devant la caméra. Il exigeait par la suite un spectacle érotique en ligne, faute de quoi il menaçait de diffuser la vidéo sur le web. Lesiewicz a plaidé coupable à 91 chefs d’accusations liées à la pornographie et à l’extorsion.

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Les conseils du FBI

1. Ne tenez pas pour acquis que votre disque antivirus vous protège contre les escroqueries.

2. Fermez votre ordinateur lorsque vous ne l’utilisez pas.

3. Fermez votre webcam lorsque vous ne l’utilisez pas.

4. N’ouvrez pas de pièce jointe sans d’abord vérifier la provenance de l’envoi.

5. Soyez suspicieux. Si vous recevez un message avec une pièce jointe de votre mère à 3 h du matin, il est possible que le message ne soit pas vraiment de votre mère.

6. Si votre ordinateur a été piraté et que vous avez des menaces d’extorsion, n’hésitez pas à en faire part à vos parents ou à la police.

Source: Site du FBI, janvier 2013

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La sextorsion par corps policiers

Montréal: 46 CAS entre janvier 2012 et le 3 juin 2013

Laval: 13 CAS depuis décembre 2012

Longueuil: 10 CAS environ depuis janvier 2013

SQ: 20 CAS depuis octobre 2012

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