L’ourson d’eau est une bien curieuse petite bête qui peut survivre dans des conditions extrêmes. Elle se trouve partout où il y a de l’eau, autant en haute altitude que dans les profondeurs de la mer, survie a des températures extrêmes. D’ailleurs, il est le seul animal avoir survécu au vide de l’espace. Imaginez qu’il soit congelé 30 ans, ou être sans eau, dessécher pendant 10 ans et revenir à la vie. Avec sa protéine découverte, on croit qu’elle pourrait aider en agriculture, médicaments et vaccins
Nuage
Voici l’un des secrets de l’invincibilité du tardigrade
Photo : Université de Caroline du Nord à Chapel Hill
Beaucoup d’animaux ont des qualités exceptionnelles quand il s’agit de survie. Toutefois, s’il y en a un qui mérite le titre d’indestructible, c’est un animal microscopique qui s’appelle le tardigrade. Et des chercheurs viennent de découvrir un des secrets de son invincibilité.
Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné
Surnommé l’ourson d’eau, ce « gummy bear » à huit pattes mesure environ 1 millimètre de long. Ce n’est pourtant pas à sa taille qu’on peut le juger, car certaines de ses qualités lui permettraient d’être à son aise dans un film de superhéros.
Le tardigrade flirte avec les extrêmes. On le retrouve dans n’importe quel plan d’eau du monde, aussi bien sur des montagnes à 5500 mètres d’altitude que près de volcans sous-marins à 3000 mètres de profondeur. Il peut survivre un certain temps à des températures de 150 degrés Celsius, mais aussi à une congélation aux alentours du 0 absolu.
Il peut résister à des pressions 6000 fois plus grandes que celles que l’on vit à la surface de la Terre. En même temps, il est le seul animal à avoir survécu au vide de l’espace et à avoir résisté aux radiations directes du soleil.
On peut le congeler pendant 30 ans et il pourra recommencer sa vie comme si de rien n’était. Et l’une de ses caractéristiques les plus impressionnantes est qu’il peut survivre à la perte de 100 % de son eau. Le tardigrade peut rester dans cet état desséché pendant au moins une décennie. Dès qu’il retrouve contact avec l’eau, il reprend vie en quelques heures.
Survivre à la sécheresse
Des chercheurs viennent de découvrir comment l’animal survit à cette déshydratation extrême: il se vitrifie, c’est-à-dire que ses cellules adoptent des propriétés semblables à celles du verre! Leurs résultats sont publiés dans le journal Molecular Cell.
En regardant quels gènes étaient activés lors de la perte d’eau, les chercheurs ont remarqué une série de protéines qui n’avaient jamais été vues ailleurs, au point qu’ils les ont baptisées « protéines désordonnées intrinsèques spécifiques aux tardigrades » (TDP). Ces protéines sont agencées de façon désordonnée en présence d’eau, mais à sec, elles vont se réorganiser et devenir un équivalent biologique du verre qui va encapsuler les parties importantes des cellules et les figer dans le temps.
Cela arrête le métabolisme du tardigrade et empêche tout dommage aux tissus. Dès que l’eau revient, les TDP changent de structure et le tardigrade revient à la vie.
Profiter du pouvoir des tardigrades
Toutefois, les chercheurs ne se sont pas arrêtés à la description des TDP. Ils ont montré qu’un concentré de ces protéines permet de préserver à la température de la pièce, donc sans être obligé de le mettre au réfrigérateur, du matériel biologique médical, comme des enzymes.
Plus surprenant encore, ils ont ainsi réussi à accroître la résistance à la sécheresse de certaines bactéries ou de levures lorsqu’ils leur ont donné la capacité de produire cette protéine.
Le rêve des chercheurs, même si on en est bien loin, est de se servir des TDP pour produire des plantes agricoles résistantes à la sécheresse ou comme agents de conservation pour différents médicaments ou vaccins.