Le Saviez-Vous ► Voilà comment on accouchait autrefois


Personnellement, je suis bien contente que l’obstétrique a changé. Maintenant, on permet plus aux mamans de choisir la façon dont elle veut mettre au monde leur bébé. Cela n’a pas toujours été ainsi
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Voilà comment on accouchait autrefois

 

En matière d’accouchement, pour le meilleur et souvent pour le pire, l’interventionnisme est souvent de mise! | Internet Archive Book Images via Flickr CC (pas de restriction connue du droit d’auteur)

En matière d’accouchement, pour le meilleur et souvent pour le pire, l’interventionnisme est souvent de mise! | Internet Archive Book Images via Flickr CC (pas de restriction connue du droit d’auteur)

Béatrice Kammerer

Ces illustrations tirées d’un ouvrage de 1882 peuvent nous aider à prendre un peu de recul vis-à-vis des normes obstétriques actuelles mais aussi des égarements du passé.

En 1882, le professeur de gynécologie américain Georges Julius Engelman s’est rendu célèbre en publiant La pratique des accouchements chez les peuples primitifs. Dans cet ouvrage, traduit en français en 1885, il passe en revue les pratiques autour de la grossesse et de la naissance des peuples du monde entier et les compare avec celles alors en vogue dans le monde occidental.

Mêlant traité de médecine et enquête ethnographique, le texte n’en est pas moins conforme au racisme de son temps: il différencie les «peuples anciens» issus des grandes civilisations du passé, dont on salue la sagesse et l’étendue des connaissances, des populations autochtones de l’époque vues comme des «peuples primitifs», «barbares»,«sauvages» et qui vivent à l’état de «brutes». Les mœurs de ces derniers sont scrutés avec une curiosité mi-condescendante mi-envieuse empreinte du mythe du «bon sauvage»: les naissances y seraient bien plus faciles que dans les pays occidentaux en raison de l’«état de nature» qui préserverait des excès et déviances de la civilisation.

Quoi qu’il en soit, s’il est difficile de déterminer parmi les informations données par Engelman ce qui relève de la réalité des mœurs de l’époque ou du fantasme des occidentaux, on peut au moins s’accorder sur un point: en matière d’accouchement, pour le meilleur et souvent pour le pire, l’interventionnisme est souvent de mise! Voici donc un petit florilège d’illustrations issues de l’ouvrage d’Engelman pour nous aider à prendre un peu de recul vis-à-vis des normes obstétriques actuelles mais aussi des égarements du passé.

De la contrainte à la violence obstétricale

Internet Archive book image via Flickr CC (pas de restriction connue du droit d’auteur)

Selon Engelman, il aurait été d’usage dans certaines peuplades d’Océanie ou amérindiennes d’attacher les bras des parturientes à un arbre durant toute la durée de l’expulsion. Si l’intérêt d’avoir les bras en position haute est avéré du point de vue de la physiologie de l’accouchement, une telle restriction de mouvements le réduit aussi à néant. Cette contrainte n’est d’ailleurs pas sans rappeler celles que les femmes décrivent parfois dans les milieux hospitaliers, lorsqu’elles se sentent sanglées de toutes parts entre perfusion, tensiomètre et monitoring fœtal.

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L’illustration ci-dessus présenterait une pratique observée en Afrique centrale et réservée aux cas où le travail stagne: une fois allongée sur le ventre, un coussin sur l’estomac, des aidants viendraient alors pétrir le dos de la parturiente ou même le lui fouler aux pieds pour stimuler l’utérus et accélérer l’expulsion. Charmant, n’est-ce pas?

Mais ne nous y trompons pas, les violences obstétricales ne sont ni l’apanage des temps anciens, ni celles des civilisations non occidentales; songeons par exemple aux femmes enceintes traitées comme des cobayes dans la maternité de Göttingen à la fin du XVIIIesiècle au nom de l’élaboration de l’obstétrique scientifique ou de la pratique en Irlande jusque dans les années 1980 de la symphysectomie pour des raisons idéologiques, une opération alternative à la césarienne, parfois vitale mais aux conséquences très lourdes pour la mère.

Presser l’utérus comme un citron

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Ces trois illustrations montrent, dans des contextes et des positions différentes, la pratique de «l’expression abdominale», c’est-à-dire la compression artificielle de l’utérus dans le but de hâter l’expulsion ou, comme dans le cas de la deuxième illustration, de provoquer la délivrance du placenta. Cette pratique, qui semble si intuitive (pourquoi ne pourrait-on pas vider l’utérus en appuyant dessus comme on vidangerait un ballon?), a été par le passé très suivie et est encore aujourd’hui très fréquente, y compris en France, et ce, en dépit des recommandations de la Haute Autorité de Santé, qui préconise depuis 2007 son abandon total en raison de son inefficacité et du vécu traumatique fréquent chez les patientes.

Les gadgets de l’accouchement

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Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? Qu’on soit plutôt partisan des naissances physiologiques ou plus médicalisées, la tentation est grande, lorsqu’une nouvelle maternité ouvre, d’en inspecter les équipements avant toute chose: la structure dispose-t-elle de ballons pour le travail? de baignoires de naissance? d’écharpes de suspension? de monitorage fœtal dernière génération? d’échographie 3D? de couveuses high-tech? Et ce, avant même de se demander si les sages-femmes sont assez nombreuses pour accompagner décemment les femmes, pour les soutenir et prendre en charge leurs douleurs, entendre leurs angoisses et faire de la naissance une première étape réussie de construction du lien parent-bébé.

Mais ce souci prioritaire pour l’environnement matériel au détriment de l’expertise humaine ne date pas d’hier et les illustrations ci-dessus en sont de brillants exemples! Une tendance mise à mal de façon hilarante au début des années 1980 par les Monthy Python et leur célèbre «Machine qui fait ping», objet-star de la maternité qu’ils dépeignent, mais aussi par de plus funestes épisodes, tels que celui survenu en 2011 à la maternité de Port-Royal. Quand on songe qu’un brevet a été déposé en 1965 pour une machine à faire accoucher les femmes grâce à la force centrifuge, la gadgétisation de l’accouchement a de quoi laisser songeur…

Des positions acrobatiques? Et pourquoi pas?

Internet Book Archive Image via Flickr CC (pas de restriction connue du droit d’auteur)

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Si les positions que prennent spontanément les femmes en travail peuvent parfois sembler inattendues, il n’est pour autant pas toujours possible de juger a priori de leur efficacité sur le déroulement de la naissance. C’est ainsi que lorsque j’ai demandé à 10lunes, sage-femme et militante de la physiologie de l’accouchement bien connue des internautes, ce qu’elle pensait des postures ci-dessus que je trouvais pour le moins rocambolesques, elle m’a rapidement rappelé que,

«le plus souvent, peu importe la position, pourvue que ce soit la femme qui l’ait choisie».

La médecine contemporaine a d’ailleurs commencé à prendre la mesure de l’intérêt de nombreuses positions alternatives à la position allongée sur le dos, dite «gynécologique». Dans une revue de 2012, le réseau Cochrane chargé d’établir des données probantes pour la prise de décision médicale a par exemple noté l’influence significativement positive des positions redressées (à genoux, debout, accroupie): baisse du nombre d’extractions instrumentales, du nombre d’épisiotomies et des anomalies du rythme cardiaque fœtal

http://www.slate.fr/

Les singes ont aussi leurs «sages-femmes» pour aider lors des accouchements


Le rhinopithèque est un singe très mignon vivant en Chine, et comme l’homme (la femme plutôt), une maman qui est sur le point de mettre au monde un bébé est accompagnée d’une congénère qui viendra lui prêter main forte
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Les singes ont aussi leurs «sages-femmes» pour aider lors des accouchements

 

Un rhinopithèque de Roxellane | 	Jack Hynes via Wikimédia CC License by

Un rhinopithèque de Roxellane | Jack Hynes via Wikimédia CC License by

Repéré par Vincent Manilève

Un comportement qui rapproche un peu plus l’homme et les singes.

Le rhinopithèque de Roxellane (ou Rhinopithecus roxellana pour les intimes), en plus d’être l’un des singes les plus mignons du monde, peut aujourd’hui se targuer d’un comportement exemplaire: l’un des spécimens de son espèce a aidé l’une de ses congénères à accoucher en plein jour, dans les montagnes chinoises de Qinling.

L’on pensait jusque-là que les singes donnaient naissance seuls en pleine nuit, afin d’éviter tout risque de rencontre avec un prédateur. Mais comme l’explique la BBC sur son site, le singe avait une «sage-femme», une autre femelle qui était là pour l’assister pendant son accouchement.

«Quand la femelle enceinte a montré les premiers signes d’agitation, son aide est vite venue vers elle pour la préparer, écrit le site. Peu après, ses contractions étaient clairement visibles. La sage-femme est restée proche.» Encore plus incroyable, lorsque la tête du bébé a commencé à émerger, l’aide a aidé la mère à faciliter la sortie de son enfant. Après les quatre minutes et dix secondes qu’on duré l’accouchement, «la sage-femme a accompagné la mère, et a été autorisée à tenir et à lécher le nouveau-né une fois que la mère l’avait d’abord nourri et léché.»

Bao-Guo Li, chercheur à l’université de Xi’an en Chine et auteur d’une étude sur cette observation exceptionnelle, publiée dans le journal Primate, assure que «l’assistance directe d’autres d’individus durant la naissance  n’est pas quelque chose de commun chez les primates vivant dans la nature».

Les observations de ce genre sont rares, mais elles existent

Mais est-ce si rare qu’un singe en aide un autre lors d’accouchement? Pas vraiment, puisqu’en 2014 déjà, le chercheur Meng Yao et son équipe ont décrit, toujours dans la revue Primates, l’accouchement d’une femelle langur avec l’aide d’un autre singe. Cette fois, le soutien est intervenu une fois la tête et les épaules du bébé visible.

«Ce comportement était totalement inattendu, avait expliqué Meng Yao à l’époque à la BBC.La mère a immédiatement accepté [l’aide] et n’a pas montré de signes de résistance.»

En 2013, d’autres chercheurs avaient aussi observé ce comportement exceptionnel, là encore avec des rhinopithèques de Chine. New Scientist rapportait qu’un scientifique a pu assister, en fin de matinée, à ce phénomène.

«Au bout de dix minutes [la mère] a commencé a crié, et une autre femelle a grimpé sur l’arbre. C’était une mère expérimentée, et elle s’est assise à côté de la femme enceinte alors que la tête de l’enfant apparaissait. Une fois la tête pleinement exposée, la “sage-femme” a tiré le bébé avec ses deux mains et a déchiré le sac amniotique.»

Mais à l’époque, l’observation n’avait pas pu être aussi bien documentée que celle d’aujourd’hui.

Ce qui est intéressant dans ces études, c’est la perception que l’homme en retire. On rattache les singes aux hommes alors qu’il faudrait peut-être aborder la question différemment. Parce que ces accouchements surviennent la nuit, l’observation est difficile, et il est extrêmement rare que l’on voit ces fameuses «sages-femmes». Mais cela ne veut pas dire qu’elles n’existent pas. Ces nouvelles informations pousseront sûrement d’autres chercheurs à s’y intéresser, et peut-être découvrir que l’homme imite bien plus le singe qu’on ne pensait déjà. 

http://www.slate.fr/

A 9 ans, cette courageuse fillette a mis au monde ses deux petites soeurs


Une petite fille bien débrouillarde et étonnant qu’elle s’est souvenue à 6 ans, d’une émission sur l’accouchement et qu’elle soit parvenue à faire les bons gestes. Tout aussi spectaculaire que 3 ans plus tard elle réitère son exploit, malgré que le père était présent
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A 9 ans, cette courageuse fillette a mis au monde ses deux petites soeurs

 

par Laure Gautherin

Elle va encore à l’école est pourtant, Francesca Goodby est la jeune sage-femme de Grande-Bretagne. A 6 ans à peine, elle aidait en effet sa maman à accoucher de sa soeur Roisin. Un exploit qu’elle a répété 2 ans plus tard pour mettre au monde son autre soeur Soairse.

Si à 9 ans, Francesca Goodby ne sait pas encore exactement ce qu’elle veut faire plus tard (ce qui est plutôt normal), mais au vu de ses récents exploits, on a comme dans l’idée qu’une voie toute tracée l’attend déjà.

Cette petite Britannique est en effet devenue, totalement pas hasard, la plus jeune « sage-femme » du pays, et peut-être plus encore. Elle n’avait que 6 ans lorsqu’elle a du aider sa maman Kay à accoucher après qu’elle a subitement perdu les eaux chez elle et que les contractions ont commencé, ne lui laissant pas le temps de se rendre à l’hôpital ou d’attendre les secours. A l’époque, la fillette qui était toute seule dans la maison avec sa mère, s’était inspirée d’un épisode d’une série médicale pour l’assister, la guider dans sa respiration, lui dire quand pousser, utiliser des linges propres et vérifier que le cordon ombilical n’était pas enroulé autour de la gorge du bébé. Ainsi été née Roisin, un bébé en pleine santé d’environ 3 kg. Une prouesse incroyable pour cette petite écolière qui a su garder son sang froid mieux que certains adultes.

​Mais l’histoire, déjà étonnante, ne s’arrête pas là ! En effet, en août dernier, Francesca a dû remettre ses talents de sage-femme improvisée au service de sa maman qui a de nouveau commencé à accoucher de sa troisième fille alors qu’elle se trouvait à la maison. Et tandis que son mari était également présent ce jour-là, c’est à son aînée que Kay a fait appel pour lui venir en aide.

La fillette, qui s’était depuis renseignée sur l’accouchement en regardant des documentaires, l’a de nouveau assisté tandis que le papa gardait la petite Roisin dans une pièce voisine et communiquait par téléphone aux secours sur le chemin les informations que lui criait Francesca.

Faisant toujours preuve d’un calme extraordinaire, elle a même su réagir lorsque la tête du bébé s’est mal présentée. Lorsque l’équipe médicale est enfin arrivée, Soairse était née et il n’y avait plus que le cordon à couper.

« Nous sommes tellement fiers d’elle, déclare la jeune maman au journal local Express and Star. De nous tous, c’était la plus calme. Elle me disait de rester calme et m’a aidée à bien respirer. L’une des sages-femmes qui est arrivée plus tard était très impressionnée par ce qu’elle avait fait. »

Francesca, elle, ne semble pas consciente du miracle qu’elle a accompli.

« Dès que maman m’a dit qu’elle était enceinte, je me suis préparée, au cas où, raconte-t-elle. Je suis juste restée calme, j’ai apporté des serviettes et je disais à papa ce qui se passait. Après, j’ai tenu la tête du bébé lorsqu’il sortait. J’ai très excitée et contente de pouvoir aider. »

Elle aura en tout cas de sacrées histoires à raconter à ses deux petites soeurs et à ses copines d’école.

http://www.aufeminin.com

Il y a aussi des « sages-femmes » chez les singes


L’être humain, pensaient-on, est la seule espèce qui a généralement besoin d’une autre personne pour accoucher. Cependant, il semble que chez une espèce de singe, car les choses ne vont pas bien, une autre femelle plus expérimentée viens préter main forte
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Il y a aussi des « sages-femmes » chez les singes

 

Il est parfois, dans la vie des zoologistes, des moments où la surprise le dispute à la grâce. On peut résumer ainsi la scène à laquelle ont assisté des chercheurs chinois, qu’ils rapportent dans le numéro d’octobre de la revue Primates. Cette équipe de l’université de Pékin travaille sur la biodiversité dans les collines du Nongguan, à l’extrême sud du pays, et notamment sur une troupe de semnopithèques de Cat Ba, des singes dont l’habitat recouvre la frontière entre la Chine et le Vietnam. L’espèce est en danger critique d’extinction, selon la classification de l’Union internationale pour la conservation de la nature, car moins de 800 individus vivent encore en liberté. Il s’agit d’une des espèces de primates les plus menacées de disparition.

La scène en question se déroule en mars 2013. Ce soir-là, les singes reviennent à la falaise où ils passent la nuit à l’abri sur d’étroits surplombs rocheux. Sur l’un de ces « balcons », une des guenons attire l’attention des zoologistes à la présence desquels les primates sont habitués puisqu’ils se côtoient depuis 1997. Cette jeune femelle de cinq ans, dont c’est la première grossesse, est prise de contractions et adopte une posture indiquant qu’elle est sur le point d’accoucher.

Après presque deux heures de travail et plus de 70 contractions, la tête du petit apparaît suivie des épaules. Comme c’est le cas normalement chez ces singes, la guenon se débrouille seule et commence à attraper son rejeton à une main pour faciliter et terminer l’expulsion. C’est alors que l’inattendu survient, observé par les chercheurs chinois qui filment la scène au caméscope. Soudain arrive une autre femelle de la troupe, plus âgée – 14 ans – et aussi plus expérimentée puisque, quelques heures auparavant, elle a donné la vie pour la cinquième fois. Elle surveillait visiblement le travail depuis le début et a décidé d’intervenir en voyant le petit émerger.

Tout se déroule très vite. Comme on peut le voir sur les photographies ci-dessous, elle se place derrière sa congénère et saisit le bébé singe à deux mains. La parturiente ne montre aucun signe de surprise ou de rejet. Au contraire, comme si elle comprenait l’intention, elle lâche aussitôt son petit pour se cramponner à des saillies rocheuses. L’autre guenon se met alors à tirer et, en seulement 18 secondes, extrait complètement le petit. Plus tard, accomplissant son travail de « sage-femme » jusqu’au bout, elle va même lécher le bébé pendant que sa mère ingère le placenta.

Alors que la tête et les épaules de son petit sont sorties, la jeune femelle tente de terminer l’expulsion en s’aidant d’une main. © Wenshi Pan et al./Primates.

La femelle plus âgée décide d’intervenir. Pendant que la parturiente se cramponne aux rochers, elle tire sur le petit. © Wenshi Pan et al./Primates.

En moins de 20 secondes d’assistance, le bébé singe est expulsé. © Wenshi Pan et al./Primates.

Pour les chercheurs qui racontent l’histoire, c’est une immense surprise. Normalement, chez les primates, les femelles donnent la vie en solo à l’exception notable de celles qui appartiennent à l’espèce Homo sapiens. Il faut dire que, chez les humains, l’évolution a singulièrement compliqué les choses, pour deux raisons anatomiques. D’une part, la bipédie a modifié la structure du bassin, rétrécissant le passage pour les bébés. D’autre part, notre lignée a connu une « encéphalisation » impressionnante, avec un cerveau qui n’a cessé de grossir.

Comme on peut le voir sur le schéma ci-dessous, qui compare, chez différents singes, la tête des bébés à la voie de sortie qu’ils doivent emprunter pour voir le jour, la naissance chez les humains se joue à très peu.

Surtout, nous sommes la seule espèce chez qui le petit, pour sortir, doit se tourner afin de faire correspondre l’ovale de sa tête avec celui du passage. A l’arrivée, 95 % des petits humains se présentent avec le haut du crâne en premier et la tête vers le bas. A cause de ces deux particularités, il est très difficile, voire impossible, à la parturiente, de dégager son enfant en cas de blocage (tandis que chez les autres primates, le petit sort visage en premier et orienté vers sa mère). D’où l’idée, émise par de nombreux anthropologues, que l’espèce humaine était la seule à avoir développé (très tôt) une coopération entre individus pour les accouchements.

On mesure mieux à cette aune la surprise qui a été celle de ces chercheurs chinois en assistant à cette scène. Tout comme le rire, observé chez des chimpanzés, l’obstétrique n’est pas le propre de l’homme…

Pierre Barthélémy

http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr

Un homme parmi les sages-femmes


Il a un parcours particulier, mais de la façon qu’il voit la profession de sage-femme qu’il ne va pas soigner une maladie, mais plutôt aider à la vie de s’exprimer me semble de bon augure. Surtout qu’être sage-femme n’est plus comme avant, cela demande des bonnes études et un pratique professionnelle.
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Un homme parmi les sages-femmes

 

S'il complète avec succès le programme de formation... (Photo: Le Quotidien)

S’il complète avec succès le programme de formation en pratique sage-femme, Louis Maltais deviendra le premier homme à être diplômé de ce programme au Québec et à porter le titre d’«homme sage-femme».

Photo: Le Quotidien

Brigitte Trahan
Le Nouvelliste

(Trois-Rivières) Sage-femme. Le mot le dit, cette profession vieille comme le monde a toujours été exercée par les femmes. Mais dans cinq ans, le Québec comptera le tout premier «homme sage-femme» et c’est le titre professionnel qu’on décernera à Louis Maltais.

Originaire de Saguenay, le jeune homme de 27 ans, gymnaste, danseur et acrobate de cirque professionnel, amorcera ses études en septembre au baccalauréat en pratique sage-femme à l’Université du Québec à Trois-Rivières, la seule au Québec à dispenser cette formation.

Louis Maltais a fait de solides études en sciences au cégep, au point qu’il aurait pu se diriger vers n’importe quelle profession en santé si tel avait été son désir. Le jeune homme ne cache pas qu’il y a en lui un côté artistique très fort qu’il a décidé d’explorer pendant plusieurs années, après ses études collégiales, question de mieux se connaître lui même et de laisser la vie lui révéler quel serait son véritable appel.

Après avoir étudié à l’École de cirque de Québec, où il explore ses talents d’acrobate, il travaille tour à tour dans un cabaret en Allemagne et dans le grand spectacle de l’eau Omaterra, à Sherbrooke, puis dans un festival, en Suisse.

Depuis trois ans, il fait partie de la distribution du spectacle de danse contemporaine S’envoler qui sera présenté au Québec, au Mexique, à Vancouver ainsi qu’en Europe, des représentations auxquelles il prévoit participer si les dates coïncident avec ses moments de répit aux études.

«Ce ne sont pas de longues tournées», fait-il valoir.

«J’étais vraiment comblé par ce projet de danse-là et j’avais donc encore plein d’espace pour continuer à me questionner et à essayer des choses, notamment un peu de théâtre. Finalement, j’ai fait un cours en massothérapie», dit-il.

Ce fut là un point tournant au cours duquel Louis Maltais se découvre un intérêt marqué pour les médecines alternatives. Il se spécialise en massage pour les femmes enceintes.

C’est alors qu’il entend parler de la profession de sage-femme, un sujet qui l’interpelle au plus haut point et qui le pousse à s’informer lors d’une journée portes ouvertes à l’UQTR même si, encore à ce jour, il n’a jamais assisté à un accouchement.

«Mais plusieurs femmes qui font le baccalauréat en pratique sage-femme n’ont jamais assisté à un accouchement non plus», plaide-t-il.

Le corps humain le fascine de plus en plus et il entreprend un cours en shiatsu, un type de massage énergétique.

«Mais la massothérapie ne pouvait totalement me combler», confie-t-il.

Louis Maltais est conscient qu’il aurait pu choisir n’importe quelle profession dans le domaine médical,

mais «j’ai beaucoup d’intérêt pour tout ce qui est médecines alternatives. C’est vraiment très scientifique, l’ostéopathie, l’acupuncture, l’herboristerie, la naturopathie. Il y a vraiment plusieurs branches et ça me branche beaucoup tout ça.»

Toutefois, le travail de sage-femme, «c’est l’accompagnement dans un événement qui se veut naturel».

Il ne s’agit pas ici de soigner une maladie, fait-il valoir, mais d’aider la vie à s’exprimer.

«C’est une grosse différence avec les autres professionnels de la santé», explique-t-il.

Mais le moment où il a compris que cette profession était vraiment faite pour lui, est survenu à l’occasion d’un congrès sur l’accouchement naturel organisé par des étudiantes sages-femmes auquel il a participé en tant que bénévole et auditeur.

«J’étais à ma place. C’était vraiment intéressant», dit-il.

Lorsqu’il a été accepté à l’UQTR pour mener ses études dans ce domaine, la nouvelle a fait beaucoup jaser sur les médias sociaux, raconte-t-il. C’est à ce moment-là qu’il a pris conscience qu’il y aurait sans doute des moments difficiles dans son parcours.

«J’ai vu passer plusieurs conversations vraiment intéressantes qui allaient dans toutes les directions, des femmes, des sages-femmes, des mamans. En une journée il y avait peut-être au-dessus de 100 commentaires», dit-il. Dans certains cas, ces commentaires lui ont fait dire: «Je n’avais pas vu ça comme ça» ou «je n’avais pas pensé à ça.»

«Ça m’a fait réfléchir, mais il n’y avait pas qu’une ou deux femmes ouvertes d’esprit. Il y avait une très grande ouverture, vraiment», dit-il.

Les qualités auxquelles s’attendent les femmes de la part d’une sage-femme, l’écoute, l’empathie, le respect et la douceur, revenaient souvent dans les propos. Ce sont des qualités que Louis Maltais croit posséder.

«Sinon, je n’aurais pas eu l’appel. Et c’est très contingenté pour entrer dans ce programme-là. Ça prend du talent et une personnalité. Le programme a des critères», dit-il.

Une réalisatrice, Martine Asselin, s’est donnée comme objectif de suivre le parcours de Louis Maltais pendant ses cinq années d’études afin d’inspirer d’autres personnes à suivre leurs rêves et à répondre à leur appel.

http://www.lapresse.ca