L’attaque de Christchurch : un message codé pour radicaliser les internautes


L’attaque de Christchurch, en Nouvelle-Zélande a été très bien planifiée. Le but est de semer le doute à un public visé pour les amener à se radicaliser. La vidéo postée en direct sur Facebook ressemblait à un jeu de tir en ligne. C’est pour cette raison que Facebook a mis plus de temps à éliminer la vidéo. En captant des jeunes sur les réseaux sociaux qui pourraient être radicalisés sont ensuite envoyer a à un manifeste de théories raciste et néonazies. Ce manifeste a deux buts, les premières pages manipule les journalistes pour être plus visible et choquer une bonne partie de la population et l’autre partie abordé les jeunes sur les réseaux sociaux pour les amener à leurs rangs. Il semble que ce soit la même tactique pendant l’attentat terroriste en Norvège, en 2011.
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L’attaque de Christchurch : un message codé pour radicaliser les internautes

 

Une foule est escortée par des policiers.

Des policiers escortent des témoins de la tuerie de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. Photo: Associated Press / Mark Baker

Jeff Yates

L’attaque de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, a fait 49 morts. Soigneusement mise en scène, elle s’inscrit dans un plan de communication issu des pires coins sombres du web.

Le but est de capter l’attention de la population en lui offrant un spectacle impossible à ignorer, puis pousser une partie de celle-ci à se radicaliser. L’attaque occupe en quelque sorte la même fonction que le mème dans la discussion en ligne : choquer, semer le doute, puis rediriger l’auditoire vers des espaces de radicalisation.

Ouvrez n’importe quel forum néonazi en ligne, et vous verrez des mèmes. Ce sont des images, souvent choquantes, parfois mêmes violentes, qui ont pour but de faire réagir. L’objectif est d’agir comme pôle d’attraction pour attirer les gens qui seraient mûrs à se radicaliser et leur offrir une porte d’entrée dans ce côté sombre du web.

La vaste majorité des gens qui voient ces mèmes les trouveront dégoutants et rejetteront le message qu’ils contiennent. Toutefois, ils ne sont pas l’auditoire visé. La cible est plutôt les internautes, pour la plupart des jeunes, qui se diront, « hmmmmm », et qui décideront d’aller voir plus loin. C’est à eux qu’on parle. Le mème en tant que tel n’est qu’une annonce publicitaire pour jeunes en voie de radicalisation.

« Si t’aimes ceci, fais tes recherches sur Google et YouTube. J’aurais d’autre matériel à te suggérer », en est le non-dit.

Ainsi débute la spirale de la radicalisation. D’une image grinçante à l’humour noir à l’endoctrinement néonazi en quelques clics.

L’attaque dans deux mosquées à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, était un mème. L’objectif était identique : provoquer des réactions violentes sur le web dans le but de trouver d’autres cibles à radicaliser.

Comme le faisait remarquer Charlie Warzel, du New York Times (Nouvelle fenêtre), l’attaque elle-même a été soigneusement mise en scène pour faire plaisir à un auditoire jeune et natif au web. Filmées à l’aide d’une caméra GoPro, les images ressemblaient en tous points à un jeu de tir en ligne. Le tueur allégué a diffusé son attaque en direct sur Facebook pour maximiser la viralité de son acte. La chanson qui jouait dans son auto alors qu’il se rendait au lieu du drame figure elle-même dans le lexique des mèmes de cette mouvance extrémiste. Il a même mentionné le nom d’un populaire YouTubeur avant de passer à l’acte.

Comme je l’ai dit, il connaissait son auditoire.

Puis il y a ce fameux manifeste publié sur le web par le tueur allégué, un brûlot de 73 pages contenant toutes sortes de théories racistes et néonazies. Le véritable objectif de la tuerie, c’était de capter l’attention de l’auditoire cible, puis de l’envoyer vers ce document. L’auteur présumé a même pris soin de publier des liens vers ce manifeste dans une publication sur le forum 8chan, où il invitait les autres utilisateurs à suivre sur Facebook l’attaque qui allait survenir. Tout cela a été soigneusement calculé.

Le manifeste lui-même occupe deux fonctions : manipuler les journalistes pour qu’ils lui donnent de la visibilité, puis radicaliser les jeunes qui s’y intéresseront.

La première section d’une vingtaine de pages, écrite sous forme d’auto-interview, vise directement les journalistes. Bourrée de propos incendiaires, choquants et contradictoires, elle est taillée sur mesure pour que les médias en reprennent des passages pour tenter d’expliquer les motivations du tueur. L’auteur mentionne par exemple des personnalités de la droite américaine et le droit du port d’armes aux États-Unis. Le but est que les journalistes reprennent sans broncher ces affirmations, enrageant une bonne partie de la population qui décrie le supposé parti pris des médias. Là, encore, c’est mission accomplie.

L’auteur sait très bien que les journalistes, sous pression et n’ayant pas le temps d’aller plus loin alors que la nouvelle éclate, n’iront pas scruter le reste du document. S’ensuit donc un message de 50 pages adressé à son véritable auditoire. Cette portion du manifeste est ouvertement un appel à la violence et au terrorisme. Il nomme directement des personnes à assassiner et des organisations à attaquer. On a vu ce genre de tactique pendant l’attentat terroriste en Norvège, en 2011. Le tueur avait publié un manifeste, devenu un texte vénéré dans certains cercles radicaux.

L’essentiel de ce manifeste m’est personnellement très familier. Dans le cadre d’enquêtes, j’ai dû parcourir les forums néonazis et extrémistes sur le web. Les arguments avancés dans ce texte sont repris presque mot pour mot dans des publications que les néonazis se partagent pour tenter de séduire et de radicaliser d’autres jeunes. Ils parfont leurs arguments, puis s’invitent à aller les publier dans les sections de commentaires des médias, ou à les diffuser sur les réseaux sociaux.

Le but est de graduellement semer le doute chez un lectorat pas encore radicalisé. Les radicalisateurs adoptent un ton calme, d’apparence rationnel.

« Nous ne faisons que poser des questions », arguent-ils en public.

Ils veulent qu’une partie de l’auditoire se mette à se poser les mêmes questions, puis qu’elle parte sur le web à la recherche de réponses à ces questions. Trop souvent, ces réponses se retrouvent, elles aussi, sur ces mêmes forums de radicalisation.

Le tueur allégué semble une créature née sur le web. Il en connaît les rouages. Il sait comment l’information circule, comment il est facile de manipuler les médias pour qu’ils étalent sa propagande. C’est une stratégie de communication bien connue d’une certaine mouvance extrémiste dans les racoins sombres du web.

Malheureusement, ça continue de fonctionner.

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Faut-il s’inquiéter de la montée de l’extrême droite au Québec?


Quand on parle de radicalisation, on pense surtout aux groupes religieux qui font des morts, des attentats un peu partout dans le monde, sauf que, la radicalisation est aussi dans des groupes d’extrême droite comme nous avons vu aux États-Unis. Au Québec, ils sont moins bien organisé, mais si on essaie d’éliminer la radicalisation religieuse, il serait juste de porter une attention aussi pour les autres formes de radicalisation
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Faut-il s’inquiéter de la montée de l’extrême droite au Québec?

 

Tract de la Meute où il est écrit: Non à toutes sortes d'acomodements religieux. Ici c'est la laïcité, sans compromis!

Le groupe la Meute a distribué des tracts dans quelques stationnements de commerces à Rimouski à la fin juin. Photo : Radio-Canada/Julie Tremblay

Le mouvement d’extrême droite gagne le Québec et des groupes se mobilisent devant l’arrivée de demandeurs d’asile. Des affiches anti-immigration avec le mot-clic #remigration ont fait leur apparition à Québec. Des militants antiracistes se rassembleront mercredi à 16 h devant le consulat des États-Unis à Québec pour dénoncer cette montée. Faut-il aussi s’en alarmer?

Dans les années 1990, on pouvait parler d’un phénomène marginal, même s’il y avait beaucoup de groupuscules haineux, mais là, ce qu’on voit est « une espèce d’attraction » pour ce discours et ces groupes, notamment en région, souligne Maryse Potvin, professeure et sociologue spécialiste du racisme et de l’extrême droite à l’UQAM.

Ce qui inquiète Mme Potvin, c’est ce « rassemblement des forces d’extrême droite ». Elle estime que le phénomène est favorisé par les réseaux sociaux, « où il est facile de former des communautés virtuelles ».

Il y a beaucoup de citoyens ordinaires qui, au nom des valeurs communes ou l’identité québécoise par exemple, pensent que c’est tout à fait légitime de s’attaquer à des réfugiés ou des personnes issues de l’immigration.

Maryse Potvin, professeure et sociologue spécialiste du racisme et de l’extrême droite, UQAM

Mme Potvin situe le problème dans la volonté de ces groupes de se rassembler autour d’un discours politique qui peut donner lieu à une plateforme, comme un parti organisé.

Une importance à relativiser

Le directeur du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux et la radicalisation au collège Édouard-Montpetit, Martin Geoffroy, nuance l’importance de ces groupes d’extrême droite au Québec.

Ils [les groupes d’extrême droite] s’expriment très librement sur Internet, mais ils sont beaucoup moins bien implantés, organisés, armés et radicaux ici qu’aux États-Unis. Martin Geoffroy

M. Geoffroy explique que le nombre de sympathisants est incontestablement en hausse. Il cite l’exemple de la Meute, un groupe à la cherche d’une légitimité sociale et politique, qui compte 1000 abonnés de plus sur sa page Facebook depuis le mois de mars.

« Ce sont des gens qui ne sont pas satisfaits de la société actuelle, mais qui ne cherchent pas nécessairement à renverser le système », dit-il.

 Par contre, le groupe Atalante, qui est derrière les banderoles affichant le néologisme remigration apparues dans la Capitale nationale, demeure marginal.

Une affiche « #remigration » à côté de la fontaine de Tourny

Une affiche à côté de la fontaine de Tourny Photo : Facebook d’Atalante Québec

Le chroniqueur et historien Jean-François Nadeau rappelle que la nébuleuse d’extrême droite existe depuis toujours au Canada.

Plutôt que de s’en étonner, il faut se demander ce que ça traduit comme malaise. Les gens se sentent désolidarisés de l’univers social dans lequel ils sont et se cherchent des boucs émissaires. Jean-François Nadeau, chroniqueur et historien

« Plus on marginalise ces groupes-là, plus ils se radicalisent », fait remarquer la sociologue Maryse Potvin. Selon elle, il faut trouver les moyens de les désamorcer, « en tenant compte des peurs et du sentiment de victimisation qu’on trouve notamment chez les gens en région, qui se sentent, pour certains, laissés pour compte ».

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Soupçonné de radicalisation à quatre ans à cause… d’un dessin


À 4 ans, soupçonné de radicalisation à cause d’un dessin, sans penser d’expliquer ce qu’il voulait représenter, c’est vraiment vivre dans une forme de psychose. Il semble que ce n’est pas le premier cas, que ce soit par un dessin ou une mauvaise prononciation …
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Soupçonné de radicalisation à quatre ans à cause… d’un dessin

 

 

 Soupçonné de radicalisation à 4 ans à cause d'un dessin

Soupçonné de radicalisation à 4 ans à cause d’un dessin / Photo d’illustration

Photo: AFP

PSYCHOSE Un jeune Britannique âgé de quatre ans a été soupçonné de radicalisation suite à un dessin. Il avait représenté son père en train de découper un concombre, le personnel de la crèche y a vu un homme manipulant une bombe.

C’est un dessin qui aurait pu coûter très cher à ce Britannique de 4 ans. Le jeune garçon a failli être signalé pour radicalisation par le personnel de sa crèche. En cause, un dessin, mal interprété par les employés, rapporte sa mère à la BBC. Le garçon a eu la mauvaise idée de faire un dessin où il représente son père en train de découper un concombre.

Manque de chance pour le jeune artiste, l’équipe de la crèche a cru que le légume dessiné était une bombe. Au cœur de la méprise également, une maladresse de langage de la part du petit. Filmé par le Guardian, il raconte avoir dessiné « a cucker bum », un mot proche de « cucumber » mais également de « cooker bomb ».

D’autres cas similaires

Suite au dessin, la mère a été prévenue que son enfant risquait de « lui être retiré », et qu’elle devait prouver son innocence.

« Une affaire incroyablement énervante », a-t-elle réagi.

Les Britanniques sont très à cheval sur la surveillance de la radicalisation, même chez les plus petits.

En décembre dernier, un garçon de 10 ans avait reçu la visite des autorités à cause d’une simple maladresse de vocabulaire. A l’école, il avait écrit vivre dans une « maison terroriste » (terrorist house) au lieu d’une maison de ville (terraced house), rapporte Slate. Un terme qui avait inquiété les enseignants. Conséquence, le lendemain, la police avait débarqué chez le jeune garçon pour l’interroger et fouiller l’ordinateur familial. Choqués, les parents du jeune garçon avaient demandé des excuses à la police.

L’écoterrorisme, mot interdit

Autre cas, toujours outre-Manche, celui d’un collégien, qui a évoqué en cours de français, l’écoterrorisme. Une semaine après, il était interrogé par les autorités sur d’éventuels liens avec le groupe Etat islamique.

Des dénonciations qui répondent à une loi de 2015, qui demande au personnel de plusieurs institutions britanniques, dont l’école, d’alerter la police lorsqu’un de leurs élèves est soupçonné d’être en voie de radicalisation. Et qui ne sont pas sans rappeler l’accumulation de poursuites pour apologie du terrorisme constatées en France dans la foulée des attentats du mois de janvier 2015.

http://www.metronews.fr/

Dans la tête des terroristes Des chercheurs se sont intéressés à la psychologie des terroristes et déboulonnent des mythes


Aucune personne sensée qu’elle soit croyante ou non est en accord avec le terrorisme et les attentats. Alors qui sont ces terrorismes qu’on appelle des islamistes ? Accusé a qui mieux-mieux, on finit par créer un gouffre d’intolérance avec un groupe ciblé, alors qu’ils n’ont pourtant rien à voir avec ces actes. Bref, le terrorisme est comme une maladie, pour l’affronter, il faut en connaitre le mécanisme, la cause, pour espérer un traitement adéquat ainsi que faire de la prévention
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Dans la tête des terroristes : Des chercheurs se sont intéressés à la psychologie des terroristes et déboulonnent des mythes

Isabelle Maher

Comment se fabrique un terroriste? Que se passe-t-il dans la tête de ces gens qui se radicalisent? Des chercheurs qui ont interrogé des milliers de djihadistes à travers le monde affirment que pour arriver à les neutraliser, il faut d’abord comprendre ce qui les motive.

Ils étaient fiers d’enfiler une ceinture bourrée d’explosifs. Une simple pression du doigt et ils se faisaient sauter dans un lieu public. Ils se croyaient à un bouton du «paradis», d’une mort héroïque.

Heureusement, certains terroristes ratent leur coup. Mieux encore, ils se confient à des chercheurs. Grâce à ces entretiens, les scientifiques ont pu tirer de précieuses informations sur les djihadistes.

Jocelyn Bélanger est un de ces chercheurs. Le psychologue spécialiste des processus de radicalisation a travaillé avec des scientifiques établis aux États-Unis, au Maroc, en Espagne, aux Philippines, en Palestine et au Sri Lanka.

Le professeur au département de psychologie de l’UQAM a colligé et analysé des tonnes de données recueillies auprès de 11 000 terroristes. Des person­nes qui ont entrepris un processus de déradicalisation. Certaines rencontres ont eu lieu dans des prisons du Sri Lanka. Un véritable voyage dans le cœur et la tête des radicaux, résume-t-il.

Retrouver leur dignité

«Ces gens se sentent humiliés, rejetés, ostracisés. Ils rejoignent les groupes radicaux pour retrouver rapidement une image positive d’eux, un certain statut et un prestige», décrit Jocelyn Bélanger.

Le chercheur est convaincu que les Martin Ahmad Rouleau, Michael Zehaf Bibeau et autres jeunes radicaux de ce monde ont tous un point en commun: un fort sentiment d’impuissance et de perte de contrôle sur leur vie.

«Ce sentiment fait mal, très mal. En neuroscience, on sait que la douleur déclenchée par le rejet social active les mêmes régions du cerveau que la douleur physique. Ces gens souffrent terriblement d’une perte de sens personnel», explique le psychologue, qui s’appuie sur des travaux publiés dans la prestigieuse revue Science.

Effet instantané

Le premier signe de la radicalisation est une forte intolérance à l’opinion des autres, car leur esprit devient rigide, poursuit le chercheur.

«Comme le but des jeunes radicaux est de trouver un sens et qu’ils cherchent un moyen rapide d’y arriver, ils vont rejoindre une organisation radicale qui va répondre à ce besoin. Pour eux, c’est plus rapide que de faire du bénévolat ou d’entreprendre une thérapie», observe-t-il.

Le problème auquel on fait face présentement, c’est que les organisations terroristes permettent d’assouvir instantanément et efficacement cette quête de sens, affirme Jocelyn Bélanger.

Les personnes radicalisées sont rarement des idéologues, ce sont des chercheurs de sens, il ne faut pas l’oublier, conclut-il.

7 idées fausses sur les personnes qui se radicalisent

Croire que ce sont des « fous »

« Dans de très nombreux cas, la maladie mentale n’est pas présente. Les organisations terroristes ne sont pas intéressées à recruter des fous parmi eux, ils veulent de bons soldats qui obéissent. »

Croire que ce sont des intégristes religieux

« Souvent ils connaissent même très mal leur religion. En discutant avec un imam, ils se font dire que leurs croyances religieu­ses radicales n’ont rien à voir avec le Coran. Aucune théorie religieuse ne justifie la violence terroriste. »

Ce sont des immigrants provenant des pays du Maghreb

« L’immigration a peu à voir avec la radicalisation. Des attentats sont commis par des gens nés ici, on l’a vu avec Martin Rouleau ou Michael Bibeau. »

Les jeunes radicaux ont un profil type

« Ils viennent de toutes les couches de la société et n’entrent dans aucun moule. Bref, n’importe qui peut se radicaliser. »

On doit les traiter comme des criminels

« Ces gens sont déjà socia­lement marginalisés et humiliés. Il faut les aborder comme des humains si on veut qu’ils agissent comme des humains. »

Croire qu’ils sont irrécupérables

« Des recherches ont montré que même des terroristes hardcore ont été récupérés. »

Démoniser les radicaux

« On démonise ce qu’on ne comprend pas. Évidem­ment, ceux qui commettent des crimes doivent être punis. Mais il faut aussi comprendre pour mieux agir. » -Jocelyn Bélanger, spécialiste en processus de radicalisation et professeur au département de psychologie de l’UQAM.

À quand un programme de déradicalisation chez nous ?

«Le Canada est en retard et il doit se doter d’un programme de déradicalisation, c’est la clé du succès», affirme Jocelyn Bélanger, qui s’interroge sur l’absence de mesures chez nous pour réhabiliter les jeunes radi­caux.

Le professeur au département de psychologie de l’UQAM a fait partie d’un groupe de chercheurs financé par le Département de la défense américaine pour comprendre les processus de radicalisation et de déradicalisation sur plusieurs années et dans plusieurs pays.

Selon lui, les programmes de déradicalisation présents aux États-Unis, au Royaume-Uni, dans certains pays du Moyen-Orient et de l’Asie représentent une stratégie très efficace de lutte contre le terrorisme.

Ces programmes, dont l’approche consiste à traiter les jeunes radicaux comme des «bénéficiaires» et non comme des «criminels», obtiennent des taux de récidive variant entre 0 % et 10 % dans des pays comme l’Arabie saoudite, l’Irak et le Sri Lanka, affirme le chercheur.

Ces formations offrent aussi aux jeunes djihadistes la possibilité d’apprendre un nouveau métier qui leur permettra de redevenir des membres actifs dans la société.

«Quelqu’un qui a un emploi valorisant sera moins tenté d’accepter de se faire payer entre 20 $ et 100 $ pour faire exploser un convoi en Irak», plaide le chercheur.

Rien dans les cartons

Il y a actuellement 90 Canadiens radicalisés sous surveillance de la GRC, mais aucun programme de déradicalisation dans les cartons du service de police national.

«Ces individus radicalisés sont rencontrés, on a des gens formés pour parler avec eux, mais pas de programme appelé «déradicalisation», explique le sergent Luc Thibault. On offre aussi une formation de trois jours pour ceux qui interviennent auprès de cette clientèle», ajoute le porte-parole de la GRC à Montréal.

Le 8 décembre dernier, Jocelyn Bélanger s’est présenté devant le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense pour expliquer le point de vue de la science sur le terrorisme et demander un programme de déradicalisation au Canada.

«Si notre objectif est la paix, il faut se donner les outils pour y arriver et trouver un moyen d’intégrer ces gens dans la société», plaide-t-il.

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