Le 3 novembre 2013 l’Est américain, seules des phases partielles de cette éclipse seront visibles dans le sud de l’Europe (Espagne, sud de l’Italie et Grèce) et sur quasiment l’ensemble du continent africain. La science sait maintenant ce qu’est une éclipse, mais il fut un temps que ces phénomènes provoquer de grandes peurs chez les peuples
Nuage
Pourquoi les Incas avaient-ils peur des éclipses ?
Le dimanche 3 novembre, une éclipse solaire hybride est attendue par les astronomes. Un événement banal de nos jours, terrifiant pour nos ancêtres. Saviez-vous que les Incas pensaient que le Soleil allait se faire dévorer par un monstre céleste ?
Qu’elle soit totale ou partielle, l’éclipse n’effraie plus personne (ou presque) en 2013. Le dimanche 3 novembre, une éclipse solaire hybride est annoncée par les astronomes. Le fait d’être capable de prévoir et de comprendre un tel événement est une révolution. Il y a cinq siècles, les Incas – ignorant tout du fonctionnement de l’Univers – pensaient qu’un puma était en train de dévorer le Soleil lorsque la Lune le cachait. Et ils n’étaient pas les seuls à s’imaginer toutes sortes de scénario rocambolesques. Retour sur les croyances passées autour de l’éclipse.
L’éclipse vue par les Incas : un puma dévorant le Soleil
Si aujourd’hui les scientifiques sont capables de fournir une explication rationnelle à la formation d’une éclipse, à une certaine époque, l’être humain redoutait de voir le Soleil disparaître à jamais.
La civilisation inca (XIIIe—XVIe siècle) voue un véritable culte au Soleil. Pour elle, une éclipse du Soleil est synonyme d’apocalypse. Selon la croyance populaire, elle est la conséquence de la mort d’Int, le dieu du Soleil, dévoré par un puma. Dans la civilisation inca, le félin est le symbole des êtres surnaturels. Certains pensent qu’il est aussi à l’origine des orages : son rugissement est le tonnerre, les éclairs le reflet de ses yeux. Une éclipse solaire serait ainsi un combat entre le Ciel et la Terre. Pour effrayer l’animal, les Incas sortent dehors, prient, crient, et font un maximum de brouhaha.
Si le Soleil tient une place centrale dans la civilisation inca, la Lune aussi est vénérée.Alors quand l’astre disparait, la panique s’empare du peuple. D’après la légende, les éclipses de Lune surviennent lorsque l’astre se laisse emporter par un sommeil trop profond et dévie de son chemin habituel. Conséquence : il risque de se perdre, pire, de tomber sur la Terre et d’écraser ses habitants ou d’être dévoré par un monstre. Pour réveiller la Lune, les Incas se mettent à faire le plus de bruit possible en jouant de toutes sortes d’instruments, en fouettant les chiens et en battant les enfants. Autre hypothèse : ces cris de chiens et d’enfants sont provoqués par les Incas pour toucher en plein cœur la Lune et ainsi la tirer de son sommeil.
À la fin de l’éclipse, le peuple loue le dieu Pachacamac, soutien de l’univers, pour avoir participé à la survie de l’espèce humaine.
VIDÉO – Dans Le Temple du Soleil, Tintin se sert d’une éclipse pour effrayer les Incas :
© DR – YouTube
Les Incas n’étaient pas les seuls à redouter les éclipses
Chez les Mayas : l’interprétation est à peu près la même que celles des Incas. Seule différence : le mangeur de soleil est un jaguar. Quant aux éclipses de Lune, ce serait le Soleil le glouton.
Dans l’Égypte antique : derrière l’éclipse solaire se cache le serpent Apophis, qui tente d’attaquer Râ, le dieu du Soleil. De par sa puissance, Apophis essaie de faire chavirer la barque solaire qui traverse le ciel et ainsi créer le chaos : la fin de l’univers.
Dans la Grèce antique : certains racontent à l’époque qu’une éclipse se produit lorsqu’Artémis, déesse associée à la Lune, rend visite à Endymion. D’autres pensent que ce sont des magiciennes malveillantes qui tentent d’attirer la Lune sur la Terre.
Dans la Chine antique : c’est la faute de l’Empereur. Considéré comme le fils des cieux, il doit s’assurer que Terre et Ciel s’entendent bien. Pour le peuple, une éclipse est le résultat d’un mauvais gouvernement.
En Inde : selon la légende, il s’agit d’une vengeance du démon Rahû. Le dieu Soleil et la déesse Lune l’ont empêché de boire un élixir d’immortalité. La tête de Rahû a été tranchée puis jetée dans l’espace mais comme l’anti-dieux a réussi à boire quelques gouttes de la potion, il rôderait encore au-dessus de nos têtes. Avec un seul objectif : dévorer le Soleil et la Lune en guise de vengeance. Une éclipse serait le signe que Rahû est parvenu à ses fins mais, sa tête étant séparée de son corps, il ne pourrait digérer les astres et les recracherait au bout de quelques minutes.
En Afrique : d’après la tradition populaire, les Mandingues (peuple d’Afrique de l’Ouest) pensent qu’un chat interpose sa patte entre la Lune et la Terre. Pendant toute la durée de l’éclipse, ils chantent et dansent sans s’arrêter.
MAIS, AU FAIT, C’EST QUOI UNE ÉCLIPSE ?
Il existe deux types d’éclipse :
– l’éclipse solaire, qui a lieu lorsque la Lune se retrouve entre le Soleil et la Terre. Elle ne peut se produire qu’au cours d’une nouvelle Lune. Une partie de la Terre est alors plongée dans la pénombre.
– l’éclipse lunaire, qui se produit lorsque la Terre se retrouve entre le Soleil et la Lune, ce qui ne peut arriver que pendant une pleine Lune. L’astre se trouve alors dans l’ombre de la Terre.
> De la Terre, une éclipse correspond à l’alignement des trois astres (Terre, Soleil et Lune).
Lorsque la lumière de l’astre est complètement cachée, les astronomes parlent d’éclipse totale. Sinon, il s’agit d’une éclipse partielle.
Deux autres sortes d’éclipses ont été identifiées par les astronomes :
– l’éclipse annulaire a lieu quand la Lune et le Soleil sont parfaitement alignés avec la Terre, mais que la taille visible de la Lune est inférieure à celle du Soleil. De la Terre, la Lune semble entourée d’un halo de lumière.
– l’éclipse hybride se situe entre l’éclipse totale et l’éclipse annulaire. Il s’agit d’une transition entre les deux phénomènes. Ce type d’éclipse est très rare. La dernière a eu lieu en avril 2005.
Grâce au progrès de la science, l’être humain a pu éloigner au fil des siècles quelques-unes de ses peurs irrationnelles… comme la crainte que le ciel ne lui tombe sur la tête.
Par Cécile David