Disons qu’au premier abord, c’est une idée saugrenue, cependant avec toute les dernières découvertes sur le microbiote intestinal, cette exposition qui sera prête seulement en 2021 dans la ville de Québec promet d’être intéressante.
Nuage
Une exposition tout entière consacrée au « caca » à Québec
L’exposition, qui sera présentée du 17 juin 2021 au 5 septembre 2022, s’intitule provisoirement M comme caca.
PHOTO : ISTOCK
Hadi Hassin
Aussi inusité que cela puisse paraître, le Musée de la civilisation de Québec se prépare à consacrer une exposition d’envergure sous le thème des excréments.
L’exposition, qui sera présentée du 17 juin 2021 au 5 septembre 2022, s’intitule provisoirement M comme caca.
La direction du musée souhaite en faire une attraction à vocation internationale et permettre ainsi à celle-ci de voyager aux quatre coins du monde.
Un appel d’offres a d’ailleurs été affiché plus tôt ce mois-ci sur le système électronique du gouvernement du Québec en lien avec l’une des zones de l’exposition.
Le Musée de la civilisation voudrait notamment réaliser une oeuvre dite « installative » qui sera intégrée dans le parcours de l’exposition. Une zone en soi, à la fois artistique, immersive (et) interactive
, peut-on lire dans un appel d’offres publié le 20 décembre.
Les objectifs de l’exposition sont établis, confirme la porte-parole du musée Agnès Dufour, mais il demeure trop tôt pour en étaler tous les détails.
On est rendu à 30-40 % de (la conception de) l’exposition, explique-t-elle. On sait qu’on va l’aborder par l’histoire, l’art et la science.
Briser les tabous
Le Musée de la civilisation de Québec aspire par-dessus tout à transformer le regard des visiteurs sur le caca, tout en les sortant de leur zone de confort, afin qu’ils ne voient plus les excréments comme un déchet, mais bien une ressource.
Si le thème des excréments est encore trop peu abordé artistiquement, c’est en raison des notions de tabou et de dégoût qui l’entourent. Voilà pourquoi on maximisera les contenus sociétaux au détriment de ceux plus anatomiques ou biologiques.
Enjeu d’hygiène planétaire, poison mortel, fuel, source d’énergie écologique, espoir de guérison, le caca est la ressource inépuisable la plus sous-estimée du monde. Extrait de l’appel d’offres
Il sera entre autres question de l’histoire sociétale des excréments, du traitement des déchets et son impact sur l’environnement puis des découvertes scientifiques liées au microbiote intestinal.
Le musée a par ailleurs fait appel à la scénographe Jeanne Poulin afin de faire de l’exposition une oeuvre dans laquelle on pénètre littéralement. L’objectif ici est provoquer un crescendo émotif chez les visiteurs.
Même si l’exposition s’adressera au grand public, la tranche d’âge 18-45 ans est privilégiée.
On va probablement s’adresser aux enfants avec des ateliers ou des activités culturelles sous un angle plus abordable et plus familier. Agnès Dufour, porte-parole du Musée de la civilisation de Québec
Un emoji d’excrément
PHOTO : CATHERINE CONTANT
L’émoji caca n’est-il pas celui qui génère le plus de produits dérivés aujourd’hui?s’interroge le musée dans son appel d’offres.
Les excréments au musée en quelques faits insolites :
- Au zoo de Prague, il n’y a pas que les animaux qui fascinent les visiteurs. Les excréments de ces bêtes y connaissent un certain succès. En y faisant un petit tour, vous découvrirez des échantillons de toutes formes, origines et couleurs. Des excréments moulés d’animaux disparus sont également exposés.
- Au début des années 2000, l’artiste belge de renommée mondiale Wim Delvoye dévoile une machine-sculpture qui reproduit de A à Z le système digestif humain. L’oeuvre intitulée Cloaca a été exposée à la Galerie de l’UQAM en 2009, d’où plus de 4000 curieux l’ont visitée. Nourrissez-la et vous en récolterez les fruits.
- Détrompez-vous, la fascination pour les excréments ne date pas d’hier. En 1965, Pablo Picasso peint son tableau La pisseuse, sur laquelle une figure, accroupie, évacue son urine dans un décor naturel. Plus tôt, en 1631, c’est le hollandais Rembrandt qui réalise son oeuvre La Femme qui pisse.
Avec la collaboration de Mathias Marchal