Une nouvelle espèce exotique envahissante menace nos lacs


Une autre espèce exotique évasive semble aimer nos cours d’eau. Ces puces a été identifiées vers les années 80 et continus à envahir le territoire Il est impossible de s’en débarrasser, mais l’être humain avec certaines précautions peut diminuer la vitesse de sa prolifération
Nuage

 

Une nouvelle espèce exotique envahissante menace nos lacs

 

Le cladocère épineux ou Bythotrephes longimanus

Le cladocère épineux ou Bythotrephes longimanus Photo :  Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs

Un texte de Chantal Srivastava

Une minuscule puce d’eau venue de loin est dorénavant parmi nous. Même si elle fait moins d’un centimètre, cette espèce exotique envahissante menace l’équilibre de nos lacs et cours d’eau. Son nom : le cladocère épineux ou Bythotrephes longimanus.

La photo ci-dessus a été prise en août 2015 par une équipe du ministère québécois des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). Il s’agit d’un des deux premiers spécimens observés au Québec au cours d’une campagne d’échantillonnage dans le Haut-Richelieu. Et ce n’est qu’une question de temps avant que le cladocère épineux ne bouleverse nos cours d’eau.

Tout comme la moule zébrée, le cladocère épineux a voyagé jusqu’ici dans les eaux de ballast des navires. Il est originaire du bassin ponto-caspien d’Asie centrale, qui englobe la mer Noire, la mer d’Azov et la mer Caspienne. Là-bas, il ne pose aucun problème, mais ici c’est une tout autre histoire.

Il a tout d’abord contaminé les Grands Lacs au début des années 80. Et depuis, il prolifère. Aujourd’hui, le cladocère épineux est présent dans une centaine de lacs ontariens. Les biologistes du ministère s’attendaient d’ailleurs à ce qu’il arrive au Québec par l’Abitibi ou l’Outaouais. Il est plutôt remonté vers le nord en empruntant le lac Champlain.

Nos cours d’eau menacés

L’arrivée du cladocère épineux perturbe profondément l’écosystème. Très vorace, la bête consomme le zooplancton dont se nourrissent normalement les poissons.

« Ils vident le garde-manger des poissons », constate la biologiste Isabelle Desjardins, responsable des espèces animales exotiques envahissantes au MFFP.

« Le problème, c’est que leur queue épineuse rebute les jeunes poissons, qui n’ont alors plus rien à manger », se désole-t-elle.

Depuis l’arrivée du cladocère épineux dans les Grands Lacs, les scientifiques ont noté des changements dans la faune aquatique, observe la biologiste Beatrix Beisner, professeure au Département des sciences biologiques à l’UQAM et directrice du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie et en environnement aquatique (GRIL).

« Les autres organismes n’arrivent pas à s’adapter. Et c’est sans compter les effets écotoxicologiques. Non seulement les cladocères épineux bouleversent-ils la chaîne alimentaire, mais ce faisant, ils concentrent les toxines de telle sorte que les poissons risquent d’être davantage contaminés. » — Beatrix Beisner, biologiste

Le cladocère épineux

Le cladocère épineux Photo :  Pêches et Océans Canada/Laurie Wesson

Les pêcheurs sont ainsi doublement pénalisés, car les cladocères épineux ont également tendance à s’agglutiner sur les lignes de pêche, ce qui entrave leur bon fonctionnement.

Malheureusement, il est impossible d’éliminer le cladocère épineux une fois qu’il s’est installé. La seule solution, c’est d’empêcher sa prolifération par les humains. Les embarcations et les équipements de pêche sont des vecteurs potentiels. L’inspection et le nettoyage sont des étapes essentielles pour ceux qui fréquentent plusieurs cours d’eau.

Plusieurs options sont possibles : le lavage à l’eau chaude à 55 degrés Celsius, le lavage à pression ou le séchage au soleil durant cinq jours. Et il ne faut pas oublier d’inspecter et de laver aussi les animaux de compagnie.

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