Un groupe dénonce la publicité alimentaire ciblant les enfants


Il y a 40 ans des lois ont été faite pour protéger les enfants d’être la cible de la publicité à la télévision, mais on constate que cette loi est contournée dans les emballages, les vitrines, étalages et promotions. 90 % d’entre eux sont des aliments ultra-transformé en sucre, sel ou gras. En plus, il est démontré que le marketing alimentaire serait une des causes à l’obésité
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Un groupe dénonce la publicité alimentaire ciblant les enfants

PHOTO AP

La Coalition Poids a recensé 469 emballages de produits alimentaires ciblant les enfants dans différents commerces.

Les entreprises alimentaires se servent des exceptions de la loi pour cibler les enfants québécois avec leurs publicités de collations, de boissons sucrées et de céréales, déplore la Coalition québécoise sur la problématique du poids qui redoute les effets négatifs sur leur santé.

STÉPHANIE MARIN
LA PRESSE CANADIENNE

Sur une période de six mois, elle a recensé 469 emballages de produits alimentaires ciblant les enfants dans différents commerces et note que 90 % d’entre eux sont des aliments ultra-transformés riches en sucre, en sel ou en gras.

La Coalition a dévoilé lundi une analyse qui constitue, selon elle, un « portrait de la publicité alimentaire aux enfants ».

Elle affirme qu’il s’agit d’un premier état de situation depuis l’adoption au Québec, il y a 40 ans, des articles 248 et 249 de la Loi sur la protection du consommateur qui interdisent la publicité commerciale ciblant les enfants de moins de 13 ans, notamment les annonces à la télé et sur le web.

Malgré cette interdiction, elle a constaté que les entreprises se servent d’autres moyens pour arriver à leurs fins comme les vitrines, les étalages et les emballages pour faire la promotion de leurs produits, car ils bénéficient d’exceptions prévues dans la loi.

Les trois catégories d’aliments les plus visés par la publicité aux enfants sont des aliments du quotidien : les collations, les céréales et les produits laitiers.

Les commerces de détail alimentaires comme les supermarchés regorgent de publicités pour les enfants, soutient l’organisme. Entre octobre et avril — et en excluant les gommes, les chocolats et les bonbons — la Coalition Poids dit avoir recensé 469 emballages de produits alimentaires ciblant les enfants. Plus de la moitié des emballages affichent un personnage populaire auprès des bambins comme la Pat’Patrouille, les Minions ou autres personnages d’Avengers ou de Disney pour les rendre attirants auprès de leur jeune clientèle.

« Il devient difficile pour les parents de faire l’épicerie avec les enfants sans qu’ils soient constamment bombardés de publicités les ciblant, attirant ainsi leurs demandes répétées pour obtenir des produits qu’autrement ils n’auraient pas demandés », souligne Corinne Voyer, directrice de la Coalition Poids.

Et puis, dans la très grande majorité des cas, il s’agit d’aliments ultra-transformés.

« On est pas du tout dans la valorisation d’aliments sains », a commenté en entrevue Mme Voyer.

Il est très bien documenté que la publicité aux enfants va influencer leurs habitudes alimentaires, qu’ils risquent de traîner toute leur vie, explique Mme Voyer.

« On est face à une épidémie d’obésité, même chez les enfants. Il y a plusieurs travaux notamment de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) qui démontrent que le marketing alimentaire a un rôle à jouer dans la crise d’obésité qu’on connaît ».

Quant à la restauration rapide et aux restaurants familiaux, les entreprises font de nombreuses offres de jouets avec le repas pour enfants. Très souvent, ils sont associés à des films, des émissions ou des séries de jouets populaires pour enfants, a relevé la Coalition. Mme Voyer souligne avoir vu des publicités destinées aux enfants lors d’activités familiales, comme les fêtes hivernales.

Les enfants sont vulnérables face à la publicité qui les cible, car ils sont incapables de reconnaître les intentions commerciales du marketing. En effet, ils ne comprennent la vraie nature de la publicité qu’au début de l’adolescence, soit vers 11-12 ans, peut-on lire dans le rapport.

La Coalition souhaite qu’Ottawa adopte une loi pour encadrer encore plus la publicité destinée aux enfants.

La Coalition Poids réunit les appuis de plus de 550 partenaires issus du monde scolaire, municipal, de la santé, de la recherche, de l’environnement, de la nutrition et de l’activité physique.

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Les jeunes trop exposés aux publicités mettant en vedette la malbouffe


C’est fou toute la publicité que nous avons partout sur la malbouffe, les enfants et adolescents sont spécialement visés et font beaucoup de tort sur leur santé. Bien sûr, ce sont les parents qui font l’épicerie, mais avec autant de publicité, il est difficile de faire la part des choses
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Les jeunes trop exposés aux publicités mettant en vedette la malbouffe

 

De la malbouffe

De la malbouffe Photo : iStock

 

La Fondation des maladies du cœur et de l’AVC (Cœur + AVC) sonne l’alarme parce que les enfants sont de plus en plus exposés à de la publicité pour des produits mauvais pour la santé.

Selon Cœur + AVC, le nombre d’enfants canadiens souffrant d’obésité a triplé depuis 1979. L’organisation estime qu’un enfant sur trois est en surpoids ou obèse.

Leurs habitudes alimentaires sont particulièrement préoccupantes, ajoute l’organisation, qui avance que le quart des jeunes de 5 à 19 ans consomme des boissons sucrées chaque jour et que moins de la moitié consomme au moins cinq portions (le minimum recommandé) de légumes et de fruits quotidiennement.

Cœur + AVC, rappelant que l’obésité peut augmenter les risques de souffrir de problèmes cardiaques ou du diabète, considère que cette tendance est attribuable au marketing intensif de l’industrie alimentaire qui met de plus en plus de l’avant des produits mauvais pour la santé.

Une exposition en continu

Signe que les temps changent, la publicité alimentaire destinée aux enfants, déjà très présente dans les rayons de magasins et à la télévision, réussit maintenant à joindre ce même public en ligne, sur les sites web, sur les réseaux sociaux et dans les applications mobiles.

La Dre Monique Potvin Kent, qui étudie les effets du marketing sur l’alimentation des enfants, surveille le phénomène de près et s’inquiète de la portée des publicités mettant en vedette de la nourriture et, plus particulièrement, de la malbouffe sur le web.

Elle a passé un an à évaluer le volume de ces publicités ainsi que la qualité nutritionnelle des aliments mis en valeur sur les 10 sites Internet les plus fréquentés par les enfants (âgés de 2 à 11 ans) et les adolescents (âgés de 12 à 17 ans).

Selon ses observations, au cours d’une année, les enfants sont exposés à plus de 25 millions d’annonces de boissons et d’aliments sur les sites Internet qu’ils fréquentent le plus souvent. Et plus de 90 % de ces publicités présentent des aliments considérés mauvais pour la santé. Le plus souvent ce sont des aliments transformés, riches en lipides, en sodium ou en glucides.

« Il y a beaucoup de publicités à la télévision qui s’adressent aux enfants et encore plus à l’intention des adolescents, mais le temps d’antenne disponible est restreint. Il y a une limite. Sur Internet, il n’y a absolument aucune limite », explique la Dre Potvin Kent.

Selon les données de Cœur + AVC, les enfants et les adolescents passent près de huit heures par jour devant des écrans de toute sorte.

« La quantité de publicités pour les boissons et les aliments en ligne est très élevée et presque tous les produits dont on fait la promotion sont mauvais pour la santé », ajoute-t-elle, affirmant avoir été « consternée » par les chiffres.

Des produits populaires

Parmi les produits les plus fréquemment cités dans les publicités consultées par les enfants et les adolescents se retrouvent :

  • Des PopTarts;
  • Des céréales sucrées comme des Froot Loops;
  • Des boissons énergisantes de type Redbull;
  • Des repas figurant sur le menu de resto rapide comme les Joyeux Festins chez McDonald’s.

Pour remédier à la situation, Cœur + AVC recommande de revoir la réglementation des activités de commercialisation de l’industrie de l’alimentation. Selon la Fondation, le système d’autorégulation en vigueur ne permet pas d’assurer un contrôle assez sévère des produits promus par les entreprises, notamment en permettant d’apposer des étiquettes d’aliments « sains » à des produits qui ne le sont pas réellement.

Cœur + AVC soutient que plus souvent qu’autrement, les entreprises cherchent à demeurer concurrentielles et à faire du profit, au détriment de la santé des enfants.

Au Québec, des lois mises en place dans les dernières années ont permis de limiter l’influence des publicités mettant en vedette des produits alimentaires. La province affiche ainsi le plus faible taux d’obésité au pays chez les enfants âgés de 6 à 11 ans et le plus fort taux de consommation de légumes et de fruits.

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