Internet et vie privée – Google qui sait tout


Je me sens comme un poisson dans un aquarium qu’on veut appâter avec un gros vers bien dodu ou comme dans l’histoire du livre  »1999 » c’est a dire le Big Brother a force de voir comment on nous suit a la trace dans le but de faire de l’argent avec nous et tant pis pour les dommages collatéraux des internautes ..
Nuage

 

 

Internet et vie privée – Google qui sait tout

Jean-Robert Sansfaçon 

 Depuis hier, Google se donne le droit de recouper tous les renseignements, des plus banals aux plus confidentiels, associés aux activités Internet dès lors que nous accédons à un site via un compte personnel. Gratuit, Google? Oui, mais tellement coûteux!

Pour la majorité des internautes, Google est d’abord un moteur de recherche génial dont plus personne ne peut se passer. Mais pour des millions d’entre eux, c’est aussi la messagerie Gmail, le fureteur Google Chrome, le réseau social Google+, YouTube et le système d’exploitation de téléphones Android, pour ne nommer que quelques-uns des 60 services de cette société.

Jusqu’à récemment, chacun d’entre eux avait ses propres règles de confidentialité. Depuis hier, Google regroupe et recoupe tous les renseignements concernant les préférences, la navigation, les recherches, la localisation, les contacts, les numéros de téléphone de ses usagers dès lors qu’ils ouvrent une session via un compte personnel enregistré auprès de l’un ou l’autre de ces services.
 
Pour Google, cette façon de faire vient simplifier ses nombreuses politiques de confidentialité antérieures tout en facilitant la vie des internautes à qui elle pourra suggérer des activités, des achats et des recherches en ligne correspondant à leur profil. Mais l’objectif premier, on l’aura compris, est évidemment de changer en or la quantité monstrueuse de renseignements accumulés grâce à sa capacité sans précédent de rejoindre une clientèle cible chère aux annonceurs. Rappelons que Google contrôle déjà près de 40 % du marché mondial de la publicité Internet.
 
Dans une lettre qu’elle a fait parvenir à la compagnie, la semaine dernière, la commissaire à la protection de la vie privée du Canada, Jennifer Stoddart, s’inquiète, à l’instar de ses homologues provinciaux et ceux de l’Union européenne, du fait que la nouvelle politique de Google accentue la concentration déjà forte de renseignements «sensibles» sans permettre aux utilisateurs d’y échapper. Du même souffle, elle demande à Google de préciser de quelle façon les internautes pourront faire effacer ces données confidentielles après un certain temps, comme c’était le cas jusqu’ici.
 
Au sujet des téléphones qui utilisent le système Android de Google, la commissaire est encore plus sceptique étant donné la quantité encore plus grande de renseignements personnels transmis involontairement par les propriétaires de portables dits intelligents.
 
Personne n’est forcé d’utiliser l’un ou l’autre des services Google, c’est vrai. Chaque internaute doit lui-même faire l’effort de réduire son exposition à la curiosité maladive des Google, Facebook, Apple ou Microsoft de ce monde. Et cela est possible en diversifiant ses fournisseurs de services
(messagerie, fureteur, moteur de recherche…) et en évitant de passer par un compte personnel pour accéder aux sites et aux moteurs de recherche de son choix.
 
Mais dans un contexte de progrès technologiques complexes, faussement conviviaux et le plus souvent mystérieux pour le commun des mortels, cette responsabilité personnelle a ses limites.
 
Il est anormal que des entreprises déjà toutes puissantes sur le plan financier ne soient pas soumises à des règles très strictes en matière de pratiques commerciales et de respect de la vie privée.
 
Internet est un service essentiel au même titre que le téléphone et la poste, il y a 25 ans. Il fait partie de la vie de la plupart des gens et c’est à leurs gouvernements qu’il revient d’adopter les lois et d’exercer les contrôles nécessaires. Car, à n’en pas douter, l’autodiscipline ne suffit pas.

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