Les médicaments sans ordonnance vendu sur les tablettes ne sont pas sans danger. On devrait toujours vérifier si ce que nous prenons ne rentre pas en conflits avec ceux qui nous sont prescrit ou que cela n’empira pas notre état de santé.
Nuage
Sirops anti-toux et médicaments en vente libre: il faut se méfier
PHOTO: BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE
La Presse Canadienne
Deux coroners ayant enquêté sur des décès survenus l’an dernier au Québec critiquent la disponibilité d’une panoplie de produits pharmaceutiques qui contiennent du dextrométhorphane, sans prescription ni avis professionnel.
Les coroners, Pierre Guilmette et Andrée Kronström ont enquêté sur les décès d’Yvon Boucher, 64 ans, et Marcel D’Amour, 65 ans, morts après une intoxication accidentelle à cette substance contenue entre autres dans les sirops contre la toux.
Plusieurs sirops antitussifs vendus librement en pharmacie contiennent du dextrométhorphane. Or, la combinaison de certains médicaments avec cette substance est très dangereuse, car elle peut causer un désordre chimique potentiellement mortel.
Puisque M. Boucher a acheté un tel sirop dans une pharmacie autre que celle où il avait son dossier, le pharmacien ne s’est pas attardé aux interactions possibles entre les produits. Le coroner Guilmette considère donc que le dextrométhorphane disponible sans limites constitue un danger pour la sécurité du public.
D’autre part, l’analyse toxicologique de la dépouille de M. D’Amour a révélé la présence de dextrométhorphane à une concentration supérieure au seuil toxique. Il est probable qu’il n’ait pas tenu compte des indications générales inscrites sur le contenant du produit.
La coroner Kronström croit qu’il serait approprié que ces médicaments soient placés sous la surveillance du pharmacien qui pourrait annoter le dossier du patient et lui prodiguer les conseils appropriés concernant les possibles surdoses et les interactions avec d’autres médicaments.
Le rapport des deux coroners rappelle qu’entre 2000 et 2009, 20 décès ont été causés par une intoxication involontaire à des médicaments en vente libre.
Ils recommandent que la substance en cause soit retirée des tablettes des pharmacies pour que le pharmacien seul en ait le contrôle. Ils souhaitent que l’Ordre des pharmaciens du Québec incite ses membres à placer volontairement tous les produits contenant du dextrométhorphane sous leur contrôle avant qu’un changement législatif éventuel l’oblige.
Ils veulent aussi que le Collège des médecins du Québec sensibilise ses membres aux dangers de recommander et de prescrire le dextrométhorphane aux patients prenant déjà certains médicaments.