Quatre histoires de coïncidences extraordinaires


Cela vous est arrivé des trucs bizarres, improbables et pourtant, ce fut la réalité. Peut-on parler de hasard, de destin ou de probabilité ?
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Quatre histoires de coïncidences extraordinaires

 

Les coups de bol uniques en leur genre défient toutes les lois statistiques | Ρanayotis via Flickr CC License by

Les coups de bol uniques en leur genre défient toutes les lois statistiques | Ρanayotis via Flickr CC License by

Joseph Mazur

Traduit par Peggy Sastre

Rien de tel qu’une bonne histoire de coïncidence. Un spécialiste du phénomène nous raconte ses coups de bol préférés.

Notre perception biaisée du monde nous trompe volontiers. En concevoir l’étendue est une entreprise impossible, si ce n’est terrifiante. Et, pourtant, il semble que ses habitants tombent très fréquemment les uns sur les autres, si souvent que cela en rétrécit le monde jusqu’à lui faire prendre une dimension rassurante. Si nous ignorons l’ensemble des raisons objectives qui rendent la fréquence des coïncidences mathématiquement prévisible, les raconter traduit un sens très fort des rapports humains et de leur inclusivité, justifie la signification que nous accordons à l’existence et légitime notre désir d’individualité.

En mars, j’ai publié un livre au sujet des coïncidences extraordinaires – Fluke (coup de bol, NDT). Dans les deux mois qui ont suivi, mes lecteurs m’ont envoyé des tas d’anecdotes personnelles. La grande majorité concerne des voisins ou des amis sur lesquels on tombe lors d’un voyage dans un pays éloigné. Quelques-unes sont de véritables coups de bol, qui mettent notre superstition à l’épreuve. Des rêves devenus réalité, des coïncidences où des objets familiers apparaissent dans des lieux incongrus ou des hasards heureux ou malheureux à l’extrême. Quasiment toutes semblent improbables, sauf que, d’un point de vue mathématique, elles n’ont rien de réellement impossible.

Et puis il y a les coups de bol uniques en leur genre, ceux qui défient toutes les lois statistiques. Certains sont rigolos, d’autres tristes, certains troublants, d’autres tellement rocambolesques qu’ils en deviennent douteux. Tous génèrent en nous des pensées contradictoires où le hasard le dispute à la destinée.

Voici quatre histoires extraordinaires, classées selon leur degré de probabilité, avec des chances qui diminuent jusqu’à rendre le monde plus petit.

«Eh bien ça alors!»

Lors d’une lecture de mon livre dans une librairie, un monsieur du public prénommé Ted m’a raconté cette histoire de coïncidence: en 1989, Ted part de Philadelphie vers le sud des États-Unis, avec un changement prévu à l’aéroport national Ronald-Reagan, près de Washington. L’heure d’embarquement de son deuxième vol est retardé de trente minutes. Puis d’encore une heure, annonce la compagnie aérienne, à cause d’un problème de maintenance –un moteur des volets doit être changé. Ted se tourne alors vers son voisin, quelqu’un qu’il n’a jamais vu, et lui fait part de ses craintes. Il explique à cet inconnu que leur avion va décoller avec un nouveau moteur qui n’aura pas été testé en conditions réelles de vol et que son entreprise, DuPont, n’aurait pas toléré une telle procédure –jamais ils n’auraient fait ce genre réparation avant l’embarquement des passagers.

L’homme s’étonne.

 «Oh, vous travaillez chez DuPont? dit-il en désignant les cabines téléphoniques. Je viens justement d’essayer de rappeler un de vos collègues qui m’a laissé un message, peut-être que vous le connaissez?»

À l’époque, DuPont avait 140.000 employés, Ted doute fort de pouvoir aider son voisin, mais demande poliment le nom de la personne recherchée. Lorsque que l’inconnu lui répond et lui donne son propre patronyme, Ted est ébaubi.

«Eh bien ça alors, figurez-vous que c’est moi!»

* * *

Peu après la sortie de Fluke, je reçois un courrier manuscrit en provenance de la prison fédérale de Petersburg. Il est signé d’un détenu et admirateur qui, entre autres documents, m’envoie une longue lettre adressée au procureur général adjoint du département de la Justice des États-Unis.

Ce fan est le propriétaire et fondateur d’une entreprise spécialisée dans le community management basée à Washington. L’homme est en prison pour trente mois parce qu’il a omis de payer une grosse part de ses cotisations sociales à l’administration fiscale. Ayant plaidé coupable, on aurait pu estimer l’affaire close. Sauf que oui, mais non. Dans sa lettre, le monsieur précise qu’en deux ans et sur 37.400 entreprises comparables à la sienne situées dans la région de Washington, les seules deux qui ont été poursuivies par la justice étaient très haut placées dans la techosphère républicaine. Est-ce un hasard? écrit-il, en me demandant de jeter un œil à l’analyse mathématique jointe. Il espérait que j’allais corroborer son hypothèse: selon lui, il avait été victime d’une «chasse à l’homme» parce qu’il avait «embarrassé le président».

* * *

Pendant une interview radiophonique, un auditeur me raconte un hasard du calendrier particulièrement troublant. Près de sa maison d’enfance d’Omaha, dans le Nebraska, il y avait un grand chêne avec une grosse branche quasi perpendiculaire au tronc. Pendant des années, une balançoire avait été attachée à cette branche. Un soir, qu’il s’amuse avec une amie sur la balançoire, il entend un gros craquement et redoute la chute prochaine de la branche. Elle ne tombe pas, mais plus jamais il n’utilisera la balançoire.

Quarante ans plus tard, lors d’un après-midi particulièrement venteux où il revient sur les lieux de son enfance, l’homme passe à côté du chêne. La balançoire a disparu depuis longtemps, il n’en reste plus qu’un bout de corde élimé. Et là, il lève les yeux, juste avant de voir la grosse branche s’écraser au sol.

«Je l’ai regardée, je ne l’ai pas touchée. Je parie que vous ne pouvez pas me dire quelles chances j’avais que cela m’arrive», me dira-t-il à l’antenne.

* * *

Une anecdote aurait pu avoir sa place dans Fluke, si on ne me l’avait pas rappelée trop tard. Il y a trente ans, j’avais invité à dîner dans ma maison du Vermont deux personnes que je n’avais encore jamais rencontrées –un étudiant d’Italie et un professeur de littérature d’Inde. Ce soir-là, un ancien camarade de fac, dont je n’avais pas eu de nouvelles depuis des années, avait sonné à ma porte à l’improviste. Je lui avais dit de rester pour dîner. À un moment, dans la conversation, on en vient à parler de nos amis communs et on cite la rue de Brooklyn, où l’un d’entre eux habite. À la mention des numéros de la rue et de l’appartement, l’étudiant annonce, sans être visiblement surpris pour autant.

«C’est aussi l’adresse d’un de mes amis, j’y étais pas plus tard qu’hier!»

Hautement improbable

Est-il possible d’estimer les probabilités de ces coïncidences?

À première vue, l’histoire de Ted relève d’1 chance sur 140.000. À n’en pas douter, c’est extraordinaire. Reste que l’ampleur de la masse salariale de DuPont est un biais insidieux. Comme avec d’autres coïncidences, les chances augmentent à mesure que l’on connaît tous les détails de l’affaire. DuPont collaborait avec ChemDesign, l’employeur de l’inconnu. Plus tard, Ted me dira qu’il prenait l’avion «en moyenne un ou deux jours par semaine, trois semaines par mois». Ce qui signifie, grosso modo, un jour entier de présence dans un aéroport tous les mois. Oui, les chances augmentent avec ces informations, mais sans estimation spéculative, impossible d’assigner une probabilité réaliste au fait que Ted se retrouve à côté de l’inconnu dans la salle d’embarquement.

La seconde histoire avait a priori 1 chance sur 18.660 d’advenir, sauf qu’il faut, pour atteindre ce chiffre impressionnant, considérer la théorie complotiste du prisonnier comme correcte. Si cette histoire est exacte, il ne s’agit pas du tout d’une coïncidence: elle a une cause apparente, qui ne relève pas uniquement du hasard. Beaucoup d’éléments ont contribué à la nécessaire survenue du phénomène. Ce qui n’empêche pas que l’évasion fiscale soit illégale.

Avec la troisième histoire, il faudrait calculer tous les laps de temps où, en quarante ans, le narrateur n’a pas rendu visite à l’arbre et où la branche n’est pas tombée. Estimons que la branche est tombée dix minutes après son passage. Il y a 2.102.400 périodes de dix minutes dans quarante ans. La cote est donc de 2.102.399 contre 1. Soit la probabilité d’une quinte flush royale à pique au poker. Un événement hautement improbable.

La dernière histoire est impossible à déconstruire sans rien connaître des variables cachées qui relient l’étudiant à l’ami de Brooklyn. Ses probabilités semblent extrêmement minces, c’est un véritable casse-tête. Mais toutes les histoires ne peuvent être réduites à des probabilités. C’est même le cas des meilleures anecdotes, et ce grâce aux merveilles des variables cachées que recèle le monde.

Ces événements des plus improbables a priori surviennent à cause des innombrables possibilités de l’expérience. Arrivent-ils par hasard? Ou s’en remet-on au hasard pour excuser notre ignorance? Le monde, si fabuleusement vaste, est rétréci par ces coups de chance qui élargissent nos environs familiers et nous interrogent sur la nature de ces télescopages –hasard ou destin?

http://www.slate.fr/

Comment bien décoder les prévisions météo?


Il y a beaucoup de monde qui ridiculise les météorologues disant qu’ils ne sont pas fiables. Mais la météorologie est une science de probabilité sur de grand territoire. Mais, peut-être que si l’on comprend mieux leurs pronostiques, on peut mieux gérer nos journées à l’extérieur
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Comment bien décoder les prévisions météo?

 

La météo prend beaucoup de place dans la vie des Québécois, surtout pendant les... (PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE)

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Stéphanie Morin
La Presse

La météo prend beaucoup de place dans la vie des Québécois, surtout pendant les vacances. Certains consultent d’ailleurs à répétition les prévisions avant de décider du programme d’une journée d’activités. Conseils d’experts pour mieux saisir les subtilités des prévisions météo. Et prendre des décisions plus éclairées.

«En été, c’est l’information clé à laquelle il faut se fier, lance Didier Robert-Lacroix, météorologue à MétéoMédia. Il faut comprendre ce que cette mesure signifie. Le pourcentage correspond à la probabilité qu’un point de la zone concernée reçoive au moins une trace de précipitation. Ça ne signifie pas forcément que tout le territoire sera touché.»

Ni qu’il va tomber des trombes d’eau, si on en croit André Cantin, météorologue à Environnement Canada.

«Pour qu’une précipitation soit enregistrée, il faut qu’on reçoive 0,2 mm de pluie. C’est minime. Les prévisions ne disent pas combien de pluie il va tomber…»

Impossible, bref, de savoir à l’avance où exactement les nuages vont se vider, combien de temps durera l’ondée et à quel point on va se faire mouiller. Mais ces pourcentages de précipitations restent très utiles pour prévoir le scénario météo d’une journée.

«Des probabilités de précipitations de 30 % correspondent à des averses isolées – donc très localisées et de courte durée – tandis que des risques de 40 % signifient des averses dispersées, explique M. Robert-Lacroix. Moi, je n’annule jamais une activité lorsque les probabilités de précipitations sont de 40 %! Après tout, il y a 60 % de probabilités qu’il ne tombe pas une goutte.»

Pourquoi alors ne pas prévoir 60% de beau temps? Ce serait moins déprimant.

 «Parce qu’on prévoit l’occurrence d’un phénomène, pas son absence», dit M. Cantin.

Lorsque les risques de précipitations sont en bas de 70 %, ce sont des averses qui sont prévues, conclut M. Robert-Lacroix. Lorsque le pourcentage est plus élevé, c’est qu’on attend de la pluie qui va toucher une zone plus étendue et qui pourrait tomber plus longtemps.

Une anecdote: jamais les météorologues de MétéoMédia ou d’Environnement Canada ne prévoient des probabilités de 50 % de pluie. Ils optent toujours pour 40 % ou 60 % de risques de précipitations.

«D’un point de vue scientifique, la prévision est possible, mais on préfère prendre position en indiquant ce qui est le plus probable», ajoute André Cantin.

S’attarder aux prévisions horaires

Les bulletins météo sont pessimistes, Didier Robert-Lacroix l’admet.

«Si les risques de précipitations sont de 30 % à midi et de 70 % à 17 h, on va opter pour le pire scénario.»

La prévision pour l’après-midi au complet sera donc de 70 % de probabilité d’averse (avec icône de nuages pour illustrer le tout). Une prévision suffisamment noire pour convaincre certains d’annuler le pique-nique familial ou la virée à la plage. Or, il s’agit peut-être d’une erreur, selon le météorologue.

«Il est important de consulter les prévisions horaires disponibles sur les sites Internet pour connaître le moment précis où sont prévues les précipitations. Peut-être qu’il y a des averses prévues pour tout l’après-midi, mais peut-être pas.»

Si l’averse tombe comme attendu vers 17 h, le pique-nique du midi aurait pu se dérouler sans encombre…

André Cantin suggère aussi de jeter un oeil aux cartes radars.

«On peut y voir les précipitations détectées en temps réel, ce qui donne une bonne idée de ce qui s’en vient dans les heures suivantes.»

Savoir de quelle température il est question

Il faut savoir que les températures contenues dans les relevés météo correspondent toujours aux degrés Celsius enregistrés à l’ombre, sans vent ni humidité. Vingt-huit degrés à l’ombre… imaginez maintenant en plein soleil, à faire la file aux glissades d’eau.

«La température annoncée pour une journée est toujours la température maximale projetée, dit Didier Robert-Lacroix. En général, le mercure atteint son maximum entre 14 h et 18 h.»

La température minimale? Elle est souvent enregistrée 30 minutes après le lever du soleil.

L’humidité relative doit aussi être considérée lors des chaudes journées.

«Plus le taux d’humidité dans l’air est élevé, moins le corps est apte à évacuer sa chaleur», explique André Cantin. Les risques de coup de chaleur s’en trouvent accrus.

À savoir: si les précipitations sont difficiles à prévoir à long terme (au-delà de deux ou trois jours, la fiabilité chute de façon dramatique), la température est plus prévisible.

Lorsqu’il est question de degrés Celsius, on peut en général se fier aux prévisions plus longtemps à l’avance.

http://www.lapresse.ca

15 VÉRITÉS QUE VOTRE PRÉSENTATEUR MÉTÉO NE VOUS DIRA PAS


Beaucoup de personnes aiment bien dire que la météo s’est encore trompée, qu’on ne peut pas vraiment s’y fier, que les météorologues sont incompétents etc .. Sauf que, la météo est une belle science mais que l’exactitude ne peut pas être assurée. D’ailleurs quand ils annoncent la météo ils disent bien que ce sont des probabilités et non des certitudes car le temps peut faire qu’à sa tête … et déjouer les prédictions
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15 VÉRITÉS QUE VOTRE PRÉSENTATEUR MÉTÉO NE VOUS DIRA PAS

 

1.  On nous reproche fréquemment d’annoncer 40% de probabilité d’averse plutôt que 60% de probabilité de beau temps… Pas faux.

2. Pour vous présenter la météo à l’extérieur le matin, je passe 3h30 dehors, par tous les temps. Pas étonnant que je porte des bottes et un manteau chauffants!

3. Nous ne sommes pas tous météorologues. Plusieurs d’entre nous sont simplement formés en communication.

4. Les prévisions 24h ou 48h à l’avance ont un taux de réussite de 70% à 80%. Celles au-delà de deux jours tombent souvent à moins de 50%… Autant lancer une pièce en l’air?

5. Chaque hiver, on me prête ou me donne plus de 50 manteaux, bonnets, écharpes et moufles pour présenter la météo dehors. Ma styliste fait une rotation, varie les styles et s’assure qu’on met de la couleur quand il fait noir!

6. Non, je n’ai pas de télésouffleur.

7. Oui, il m’arrive de me faire surprendre par la pluie…

8. Pourquoi les météorologues ne prédisent-ils pas tous la même chose? Leurs prévisions reposent sur des approximations. La moindre erreur s’amplifie rapidement. Comme on dit dans le métier, «petite erreur deviendra grande!»

9. Les prédictions saisonnières – l’été sera chaud et sec, l’hiver long et enneigé, etc. – émises par Environnement Canada sont faites rigoureusement… mais demeurent peu fiables. On touche aux limites de la science.

10. x+y – (a+b) = soleil demain? Euh, oui. Les modèles météorologiques utilisés pour les projections sont des combinaisons d’équations mathématiques très poussées qui décrivent l’atmosphère terrestre avec des variables (température,humidité, vent, etc.) Leur solution donne la prédiction.

11. Souvent, je suis seul en studio devant une caméra automatisée pour présenter mes bulletins. Tout un défi de faire des blagues et de rester enjoué sans avoir de réaction!

12. La météo est une leçon d’humilité: le climat de l’atmosphère terrestre est un système archicomplexe et on est loin, très loin, de tout comprendre. On découvre encore de nouveaux phénomènes météorologiques!

13. Les types de précipitations les plus difficiles à prévoir sont quand le mercure oscille autour de zéro degré Celsius. Un changement d’un dixième de degré transforme la pluie en grésil ou l’inverse. De quoi vous faire dire qu’on s’est encore trompé!

14. Impossible de prévoir une tornade à trois heures d’avis. C’est un phénomène trop local et trop soudain.

15. Vous voulez savoir s’il pleuvra dans les prochaines heures? Consultez la carte radar d’Environnement Canada. Infaillible!


Meteo.gc.ca/radar

Crédit illustration: guillaume boucher

Sources: Anouk Meunier, TVA;  Réjean Ouimet, Météomédia; Ève Christian et Pascal Yacouvakis, Radio-Canada;Julie M. Thériault et Philippe Gachon, Groupe des sciencesde l’atmosphère à l’UQAM.

http://selection.readersdigest.ca