Quand une mère orang-outan veut mettre les voiles, elle se gratte


Les mamans orang-outan ne sont pas très bavarde, de peur d’attirer des mâles ou des prédateurs. Pourtant, elles communiquent avec leurs enfants de façon plus discrète en se grattant. C’est une façon de dire qu’on s’en va ailleurs.
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Quand une mère orang-outan veut mettre les voiles, elle se gratte


Une mère orang-outan embrasse sa fille, également adulte, sur la joue.

Une mère orang-outan embrasse sa fille adulte sur la joue.

PHOTO : OLGA_GL

« Tu prends ton manteau, on s’en va. » Quand il est temps de décamper, la femelle orang-outan a trouvé un moyen plus discret pour faire passer le message à ses petits : elle se gratte.

« Nous avons constaté que les mères orangs-outans se grattaient ouvertement pour dire à leurs enfants qu’il est temps de partir », explique à l’AFP Marlen Fröhlich, de l’Université de Zurich, en Suisse, coauteure de l’étude publiée mercredi dans Biology Letters (Royal Society).

Selon la chercheuse, ces grattements « exagérés » ne risquent pas d’être confondus avec ceux provoqués par une simple démangeaison.

« Le bruit est assez ostentatoire, rythmé et rêche [le poil des orangs-outans est très long et leur peau est très dure]. Nous avons débusqué des individus dans la forêt simplement en entendant ces puissants grattements au-dessus de nos têtes », raconte la scientifique.

Pour arriver à leurs conclusions, les chercheurs ont observé, entre septembre 2013 et février 2014, 17 orangs-outans de Sumatra (quatre mères et leurs sept petits, trois mâles et trois jeunes femelles) dans le parc national du Gunung Leuser, situé dans le nord de l’île indonésienne.

La primatologue britannique Jane Goodall avait déjà décrit un tel comportement chez une femelle chimpanzé en 1986 :

« Avant de sauter d’un arbre, elle s’arrête souvent au niveau d’une fourchette basse et se gratte en levant les yeux vers son bébé. C’est un signal, le petit se précipite généralement vers sa mère, prêt à descendre. »

« On sait encore très peu de choses sur la communication mère-petit chez les orangs-outans », explique Marlen Fröhlich.

Passant la majeure partie de leur temps dans les arbres, les primates sont difficiles à observer.

Mais les vocalisations sont rares, car elles peuvent attirer des ennuis de la part de mâles cherchant des accouplements forcés ou de prédateurs.

Les orangs-outans figurent sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en tant qu’espèce en danger critique d’extinction. En 20 ans, les populations d’orangs-outans ont perdu 80 % de leur territoire et se sont réduites de moitié.

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Les chimpanzés ne survivent plus que dans des «ghettos forestiers»


Les animaux qui ont besoin de la forêt pour vivre, sont souvent confinés dans de plus petits territoires à cause de la déforestation, l’urbanisation, l’agriculture et les industries. C’est ce que rencontre une espèce de chimpanzé.
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Les chimpanzés ne survivent plus que dans des «ghettos forestiers»

Comme beaucoup d'autres gros animaux, la principale menace... (PHOTO AP)

Comme beaucoup d’autres gros animaux, la principale menace qui pèse sur les chimpanzés est la perte de leur habitat.

Agence France-Presse
Paris

Sous la pression de l’urbanisation et de la chasse, les chimpanzés ne survivent plus que dans des ilôts de nature de plus en plus petits, se sont alarmés mardi des primatologues spécialistes de ce plus proche parent des humains.

Les quatre sous-espèces du primate africain sont menacées d’extinction et l’une d’entre elles – le chimpanzé verus – a perdu plus de 80% de sa population en trois générations.

Après une réunion en Allemagne, 40 experts du monde entier ont lancé un appel pour sauver cet animal qui partage près de 99% des gènes de l’homme.

«Nous étudions des communautés de chimpanzés depuis des décennies et nous avons tous vu nos groupes d’étude devenir de plus en plus isolés», ont-ils souligné dans un communiqué.

«Les chimpanzés en sont réduits à vivre dans des ghettos forestiers», ont-ils ajouté.

Comme beaucoup d’autres gros animaux, la principale menace qui pèse sur ces singes est la perte de leur habitat, réduit par l’extension des villes qui abritent une population en hausse, les industries minières, la déforestation ou l’agriculture.

Les chimpanzés sont aussi chassés pour leur viande ou abattus par les fermiers qui veulent protéger leurs cultures.

Anne Pusey a travaillé dans le parc national de Gombe, en Tanzanie, pendant 40 ans.

Mais ce parc où la primatologue Jane Goodall a mené les travaux qui l’ont rendue célèbre «est devenu une petite île entourée par des terres agricoles denses, conduisant à la réduction de deux des trois communautés (de chimpanzés) dans le parc et à la disparition d’une communauté à l’extérieur», a-t-elle regretté dans le communiqué de l’Institut Max Planck.

Les primatologues réunis en Allemagne ont toutefois noté que la présence permanente de chercheurs sur le terrain permettait de maintenir un nombre plus élevé de singes en comparaison à d’autres zones.

Ils ont ainsi appelé à ce que ces groupes en meilleure santé bénéficient d’une «protection spéciale intense» de la part des chercheurs et des autorités locales, «avant qu’il ne soit trop tard».

«Plus d’investissements doivent être faits dans la recherche pour que nous puissions comprendre vraiment la diversité de ces populations avant qu’il ne soit trop tard», ont-ils ajouté.

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Des chimpanzés observés en train de casser des tortues comme des noix


Chez les primatologues, il est connu que des primates carnivores mangent des tortues à carapaces molles, mais que des chimpanzés mangent des tortues à carapaces dures est inédit. Ils utilisent la même méthode que pour casser des noix en frappant la carapace sur quelque chose de dure comme un arbre.
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Des chimpanzés observés en train de casser des tortues comme des noix

Floriane Boyer
Rédactrice

Une jeune femelle chimpanzé nommée Gia casse la carapace d’une tortue en la frappant contre un arbre dans le parc national de Loango au Gabon. © Nadia Balduccio/Loango Chimpanzee Project/Max Planck Society

Des chimpanzés du parc national de Loango au Gabon ouvrent des tortues comme une noix pour se délecter de leur chair.

Les primatologues se doutaient que ces grands singes consommaient de la tortue, mais c’est la première observation directe de ce comportement de prédation. Les chercheurs le décrivent dans le journal Scientific Reports.

Pour ouvrir la carapace de la tortue Kinixys erosa, une espèce endémique des forêts tropicalesd’Afrique centrale et de l’Ouest, les chimpanzés la frappent à de multiples reprises contre un arbre jusqu’à ce qu’elle se brise. Les chercheurs suggèrent qu’ils ont adopté cette pratique parce qu’ils procèdent de la même façon pour les fruits à coque, abondants dans la région de Loango. Le comportement, observé à 38 occasions chez 10 chimpanzés, peut être considéré comme coutumier au sein du groupe. Selon un communiqué, les individus se partagent la viande obtenue, ceux de plus faible constitution demandent de l’aide pour briser la carapace, et à une occasion, un adulte a mis en réserve une tortue à moitié consommée dans un tronc pour revenir la finir le lendemain.

L’étude apporte de nouveaux éléments dans la compréhension du régime alimentaire omnivore des chimpanzés, en étendant celui-ci aux reptiles, mais aussi des pratiques des anciens Hominini, incluant les ancêtres de l’Homme. D’autres primates, comme les babouins et les mandrills, sont déjà connus pour se nourrir de tortues à carapace molle. Que des chimpanzés requièrent ici à une méthode de percussion pour accéder à la viande de tortues à carapace dure est inédit.

Un chimpanzé du parc national de Loango au Gabon déguste une tortue qu'il vient d'attraper. © Erwan Théleste

Un chimpanzé du parc national de Loango au Gabon déguste une tortue qu’il vient d’attraper. © Erwan Théleste

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Des femelles bonobos accompagnent la future maman lors de l’accouchement


Les bonobos ont des comportements qui ressemblent aux humains. Dernièrement, les scientifiques on observer des femelles qui se tenaient prête à aider une maman à mettre au monde son bébé au cas qu’elle aurait besoin d’aide. Ce comportement ne se retrouve pas chez les chimpanzés.
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Des femelles bonobos accompagnent la future maman lors de l’accouchement

 

Une femelle bonobo et son petit.

Une femelle bonobo et son petit. Photo : iStock

Des femelles bonobos (Pan paniscus) protègent et soutiennent leurs congénères qui accouchent, montrent de nouvelles observations réalisées en captivité.

Un texte d’Alain Labelle

Ces observations réalisées par des scientifiques italiens et français des universités de Pise et Claude Bernard Lyon laissent ainsi à penser que les humains (Homo sapiens) ne sont pas les seuls mammifères à accompagner leurs femelles durant le processus difficile de l’accouchement.

En fait, cette étude constitue la première preuve quantitative basée sur des enregistrements vidéo de la dynamique sociale autour de trois naissances chez le bonobo, un grand singe considéré comme le plus proche parent des humains avec le chimpanzé.

Jusqu’à aujourd’hui, cette caractéristique de socialisation liée à l’accouchement était considérée comme distinctive de notre espèce.

Une femelle bonobo transporte son petit sur son dos.

Une femelle bonobo transporte son petit sur son dos. Photo : iStock

Le saviez-vous?

En 2013, des primatologues américains avaient montré que les jeunes bonobos réconfortent leurs pairs ébranlés par une expérience déplaisante, des comportements très similaires à ceux observés chez des enfants.

Les comportements observés

L’éthologiste Elisa Demuru du Musée d’histoire naturelle de l’Université de Pise en Italie et ses collègues ont filmé ces comportements en 2009, 2012 et 2014 dans deux jardins zoologiques européens où les grands singes circulent librement dans des zones boisées.

À ces occasions, des bonobos femelles se tenaient à proximité et fournissaient protection et soutien à une congénère qui donnait naissance à son bébé.

Les singes accompagnatrices ont également fait des gestes laissant à penser qu’elles étaient prêtes à tenir le bébé avant sa naissance et au moment de l’expulsion.

Ces comportements s’ajoutent à d’autres, observés dans la nature en 2014.

Ainsi, expliquent les chercheurs, la naissance chez les bonobos peut être un événement social comme chez les humains.

La mère bonobo pourrait facilement accoucher sans aide. Auteurs des travaux

Bien que d’autres études soient nécessaires pour la confirmer, les chercheurs émettent l’hypothèse que les similitudes observées entre les bonobos et les humains seraient liées à l’importance de la vie en groupes chez ces espèces.

Pas chez les chimpanzés

Chez les chimpanzés, aucun comportement similaire n’a été observé. Selon les primatologues, les femelles chimpanzés sont plus compétitives et maintiennent des liens sociaux moins importants que les bonobos ou les humains.

Le détail de ces travaux est publié dans la revue Evolution and Human Behavior.

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La séduction animale en huit temps


La séduction chez les animaux n’est pas quelque chose de vraiment romantique, car c’est pour mieux choisir qui sera le meilleur atout pour la nouvelle progéniture. Que ce soit par la danse, le chant, le combat ou même l’âge, chaque espèce animale a son mode de séduction
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La séduction animale en huit temps

 

Un couple de Paradisiers rouges... (PHOTO TIRÉE DU COMPTE DE BIRDS OF PARADISE SUR PINTEREST)

 

Un couple de Paradisiers rouges

PHOTO TIRÉE DU COMPTE DE BIRDS OF PARADISE SUR PINTEREST

 

SILVIA GALIPEAU
La Presse

Quand on sait que le panda produit naturellement près de mille parfums, que le chant de l’alouette connaît des centaines de variations et que nombre d’insectes offrent des cadeaux à leur dulcinée, la question se pose : que peut nous apprendre la nature en matière de drague ? Huit choses à savoir.

 

1. Le mâle séduit, la femelle choisit

Dans la plupart des espèces animales, c’est le mâle qui chante, danse ou se bat pour attirer l’attention de la femelle qui, par la suite, choisira le plus beau, le plus talentueux ou le plus fort des mâles disponibles. Pourquoi ? Disons pour résumer que deux stratégies s’affrontent : la quantité contre la qualité.

D’un côté, « les mâles veulent copuler le plus possible pour assurer leur descendance », résume l’éthologue et primatologue Daniel Paquette.

Et les femelles, elles, cherchent à sélectionner les meilleurs gènes.

« Parce qu’elles portent les bébés, leur stratégie de reproduction ne peut donc pas être d’en avoir le plus possible. Elles visent plutôt la qualité de la progéniture. »

2. Que les meilleurs chanteurs (et danseurs) gagnent

L’alouette est capable de chanter pendant 40 minutes sans s’arrêter. En faisant sa parade nuptiale, l’albatros adopte plus de 20 postures différentes. Non, cela ne relève pas du tout de la coquetterie. En fait, chanter ou danser demande une force et une énergie insoupçonnées. C’est précisément ce que la femelle juge et évalue ici : lequel de ses prétendants a le plus de puissance et de vigueur ? Lequel léguera les meilleurs gènes à sa descendance ? Certainement pas les piètres danseurs !

 « La danse est une arme de séduction massive ! », dit le scientifique et humoriste Boucar Diouf, qui a écrit un livre sur le sujet (Pour une raison X ou Y).

Une arme qui a autant de succès chez les humains, dit-il.

« C’est démontré qu’un gars qui a une guitare sur son dos a bien plus de chance avec les filles qu’un humoriste qui raconte des blagues ! Ça, la cigale l’a compris ! »

3. Gare aux cadeaux empoisonnés

Tout comme le chant ou la danse, ce n’est pas (que) pour leurs beaux yeux que les mâles offrent des cadeaux aux femelles. En fait, quand un oiseau marin dépose un petit poisson au pied de sa douce, ou quand un goéland régurgite son dernier repas, c’est plutôt pour démontrer ses qualités de pêcheur, sa capacité à nourrir la femelle et éventuellement ses petits. Mais tous les mâles ne sont pas si bien intentionnés. Certaines espèces de mouches emballent leurs cadeaux d’une soie.

« Ils gagnent du temps : pendant que la femelle déballe le cadeau, ils peuvent s’accoupler plus longtemps ! », illustre l’auteur Jean-Baptiste de Panafieu, qui vient de publier Séduire comme une biche, un essai sur le sujet.

Et il y a pire : d’autres offrent carrément des paquets vides, afin de profiter gratuitement de la femelle pendant le déballage…

4. L’avantage d’être bon bricoleur

Chez certaines espèces, tout particulièrement chez les oiseaux, les mâles bricoleurs sont les plus appréciés des femelles. Toujours selon la logique voulant qu’il faille choisir le meilleur géniteur et le meilleur protecteur, chez les mésanges, notamment,

 « il y a véritablement une observation très poussée de la femelle lorsque le mâle fait son nid, poursuit Jean-Baptiste de Panafieu. Il faut que la construction soit belle et solide pour attirer la femelle ». « La femelle va pondre si le nid lui plaît. Et si le nid lui plaît vraiment, elle va aussi couver les petits. Sinon ? Elle les laisse au mâle et va voir ailleurs… »

5. Le succès des femelles d’expérience

De manière générale, les femelles préfèrent les mâles plus âgés, parce qu’ils sont plus forts, plus expérimentés et plus aptes à les protéger. Mais dans certains cas, ce sont plutôt les mâles qui favorisent les femelles d’expérience.

« Les mâles chimpanzés préfèrent les femelles plus vieilles, car elles sont plus expérimentées comme mères et plus expérimentées sexuellement », signale le spécialiste des comportements animaux Daniel Paquette (à qui l’on doit Ce que les chimpanzés m’ont appris), en soulignant au passage que contrairement aux humaines, les femelles chimpanzés ne traversent pas de ménopause.

6. Tout est dans la nature

Un couple de cygnes noirs... (PHOTO THINKSTOCK) - image 1.0

 

Un couple de cygnes noirs

PHOTO THINKSTOCK

Un exemple ? Chez les cygnes noirs d’Australie, 20 % des couples sont composés de deux mâles.

« Et ils vont se débrouiller pour obtenir des petits, soit en séduisant une femelle et en la chassant après la ponte, reprend Jean-Baptiste de Panafieu, soit en piquant des oeufs à des couples hétéros. »

 Mieux : les petits auront ici une meilleure espérance de vie, car ils seront protégés par deux mâles. Sur le littoral européen, certaines espèces d’oiseaux forment carrément des « trouples », soit des couples composés de deux femelles et un mâle, s’accouplant entre eux et produisant plus de petits que la moyenne.

7. Infidèle un jour…

Un couple de ara hyacinthe. Ces perroquets sont... (Photo tirée du compte de PARROTS sur Pinterest) - image 1.1

Un couple de ara hyacinthe. Ces perroquets sont monogames.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE DE PARROTS SUR PINTEREST

On a longtemps cru que les oiseaux étaient des exemples de monogamie. Chez certaines espèces d’oiseaux marins (notamment les mouettes), on voit des couples se former, avoir des petits, s’en occuper ensemble, et durer jusqu’à la mort. Or, des recherches d’ADN récentes ont permis de démontrer que la réalité était tout autre.

Ainsi, chez certains, « jusqu’à la moitié des petits sont d’un père non officiel », rit Jean-Baptiste de Panafieu.

Et cette extra conjugalité n’est pas exclusive aux oiseaux, loin de là. Chez les marmottes, un petit sur trois est ainsi « illégitime ».

8. Le mot de la fin

Bien sûr, les parallèles avec l’espèce humaine sont faciles, rapides et surtout amusants à faire.

« L’anthropomorphisme, pour faire sourire, c’est acceptable », dit Boucar Diouf.

Mais n’allez surtout pas tirer ici de grandes leçons de vie.

« Il est toujours extrêmement dangereux de faire des parallèles entre les mondes animal et humain », conclut le directeur général de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), biologiste et éthologue Luc-Alain Giraldo.

Dans son livre Dans l’oeil du pigeon, il défend précisément cette thèse. Parce qu’au-delà des parades nuptiales, il y a aussi des pratiques animales franchement moins roses.

« Ce n’est pas glamour, ce n’est pas romantique, mais dans la nature, il y a aussi plein d’animaux chez qui les mâles prennent de force les femelles. »

Le meilleur (ou le pire) exemple est certainement celui de la punaise de lit. Imaginez-vous que madame n’a pas d’« orifice génital ». Monsieur, à l’inverse, en guise d’organe reproducteur, est doté d’un « poignard ». Pour la féconder, il doit donc littéralement la percer. Moins romantique que ça, tu meurs…

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Les bonobos préfèrent les tyrans


Les bonobos sont pacifiques, sauf qu’il semblerait qu’ils se rallient plus facilement à celui qui est agressif, même si cela veut dire qu’il soit injuste, ce qui logiquement serait le dominant
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Les bonobos préfèrent les tyrans

 

Photo : iStock/guenterguni

Alors que les humains préfèrent généralement un leadership consensuel, les singes bonobos (Pan paniscus) – nos cousins les plus proches sur le plan génétique dans règne animal avec les chimpanzés –, sont plus attirés par les chefs dominateurs.

Un texte d’Alain Labelle

Les primatologues américains Christopher Krupenye et Brian Hare de l’Université Duke ont été surpris par leurs observations en raison du caractère habituellement pacifique des bonobos, et ce, particulièrement lorsque leurs comportements sont comparés à ceux des chimpanzés.

En outre, les bonobos sont aussi considérés comme des animaux très sociaux, disposés à la coopération.

Selon les auteurs, ces observations permettent donc de penser que l’humain est la seule espèce qui évite le leadership d’individus oppresseurs.

Le saviez-vous?

Un enfant humain montre une capacité à distinguer les personnes gentilles des méchantes dès l’âge de trois mois. Il préfère aussi interagir avec des individus disposés à aider les autres.

La réalité du bonobo

L’équipe américaine de chercheurs a effectué une série de tests avec des bonobos adultes du sanctuaire Lola Ya en République démocratique du Congo afin de déterminer si ces grands singes partagent cette caractéristique sociale avec les humains.

Dans leurs expériences, les scientifiques ont notamment montré à 24 bonobos un dessin animé dans lequel un personnage tente avec difficulté de gravir une colline. Arrivent ensuite deux autres personnages : l’un cherche à l’aider et l’autre le pousse pour le faire reculer. MM. Krupenye et Hare ont ensuite placé un morceau de pomme sous une représentation imprimée de chacun des deux protagonistes, pour voir vers lequel les bonobos se dirigeraient en premier.

Ils ont aussi montré une vidéo d’un humain jetant une peluche trop loin pour pouvoir la récupérer. Une deuxième personne intervient pour lui rendre le jouet, mais un troisième individu s’en empare et l’emporte avec lui.

Un autre choix s’offrait aux singes : accepter le morceau de pomme du voleur ou celui du bon samaritain.

Les observations montrent que, contrairement aux humains, ces primates se dirigent toujours vers les sujets agressifs et asociaux.

Un rapport avec le statut social?

Les primatologues avancent que les bonobos pourraient voir dans la rudesse un signe de statut social élevé et chercheraient tout simplement à se ranger du côté des individus dominants.

En outre, le fait de se ranger du côté des individus dominants pourrait aussi signifier un meilleur accès à la nourriture ou aux compagnons, ou d’autres avantages, comme un risque moins élevé d’être intimidés.

Chez les humains, la mise à l’écart de ceux qui brutalisent les autres contribue à la cohésion sociale et permet d’éviter les mauvais partenaires. Elle permet aussi aux humains de travailler ensemble en grand nombre, et ce, même avec des étrangers, d’une manière différente de celle des autres espèces.

Le détail de ces travaux est publié dans la revue Current Biology.

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Quand la pollution déforme le visage des chimpanzés


Des singes dans une région dans l’Ouganda ont des déformations du visage qu’il n’y a pas ailleurs en Afrique. C’est un parc national qui a une particularité d’être proche des installations humaines avec des exploitations agricoles dont le maïs qu’ils vont chercher la nuit. Les pesticides sont montrés du doigt en particulier le DDT qui est interdit dans beaucoup de pays, mais pas en Ouganda.
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Quand la pollution déforme le visage des chimpanzés

 

La femelle chimpanzé Kyara est porteuse d'un bec-de-lièvre

Sur les 16 chimpanzés porteurs d’une déformation de la face, la femelle Kyara est la seule à avoir un bec-de-lièvre.

© JEAN-MICHEL KRIEF

Par Olivier Lascar

La vétérinaire Sabrina Krief lance l’alerte sur le grand nombre de chimpanzés porteurs d’une déformation de la face à Sebitoli, dans le parc national de Kibale, en Ouganda : ce pourrait être la conséquence d’une trop grande exposition aux pesticides…

C’est à Sebitoli, parc national de Kibale, à l’ouest de l’Ouganda. 25 ans que les scientifiques étudient les chimpanzés dans ce parc africain, et ils n’avaient jamais vu cela : les primates y sont victimes d’une  » épidémie «  de déformation faciale. Narines disymétriques, absentes, lèvres tordues par un bec-de-lièvre. Si cette fente labiale a été observée sur un unique individu – une femelle baptisée Kyara – elle symbolise à elle seule le mystère de Sebitoli…

Comment expliquer en effet que 25% des chimpanzés étudiés par l’équipe de la primatologue française Sabrina Krief portent ces stigmates ?

« Nous avons constaté ces déformations sur 16 des 66 chimpanzés que nous étudions à Sebitoli depuis 2008 », confirme la vétérinaire, professeure au Muséum National d’Histoire naturelle (MNHN).

Et le mal semble circonscrit à cette seule région du parc national. Car il y a près de 1000 chimpanzés dans Kibale pris dans son entièreté. Au sud de Sebitoli, plus de 300 grands singes sont  » monitorés «  quotidiennement dans les zones de Ngogo, Kanyawara et Kanyanchu. Or seul un autre cas de déformation labiale a été répertorié chez les chimpanzés sauvages… dans toute l’Afrique !

Mais Sebitoli a une particularité par rapport aux autres régions du parc national de Kibale. C’est sa très grande proximité avec les installations humaines. A sa bordure, on trouve des exploitations industrielles de thé et d’eucalyptus. Cette zone a été exploitée dans les années 70 pour son bois en faisant usage d’Agent Orange, le défoliant tristement connu pour son usage par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam : la forêt tropicale originelle ne correspond plus qu’à 14% de Sebitoli. On y trouve aussi autour des myriades de petits jardins où les habitants de la région cultivent leur nourriture, tout particulièrement du maïs.

Une situation dramatique pour les grands singes comme pour les populations humaines de la région de Sebitoli

« Les caméras installés dans ces cultures vivrières montrent que les chimpanzés viennent de nuit chaparder du maïs pour se nourrir », raconte Sabrina Krief.

La primatologue et ses collègues ougandais ont donc décidé d’analyser des échantillons de maïs, les graines, les tiges, mais aussi la terre, l’eau des rivières et les poissons de l’habitat des chimpanzés de Sebitoli. Résultat des analyses pratiqués dans le laboratoire d’écotoxicologie de l’Ecole vétérinaire de Lyon : ils recèlent d’alarmantes quantités de pesticides. Du DDT (interdit pour un usage agricole par la convention de Stockholm depuis 2001, signée par plus de 100 pays, mais pas par l’Ouganda qui ne doit l’utiliser qu’à l’intérieur des maisons), le chlorpyrifos, un insecticide organophosphoré, ou encore de l’imidaclopride, le principe actif du Gaucho, le célèbre insecticide de la famille des néonicotinoïdes qui enrobe les grains de maïs que plantent les villageois.

Pour les scientifiques, dont Barbara Demeneix, Professeure au MNHN et co-auteure de l’article publié dans Science of the Total Environment, l’exposition à ces substances chimiques est très probablement responsable des déformations faciales des chimpanzés. Ces substance agiraient comme des perturbateurs endocriniens qui affectent le développement facial in utero du bébé chimpanzé.

« Nous suspectons également ces pesticides d’agir sur le cycle de la reproduction car certaines femelles n’ont pas de cycle sexuel », ajoute Sabrina Krief, qui tire le signal d’alarme : cette situation est dramatique pour les grands singes, mais aussi pour les populations humaines qui vivent dans la région.

Les scientifiques tentent actuellement d’analyser urines et selles des chimpanzés pour vérifier la présence de pesticides dans l’organisme des primates. Mais ils ont d’ores et déjà entamé un travail de sensibilisation auprès des Ougandais pour expliquer que le mésusage des pesticides a, pour tous, des conséquences dramatiques. C’est à ce prix que les chimpanzés retrouveront le « sourire ».

 

https://www.sciencesetavenir.fr

Pour lutter contre l’effet de groupe, le chimpanzé est aussi nul que l’homme


Un comportement social observé chez le chimpanzé qui s’avère inutile, car il n’est pas une question de survie, ni de se nourrir est comparable chez l’être humain. Un singe fait quelque chose de différent alors son clan fini par imiter et cela devient une coutume comme l’être l’humain qui par exemple juste à voir les piercings, la mode en général etc ..
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Pour lutter contre l’effet de groupe, le chimpanzé est aussi nul que l’homme

 

Un chimpanzé dans un zoo japonais, le 16 février 2009 | Yoshikazu TSUNO / AFP

Un chimpanzé dans un zoo japonais, le 16 février 2009 | Yoshikazu TSUNO / AFP

Elise Costa

Lorsqu’un soigneur du refuge pour chimpanzés de Chimfunshi voit l’une des femelles s’insérer un brin d’herbe dans l’oreille, il n’en pense pas grand-chose. Jusqu’à ce qu’il observe un nombre croissant de chimpanzés se trimballant à leur tour avec un brin d’herbe dans l’oreille. Qu’est-il en train de se passer?

 

Quel est notre rapport aux animaux? Comment nous nous épaulons et parfois, nous détruisons? Cet été, Slate vous raconte des histoires extraordinaires d’animaux sauvages et domestiques à travers le monde pour nous aider à comprendre qui ils sont et qui nous sommes.

En 2007, un membre de l’équipe de Chimfunshi se promène dans le parc. Chimfunshi est un sanctuaire pour chimpanzés situé au nord de la Zambie, en Afrique australe. Dans les années 1980, Sheila et David Siddle ont décidé d’ouvrir ce centre de soins après avoir recueilli un bébé chimpanzé mal en point. Si ce couple de Britanniques a d’abord fait sourire, ils ont vite été adoubés par la primatologue superstar Jane Goodall, ce qui leur a valu une certaine reconnaissance internationale. Aujourd’hui, Chimfunshi réunit près de 140 chimpanzés. Ils vivent séparés en quatre groupes, quatre communautés qui ne se côtoient pas. En ce matin de 2007 donc, le membre de l’équipe –premier témoin de l’affaire– se trouve au milieu du groupe 4. C’est alors qu’il remarque Julie.

Julie est une femelle chimpanzé de 18 ans. Il la voit ramasser un brin d’herbe séché, semblable à de la paille. Elle ne joue pas avec. Elle ne le mâchonne pas. Elle regarde son brin d’herbe, puis se le met dans l’oreille. Elle le laisse là tandis qu’elle va se reposer. Elle le garde pour jouer. Elle l’a toujours quand elle part faire la toilette de son fils Jack. La tige ocre pendouille hors de l’orifice, le long de son visage. Le soigneur sourit. Après tout, pourquoi pas? Peut-être que ça l’amuse. De nombreux cas d’animaux farceurs ont bien été répertoriés au cours des dernières années (par exemple en 2006 par Mim Eichler Rivas, dans son livre Beautiful Jim Key), tout comme on sait que le rire est un état non réservé aux êtres humains (l’étude de Jaak Panksepp et Jeff Burgdorf a ainsi montré, en 2003, que les rats pouvaient aussi se poiler).

Mais la blague devient récurrente. À leur tour, différents soigneurs voient Julie ramasser un long brin d’herbe séchée, se le mettre dans l’oreille et vaquer à ses occupations. Ils se demandent ce qu’elle fiche. Son brin d’herbe ne sert à rien. Il n’a d’autre utilité que d’être là, dans son oreille. L’affaire dure un moment.

Contrairement à ce qu’on croyait, le chimpanzé peut imiter ses congénères

 

En 2010, le professeur néerlandais Edwin van Leeuwen décide d’aller voir de lui-même si ce qui se raconte est vrai. L’éthologue raconte par mail la première fois qu’il a posé le pied à Chimfunshi:

«Le sanctuaire est un endroit incroyable pour ces chimpanzés qui ont été victimes du comportement profondément cruel et stupide de certains hommes. Ils peuvent se remettre sur pied et devenir à nouveau eux-mêmes, trouvant une nouvelle famille chimpanzé, dans un parc naturel immense. Merveilleux! (…) Et là, il y a cette femelle qui se met très souvent ce brin d’herbe dans l’oreille, ce qui semble lui plaire – en tous cas elle ne semble pas stressée ni rien – puis qui retourne à sa vie de chimpanzé… ce qui est vraiment drôle à voir!»

C’est drôle, dit Edwin van Leeuwen, car se fourrer un brin d’herbe dans l’oreille n’est pas un comportement typique du chimpanzé. Depuis le temps que les scientifiques étudient le Pan troglodytes, cela se saurait. Mais le propre des scientifiques est aussi d’être curieux. Cela ne sert à rien a priori mais cela soulève une question: pourquoi Julie fait-elle ça?

Avec l’aide de l’équipe zambienne, Van Leeuwen décide alors de filmer les chimpanzés des quatre groupes (à cette époque, ils sont 94 primates à être logés au parc). Tous les jours, pendant un an.

Et petit à petit, le phénomène s’étend. Dans le groupe 4, de plus en plus de chimpanzés adoptent le même comportement que Julie. Cela commence par son fils Jack (4 ans), puis ses amis Kathy (13 ans), Val (12 ans), Miracle (11 ans), et ainsi de suite. De manière étrange, la chose ne se propage pas aux autres groupes. Seule la bande de Julie procède à ce rituel caractéristique.

«C’est devenu, explique Edwin van Leeuwen, un signe distinctif du groupe. Très peu d’entre eux ne l’ont jamais fait, à peu près 80% des membres du groupe se sont mis un brin d’herbe dans l’oreille… ce qui veut dire qu’ils l’ont socialement appris.»

À la fin de la période d’observation, l’homme récupère près de sept cent cinquante heures de tournage. Il découvre ce que le brin d’herbe dans l’oreille n’est pas: il n’est pas un comportement social lié à l’évolution de l’espèce; il n’est pas motivé par un quelconque facteur écologique; il n’est pas un mécanisme de survie; il n’a aucun but biologique. En un mot, il ne sert à rien.

«C’est devenu une tradition!», dit-il.

Ce que le comportement des chimpanzés dit de nous

Le consensus veut pourtant, en psychologie cognitive, que les chimpanzés soient incapables de surimitation ou de copie aveugle.

Chez l’être humain, «les expérimentations montrent que les gens copient des actions irrationnelles “parce que c’est comme cela qu’on fait”. Ce processus est crucial pour la construction de la culture humaine et de l’identité du groupe. On ne le trouve pas chez les chimpanzés.» 

Dans la revue SociologieS(octobre 2011), on lit: «Alors que les enfants ont tendance à “surimiter” (overimitation) les gestes qu’un expérimentateur effectue devant eux, même s’ils sont clairement inutiles, les chimpanzés ne copient que les manipulations qui permettent effectivement d’obtenir une récompense (Whiten et al., 2005).»

L’étude de Van Leeuwen publiée en 2014 sur le brin d’herbe dans l’oreille («grass-in-the-ear behavior») montre l’inverse.

«Les chimpanzés ne s’imitent pas simplement quand cela est nécessaire –pour manger ou survivre. Ils le font parfois sans raison apparente, comme les êtres humains, peut-être pour être comme l’autre (bien qu’évidemment, nous ne connaissons pas leur motivation).» 

Autrement dit, les chimpanzés peuvent aussi choisir d’arborer un accessoire tendance et lancer une mode. À moins qu’il ne s’agisse d’une blague qui va trop loin.

Car plus étonnant: lorsque Julie –it-girl de la tendance du brin d’herbe dans l’esgourde– décède en mai 2013, l’équipe de Chimfunshi rapporte avoir observé que d’autres membres de son groupe perpétuaient la tradition. Un geste qui nous ressemble énormément.

«Ce sont nos similitudes et différences [avec les chimpanzés] qui peuvent nous aider à comprendre l’évolution des comportements socio-cognitifs: quand notre culture, notre coopération, notre sociabilité ont commencé, et pourquoi? Nous avons besoin de références non humaines pour répondre à ces questions.»

Méfiance: entre la capacité à agir pour la beauté de la chose et le besoin de rigueur scientifique, nous n’en sommes plus qu’à quelques chromosomes près.

http://www.slate.fr/

Quand les femelles manipulent les mâles


Le vervet est un singe qui vit en Afrique du Sud. Les mâles sont manipulés par une ou des femelles pour combattre. Quoi de plus incitatif qu’un dépouillement ?
Nuage

 

Quand les femelles manipulent les mâles

Photo : iStock

La manipulation n’est pas uniquement un comportement humain. Pour la première fois, des chercheurs ont montré qu’une autre espèce est capable d’utiliser des tactiques de manipulation comme la punition ou la récompense. Explication.

RADIO-CANADA AVEC AGENCE FRANCE-PRESSE

Un texte d’Alain Labelle

Chez le singe vervet (Chlorocebus aethiops pygerythrus), les femelles savent ce qu’elles veulent et comment l’obtenir. Le primatologue Jean Arseneau et ses collègues de l’Université de Zurich en Suisse ont montré qu’elles incitent les mâles à participer à des bagarres contre d’autres groupes rivaux en récompensant les courageux et en agressant les prudents.

Ce primate vit en Afrique et est reconnaissable notamment à sa face noire bordée de poils blancs. Son pelage est souvent de couleur vert-jaune sur le dos.

Le vervet vit en groupe, et les femelles prennent part aux batailles lorsque la nourriture est en jeu.

En observant pendant deux ans des groupes qui vivent dans une réserve en Afrique du Sud, les chercheurs ont constaté qu’après un conflit, les femelles utilisaient parfois la technique de « la carotte et le bâton » pour inciter les mâles à se jeter dans l’arène les fois suivantes.

Photo : iStock

Concrètement, elles épouillaient les mâles qui s’exposaient au combat. À l’inverse, elles criaient et menaçaient les mâles qui s’étaient tenus à l’écart. Parfois, elles allaient jusqu’à les agresser physiquement.

En outre, avant d’attaquer un mâle qui est une fois et demie plus gros qu’une femelle, elles se regroupaient (par groupes de deux femelles ou plus) pour éviter des représailles.

La stratégie semble payante, puisque les mâles câlinés continuaient à se battre vaillamment lors des batailles suivantes et les mâles semoncés rejoignaient les rangs des combattants.

Les femelles utilisaient ces tactiques de manipulation lorsque de la nourriture intéressante était en jeu, car elles en ont besoin pour élever leurs petits. Recruter des mâles augmentait leurs chances d’avoir accès à ces ressources. Jean Arseneau

Pour les mâles, le fait de s’exposer dans des batailles a une valeur sur le plan reproductif.

« Être récompensé peut renforcer les liens et signaler aux autres femelles du groupe que le mâle objet d’attentions est un partenaire social valable », explique Jean Arseneau.

Ces travaux ont été publiés dans les Proceedings of the Royal Society B.

En 2010, des chercheurs néerlandais avaient montré que c’est la peur de perdre un combat, et non un signe de comportement conscient et d’intelligence, qui motive la gestion de l’épouillage d’un primate par un autre primate.

http://ici.radio-canada.ca/

Meurtre chez les orangs-outangs


Les animaux aussi peuvent faire preuve de violence. Cet exemple ressemble beaucoup à un comportement humain. Une agression violente, un autre qui essaie de sauver la victime et une fin malheureuse qui finit par la mort. Pourquoi ? Jalousie ? Faire plaisir à sa compagne dans le but d’avoir ses faveurs ? Manque d’espace dont l’homme en est la cause en détruisant le territoire ? Ou un peu de tout à la fois ?
Nuage

 

Meurtre chez les orangs-outangs

 

Sidony, 35 ans, victime d’une agression coordonnée inhabituelle chez les orangs-outangs. © Anne Marzec

Par Rachel Mulot

Un « pongicide » a été observé pour la première fois chez des orangs-outangs réputés assez paisibles. Un couple a coordonné une attaque meurtrière contre une femelle âgée.

 

FÉROCITÉ. Le “drame” qui a surpris les scientifiques remonte au 13 juillet 2014 dans la réserve Mawas, située dans le Kalimantan central en Indonésie. Une jeune femelle, Kondor, 15 ans, s’est soudainement attaquée à Sidony, 35 ans, une orang-outang qui ne lui était pas apparentée. Le soupirant de la belliqueuse, Ekko, un mâle de moins de 25 ans avec lequel elle s’accouplait fréquemment depuis quelques semaines, s’est alors joint violemment à la bataille, assaillant avec férocité la plus âgée.

“Les deux agresseurs se sont relayés pour battre, griffer et mordre la plus âgée et l’empêcher de fuir pendant une trentaine de minutes”, raconte la primatologue Anna Marzec, de l’université de Zurich (Suisse). Sidony ne s’est pas défendue activement, se contentant de protéger son petit dernier, et cherchant sans succès à prendre la fuite.”

L’intervention d’un vieux mâle imposant de 35 ans, Guapo, a permis de faire cesser le passage à tabac. Trop tard… Sidony est morte de ses blessures une quinzaine de jours plus tard. L’autopsie a montré que la victime avait principalement succombé aux morsures infligées par le mâle — dont les canines sont plus imposantes que celles des femelles. “Sans l’aide d’Ekko, il est peu probable que Kondor ait pu tuer Sidony”, analyse la primatologue.

Le mâle, bras armé de la femelle

En onze ans d’observations dans cette réserve de 750 hectares de tourbières marécageuses où vivent une trentaine de Pongo pygmaeus wurmii, les éthologues avaient enregistré six attaques seulement, et jamais mortelles. Les altercations surviennent de temps à autre entre orangs-outangs : les femelles se disputent parfois des territoires ; les mâles se défient entre eux, et ces derniers imposent également des rapports forcés aux femelles. Mais les blessures infligées alors ne sont pas létales, souligne Anna Marzec. Des coalitions meurtrières n’avaient été observées jusqu’à présent que chez les chimpanzés, les colobes rouges, les capucins, les atèles arachnoïdes et les singes-araignées de Geoffroy. Et il s’agissait de bandes de même sexe s’en prenant à un individu de même sexe.

Cette agression mortelle coordonnée par un couple d’orang-outang était donc tout à fait inattendue, expliquent les chercheurs des universités de Zurich, Jakarta et New York dans la revue Behavioral Ecology and Sociobiology.

“Elle montre qu’une femelle sexuellement disponible peut recruter un mâle favori pour lui servir de bras armé, soulignent les spécialistes. Ekko est venu soutenir sa partenaire, espérant peut-être des faveurs en retour. De même que Guapo est venu à la rescousse de Sidony avec laquelle il s’était d’ailleurs accouplé peu de temps après l‘attaque.”

Un conflit lié à la crise du logement ?

Les motifs de l’agression sont peu clairs. Toutefois les scientifiques, qui ont observé les interactions des primates 25 000 heures au cours des dernières années, se rappellent que les deux femelles avaient un passif. Quelques années plus tôt, Sidony avait violemment chassé Kondor qui tentait de nouer un contact avec l’une de ses filles et peut-être de s’installer non loin. Les femelles orangs-outangs sont très attachées à leur territoire, un domaine vital où elles élèvent leurs petits jusqu’à ce qu’ils les quittent à l’adolescence. Tandis que les jeunes mâles se déplacent constamment, les femelles doivent de leur côté trouver un nouvel espace où s’établir.

“La réserve est de plus en plus peuplée, parce que l’habitat des orangs-outangs est détruit par l’homme. Cette surpopulation a pu jouer un rôle dans ce comportement inhabituel et ce premier «pongicide», conclut Anna Marzec.Nous allons voir si cela se reproduit.”

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