À chaque fin de saison, des prévisions météorologiques sont données pour la saison suivante. Sont-elles vraiment fiables ? Une chose qu’il important de comprendre, ce sont des prévisions donc, ils ne sont pas sans failles. Cependant, la technologie qui à évoluer dans ce domaine donne beaucoup plus de précision
Nuage
Peut-on se fier aux prévisions saisonnières?

Ramassage de la neige à Montréal Photo : La Presse canadienne/Graham Hughes
Quelques semaines avant l’arrivée d’une nouvelle saison, les présentateurs météo font leurs prévisions, qui alimentent aussitôt toutes les conversations. Mais jusqu’à quel point sont-elles exactes? Comment peut-on prévoir autant à l’avance le temps qu’il fera?
Les explications du météorologue Pascal Yiacouvakis.
Un texte d’Alain Labelle
Un hiver doux et neigeux. Un printemps hâtif et ensoleillé. À Radio-Canada depuis 23 ans, Pascal Yiacouvakis en a fait et entendu des prévisions saisonnières.
Celles diffusées à la fin novembre prévoyaient un mois de décembre rigoureux pour la région de Montréal, une prévision qui s’est avérée. Mais ce n’est pas le cas de toutes les prévisions.
Ces prévisions ne sont pas parfaites. Elles ont un taux de succès moyen de 60 %. Il reste ainsi une probabilité élevée d’erreur. Pascal Yiacouvakis

Photo : Environnement Canada
Des modèles toujours plus précis
Depuis 2011 toutefois, le Service météorologique d’Environnement Canada produit ses prévisions saisonnières de températures et de précipitations à partir de deux modèles couplés, « ce qui permet plus de précision », explique-t-il.
Il y a un modèle qui simule le comportement de l’atmosphère et un autre qui simule le comportement de l’océan en trois dimensions. Et entre les deux, les interactions sont aussi simulées. C’est une percée majeure. Pascal Yiacouvakis
Ainsi, les prévisions saisonnières pour une région sont obtenues à partir d’un ensemble de 20 prévisions, 10 pour chacun des 2 modèles.
« Quand j’ai commencé ma carrière, il n’y avait pas de modèles couplés. C’était le modèle atmosphérique qui utilisait une température de l’eau constante, et qui simulait les interactions entre l’atmosphère et les océans. C’était moins précis qu’aujourd’hui », explique Pascal Yiacouvakis.
Des modèles qui évoluent
Les modèles climatiques ne sont pas coulés dans le béton. Les prévisionnistes introduisent régulièrement de nouvelles données, et la recherche se peaufine. De plus, l’informatique permet de repousser les limites des calculs.

Carte de prévisions saisonnières d’Environnement Canada Photo : Environnement Canada
Mais si ces modèles sont basés sur des équations précises, des approximations menant à des erreurs peuvent s’y faufiler.
Pour cette raison, le météorologue rappelle qu’une prévision demeure une prévision et que, plus elle concerne une période éloignée dans le temps, moins elle sera précise.
« Pour pouvoir prévoir, il faut que tu bases ta prévision sur une prévision », affirme-t-il en riant.
Ainsi, s’il y a une erreur qui se glisse au début, elle va devenir encore plus grosse dans le temps. Petite erreur deviendra grande! Pascal Yiacouvakis
« À court terme cependant, quand l’atmosphère est assez prévisible et que les systèmes sont bien définis, il est possible de prévoir jusqu’à 5, 6, 7 jours et être certain de son coup. Ce n’est pas le cas pour les prévisions saisonnières ».
Trois questions saisonnières
La vague de froid qui a marqué le début de l’hiver est-elle un événement rare?
Il n’est pas rare d’observer des vagues de froid dès la mi-décembre. Ce qui est particulier dans ce cas-ci, c’est que des grands froids ont frappé le pays au complet, des Maritimes jusqu’à Vancouver pratiquement. Lorsque cela arrive, il est clair que ça va être long avant que le phénomène décolle. Souvent, il y a un coup de froid dans l’est et de la douceur dans l’ouest, ou le contraire; mais là, wow, c’est rare en sapristi! C’était massif, énorme.
Pascal Yiacouvakis
L’hiver 2017-2018 est arrivé très tôt en décembre. Est-ce vrai qu’un hiver qui commence en lion finit en mouton?
Statistiquement ce n’est pas faux, mais ce n’est jamais une certitude. Pascal Yiacouvakis
Est-ce vrai qu’il y aura un important redoux en janvier?
Il y a un redoux en janvier trois fois sur quatre. Alors, la probabilité est assez élevée. En météo, il faut rayer deux mots de son vocabulaire : jamais et toujours. Pascal Yiacouvakis
Le saviez-vous?
Pascal Yiacouvakis est titulaire d’un baccalauréat spécialisé en météo (1985) et d’une maîtrise en sciences de l’atmosphère (1993) de l’Université du Québec à Montréal. Ses travaux de recherche ont été effectués au Centre de recherche de Toulouse (France) et portent sur le diagnostic des systèmes frontaux. Pascal a travaillé pendant plusieurs années, soit de 1985 à 1994, comme prévisionniste pour Environnement Canada. Il a ensuite été embauché comme annonceur à la radio de la Société de Radio-Canada (SRC). Depuis 1994, il est présentateur météo à la télévision de Radio-Canada ainsi qu’au Réseau de l’information (RDI). Il a reçu récemment le prix Alcide-Ouellet 2002, décerné par l’Association professionnelle des météorologistes du Québec.
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