Opération Perle Noire : les chiens et chats noirs sortent de l’ombre en cette période de Black Friday


Je ne comprends pas que des superstitions du passé, des préjugés face aux chiens et aux chats noirs persistent à notre époque. En France, une association Seconde Chance a eu la bonne idée de profiter du Black Friday, : le vendredi noir pour faire valoir les chats et les chiens a robe noire dans le but de leur donner une seconde chance pour être adoptés.
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Opération Perle Noire : les chiens et chats noirs sortent de l’ombre en cette période de Black Friday


Chien noir

Quand certains font des bonnes affaires pour le Black Friday mais tournent le dos aux animaux de couleur noire…

Le saviez-vous ? Les chiens et les chats noirs attendent en moyenne deux fois plus longtemps que les autres avant de trouver leur famille d’adoption. 

Alors pourquoi un tel délaissement ? La raison est assez triste à constater : longtemps victimes de superstition car associés à la couleur du diable, de la mort ou de la sorcellerie, les animaux noirs sont encore aujourd’hui les grands perdants des adoptions. 

Aider à sortir de l’ombre les animaux oubliés

Chaque année, l’association responsable Seconde Chance organise l’opération « Rencontrez une Perle Noire » sur son site internet. L’opération a lieu du 1er au 30 novembre 2019 à travers 1500 associations dans toute la France et ce pour la 11ème année consécutive.

Cette année, 1600 animaux noirs seront mis en avant auprès du public. L’objectif de l’association Seconde Chance est de mobiliser les amoureux des animaux via leurs réseaux sociaux pour qu’ils partagent les fiches des animaux noirs en attente d’être adoptés.


Mobiliser ainsi les internautes permettrait à l’association de doubler les visites habituelles sur son site pour atteindre 1,4 million de visites en novembre 2019. Deux fois plus de visibilité pour les animaux en attente d’adoption, en somme !

Vaincre les préjugés sur les animaux noirs

L’opération « Rencontrez une Perle Noire » de l’association Seconde Chance permet d’éveiller les consciences et d’abolir les superstitions selon lesquelles le chien noir serait plus dangereux et violent ou moins joyeux et heureux que les autres.

Pour mettre fin au « Black Dog Syndrome », il faut faire prendre conscience que les animaux noirs présentent de réels avantages ! Par exemple, un animal noir se salira moins visiblement qu’un animal tout blanc, ses poils ne se verront pas sur vos vêtements noir et dernière bonne raison pour adopter un chat noir ou un chien noir : ce sont eux les moins susceptibles d’être adoptés  !

https://wamiz.com/

Voici la véritable histoire de la fausse nouvelle la plus populaire du Québec


Depuis 4 ans, circule une fausse nouvelle que le maire de Dorval au Québec d’avoir refusé de retirer le porc des cantines à demande aux musulmans, ce qui est FAUX. Ce qui est vrai est qu’on a fait cette demande non pas au Québec, mais en France et le maire de l’endroit n’a pas fait mention quelle religion avait fait cette demande, car certaines branches chrétiennes, les Juifs et les musulmans ne mangent pas de porc. Cette nouvelle a été plusieurs fois partagée dans d’autres pays en changeant les noms et l’endroit et accusant spécifiquement les musulmans. Les fausses nouvelles peuvent faire beaucoup de ravage dans les réseaux sociaux. Ce qui est d’autant plus grave, certaines personnes savent que l’histoire a été inventée ou copier en apportant des changements et ils la partagent quand même, soi-disant pour la morale, pour confirmer leurs opinions et renforcer leurs préjugés. Nous ne sommes pas à l’abri malheureusement, mais avec un peu de recherches, dénoncer les fausses nouvelles, cela permettrait, j’espère à diminuer l’impact des fausses nouvelles.
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Voici la véritable histoire de la fausse nouvelle la plus populaire du Québec


Lieux-dits 2.0Les fausses nouvelles, comme la chasse-galerie, sont en quelque sorte du folklore moderne.

Les fausses nouvelles, comme la chasse-galerie, sont en quelque sorte du folklore moderne. Photo: Radio-Canada / Philippe Tardif

Jeff Yates

Le maire de Dorval n’a pas tenu tête aux parents d’élèves musulmans qui lui demandaient de retirer le porc des cantines scolaires. Pourtant, des centaines de milliers de gens y croient encore. C’est une fausse nouvelle qui est passée au rang du folklore québécois, selon des chercheurs. Autopsie d’un monstre.

« Bonne initiative d’un Québécois… »

Ainsi débute la publication de quelque 350 mots qui cause depuis quelques années des maux de tête à Dorval. Celle-ci félicite le maire, puis présente des propos que son secrétaire aurait tenus aux parents musulmans qui lui avaient supposément demandé de bannir le porc :

« Les musulmans doivent comprendre qu’ils doivent s’adapter au Canada et au Québec, à leurs coutumes, à leurs traditions, leur style de vie, parce que c’est là où ils ont choisi d’immigrer », peut-on lire dans la publication.

Peu importe si cette histoire n’a jamais eu lieu et même si les maires québécois n’ont aucun contrôle sur les menus des écoles, elle circule et continue de circuler, bon an, mal an, depuis 2015. J’avais moi-même démenti cette fausse nouvelle à l’époque, tout comme plusieurs autres médias. Après enquête, nous avons appris d’où elle provenait et comment elle s’est mise à circuler.

L’histoire de cette fausse nouvelle débute le 9 janvier 2013 à Antibes Juan-les-Pins, une ville de près de 75 000 personnes près de Cannes, dans le sud de la France. Ce n’est pas le maire Jean Leonetti, mais son adjointe, Françoise Thomel, qui envoie une lettre aux parents des élèves inscrits au service de restauration scolaire en réaction aux demandes de certains parents de réduire, voire d’éliminer le porc des cantines. D’autres avaient, au contraire, demandé une augmentation des plats à base de porc.

Il s'agit d'une carte du Canada, ainsi que d'un texte attribué au maire de Dorval.Capture d’écran de la fausse nouvelle à propos du maire de Dorval. Cet exemplaire a été publié en septembre 2015 et a été partagé 124 000 fois. Photo : Capture d’écran – Facebook

Ces demandes sont refusées.

« Cette demande […] est fondée sur des convictions religieuses ou personnelles, ce qui est contraire au principe de la laïcité », explique Mme Thomel dans sa lettre(Nouvelle fenêtre).

Elle ne dévoile pas de quelle religion ou de quelle idéologie se réclament les demandeurs.

La lettre apparaît rapidement sur les réseaux sociaux en France, puis dans les médias locaux (Nouvelle fenêtre). Peu de temps après, des blogues d’extrême droite reprennent l’histoire. Un d’entre eux compose une lettre ouverte au maire d’Antibes (Nouvelle fenêtre), le remerciant d’avoir tenu tête aux « musulmans ».

Si vous avez lu la fausse nouvelle à propos du maire de Dorval, vous avez déjà lu cette lettre ouverte au maire d’Antibes. Elles sont identiques. L’auteur de la fausse nouvelle a tout simplement modifié le texte pour que les références françaises concernent plutôt Dorval, le Québec ou le Canada.

Deux versions de cette fausse nouvelle, une publiée en septembre 2015, l’autre, en décembre 2017, soit bien après que l’histoire a été démentie, ont été partagées 124 000 et 178 000 fois respectivement sur Facebook. Comme beaucoup d’internautes font simplement un copier-coller du texte sur leur propre compte Facebook, il existe d’autres copies. La portée de cette fausse nouvelle est donc encore plus importante et impossible à mesurer.

À titre d’exemple, l’article le plus populaire de tous les grands médias québécois au cours des 12 derniers mois sur les réseaux sociaux, selon l’outil d’analyse BuzzSumo, a été partagé un peu plus de 61 000 fois sur Facebook.

« Cette info a été déformée, amplifiée et exploitée par des camps différents aux intérêts opposés », affirme Olivier Darcq, directeur de la communication à la Ville d’Antibes Juan-les-Pins.

Il explique que la nouvelle a été récupérée autant pour dépeindre le maire comme un héros de la laïcité que pour avertir les musulmans de ne pas visiter la ville.

Ironiquement, l’histoire qui soulève les passions un peu partout dans le monde ne semble pas trop préoccuper les habitants de sa ville d’origine. Selon M. Darcq, cette nouvelle n’anime plus les discussions à Antibes depuis longtemps.

« J’ai le sentiment que ce débat n’est absolument plus d’actualité dans notre commune. Donc, s’il y a plus beaucoup de partages, il est clair que l’information, qui est devenue une fake news, a été orientée par ceux qui ont intérêt à créer des tensions sur ces thématiques, alors que des principes de bon sens ont permis dans notre ville d’apaiser toutes problématiques à ce sujet », juge-t-il.

C’est en 2015 que la fausse version de cette histoire, mettant en vedette le maire de Dorval, commence à circuler. L’équipe du maire Edgar Rouleau a rapidement réalisé que quelque chose clochait sur les réseaux sociaux quand de nombreux internautes et des journalistes lui ont signalé la fausse nouvelle.

À l’époque, la ville de 19 000 âmes voulait réagir, mais elle ne détenait aucun compte sur les réseaux sociaux. Aucune arme, donc, pour se défendre contre ce tsunami de « j’aime » et de partages qui propulsait un mensonge à l’endroit du maire. La Ville a donc publié un communiqué sur son site web pour dénoncer la fausse nouvelle.

 C’était « le seul moyen qu’on avait », se rappelle le chargé de communications de la Ville de Dorval Sébastien Gauthier

Rien n’y faisait.

« C’est sûr que le maire, au début, s’est demandé, “est-ce qu’on peut faire arrêter ça?” Avec nos recherches et selon des experts qu’on a consultés, on s’est dit qu’essayer de mettre fin à ça et au commérage sur les réseaux sociaux… bonne chance, c’est mission impossible. On a lâché prise », admet M. Gauthier.

Près de quatre ans plus tard, cette fausse nouvelle a fait le tour du monde, a été traduite en plusieurs langues et continue toujours de circuler au Canada, tout comme ailleurs.

La « morale » de l’histoire avant les faits

Le maire de Dorval n’a pas banni le porc des cantines scolaires, malgré ce qui circule sur Facebook depuis quatre ans.Le maire de Dorval n’a pas banni le porc des cantines scolaires, malgré ce qui circule sur Facebook depuis quatre ans. Photo : Radio-Canada / Philippe Tardif

Il est impossible de précisément mesurer la portée de cette fausse nouvelle, mais elle a assurément rejoint des centaines de milliers, voire des millions de Québécois. La popularité de cette fausse nouvelle n’est pas anecdotique; quelque chose pousse des Québécois à la partager.

Afin de comprendre pourquoi, nous avons contacté plus d’une centaine de Québécois qui l’ont publiée sur leur compte Facebook. La plupart n’ont pas répondu, mais quelques-uns se sont prêtés au jeu.

Leurs réponses sont presque unanimes : les faits étalés dans l’histoire sont peu ou pas importants, selon eux. Ce qui leur importe, ce sont les valeurs exprimées, la « morale » de l’histoire. Même s’ils reconnaissent aujourd’hui que les événements décrits dans la publication Facebook ne se sont jamais produits, pour eux, l’histoire du maire de Dorval qui refuse de bannir le porc des cantines scolaires n’en demeure pas moins valide.

« Peut-être que l’information est fausse, mais les idéaux, eux, sont ce que la plupart des Québécois pensent, explique Sylvain. Pour être honnête, je n’ai pas beaucoup fait attention à [savoir si c’était vrai]! C’était plus les idées sur le point de vue que j’ai retenu et, pour moi, c’est là que cela prenait tout son sens. »

« Je ne savais pas que cette nouvelle était fausse… dommage. Je trouvais que celle-ci valait la peine d’être partagée, écrit, quant à elle, Marie-Claude. Je suis déçue, je croyais qu’il y avait quelqu’un qui avait des couilles! Mais c’est vrai, je suis d’accord avec les valeurs exprimées dans cette nouvelle. »

J’ai demandé à Jacques s’il se sentait mal d’avoir partagé une histoire inventée.

« Non, car même si ce n’est qu’une invention, ce n’est pas tout le monde qui prend le temps de vérifier si c’est vrai ou non. Le plus important sur les réseaux sociaux, c’est le message véhiculé. »

Lynda, elle, savait très bien que l’histoire était fausse — elle a même inclus un avertissement à cet effet à la fin de sa publication, partagée plus de 400 fois.

« Une histoire comme celle-là n’est qu’un prétexte pour ouvrir la discussion sur la laïcité de l’État et de faire entendre à tous nos opinions sur le sujet, explique-t-elle. Quand j’ai su que cela était faux, ça n’avait plus une grande importance pour moi, car ce texte, même faux, représentait ce que je crois qui devrait être fait dans une circonstance comme celle présentée, ou une quelconque circonstance hypothétique de ce genre. »

Presque tous en ont profité pour m’expliquer, sans que je le leur demande, leur vision de l’immigration et de la laïcité. Je sentais qu’ils cherchaient à se faire entendre, à partager leur message : l’immigration c’est bien, mais seulement quand les nouveaux arrivants s’intègrent. Partager cette publication leur permet d’exprimer leurs craintes que les musulmans, eux, ne s’intègrent pas, que ces derniers demandent que la société québécoise s’adapte à eux. Le maire de Dorval fictif dans l’histoire est, pour les personnes que j’ai interrogées, un exemple à suivre, un idéal.

Nous sommes donc devant une histoire fausse, relayée dans le but de véhiculer des craintes et de proposer une vision héroïque de ce que nous devons faire pour les combattre. Tout comme dans une épopée ou dans un mythe légendaire.

Sylvain, lui, me l’a dit sans broncher

. « Aujourd’hui, je le vois plus comme les contes que l’on raconte aux enfants. Je veux dire, l’histoire est peut-être inventée, mais les valeurs et la morale n’en restent que plus vraies. »

Ça, la communauté de chercheurs qui s’intéresse au folklore le sait depuis un bon moment.

Une sorte de folklore moderne

Des légendes urbaines émergent chaque fois qu’il y a des changements majeurs. Dans les nouvelles technologies, par exemple : « les micro-ondes détruisent les vitamines dans les aliments! »Une légende urbaine dans les nouvelles technologies : « les micro-ondes détruisent les vitamines dans les aliments! » Photo : Radio-Canada / Philippe Tardif

« Lorsqu’on a créé lnternet, certains croyaient que ça serait la fin des légendes urbaines parce que les gens pourraient immédiatement effectuer des recherches et déterminer qu’elles étaient fausses, ce qui stopperait le phénomène. Malheureusement, c’est loin d’être le cas », lance en riant Ian Brodie, professeur associé en folklore à l’Université du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse.

Parce que, oui, il considère que les fausses nouvelles sont tout simplement des légendes urbaines, la manifestation moderne d’un phénomène qui existe depuis la nuit des temps.

C’est du folklore moderne.

« Les folkloristes parlent des légendes urbaines depuis beaucoup plus longtemps que nous parlons des fake news. Il y a beaucoup de points en commun entre ces phénomènes », renchérit Russel Frank, de l’Université de Pennsylvanie.

Ce dernier est bien placé pour parler : il détient un doctorat en folklore, mais enseigne le journalisme.

Certes, les réseaux sociaux ont changé la donne. Mais un bon nombre des fausses nouvelles que nous voyons aujourd’hui auraient jadis circulé dans ces conversations de salon, à l’arrêt d’autobus, autour de la table au souper. Elles le font depuis que les humains existent.

« C’est la même chose qui se traduit sur les réseaux sociaux. L’important, ce n’est pas tant la source ou la fiabilité de l’information, mais plutôt l’identité de la personne qui me la relaie, que je connais, avec qui j’entretiens une relation », illustre M. Brodie. C’est le royaume du « as-tu entendu que…? »

J’ai résumé aux chercheurs les conclusions de ma petite enquête auprès des gens qui ont partagé l’histoire du maire de Dorval. Rien de cela ne les a surpris. Le but des légendes urbaines n’est pas d’informer, mais de communiquer des craintes, d’avertir, pensent-ils.

Aussi peu fiables que ces histoires puissent être en ce qui concerne les faits, elles sont une mesure extrêmement fiable des anxiétés qui traversent une société. Russel Frank, professeur, Université du Cap-Breton

Selon M. Brodie, c’est pourquoi des légendes urbaines émergent lorsqu’il y a des changements sociaux majeurs : les nouvelles technologies (« les micro-ondes détruisent les vitamines dans les aliments! »), l’évolution des moeurs (« les homosexuels sont satanistes! »), les changements dans l’ordre social (« sans mères au foyer, les enfants deviendront dingues! »), et, oui, les vagues d’immigration.

M. Frank m’envoie un article publié par la chercheuse Florence E. Baer dans le journal universitaire American Folklore. L’auteure tente de déterminer la source de rumeurs qui circulent à l’endroit d’un groupe de réfugiés dans une petite ville en Californie.

Il s’en trouve plusieurs pour alimenter toutes sortes de rumeurs sur ces nouveaux arrivants : ils ont des pratiques alimentaires bizarres, ils ne réussiront jamais à s’intégrer. Un garçon affirme les avoir vus tuer et manger le chien d’une dame; même si l’enquête policière conclut que ces événements ne se sont pas produits, les esprits s’enflamment, l’histoire explose. Ou encore, de bouche à oreille, on se scandalise que l’ami de l’oncle d’untel a entendu du frère d’untel que ces réfugiés reçoivent plus d’argent du gouvernement que son père, qui est retraité.

Tout cela m’est extrêmement familier. Des histoires du genre, j’en ai vu des tonnes, relayées des dizaines de milliers de fois sur Facebook. J’ai même dû démentir deux fois l’idée que le gouvernement traite mieux les réfugiés que les aînés. C’est du déjà-vu.

Par contre, dans le cas de l’étude de Florence Baer, on ne parle pas de réfugiés syriens, mais de réfugiés vietnamiens. Parce que, voyez-vous, même si ces histoires ont l’air de provenir de statuts Facebook viraux, l’article de Mme Baer a été publié en 1982 (Nouvelle fenêtre). Ce sont les mêmes vieilles histoires qui ressurgissent. La désinformation au XXIe siècle n’a rien de très original.

Des histoires pour mettre en garde envers l’Autre

Au début des années 1900 aux États-Unis, illustre-t-il, on mettait en garde les jeunes femmes contre des établissements dangereux, qui représentaient la déchéance sexuelle. On parlait, bien sûr, des crèmeries.Au début des années 1900 aux États-Unis, illustre-t-il, on mettait en garde les jeunes femmes contre des établissements dangereux, qui représentaient la déchéance sexuelle. On parlait, bien sûr, des crèmeries. Photo : Radio-Canada / Philippe Tardif

Ian Brodie affirme que l’immigration alimente en bonne partie les légendes urbaines, et ce, depuis toujours. Au début des années 1900 aux États-Unis, illustre-t-il, on mettait en garde les jeunes femmes contre des établissements dangereux, qui représentaient la déchéance sexuelle. Fréquenter ces lieux en tant que femme, c’était s’exposer au risque d’être violée, voire kidnappée, puis envoyée à l’autre bout du monde comme esclave sexuelle.

On parlait, bien sûr, des crèmeries. Pourquoi? Parce que les premiers commerces à vendre de la crème glacée dans ce pays étaient gérés par ces étrangers mystérieux et que certains croyaient dangereux, les Italiens.

« Les crèmeries étaient des endroits terrifiants parce que cette nouvelle population immigrante vendait une nouvelle sorte de nourriture qu’on ne connaissait pas. Ça faisait peur!

On disait : “jeunes femmes, si vous voulez protéger votre vertu, parents, si vous voulez protéger vos filles, évitez les crèmeries! » », raconte-t-il en ricanant.

Si on veut remonter encore plus loin, les Romains disaient que les chrétiens kidnappaient les enfants et buvaient leur sang, ajoute-t-il.

« Les légendes urbaines qui traduisent une anxiété envers l’Autre forment une immense partie du folklore. Il y a cette peur de la différence, de vivre dans un monde qui est changé par l’Autre », avance M. Frank.

C’est pourquoi les mêmes histoires reviennent, encore et encore.

Que faire pour freiner la propagation de légendes du genre si les faits ne font que rebondir sur leur carapace?

« Tout ce qu’on peut faire, c’est prendre un peu de recul et dire “l’histoire que tu me racontes, elle n’a rien de nouveau. Elle existe depuis des siècles. Je suis certain que tu y croies et qu’elle confirme tes opinions, et je ne pourrai probablement pas changer tes préjugés, mais, écoute… c’est la même histoire” », laisse tomber M. Brodie.

Heureusement, ces rumeurs tendent à disparaître au fil du temps, ajoute-t-il. Peu de gens inventent aujourd’hui des fausses nouvelles à propos de l’immigration vietnamienne ou italienne, par exemple.

La fausse nouvelle du maire de Dorval s’inscrit dans une longue tradition. On exprime nos craintes à l’aide d’histoires plus souvent fausses que vraies, dont les sources sont nébuleuses. Il y a toujours un héros, qui tient tête contre vents et marées contre un ennemi insidieux. L’important, ce n’est pas si c’est arrivé pour vrai, si les faits rapportés sont exacts. L’histoire elle-même sert à communiquer un avertissement, un point de vue, une piste de solution.

C’est probablement pourquoi cette fausse nouvelle ne séduit pas uniquement les Québécois. Il existe d’autres versions dans plusieurs pays, dont la Belgique ou l’Australie, qui visent des maires locaux. Par contre, celle mettant en vedette le maire de Dorval semble de loin la plus populaire. D’ailleurs, seulement pendant la rédaction de cet article, un site web israélien l’a relayée. Ensuite, une autre version de la fausse nouvelle a rebondi dans sa terre d’origine, la France (Nouvelle fenêtre)cette fois-ci mettant en vedette un autre maire français.

Le maire de Dorval reçoit quelques appels ou courriels chaque mois pour le féliciter d’avoir tenu tête aux parents musulmans, souligne Sébastien Gauthier. La plupart des messages sont en anglais et proviennent du reste du Canada ou des États-Unis.

Le billet du maire expliquant que l’histoire est fausse trône souvent au sommet des sections les plus populaires sur le site web de la Ville. Selon M. Gauthier, c’était la deuxième section la plus consultée en 2018.

La Ville, du haut de sa page Facebook lancée en 2016 et qui comporte moins de 2000 abonnés, voit mal ce qu’elle pourrait faire, mis à part signaler quelques publications ici et là.

« Oui, ça nous dérange, mais la bibitte des réseaux sociaux est tellement énorme qu’on se dit, “comment peut-on se battre contre ça?” Surtout quand on voit que ça fait maintenant quatre ans que la “nouvelle” a été démentie… Qu’est-ce qu’on fait? », lance-t-il.

Aussi bien tenter de se battre contre la chasse-galerie.

https://ici.radio-canada.ca

Les robots noirs subissent aussi le racisme


Des gens ont des préjugés envers les humains noirs, les chats noirs, les chiens noirs et voilà que les robots noirs aussi sont « victime » de racisme
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Les robots noirs subissent aussi le racisme

 

Someking Spaceman Robot | D J Shin via Wikimedia Commons | 
 License by

Someking Spaceman Robot | D J Shin via Wikimedia Commons | License by

Repéré par Christophe-Cécil Garnier

Les préjugés humains se transposent sur leurs homologues mécaniques.

La robotique se développe à grand pas et les questions liées à ces machines également. Récemment, une étude s’est demandée si des humains pouvaient hésiter à éteindre un robot s’il suppliait de ne pas le faire. Une autre étude, elle, a choisi de se concentrer sur les biais racistes envers les robots. Si ces derniers ont des traits anthropomorphique comme des yeux et une tête, les gens verront plus la couleur de la machine, note le site américain Fast Company.

Les chercheurs de cette étude ont collecté différentes photos de personnes et de robots d’un même modèle, Nao, avec des tons de «peau» (ou revêtement, si vous préférez) différents. L’étude était menée ainsi: des personnes se trouvaient dans la peau d’un policier, des photos de personnes ou de robots apparaissaient l’espace d’une seconde, tenants dans leurs mains une arme ou un objet sans risque. On demandait ensuite aux testés s’ils tiraient ou non.

L’étude a montré que les participants, majoritairement blancs, étaient plus rapides à tirer sur un homme et un robot noirs armés que leurs homologues blancs. Elle a aussi constaté que les sujets étaient plus rapides à s’abstenir de tirer sur des robots et humains blancs que sur les noirs.

«Les participants ont pu identifier aisément et en toute confiance la race des robots en fonction de leur propre racialisation et leur performance dans cette tâche du tireur a été impactée par de tels processus de catégorisation sociale. Ainsi, il y a aussi la sensation claire que ces robots – et par extension d’autres robots humanoïdes – ont une race», ont écrit les chercheurs.

À l’heure actuelle, beaucoup de robots construits sont blancs. Et un jour, ces machines seront utilisées en grand nombre.

«Avoir surtout des robots blancs pourrait renforcer le racisme», estime Fast Company. «Si les robots sont supposés fonctionner comme enseignants, amis ou aides-soignants, par exemple, ce sera un grave problème si tous ces rôles ne sont occupés que par des robots racialisés en blanc», ont expliqué les chercheurs.

http://www.slate.fr/

Vous choisissez certainement mal vos amis


Je suis tout à fait d’accord avec cette recherche sur la mixité des groupes fait diminués les préjugés et les stéréotypes. Quand on apprend a connaitre les gens qui sont différents, c’est une richesse d’expérience partager
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Vous choisissez certainement mal vos amis

 

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«On choisit ses amis, pas sa famille» | Andrea Tummons via Unsplash License by

Repéré sur BBC News

Repéré par Aurélie Rodrigues

Développer des relations avec des individus qui ne partagent pas les mêmes goûts ou pensées que nous, loin de nous desservir, ferait de nous des personnes bien plus heureuses et tolérantes.

Les scientifiques s’accordent sur le fait que l’amitié est la clé du bonheur. La Grant Study, la plus longue étude jamais réalisée sur le développement humain, montre que les personnes qui entretiennent et maintiennent des relations sociales fortes et qualitatives sont plus heureuses.

Cependant, de plus en plus d’éléments laissent penser que nous établissons des amitiés avec des personnes qui nous ressemblent. Le risque: créer des cercles relationnels fermés et s’enfermer dans des bulles, comme sur les réseaux sociaux –ce qui engendre un isolement intellectuel et culturel, comme l’explique Eli Pariser, créateur de l’ONG Avaaz.

Cette homophilie –concept qui se rapproche de «qui se ressemble s’assemble»– conduit souvent à renforcer les stéréotypes et les préjugés à propos des autres groupes et de son propre cercle relationnel.

Comme l’explique la BBC, le risque serait de se retrouver dans un monde social divisé en catégories: âge, classe sociale, opinions politiques, religion et ethnicité. La polarisation pourrait être poussée à son paroxysme et en conséquence ces groupes pourraient commencer à vivre dans différents quartiers, étudier dans différentes écoles et commencer à croire à des «faits» différents.

La différence est une richesse

Selon la BBC, s’entourer de personnes différentes de nous serait bénéfique. Notre vision du monde aurait tendance à s’élargir et à ne plus seulement dépendre de stéréotypes ou de préjugés –souvent utilisés pour donner du sens à quelque chose qui nous est inconnu, étranger. Par ailleurs, cette mixité permettrait d’effacer les a priori et de diminuer l’appréhension quant à un début d’interaction avec un autre groupe.

Aux États-Unis, des recherches sur le sujet ont montré que plus les interactions sont fréquentes, plus les préjugés ont tendance à disparaitre. Miles Hewstone, professeur en psychologie à l’université d’Oxford, donne plusieurs exemples de contacts réussis entre différents groupes: les catholiques et les protestants de l’Irlande du Nord; les étudiants blancs américains et les Afro-américains après la déségrégation des établissements scolaires aux États-Unis; les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs à Chypre.

Les bienfaits de la mixité sont aussi visibles à la télévisions et dans les médias en général. En 2007, une étude réalisée par la National communication association a montré que les participants qui ont regardé les programmes Six Feet Under et Queer Eye for the Straight Guy avaient tendance à avoir moins de préjugés envers les hommes gays. Après plus de soixante ans de recherches –de l’Amérique du Nord, en passant par l’Europe et l’Asie– les résultats témoignent du fait que les interactions entre différentes groupes représentent un grand pas vers la tolérance.

http://www.slate.fr/

Les stéréotypes sur les femmes en science vus par les enfants


Aujourd’hui, le marché du travail dans le domaine des sciences est aussi ouvert aux femmes. Malheureusement, les stéréotypes sont difficiles à changer. Ce qui est curieux, avec l’analyse des dessins, ceux de 5 et 6 ans n’ont pas vraiment de préjugés, mais c’est en vieillissant que les stéréotypes s’installent surtout vers l’adolescence. Il y a encore beaucoup de travail à faire dans l’éducation des enfants pour l’équité des emplois
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Les stéréotypes sur les femmes en science vus par les enfants

 

Une petite fille fait un dessin, assise à un bureau; devant elle se trouve un microscope.

Une fillette fait un dessin. Photo : iStock/Alek Zotoff

Lorsqu’on lui demande « dessine-moi un scientifique », moins d’un enfant sur trois aux États-Unis représente une femme. Bien que cette proportion ait augmenté depuis les années 1960, les enfants plus âgés catégorisent toujours la science comme un métier d’homme, un stéréotype susceptible d’influencer les jeunes filles qui voudraient faire carrière en science.

Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné

Les stéréotypes sont quelque chose de difficile à renverser. Plusieurs chercheurs évaluent leurs effets sur les enfants pour comprendre à quel moment et dans quel contexte ces préjugés sont inculqués, mais aussi comment cette influence change d’une génération à l’autre.

Pour voir l’évolution de la perception des femmes en science, des chercheurs en psychologie à l’Université Northwestern, en Illinois, ont vérifié leur représentation dans plus de 20 000 dessins de jeunes âgés de 5 à  8 ans. Ces dessins ont été produits dans 78 études échelonnées sur cinq décennies.

Le dessin est un outil important dans ce type d’études, car il permet de voir ce qui a été inculqué sans que l’enfant eût nécessairement appris à mettre des mots sur les concepts.

Un homme scientifique

Ce dessin d’un homme scientifique est l’un des 5000 produits dans le cadre de l’étude entre 1966 et 1977.  Photo : David Chambers

L’analyse, publiée dans le journal Child Developpment, indique qu’on est passé d’une moyenne de 1 % de dessins de femmes scientifiques dans les années 1960 à 28 % aujourd’hui. Pour les chercheurs, cette hausse montre que les stéréotypes sur les femmes en science ont diminué dans la culture populaire à laquelle les jeunes sont exposés.

Décortiquer les chiffres permet par ailleurs de constater à quel moment leur perception du monde commence à changer. À 5 ou 6 ans, les garçons comme les filles dessinent en des proportions semblables des scientifiques hommes et femmes.

Par contre, ce rapport change à partir de l’âge de 7 ou 8 ans : les filles comme les garçons dessinent de moins en moins de femmes scientifiques. À l’âge de 15 ou 16 ans, 75 % des filles et 98 % des garçons dessinent un homme.

Les chercheurs croient que, durant cette période, les adolescents sont exposés à l’idée que ce secteur d’emploi est encore majoritairement masculin. Cette perception se transpose dans leurs dessins.

Changer les perceptions

Le dessin d'une femme scientifique

Les chercheurs ont analysé les dessins d’enfants effectués dans le cadre de 78 études échelonnées sur cinq décennies.  Photo : Courtoisie : Vasilia Christidou

L’évolution des dessins dans le temps suit toutefois la tendance observée sur le marché du travail.

Depuis les années 1960, le nombre de femmes en science a augmenté, passant par exemple aux États-Unis de 28 % de femmes en biologie à 49 %.

Malheureusement, c’est un des rares domaines à atteindre la parité. Ainsi, en chimie, on est passé de 28 % à 35 % et en physique, de 3 % à 11 %.

Cette étude n’est pas qu’une question d’art visuel. Les stéréotypes ont un rôle important à jouer dans ce qu’un enfant croit être capable de réussir ou non.

L’étude confirme une tendance déjà observée depuis un moment. En 2017, par exemple, une autre étude montrait qu’à partir de l’âge de 7 ans, les enfants commençaient à associer davantage l’intelligence aux garçons. Pour les chercheurs, il est donc essentiel de poursuivre le travail d’éducation.

Bien que la situation s’améliore, certains domaines d’études et d’emplois restent, à l’image de la science, toujours peu accessibles aux femmes.

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Le Saviez-Vous ► Pourquoi déteste-t-on les roux?*


Je ne déteste pas les roux, d’autant plus que j’ai une bru rousse avec qui je m’entends bien. Je suis contre toute discrimination envers la couleur de peau, son origine, les croyances (en autant qu’elles soient pacifiques) la langue, envers des handicapés et bien entendu envers la couleur des cheveux. À vrai dire, je ne comprends pas que des stéréotypes puisse encore exister envers les roux, que des mouvements anti-roux soient actifs. Il faut vraiment être ignorant et stupide de détester une personne pour sa couleur de cheveux.
Nuage

 

Pourquoi déteste-t-on les roux?*

 

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Illustration Laurence Bentz pour Slate

Christophe-Cécil Garnier

Non, Slate ne déteste pas les roux. Notre nouvelle série «Pourquoi déteste-t-on les…?» recense les préjugés courants pour mieux les démonter.

Je n’ai pas vu beaucoup de roux durant ma jeunesse, mais il y a au moins un moment gravé dans mon esprit. Je devais avoir quinze ou seize ans et j’allais à un festival vendéen appelé La Septième Vague, qui se déroule dans la charmante et bucolique commune de Brétignolles-Sur-Mer.

Mon père m’emmenait en voiture avec une amie. En arrivant dans la ville, nous fûmes pris dans un petit embouteillage –ce qui, il faut le dire, constitue un événement en Vendée. Alors qu’on attendait patiemment, un groupe de jeunes nous a dépassés. Deux garçons, puis deux filles et en bout de groupe, un autre garçon, roux, qui transportait un pack de bières.

«- Oh, c’est pas très cool, nous sommes-nous vaguement insurgés mon amie et moi.

– Ça va, répliqua mon père. Dans l’Égypte Antique, ils l’auraient tué à la naissance. Donc il n’a pas à se plaindre.»

La remarque nous interpella, avant de nous faire éclater de rire. Cette amie, qui a rencontré mon père cette seule et unique fois, m’en reparle encore.

Défiance depuis l’Antiquité

Il faut dire qu’il est assez aisé de se moquer des roux, même si personne ne connaît vraiment l’origine des clichés à leur propos.

«On a des preuves de défiance à l’égard des roux et des rousses depuis qu’il y existe des traces écrites, explique Valérie André, auteure de Réflexions sur la question rousseet de La rousseur infamante. Depuis l’apparition de l’écriture, en fait. On a l’habitude de citer la phrase de l’Esprit des Lois de Montesquieu:

“On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient d’une si grande conséquence, qu’ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.”

En réalité, les égyptologues ont montré que c’était faux: les Égyptiens ne faisaient pas de sacrifices humains. Mais cela révèle une croyance très ancienne selon laquelle les roux sont maltraités».

Voilà, désolé Papa, la blague tombe à l’eau. Et il est inutile de blâmer Montesquieu pour cette fake news du XVIIIe siècle, l’ensemble du texte est une succession d’ironie pour dénoncer l’esclavage.

Une personne sans ascendant roux a 3% de chance de l’être, selon Valérie André, «quelle que soit l’ethnie» –et c’est important, nous y reviendrons.

La rousseur est due à la mélanine, les pigments responsables de la couleur de nos cheveux, de nos yeux ou de notre peau. Durant la gestation, deux types de mélanine sont synthétisés: la phéomélanine et l’eumélanine.

«Chez les roux, la synthèse reste bloquée aux phéomélanines. Celles-ci sont incapables de synthétiser des ultraviolets, ce qui explique que les roux sont plus sensibles aux coups de soleil, aux brûlures…», explique Valérie André, également chercheuse au FNRS, le CNRS belge.

Le phénomène est responsable de cette carnation«particulière des cheveux et des yeux, que l’espèce ressent très rapidement comme une sorte de dégradation, puisqu’il y a une rareté physiologique, continue la chercheuse.

On peut imaginer que dans les sociétés antiques, où l’on ne possèdait pas ces explications, il était totalement impensable d’avoir un enfant de cette teinte-là, dans un milieu où aucun ancêtre n’avait cette typologie».

Judas, le feu et la prostitution

Associez à cela une succession d’éléments qui, d’un point de vue extérieur et contemporain, frôlent l’acharnement du destin. Dans l’iconographie chrétienne, et principalement sur les vitraux, Judas est présenté comme roux –et sa traîtrise avec, alors qu’il n’existe aucune mention de sa couleur de cheveux dans les Évangiles.

Trahison de Judas recevant les trente deniers, maîtresse-vitre de l’église Saint-Ouen aux Iffs (Ille-et-Vilaine) | Via Wikimedia Commons

Dans la société occidentale, la rousseur devient rapidement associée au feu, «un élément dont on sait l’ambivalence qui l’entoure: il est capable d’une destruction complète, mais est aussi vital», note Valérie André.

 Sauf que dans l’imaginaire médiéval, le feu vient avec les démons; les personnes rousses se retrouvent ainsi associées au mal satanique.

En 1254, Saint Louis (Louis IX) publie même un édit stipulant que les prostituées doivent se teindre en roux, «couleur des feux de l’enfer et de la luxure», pour se distinguer des honnêtes femmes.

La construction de stéréotypes autour de la rousseur a été constante au fil de l’histoire, mais ils diffèrent en fonction du genre. Si certains, comme le fait de sentir «mauvais», s’appliquent aux deux, (avec parfois des explications vraiment capilotractées, comme ci-dessous), les rousses et les roux ne sont pas logés à la même enseigne –ou plutôt au même cliché.

Les femmes rousses sont présentées comme des femmes fatales, dangereuses et nymphomanes quand les hommes roux sont eux censés être laids, avec un sale caractère, hypocrites et «enclin aux crimes de sang», selon Valérie André.

«À ces croyances et bobards, on va vouloir donner un fond de rationalité et une assise très crédible aux préjugés. Au XIXesiècle, certains médecins italiens n’hésitent pas à écrire que les femmes rousses portent en elles le syndrôme de la prostitution.»

Une idée qui se retrouve chez les auteurs naturalistes, qui souhaitaient s’appuyer sur les sciences humaines et sociales dans leurs ouvrages. Chez Émile Zola, Nana, qui représente la prostitution dans les Rougon-Macquart, est rousse. Dans la nouvelle éponyme de Maupassant, Yvetteest destinée à devenir courtisane à cause de sa chevelure.

Des préjugés persistants

«Nous sommes dans un discours qui s’entretient de manière souvent fort inconsciente. Les gens véhiculent le préjugé, détaille Valérie André. On ne s’est pas beaucoup interrogé sur les origines de la question et on se retrouve avec un héritage ancestral, qui a eu tendance à muter. S’il y a une altération du préjugé, on se rend compte qu’il n’a pas disparu. Celui sur la sexualité des femmes rousses est utilisé dans la publicité pour les montrer séduisantes. Si c’est moins difficile à vivre aujourd’hui car la société est plus libérée, on n’en sort pas pour autant».

Une étude réalisée dans les années 1980 est détaillée dans l’ouvrage Le langage du corps et la communication corporelle de Marc-Alain Descamps. Si elle n’est conduite qu’auprès de quarante personnes, à qui l’on a demandé de juger une femme brune, une rousse et une blonde, les résultats collent parfaitement aux stéréotypes.

La rousse est considérée comme «traître à 95% et langoureuse à 92%».

Elle est également considérée comme la plus infidèle et la plus méchante. Dans une étude identique portant sur des modèles masculins, le roux est considéré comme le plus fidèle, «parce qu’il n’a pas beaucoup de choix».

Bien que ces clichés soient éculés, ils ont la vie dure. Pascal Sacleux a décidé de se lancer dans un travail photographique sur les roux en 2016. Ce photographe a commencé à y réfléchir après une chronique en 2014 de Fabienne Sintes, qui officiait alors sur France Info.

«J’adorais ses chroniques le matin. Elle parlait de la mort deMickey Rooney, un acteur des années 1950. Elle commence à dire: “Petit, rondouillard, rouquin, et pourtant, il aura connu huit mariages et non des moindres”. Je me suis dit: “C’est du délire, pas elle, pas ça!”. On peut piocher dans l’inconscient collectif sur les roux et dire que “c’est notoire”, mais pas une journaliste. C’est sa responsabilité de véhiculer ou non ce genre d’idioties. Ça m’a blessé, vraiment. J’étais en colère».

Exemples de photos prises par Pascal Sacleux

Une «roussitude» à assumer

Le photographe, qui a longtemps suivi «les cultures noires, africaines, afro-américaines ou caribéennes», se dit alors qu’il va effectuer un «travail sur mes semblables, ma propre minorité». C’est en avril 2016 qu’il se rend compte qu’il tient quelque chose, alors qu’il prend en photo un enfant roux d’une famille d’amis:

«On parlait du fait d’être roux, de “roussitude”. Je n’aime pas trop les mots inventés comme “roucisme”, parfois utilisé pour parler de “racisme anti-roux”, mais celui-là me convient bien. Ça fait un parallèle avec la négritude [un courant littéraire et politique théorisé notamment par Sédar Senghor, ndlr]. Après l’avoir photographié, sa mère m’a dit que ce que je lui avais raconté allait l’aider dans son identité. Et là, j’ai eu un flash».

Le projet de Pascal Sacleux est bien accueilli; il photographie 128 personnes en un an, «en quadrillant le secteur Vitré – Saint-Malo – Nantes» –il vit en Bretagne. Très vite, on lui raconte «des histoires effrayantes» de harcèlement.

Lui n’a jamais eu de problème:

«J’ai toujours été plutôt bien dans ma peau, à part vers 17 ans, une période où l’on est vulnérable. Mais on ne m’a jamais harcelé. Je savais qu’être roux était un petit peu différent, mais je ne savais pas à quel point ça pouvait être un calvaire».

Pascal Sacleux a recueilli bon nombre de témoigagnes. Avant notre appel, il avait photographié sa 700epersonne. Après son exposition «Bretagne: Ornements de rousseur» à l’aéroport de Rennes, il photographie de plus en plus de monde, lors de week-ends: 70 personnes à Carhaix, 124 à Quimper et 159 à Saint-Brieuc. Un tel engouement l’a surpris:

«Je me suis dit qu’il y avait vraiment un truc. Les gens sortent de leur tanière pour venir se faire photographier, alors qu’on ne les entend pas, qu’on ne les connaît pas. Ils trouvent le courage de venir et de se poser devant un photographe inconnu parce qu’ils sont roux et veulent se montrer. Derrière, il y a une attente. On sent qu’ils ont pris cher dans l’enfance et leur jeunesse», détaille-t-il, le ton enjoué.

«Les roux comme les autres ont les cheveux qui changent. Certains n’osent pas m’approcher parce qu’ils ont les cheveux blancs.» | Pascal Sacleux

Ce travail a débouché sur un autre projet: la publication à venir d’un livre, en collaboration avec Élodie, blogueuse du site La Vie en rousse, et la documentariste Marie-Savine Colin.

L’ouvrage sera «un état des lieux de la condition des roux aujourd’hui en France. Des gens dont on se fout éperdument et dont on n’entend jamais parler».

Ou quand on en entend parler, c’est souvent pour perpétuer des clichés. En 2017, l’émission «Sept à Huit» accueillait le chanteur britannique Ed Sheeran. Remarque du journaliste Thierry Demai­zière:

«Vous êtes né roux, bègue, avec un problème de tympans et un problème de vision».

Une culture commune exclusivement visuelle

L’avènement des réseaux sociaux a eu un effet non négligeable sur les stéréotypes, selon Valérie André:

«Cela a permis de libérer une parole qui s’est sentie totalement à l’abri du politiquement correct. Si vous notez tous les préjugés qui touchent les roux et les remplacez par “noirs” ou “juifs”, vous vous retrouverez au tribunal pour incitation à la haine raciale. Avec les roux, on se l’autorise.»

La chercheuse note également une déferlante de groupes anti-roux sur Facebook, qui ont conduit à des débordements. L’un deux avait mis en place une «journée nationale des coups de pieds aux roux». Selon son créateur, l’évènement était censé être une blague s’inspirant d’un épisode de South Park –qui traitait pourtant, comme à son habitude, le sujet de façon juste et satirique; 5.000 membres ont adhérés et le «gag» a engendré des agressions.

«Ce qui est intéressant, pointe Valérie André, c’est que la rousseur n’est pas réservée à une partie de l’humanité. Elle peut se retrouver partout: chez les Africains, les Asiatiques, les Européens. Cela empêche au fond qu’il y ait une stigmatisation par ethnie, même si les comportements anti-roux appartiennent selon moi au racisme ordinaire».

Exemples de photos prises par Pascal Sacleux

«Je n’aime pas parler de racisme anti-roux, surenchérit Pascal Sacleux. Je préfère le terme de “discriminations”. On ne forme pas une communauté; c’est ça qui peut faire la différence. Les Afro-Américains aux États-Unis ont la même histoire, via l’esclavage. Nous, on n’a pas de héros roux; on ne peut pas tous se ranger derrière Ed Sheeran. Je suis admiratif des cultures afro-américaines: elles ont eu la démarche de se sortir des clichés, des stéréotypes et des discriminations. Les communautés noires ont des cultures communes, des langues, des histoires. Les roux pas du tout. Notre culture n’est que visuelle, c’est la seule chose qui nous rallie.»

En parlant de ralliement, Pascal Sacleux va organiser en 2018, près de Rennes, un festival pour les roux et rousses, «mais ouvert à tous», précise-t-il.

«Le maire prévoit 500 personnes, je lui ai dit que ça allait plutôt être 5.000!»

Tout en sachant que cela relève «de l’ordre du fantasme», le photographe aimerait qu’il soit «aussi politiquement incorrect de se moquer d’un roux que d’un noir, d’un Asiatique ou d’un handicapé».

Pour atteindre ce but, il n’y a pas trente-six solutions. Valérie André l’illustre avec une dernière anecdote, personnelle cette fois:

«Quand je suis passée une fois à la télé, une maquilleuse italienne m’a dit que sa sœur avait eu un enfant roux, et que leurs parents ne voulaient pas le voir. Ils auraient préféré un trisomique». Elle marque une pause. «Le roux ne se sent pas roux en tant que roux, mais dans le regard de l’autre. C’est ce regard qu’il faut changer.»

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Combattre les maux de l’hiver : distinguer les vrais remèdes des préjugés


L’hiver est synonyme de grippe, toux, rhume, pharyngite, gastro-entérite et encore bien des maux. Ce qui importe pour éviter les contaminations est d’abord l’hygiène des mains, car ils sont les plus aptes à transmettre ces maladies. L’activité physique, une bonne alimentation etc ..
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Combattre les maux de l’hiver : distinguer les vrais remèdes des préjugés

Les bons (et mauvais) gestes pour combattre les maux de l'hiver

Chez un adulte en bonne santé, les épisodes de rhino-pharyngite, très fréquents en hiver, se guérissent d’eux-mêmes en quelques jours.

© GARO / PHANIE / AFP

Par Rédacteur l

L’hiver met souvent notre organisme à mal. Le manque de lumière déprime, le froid affaiblit, les virus sont à la fête… Quelques gestes simples permettent de mieux faire face à cette saison dangereuse. À une condition, distinguer vérités et contre-vérités. Un extrait de Sciences et Avenir 850, daté décembre 2017.

Je me lave les mains plusieurs fois par jour

Vrai. Se laver les mains à l’eau et au savon est la mesure d’hygiène la plus efficace, selon l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) pour prévenir la transmission des infections. 80 % des microbes transitent en effet par les mains. En période hivernale, ce geste simple permet de lutter contre l’assaut des gastroentérites, des bronchiolites ou encore de la grippe. Une analyse d’études publiée en avril 2017 dans Epidemics a confirmé son efficacité pour diminuer la transmission du virus de la grippe. C’est pourquoi, depuis plusieurs années, Santé publique France rappelle la nécessité de se laver systématiquement les mains à l’eau et au savon – ou, à défaut, avec des solutions hydro-alcooliques – après s’être mouché, avoir toussé ou éternué, après avoir rendu visite à une personne malade, avant de s’occuper d’un nourrisson, après chaque sortie à l’extérieur et bien sûr avant de préparer les repas, de les servir ou de les prendre…

Je tousse depuis trois jours, je me fais prescrire des antibiotiques

Faux. La toux est un réflexe de défense de l’organisme contre les microbes. Et la majorité des infections hivernales sont dues à des virus contre lesquels les antibiotiques sont inutiles. Même les expectorations purulentes n’entraînent pas systématiquement la prescription d’antibiotiques. Ces derniers ne vont réduire ni la durée ni l’évolution des symptômes ni le risque de complications, comme l’a rappelé une étude publiée par The Lancet Infectious Diseases en février 2013. Plus récemment, une étude publiée par le British Medical Journal a montré que les patients dont les médecins prescrivaient le moins d’antibiotiques lors d’infections respiratoires, toux, rhumes, infections de la gorge et des bronches, ne souffraient pas de plus de complications bactériennes graves. En revanche, prescrire un antibiotique pour une infection virale va favoriser l’antibiorésistance.

Je me suis vacciné contre la grippe l’année dernière, je ne me vaccine pas cette année

Faux. 

« Le virus mute sans arrêt. Le plus souvent, le vaccin inoculé l’année précédente est moins efficace sur le virus apparu entre-temps que le vaccin de l’hiver en cours », précise le docteur Jean-Marie Cohen, responsable de l’open Rome, réseau d’observation des maladies et des épidémies.

C’est pourquoi, d’une année sur l’autre, la souche contre laquelle on se fait vacciner évolue. Ainsi cette année, la composition du vaccin est modifiée par rapport à la saison 2016-2017.

« De plus, se refaire vacciner permet de stimuler l’immunité et d’être mieux protégé », poursuit le docteur Cohen qui rappelle qu’aucun moyen de protection n’est efficace à 100 % contre la grippe.

Pour éviter sa transmission, il est nécessaire de se faire vacciner mais aussi de respecter une bonne hygiène des mains et de porter un masque lorsqu’on est malade. Par ailleurs, mieux vaut se vacciner le plus tôt possible avant l’épidémie.

« Le vaccin est efficace 10 à 15 jours après son injection, mais le taux d’anticorps continue à augmenter pendant 2 ou 3 mois. De plus, chez les personnes dont l’immunité est normale, la protection dure plusieurs trimestres », précise Jean-Marie Cohen.

 

Lorsque j’ai un rhume, je ne vais pas chez le médecin

Vrai. Chez un adulte en bonne santé, les épisodes de rhino-pharyngite, très fréquents en hiver, se guérissent d’eux-mêmes en quelques jours. Inutile donc se précipiter chez le médecin au moindre nez bouché ou qui coule… Même une forte fièvre ne signifie pas pour autant qu’il s’agit de la grippe.

« Le seul signe véritablement distinctif de la grippe, c’est son début très brutal », précise le docteur Jean-Marie Cohen.

Face à un simple rhume, il est néanmoins possible d’essayer de soulager les manifestations les plus inconfortables de la maladie. Le paracétamol aidera à faire baisser la fièvre si besoin, les solutions nasales à base de sérum physiologique ou d’eau de mer permettront de désencombrer le nez. Il est recommandé d’éviter les médicaments à base de vasoconstricteurs, plus particulièrement chez les mois de 15 ans et les personnes atteintes de troubles cardio-vasculaires. Bien s’hydrater, éviter de fumer et de respirer la fumée des autres, dormir la tête surélevée, se méfier des climatiseurs qui assèchent l’air, maintenir une atmosphère fraîche à 18-20°C sont autant de mesures qui vont soulager les désagréments liés au nez bouché. Il est aussi possible d’avoir recours aux inhalations à base d’eucalyptus, thym, menthol tout en respectant leurs contre-indications.

Je laisse les fenêtres fermées lorsqu’il fait froid

Faux. L’air de nos intérieurs peut contenir de nombreux polluants issus du tabagisme, mais aussi des produits d’entretien et de bricolage, des animaux et des acariens ou encore des produits désodorisants d’intérieur (encens, bougies, brûle parfums, diffuseurs, sprays…). Selon une étude de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), l’encens, utilisé par 21 % des Français, émet des polluants volatils dans l’air intérieur, en particulier du formaldéhyde et du benzène. Pour s’en débarrasser, une seule solution : aérer dix minutes par jour. Par ailleurs, chaque année, plusieurs milliers de personnes sont victimes d’une intoxication au monoxyde de carbone. C’est pourquoi, outre l’aération, il est primordial de faire vérifier et entretenir chaudières et appareils de chauffage.

Je m’expose à la lumière, le plus souvent possible

Vrai « L’hygiène lumineuse » est quasi aussi importante que l’hygiène alimentaire ou physique sur notre santé. L’hiver, le manque de luminosité désorganise notre horloge biologique qui règle le rythme veille/sommeil et l’humeur. Comme la lumière dure moins longtemps pendant la journée, il faut s’y exposer dès qu’elle est disponible. Or, spontanément, la tendance est de moins sortir, notamment lorsque le froid commence à sévir. Une marche de 20 à 30 minutes par jour aux heures les plus ensoleillées aidera à remettre les pendules à l’heure. Par ailleurs pour bien dormir, mieux vaut éteindre tous les écrans une heure avant d’aller se coucher.

Je ne fais pas de sport lorsqu’il fait froid

Vrai et faux. L’activité physique est recommandée même l’hiver. En évitant toutefois les séances de sport à l’extérieur quand le froid pique trop ! Chez l’humain, on sait que la température centrale, tout au long du jour et de l’année, est proche de 37 °C.

« Pour pouvoir maintenir fixe la température centrale de l’organisme, il faut que celui-ci puisse, à la demande, fabriquer de la chaleur quand il en a besoin, et évacuer le surplus quand elle devient excessive », explique le professeur Jean-Louis San Marco dans Canicule et froid hivernal, comment se protéger (Éditions du Rocher).

S’adapter au froid demande donc des efforts supplémentaires à l’organisme et notamment au coeur qui bat plus vite pour lutter contre le refroidissement. En période de grand froid, le site du ministère de la Santé recommande de limiter les efforts physiques et les activités à l’extérieur, même pour les personnes en bonne santé.

Je mange plus gras pour supporter le froid

Faux. L’hiver invite aux plats roboratifs. S’il y a un demi-siècle, manger plus gras ou plus sucré était effectivement nécessaire pour compenser l’énergie dépensée à maintenir notre corps à 37°C, alors que la température extérieure flirtait avec zéro, ce n’est plus vrai aujourd’hui. Le mode de vie très sédentaire et la résidence dans des locaux bien chauffés ont considérablement diminué nos besoins énergétiques. Faut-il pour autant tourner le dos à la raclette, choucroute et fondue bourguignonne ? Non, ces plats conviviaux doivent seulement être consommés avec modération. Quant à « l’alcool qui dissout les graisses » et qui aiderait à mieux faire passer ces plats, méfiance ! Très calorique, il peut également avoir un effet négatif lorsqu’il fait froid. Il favorise en effet la dilatation des vaisseaux sanguins, ce qui masque la sensation de froid mais augmente dans le même temps le risque d’hypothermie ou d’engelures.

Par Anne Prigent, avec Emilie Gillet

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Genre et santé : les différences ne sont pas que biologiques


Il faut faire taire les clichés sur les maladies entre hommes et femmes dans le cadre de la médecine, Les femmes réagissent autrement que les hommes mais ils peuvent souffrir d’une même maladie. La dépression,.Les maladies cardiovasculaires et autres n’ont pas les mêmes symptômes entre une femme et un homme.
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Genre et santé : les différences ne sont pas que biologiques

 

Genre et santé : les différences ne sont pas que biologiques

Genre et santé : les différences ne sont pas que biologiques

Des chercheurs ont réalisé une série de six films d’une minute pour alerter sur les préjugés dans six domaines de la médecine et de la recherche, et promouvoir ainsi une médecine plus égalitaire.

Les femmes vivent-elles plus longtemps que les hommes ? Sont-elles plus à risque de dépression ? Les troubles cardiaques sont-ils majoritairement masculins ? Et l’ostéoporose est-elle réservée aux femmes ? Les femmes et les hommes ont-ils un cerveau différent ?

Le CNRS et l’université Paris Diderot sont les deux seuls établissements de l’enseignement supérieur à être dotés d’un service ou équivalent dédié à l’égalité femmes-hommes. Avec le soutien du ministère de lʼEnseignement supérieur, de la Recherche et de lʼInnovation, et la participation du comité d’éthique de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), ils ont décidé de couper court à ces clichés en réalisant une série de six vidéos. Le but est de sensibiliser un large public aux inégalités de santé.

Attention aux clichés !

« En matière de santé, femmes et hommes ne sont pas logés à la même enseigne, non seulement pour des raisons biologiques, mais aussi pour des raisons sociales, culturelles et économiques pas toujours prises en compte », explique l’Inserm.

Résultat : ces préjugés influencent les pratiques médicales, la recherche, l’enseignement et le comportement des patient·e·s ainsi que des professionnels de santé en matière d’accès au soins.

Pour remédier à ce problème, une série de six films, d’une durée d’environ une minute chacun, intitulée « Genre et Santé : attention aux clichés ! », a été publiée en français, anglais et en version sous-titrée sur la chaîne YouTube de l’Inserm. On y parle de dépression, de durée de vie, de maladies cardiovasculaires, d’ostéoporose, de douleur, et d’imagerie cérébrale. Ces vidéos ont été mises à disposition en préambule au colloque international JRS Inserm qui se tiendra à Paris le 23 novembre 2017 sur le thème « Sexe et genre dans les recherches en santé : une articulation innovante ».

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Thaïlande: les insectes prisés par les gourmets


Les mentalités peuvent-ils changer ? Manger des insectes avec une cuisine plus raffinées, peut-être que des gens seraient plus tenter, surtout avec la satisfaction de ceux qui y ont déjà gouté
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Thaïlande: les insectes prisés par les gourmets

 

Un plat du restaurant Insects in the Backyard.... (PHOTO AFP)

Un plat du restaurant Insects in the Backyard.

 

DELPHINE THOUVENOT, SIPPACHAI KUNNUWONG
Agence France-Presse
Bangkok

En Thaïlande, les insectes sont un «plat du pauvre», consommé dans les campagnes. Mais ils commencent à faire leur chemin sur les tables des élites de la capitale, soucieuses de suivre cette tendance mondiale de la gastronomie.

«Je viens de manger des noix de Saint-Jacques surmontées de vers de bambou et un filet de poisson avec une sauce aux oeufs de fourmi. C’était délicieux», témoigne Ratta Bussakornnun, 27 ans, qui travaille dans le secteur des cosmétiques.

Cette Bangkokienne de naissance est arrivée un peu par hasard dans le restaurant Insects in the Backyard, qui vient d’ouvrir à Chang Chui, une friche artistique de Bangkok où se pressent les hipsters de la capitale, entre boutiques de vinyles et de designers de mode locaux.

Contrairement à de nombreux Bangkokiens des classes aisées, Ratta ne snobe pas les vendeurs ambulants d’insectes, dont les clients habituels sont plutôt, sur les marchés de la ville, les travailleurs venus de régions rurales du pays, notamment du nord et du nord-est, nostalgiques des vers et criquets frits de leur enfance.

«La nourriture est bien présentée, cela donne une impression de sophistication», loin des étals d’insectes sur le marché où les insectes grillés sont servis à la pelle, comme des cacahuètes ou des bonbons en vrac, analyse-t-elle.

Le chef d’Insects in the Backyard, Thitiwat Tantragarn, qui a travaillé aux États-Unis, a élaboré son menu en mélangeant recettes locales comme la sauce aux oeufs de fourmi et influences occidentales comme les raviolis à la chair de punaise d’eau géante.

Préjugés

«La punaise d’eau géante a un goût de crabe, d’où mon idée de la préparer en raviolis, avec une sauce au safran», explique-t-il, dans le jardin du restaurant, décoré de plantes carnivores.

Avec comme leitmotiv de «créer une harmonie» entre le goût de l’insecte et les autres ingrédients.

Paradoxalement, alors que la Thaïlande produit chaque année des tonnes de criquets destinés à être mangés en snacks par ses citoyens, la gastronomie thaïlandaise utilise assez peu les insectes, bien moins que le Cambodge voisin.

Quand ils ne sont pas mangés tels quels, juste grillés, les insectes apparaissent parfois dans la confection de sauces, comme de la pâte de piment au criquet.

Mais l’engouement des chefs en Occident pour les insectes, avec livres de cuisine spécialisés et chefs réputés convertis, n’a pas atteint les cuisines thaïlandaises.

«Mon but, c’est de changer l’attitude des clients, de leur montrer que les insectes sont délicieux, et que combinés à d’autres aliments, ce n’est pas dégoûtant», explique Thitiwat, qui peine pour l’heure à remplir sa salle de restaurant.

Car si les nutritionnistes s’accordent pour souligner l’intérêt des insectes, certains rêvant d’y voir une source de protéine alternative à la viande qui serait moins nocive pour l’environnement, le principal défi, en Occident comme à Bangkok, est de faire oublier leurs préjugés aux consommateurs.

«Connotation sociale»

En Thaïlande, s’ajoute une difficulté supplémentaire: dans ce pays très clivé entre riches et pauvres, ruraux et pauvres, «manger des insectes, cela a une connotation sociale» de «plat du pauvre», explique Massimo Reverberi, Italien produisant des pâtes à base de farine de criquet en Thaïlande, destinées à l’exportation.

Pas facile du coup pour Insects in the Backyard de trouver son public à Bangkok, même si certains restaurants incorporent déjà des insectes à leur carte, dont les pâtes de Massimo Reverberi.

Pour Regan Suzuki Pairojmahakij, une Canadienne à l’origine d’Insects in the Backyard avec des partenaires thaïlandais, ce n’est pas l’argument nutritionnel ou environnemental qui fera changer les mentalités, mais le fait que des chefs se mettent à «créer de la haute cuisine» à base d’insectes.

Ania Bialek, professeure d’anglais de 30 ans habitant à Bangkok, a voulu «tester la version classe» des insectes qu’elle avait déjà goûtés, comme de nombreux touristes, dans le quartier des routards de Bangkok, Khaosarn road, où les vendeurs ambulants d’insectes s’aventurent.

Elle se dit particulièrement séduite par le tiramisu aux vers à soie du chef Thitiwat, qui «ajoutent du croquant» à la crème.

«Mais je ne cuisinerais pas moi-même des insectes», dit-elle, sceptique quant à leur généralisation dans l’alimentation mondiale.

Pourtant, le phénomène émerge, notamment en Europe et aux États-Unis, avec des start-upcommercialisant chips, suppléments alimentaires et même hamburgers aux insectes, comme en Suisse, dans les supermarchés Coop depuis fin août.

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