Misère, les animaux sauvages qu’ils faut protéger sont aux prises avec des criminels qui feront n’importe quoi pour avoir leur peau, os et tout ce qui peut rapporter au marché noir
Nuage
Un abattoir pour tigres découvert en République tchèque
Un congélateur rempli de cadavres de tigres en décomposition. Crédits : Inspection tchèque de l’environnement (CEI)
par Brice Louvet
Une enquête sur le commerce illégal de tigres vient d’aboutir à la découverte macabre d’un abattoir pour félins à Prague, en République tchèque. Le trafic illégal de grands félins est déjà répandu en Asie, mais il se propage également de plus en plus sur le territoire européen.
Une scène macabre
Il y a quelques mois, des responsables de l’Inspection tchèque de l’environnement (CEI) perquisitionnaient une dizaine de locaux à Prague et dans la région de Bohême, dans le cadre de l’opération Trophy. Arrivés sur place, ils sont tombés sur un tigre tué par balle quelques minutes plus tôt. Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Si le trafic de tigres est bien connu en Asie, il se répand de plus en plus en Europe. On élève ici les félins pour ensuite les abattre et prélever leurs os et organes vendus à prix d’or sur le marché noir.
« Un problème très grave en Europe »
« Nous avertissons depuis plusieurs années que le commerce illégal de produits à base de tigre constitue un problème très grave en Europe, et pas seulement en Asie, a déclaré Pavla Říhová, inspectrice de la CEI. Il y a beaucoup de tigres en captivité en Europe, mais on manque de visibilité sur qui les détient, et où ». Dans le cas de cet abattoir, les principaux acheteurs étaient vietnamiens.
Les enquêteurs expliquent avoir été mis sur la piste de cet abattoir dès 2013, suite à l’arrestation d’un homme retrouvé avec un sac poubelle rempli de près de 8 kilogrammes d’os de tigres (les ossements de plusieurs spécimens). Cinq années d’enquête et plusieurs autres saisies ont finalement permis de localiser cet abattoir pour félins, retrouvé près de la ville de Prague.
Outre le tigre décédé à l’entrée, les inspecteurs détaillent également avoir retrouvé un vieux congélateur rempli de cadavres. Il y avait aussi un chaudron utilisé pour réduire les os des animaux en bouillon, ainsi que des griffes suspendues et plusieurs spécimens maintenus dans des box en béton.
Les clients préfèrent les tigres d’Europe
Pourquoi des tigres d’Europe ?
« La conviction que les tigres sont plus grands et plus forts est répandue en Asie, poursuit Kieran Harkin, responsable des campagnes sur la vie sauvage du groupe. C’est comme pour les voitures. L’origine européenne est synonyme de qualité. Les commerçants asiatiques de la faune disent ouvertement qu’eux-mêmes et leurs clients préfèrent les tigres venus d’Europe ».
Des os de tigres réduits pour en faire du bouillon. Crédits : Inspection tchèque de l’environnement (CEI)
Côté chinois, rappelons que le gouvernement avait annoncé fin octobre que la vente de produits de tigre ou de corne de rhinocéros serait de nouveau autorisée, provoquant alors un véritable tollé international. Une nouvelle réglementation qui ne sera finalement pas appliquée (du moins pour l’instant), annonçait il y a quelques jours Ding Xuedong, secrétaire général adjoint du Conseil des affaires d’État.