Notre alimentation évolue avec les années, de la purée au solide, les goûts se développent. Pourtant, il y a des personnes, surtout des hommes qui demeurent au même stade alimentaire quand ils étaient petits. Ils ne mangent ce qu’ils connaissent et éliminent surtout les légumes, car comme on le sait, les légumes et beaucoup de tout-petits ne font pas toujours bon ménage. Et pour ajouter aux problèmes, avec tout ce qui est vendu pour satisfaire au palais des enfants, ce n’est pas des produits très bons pour la santé.
Nuage
Ces hommes qui se nourrissent uniquement de pâtes, burgers et pizzas
Certains hommes n’ont jamais mangé de légumes lorsqu’ils étaient petits et ne voient pas l’intérêt de le faire aujourd’hui. | Oliver Sjöström via Unsplash
Repéré par Odile Romelot
Repéré sur Mel Magazine
Pourtant adultes, ils ne dépassent jamais le stade du Happy Meal.
Bruce, originaire de Pennsylvanie, est l’opposé parfait d’Alain Passard. Contrairement au chef étoilé, il se targue de n’avoir jamais mangé un seul légume de sa vie. Même quand sa mère assure qu’elle l’a nourri de purée de petits pois lorsqu’il était bébé, il nie. La preuve, il s’étouffe s’il essaie d’avaler des légumes.
Alors Bruce mange du poulet, beaucoup de poulet. Ou des mac and cheese. Ou encore des bagels, des céréales, des pizzas. Et deux fois par semaine, petit plaisir: dix McNuggets et des frites, le tout copieusement arrosé de Coca-cola zéro. Le problème? Bruce a 56 ans et son régime alimentaire est le même depuis qu’il est enfant.
Selon Nancy Rucker, directrice du Duke Center for Eating Disorders, Bruce n’est pas le seul, loin de là, dans ce cas. Elle explique que sur un échantillon de 2.600 personnes se considérant comme des fines bouches, 75% déclarent que leur comportement a commencé dès l’enfance.
Aujourd’hui, lorsque Bruce commande son plat habituel au restaurant, spaghettis et boulettes de viande, il ne panique plus à la vue d’éventuels légumes dans la sauce. Mais il les exclut quand même méthodiquement, par crainte d’infecter le reste de l’assiette.
«Je les mets de côté et continue mon repas», raconte-t-il, tout en reconnaissant que c’est «étrange d’avoir 56 ans et d’entasser tous ces trucs sur le bord de l’assiette».
Habitudes enracinées
Normalement, avec l’âge, les gens abandonnent naturellement le régime alimentaire enfantin, indique David Wiss, un diététicien de Los Angeles.
«Mais beaucoup de gens sont piégés dans une version d’eux-mêmes vieille de 10 ans et n’atteignent jamais l’âge adulte nutritionnel», poursuit-il.
Selon lui, c’est plus souvent le cas chez les hommes, car «traditionnellement, les femmes ont été les gardiennes de la famille et sont plus susceptibles d’adopter un comportement nutritionnel spécifique».
Ally peut le confirmer. Elle a constaté qu’à 28 ans, son petit copain Brad continuait de «manger comme un enfant de 7 ans»: steaks, pâtes, burgers et bagels pizza, accompagnés de lait chocolaté. Brad n’a jamais fait l’effort de goûter les aliments qu’il n’aimait pas lorsqu’il avait 7 ans. Mais lorsqu’Ally le convainc d’essayer, cela fonctionne la plupart du temps, à la surprise de Brad.
Opter pour des alternatives plus saines peut toutefois être un véritable combat pour le mangeur difficile dont les habitudes alimentaires restrictives sont profondément enracinées.
Les aliments ultra transformés, colorés et assaisonnés procurent plus de plaisir que «les aliments entiers, [qui] demandent beaucoup de travail et libèrent moins de dopamine dans le cerveau», détaille David Wiss.
Parfois, le corps est même incapable de décomposer des aliments entiers non transformés (comme les lentilles), parce qu’il ne l’a jamais fait.
Les risques sur la santé sont évidents. Pourtant, peu d’hommes reconnaissent souffrir d’un trouble de l’alimentation. Ils considèrent plutôt que manger ce qu’ils veulent leur permet de s’affirmer en tant qu’individu libre de ses choix. Seulement, lorsque les conséquences de ces choix commencent à apparaître sur leurs corps, ils sont un peu désemparés.