Pourquoi la 5G pourrait entraver les prévisions météorologiques


La technologie avance à grand pas. On parle du 5G, tout plus vite pour l’information, la télé-médecine et bien des choses encore. Le hic, est que cela pourrait brouiller les satellites et rendre plus difficiles les prévisions météorologiques, donc ils ne pourraient pas avertir à temps des situations extrêmes. Tout est une question de fréquences. Comme la vapeur d’eau a une fréquence de 23,8 gigahertz.
Nuage.


Pourquoi la 5G pourrait entraver les prévisions météorologiques

Newcastle tyne bridge sous une neige abondante

par Brice Louvet, rédacteur scientifique

Le développement de réseaux 5G pourrait sérieusement affecter la capacité des experts à prévoir les conditions météorologiques. Certains s’inquiètent notamment des phénomènes extrêmes, tels que les tempêtes et ouragans.

Après la 3G et la 4G, qui ont permis un accès généralisé au Web mobile, débarque la 5G, qui promet un débit 20 fois plus rapide. Une véritable révolution qui autorisera de nouveaux usages (accès à l’information quasi instantané, télé-médecine, véhicules autonomes, etc.), facilitant ainsi nos vies. Les plus grandes villes du globe commencent peu à peu à s’équiper, et l’offre devrait se généraliser au reste du monde dans les trois à quatre années à venir. Mais si beaucoup s’enthousiasment à l’idée de ce nouveau grand pas en avant, d’autres en revanche, commencent à s’inquiéter. C’est notamment le cas de nombreux experts en météo.

« Cela pourrait faire la différence entre la vie et la mort »

L’intégration de ce réseau “nouvelle génération” risquerait – selon les experts – de perturber les nombreux satellites permettant les prévisions météorologiques. Les instruments installés en orbite sont en effet chargés de surveiller avec précision les changements atmosphériques. En fonctions de ces évolutions, les chercheurs sont alors capables d’effectuer des prévisions. En entravant la capacité des satellites à repérer ces évolutions, les prévisions pourraient ne plus être aussi justes. On pense notamment à la bonne appréciation des phénomènes extrêmes.

« La manière dont la 5 G est introduite pourrait sérieusement compromettre notre capacité à prévoir les tempêtes majeures, explique en effet Tony McNally, du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme. En fin de compte, cela pourrait faire la différence entre la vie et la mort. Nous sommes très préoccupés par cela ».

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Un ouragan vu depuis l’espace. Les prévisions météo permettent de “jauger” l’importance du phénomène, et d’anticiper sa trajectoire. Crédits : Pixabay

Des problèmes de fréquences

Le problème est le suivant : les instruments à bord des satellites étudient des variables telles que la vapeur d’eau, la couverture nuageuse ou encore le contenu en glace. La vapeur d’eau, par exemple, émet une fréquence de 23,8 gigahertz (GHz). Les experts s’appuient ensuite sur cette information pour déterminer la manière dont un événement est susceptible de se développer. Le problème, c’est que certains réseaux téléphoniques 5G peuvent émettre à une fréquence prochede celle émise par la vapeur d’eau.

« Ces données sont essentielles à notre capacité à effectuer des prévisions, explique Niels Bormann, du même centre météo. Elles constituent une ressource naturelle unique. À cause de la 5G, nous ne serons plus en mesure de pouvoir faire la différence et nous devrions donc éliminer ces données. Cela compromettra notre capacité à faire des prévisions précises ».

En ce sens, les experts en météorologie demandent à ce que l’utilisation de fréquences naturelles – indispensables à l’observation de la Terre depuis l’espace – soit limitée. Sont également concernées les bandes de 36-37 GHz, utilisées pour étudier la pluie et la neige, la bande des 50 GHz, servant à mesurer la température atmosphérique, ou encore la bande de 86-92 GHz, qui permet de suivre l’évolution de la couverture nuageuse, entre autres.

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