El Niño, l’enfant terrible du Pacifique, est de plus en plus turbulent


Avec El Niño et les changements climatiques la météo est de plus en plus difficile de prédire le temps qu’il fera. La température est trop changeante. Et pourtant, El Niño va probablement nous mener la vie dure. Grâce à l’intelligence artificielle et les coraux, il semble que l’étude des évènements passés de quelques siècles, il est peut-être possible de prévoir ce qui nous attend dans les prochaines années.
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El Niño, l’enfant terrible du Pacifique, est de plus en plus turbulent


Une image animée de la Terre montre l'évolution du phénomène dans le Pacifique.

En étudiant des coraux vieux de 400 ans, des chercheurs australiens ont montré qu’El Niño est en train de changer en fréquence et en intensité. Photo: earth.nullschool.net

Renaud Manuguerra-Gagné

En étudiant des coraux vieux de quatre siècles, des chercheurs australiens ont montré que certaines variantes du phénomène El Niño ont augmenté en nombre au cours des dernières années, tandis que d’autres ont augmenté en intensité.

El Niño est un phénomène climatique étonnamment complexe dont les répercussions sont ressenties partout autour du globe.

Selon certains modèles, le contexte actuel de changements climatiques pourrait augmenter le rythme et l’intensité des « crises » de cet enfant terrible du Pacifique. Or, jusqu’à maintenant, cette affirmation restait difficile à confirmer, puisque les chercheurs n’avaient pas de témoins nous indiquant les cycles d’El Niño avant l’époque où l’on a commencé à prendre des mesures systématiques.

Cela va toutefois changer grâce aux travaux d’une équipe de chercheurs australiens qui ont récemment découvert des archives historiques sur le phénomène El Niño gravées à l’intérieur des coraux.

Ces êtres vivants enregistrent une partie de leur vécu au cœur de leur structure, un peu comme le font les anneaux d’un tronc d’arbre. En « traduisant » ce vécu à l’aide d’une intelligence artificielle, les chercheurs ont pu retracer les faits et gestes d’El Niño au cours des 400 dernières années. Et selon leurs résultats(Nouvelle fenêtre), l’enfant serait de plus en plus turbulent.

Un enfant capricieux

Le phénomène El Niño est difficile à étudier. Cet événement météorologique survient tous les deux à sept ans, et il est caractérisé par une hausse des températures de l’océan Pacifique ainsi que des changements dans les courants marins et aériens de cette région.

Ces changements dans la chaleur et l’humidité augmentent le rythme des événements météo extrêmes et ont des répercussions partout dans le monde. Certaines régions seront frappées par de grands ouragans ou des inondations, tandis que d’autres subiront plus de sécheresses et des feux de forêt.

La force et le rythme de ces événements ne sont toutefois pas constants. Certains épisodes, comme celui de 1997-1998, ont entraîné des dommages importants à l’échelle du globe, tandis que d’autres n’ont qu’une faible influence sur les événements météorologiques extrêmes.

De plus, les chercheurs reconnaissent maintenant qu’il existerait deux variantes du phénomène, une qui débute au centre du Pacifique, et une autre qui débute dans l’est de cet océan, chacune touchant plusieurs régions de façon différente.

Jusqu’à maintenant, nos connaissances de l’histoire du phénomène restaient limitées, et les chercheurs ne pouvaient qu’utiliser les données des événements qui ont été mesurés directement au cours du dernier siècle.

Les archives secrètes des coraux

L’étude des coraux va toutefois changer la donne. Ces derniers possèdent un squelette de carbonate de calcium qu’ils assemblent à l’aide de minéraux dissous dans l’océan. Leur composition permet d’en apprendre plus sur la salinité et la température de l’eau où les coraux ont grandi, des informations qui pourraient permettre d’identifier les changements océaniques occasionnés par El Niño.

Or, les modifications subies par les coraux sont infiniment plus complexes que celles que l’on trouve dans les anneaux des arbres, et plusieurs experts croyaient que cette méthode serait impraticable ou même impossible à réaliser.

C’est là que les chercheurs de l’Université de Melbourne se sont tournés vers l’intelligence artificielle. À l’aide d’échantillons de coraux provenant de 27 sites distincts à travers l’océan Pacifique, les scientifiques ont entraîné leur algorithme à reconnaître les modifications des coraux et à les associer aux événements El Niño du dernier siècle dont on connaissait déjà les dates.

Une fois que leur système était capable de faire cette association sans erreur, ils lui ont soumis des données de coraux plus anciens, échelonnés sur les quatre derniers siècles.

Ce faisant, ils ont remarqué que le nombre d’occurrences d’El Niño originaires du centre du Pacifique a plus que doublé durant la deuxième moitié du 20e siècle comparativement aux siècles précédents, passant de 3,5 épisodes par période de 30 ans à 9 épisodes durant la même période.

En ce qui concerne les occurrences d’El Niño débutant dans l’est du Pacifique, leur nombre semble plutôt avoir décliné durant les dernières décennies. Par contre, leur intensité semble suivre la tendance inverse, et les trois derniers phénomènes de ce type à avoir été enregistrés, ceux de 1982, 1997 et 2015, sont parmi les plus puissants El Niño des 400 dernières années.

Selon les chercheurs, cette méthode permet non seulement de mieux comprendre l’histoire du phénomène, mais aussi de mieux prévoir comment il pourrait se comporter au cours des prochaines années. En intégrant de nouvelles données dans les modèles actuels, il sera donc possible de se préparer aux événements météorologiques extrêmes que l’avenir nous réserve.

https://ici.radio-canada.ca/

Le Saviez-Vous ► Des vagues carrées


La nature est parfois très étrange. En mer, il existe un phénomène naturelle appelé croix de mer, avec des vagues perpendiculaires qui forme des carrés. Ce phénomène est assez rare que les scientifiques n’arrivent pas à l’expliquer
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Des vagues carrées

 

Twitter/Ghrebaa

Parfois, nos yeux peuvent nous jouer des tours – surtout à l’ère de Photoshop, où presque n’importe quelle image peut être manipulée pour avoir l’air réelle.

Mais il y a aussi des phénomènes qui peuvent sembler incroyables, mais en fait, ce n’est que Mère Nature qui étale son pouvoir impressionnant.

Les vagues carrées d’images capturées au large de l’île française Île de Ré en sont un exemple.

L’île de Ré est une île française d’environ 30 km de long et 5 km de large. C’est une destination touristique populaire, et un jour, il y a quelques années, les habitants de l’île ont été témoins de quelque chose de bizarre.

À première vue, les vagues devant le phare de l’île semblaient former une grille. Aussi loin que l’œil pouvait voir, des carrés se formaient à la surface de l’eau.

On pourrait presque penser qu’un pouvoir magique a ordonné aux vagues de faire ce motif, mais il y a une explication scientifique à cela.

Twitter/Ghrebaa

C’est un phénomène appelé une croix de mer. Cela arrive quand deux phénomènes climatiques éloignés font des vagues qui se rejoignent à 90 degrés. Le résultat étant ces vagues perpendiculaires impressionnantes qui forment une sorte d’échiquier aquatique à la surface de l’océan.

Aussi belle soit-elle, une telle chose peut aussi être extrêmement dangereuse. Car les bateaux s’en sortent mieux généralement contre les grosses vagues lorsqu’ils sont perpendiculaires aux vagues. Avec des vagues venant de deux directions opposées, la probabilité qu’un bateau chavire est plus grande.

Twitter/Ghrebaa

Heureusement, aucun bateau n’a été endommagé ce jour-là et quelqu’un a pu prendre ces photos fabuleuses.

https://fr.newsner.com/

Les phénomènes climatiques seront encore plus violents


Avec la météo extrême dans différents coins du monde, il est clair que nous sommes vraiment dans l’ère des changements climatiques. Chaleurs extrêmes à l’autre bout du monde, froid extrême dans mon coin du ciel, feux de forêts, tornades, pluies abondantes, un peu partout, des changements drastiques de températures en peu de temps, nous allons en voir de toutes les couleurs
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Les phénomènes climatiques seront encore plus violents

 

THE CANADIAN PRESS/ADRIAN WYLD

Mia Rabson

La Presse canadienne

Pourtant, 2017 n’a pas été un jardin de roses.

  • Prédire exactement où et quand des conditions climatiques extrêmes s’abattront est une tâche difficile, voire impossible. Toutefois, comme le rappelle le directeur général de l’organisme Environmental Defence Canada, Tim Gray, une chose est sûre: de tels phénomènes météorologiques vont continuer de se produire.

    M. Gray prévoit que ces phénomènes seront, cette année, encore plus nombreux et plus violents qu’en 2017.

    Pourtant, 2017 n’a pas été un jardin de roses. Des températures records et le temps sec dans l’Ouest canadien ont alimenté la pire période de feux de forêt de l’histoire de la Colombie-Britannique. Pendant ce temps, le soleil brillait par son absence dans le centre du pays.

    Les États-Unis ont été frappés par de puissants ouragans. L’Europe a souffert de vagues de chaleur qui ont provoqué des feux de forêt et causé l’annulation de la saison de ski d’été en Italie et en Autriche, une première en 90 ans. L’Australie a subi sa troisième année la plus chaude de son histoire en 2017.

    La Swiss Reinsurance Company dit que le coût des dégâts provoqués par les désastres naturels en 2017 atteindra 130 milliards $ US, plus du double de la moyenne des 10 années précédentes (58 milliards $ US).

    Les gaz à effet de serre comme le carbone et le méthane se retrouvent dans l’atmosphère terrestre où ils emprisonnent une certaine quantité d’énergie thermique, laquelle influence les conditions climatiques, explique M. Gray. La formule est simple: plus l’atmosphère renferme de l’énergie thermique, plus graves seront les conditions météorologiques. Et comme la quantité de carbone dans l’atmosphère croît d’année en année…

    M. Gray souligne que la récente vague de froid qui a frappé l’Amérique du Nord est un signe de l’existence du réchauffement climatique.

    Les changements climatiques ne signifient pas que les Canadiens pourront faire des barbecues dans leurs cours en février, ajoute-t-il. Les phénomènes climatiques du passé sont chamboulés. Les courants-jets se déplacent plus rapidement, laissant les climats plus propices aux changements soudains et aux conditions extrêmes.

    http://quebec.huffingtonpost.ca/
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Il y a 3000 ans, les tigres de Tasmanie sont morts à cause de la sécheresse


On croit avoir découvert la disparition du tigre de Tasmanie en Australie, il y a plus de 3 000 ans. El Niño en serait la cause qui aurait causé une importante sécheresse a Tasmanie. Cependant, les scientifiques ne sont pas tous d’accord sur ces conclusions
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Il y a 3000 ans, les tigres de Tasmanie sont morts à cause de la sécheresse

Tigre de Tasmanie

En Tasmanie, les Thylacinus cynocephalus ont succombé à la chasse. Sur le continent, ils sont morts à cause de la sécheresse.

© MARY EVANS/SIPA

Par Sciences et Avenir avec AFP

Sur le « continent » australien, les tigres de Tasmanie n’auraient pas disparu à cause de l’homme comme sur l’île du même nom. Ils auraient succombé à cause de phénomènes climatiques.

La disparition du tigre de Tasmanie (Thylacinus cynocephalus) du continent australien fut probablement provoquée par la sécheresse et non par les chasseurs aborigènes ou par les chiens sauvages, ont annoncé le 27 septembre 2017 des scientifiques de l’Université d’Adélaïde (Australie) dans la revue Journal of Biogeography. Le mystérieux marsupial, également connu sous l’appellation thylacine, était jadis très répandu en Australie. Mais il a totalement disparu du continent il y a 3.200 ans. Il avait résisté sur l’île de Tasmanie, dans le sud de l’Australie, jusqu’en 1936. A cette date, le dernier spécimen connu était mort dans un zoo de Hobart. Les autres tigres de l’île avaient été exterminés par la chasse intensive en moins de 150 ans.

Le dernier tigre de Tasmanie, mort en 1936. Crédit : MARY EVANS/SIPA

Certains pensent encore que quelques tigres de Tasmanie subsistent

Les raisons de sa disparition en Australie font l’objet d’un véritable débat entre les spécialistes. Certains scientifiques estimaient jusqu’à présent que l’animal avait été victime des chiens sauvages – ou dingos – introduits par les navigateurs il y a à peu près 3.500 ans. Une autre théorie suggérait que les chasseurs aborigènes avaient eu raison des tigres de Tasmanie. D’autres encore refusent de croire que cet animal, presque semblable à un chien et avec le dos rayé, a réellement disparu. Ils signalent régulièrement sa présence mais celle-ci n’a jamais été confirmée.

« L’ADN ancien nous raconte que l’extinction fut rapide sur le continent »

La nouvelle étude réalisée à partir d’ADN anciens extraits d’os fossilisés et de spécimens de musée a, quant à elle, conclu que leur disparition sur le continent était probablement consécutive à la sécheresse. Les chercheurs du Centre d’ADN ancien (ACAD) de l’Université d’Adélaïde ont créé la plus importante base de données d’ADN de thylacine existant à ce jour, avec 51 nouvelles séquences de génome, et s’en sont servi pour étudier l’évolution des populations à travers l’Histoire.

Une mâchoire de tigre de Tasmanie. Crédit : Jeremy AUSTIN / University of Adelaide via the Tasmanian Museum and Art Gallery / AFP

Jusqu’à 3.000 ans en arrière, une population importante et diversifiée de tigres vivait dans le sud de l’Australie. Puis, des sécheresses provoquées par le système météorologique El Nino ont vraisemblablement décimé les populations, selon les chercheurs.

« L’ADN ancien nous raconte que l’extinction fut rapide sur le continent, en raison de facteurs intrinsèques comme la consanguinité et la perte de diversité génétique », écrit Lauren White, co-auteure de l’étude.

« On a aussi trouvé des signes d’effondrement de la population et de perte de la diversité génétique en Tasmanie à la même période », explique Jeremy Austin, directeur adjoint du ACAD. 

« La Tasmanie a dû être protégée dans une certaine mesure de ce climat plus chaud et plus sec par sa pluviométrie plus importante, mais il apparaît que cette population a aussi subi les effets d’El Nino avant de s’en remettre ».

Le courant équatorial El Nino est périodique et provoque des hausses de température dans le Pacifique. En Australie et en Asie, il peut provoquer des sécheresses dans des endroits normalement humides et engendre des inondations en Amérique.

https://www.sciencesetavenir.fr/

On n’a même plus besoin de phénomènes climatiques pour battre des records de chaleur


Généralement, des phénomènes climatiques comme El Nino font augmenter les températures, cette année ce n’est pas le cas et pourtant les températures mondiales de juillet à battu des records dans divers pays. Sans compter tout ce que cela implique, déluge, vague de chaleur, incendie, feu de forêt qui avalent de grands territoires
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On n’a même plus besoin de phénomènes climatiques pour battre des records de chaleur

 

À Llaman Beach, près de Himare, en Albanie, le 13 août 2017. Gent SHKULLAKU / AFP

À Llaman Beach, près de Himare, en Albanie, le 13 août 2017. Gent SHKULLAKU / AFP

Repéré par Grégor Brandy

Repéré sur Mashable, Gizmodo

Surprise: juillet 2017 était le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre (à égalité avec juillet 2016).

C’est officiel: juillet 2017 a rejoint juillet 2016 en tête des mois les plus chauds jamais enregistrés sur Terre. La Nasa vient de publier ses dernières données ce 15 août, et annonce que ce dernier mois est donc le plus chaud enregistré depuis 137 ans.

«Juillet dernier a été plus chaud d’environ 0,83 degré Celsius comparé aux mois de juillet sur la période allant de 1951 à 1980. Seul juillet 2016 a montré une température moyenne aussi élevée (+0,82 degré Celsius sur la même période), et tous les autres mois de juillet étaient au moins un dixième de degré plus frais.»

Un peu plus inquiétant encore, rapporte Mashable:

ce mois a été exceptionnellement chaud sans cependant bénéficier d’un phénomène climatique naturel, comme El Niño, «qui aide à augmenter les températures moyennes à la surface du globe».

«Un fort El Niño, combiné à un réchauffement climatique dû à l’homme, a aidé à faire de 2016 l’année record en matière de températures, depuis que des thermomètres fiables ont commencé à les mesurer, en 1880.»

De l’Amérique du Nord à la Chine en passant par l’Europe

Juillet est généralement le mois le plus chaud de l’année sur la planète. Le site américain rappelle que

c’est à ce moment-là que l’on trouve généralement des «vagues de chaleur, des incendies, et des déluges, tous liés d’une façon ou d’une autre au réchauffement climatique».

«Cette année n’a pas été une exception avec des incendies qui ont brûlé un demi-million d’hectares en Colombie-Britannique, au Canada, et d’autres qui se sont déclenchés au milieu de vagues de chaleur, en Espagne, en Italie et d’autres parties du sud de l’Europe. Une grosse vague de chaleur prolongée a été si terrible qu’elle a été surnommé “Lucifer”. L’Espagne, la France, la Serbie, la Roumanie et la Croatie ont particulièrement été touchées.»

Et l’Europe et l’Amérique ne sont pas les seules concernées. Shanghai a notamment battu son record de chaleur, le 21 juillet.

Si ces données sont pour l’instant préliminaires, et pourraient être amenées à changer, Gizmodo précise néanmoins que sur Twitter, un scientifique spécialiste de ces questions a

«tweeté ce que les données déjà disponibles prédisent qu’il y a 77% de chance que 2017 dispute à 2016 son titre d’année la plus chaude jamais enregistrée».

http://www.slate.fr/

Hécatombe d’espèces marines au Chili


Cette région vit depuis un certain temps des espèces marines qui meurent dues à la marée rouge, au réchauffement des eaux qui seraient du en grande partie a El Niño. Il se peut aussi que viennent s’ajouter d’autres causes qui font que ces animaux marins s’échouent sur les plages en masse
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Hécatombe d’espèces marines au Chili

 

Pour les autorités, le décès massif de machas... (PHOTO ALVARO VIDAL, AFP)

Pour les autorités, le décès massif de machas est dû à la présence, dans cette zone, de la «marée rouge», liée à la multiplication d’algues.

PHOTO ALVARO VIDAL, AFP

GIOVANNA FLEITAS
Agence France-Presse
SANTIAGO DU CHILI

Des saumons et sardines asphyxiés, un échouage massif de baleines : les plages chiliennes ont été ces derniers mois le théâtre d’un bien triste spectacle, sans doute dû au phénomène climatique El Niño, qui réchauffe la mer.

Le premier signal d’alarme est venu l’an dernier, quand plus de 330 baleines ont été retrouvées mortes dans un fjord isolé de la Patagonie, à l’extrême sud du pays.

L’épisode, qui pourrait être l’un des plus grands échouages de cétacés jamais constatés, a surpris la communauté scientifique internationale.

Mais il n’est pas resté un incident isolé : début 2016, une prolifération anormale de microalgues dans la région de Los Lagos (sud) a tué par asphyxie 40 000 tonnes de saumon, soit 12 % de la production annuelle du pays, numéro deux mondial du secteur.

Quatre mois plus tard, ce sont 8000 tonnes de sardines mortes qui ont été découvertes à l’embouchure du fleuve Queule, dans la région de La Araucania (sud).

Et la semaine dernière, des dizaines de milliers de machas, coquillage typique du Chili, ont connu le même sort près de l’île de Chiloé, dans la région de Los Lagos, nouvel indice d’un océan perturbé.

Pour les autorités, le décès massif de machas est dû à la présence, dans cette zone, de la «marée rouge», liée à la multiplication d’algues. Par précaution, elles ont interdit l’extraction de fruits de mer dans toute la région, privant de travail des milliers de pêcheurs.

«Tous les ans, nous avons des marées rouges dans la partie australe du Chili, mais cette fois la marée a avancé plus vers le nord, affectant ces populations de mollusques qui n’y avaient jamais été exposés auparavant», explique à l’AFP Jorge Navarro, expert du Centre de recherche en écosystèmes marins en haute altitude (IDEAL).

Durant l’été austral (décembre-février), des milliers de calamars géants ont eux aussi échoué sur le littoral de l’île de Santa Maria, tandis que de nombreuses plages de la côte centrale ont dû être fermées au public face à la présence massive d’une méduse appelée «galère portugaise».

El Niño, principal suspect

Pour les scientifiques, derrière la majorité de ces épisodes étranges se trouve le phénomène météorologique El Niño, qui touche l’Amérique latine depuis environ un an.

Il provoque, entre autres, un réchauffement des eaux de l’océan Pacifique, propice à la prolifération d’algues consommant l’oxygène des poissons ou entraînant une forte concentration en toxines comme dans le cas de la marée rouge.

Le Chili, avec ses plus de 4000 kilomètres de côtes, a l’habitude d’être confronté à El Niño, qui survient tous les quatre à sept ans en moyenne, mais cette fois le phénomène est plus violent.

«Nous supposons qu’un facteur commun à tous ces cas de mortalité survenus tant chez les saumons d’élevage dans le sud du Chili que chez les poissons des côtés (les sardines principalement) est l’actuel phénomène d’El Niño, l’un des plus intenses de ces 65 dernières années», a indiqué à l’AFP un panel d’experts de l’Institut de la pêche du Chili (IFOP).

«L’océan chilien est bousculé et changeant, il y a eu une série d’événements montrant la présence d’un « Niño » aux manifestations assez diverses», renchérit Sergio Palma, docteur en océanographie de l’Université catholique de Valparaiso.

Mais les scientifiques citent aussi d’autres facteurs.

Laura Farias, océanographe de l’Université de Concepcion, soupçonne le développement croissant de la pêche dans la zone d’avoir entraîné les morts de saumons et coquillages.

«Il y a des études qui indiquent qu’en Patagonie, la plus forte fréquence de « bloom » (prolifération d’algues, NDLR) toxique pourrait être une conséquence de l’aquaculture», explique-t-elle, assurant qu’«il n’y a pas de phénomène écologique, océanographie ou climatique» reliant tous ces incidents.

Alors qu’El Niño semble perdre en intensité, permettant aux eaux chiliennes de retrouver peu à peu leur température normale, le pays se rend compte qu’il doit mieux étudier son océan à l’avenir.

«Le Chili manque encore d’information sur la mer», souligne Valesca Montes, spécialiste de la pêche au sein de l’organisation WWF Chili.

Selon elle, «il faut investir dans l’information océanographique, afin d’être capables de prédire certains événements» et mieux se préparer aux effets du changement climatique.

http://www.lapresse.ca/