Trop d’enfants autochtones disparus au Québec, dit Michèle Audette


Dans les années 50 des enfants autochtones ont été dans des pensionnats dans le but de les « civilisés, ils ont été violentés, violés et beaucoup ont disparus ou sont morts de façon suspectes. Ceux qui ont survécu ont eu des séquelles qu’ils ont répétés envers leur propre famille. De plus, il y a des enfants, des filles et des femmes qui ont aussi disparus, ou assassinés sans que la police agisse pour trouver les coupables. Encore, aujourd’hui, les femmes et les filles autochtones ne sont  malheureusement pas une priorité. Espérant que ce genre d’enquête puisse changer les choses
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Trop d’enfants autochtones disparus au Québec, dit Michèle Audette

 

La commissaire Michèle Audette au dernier jour des audiences de l'ENFFADA, à Montréal.

La commissaire Michèle Audette au dernier jour des audiences de l’ENFFADA, à Montréal Photo : Radio-Canada/Charles Contant

La portion québécoise de l’Enquête nationale sur les filles et les femmes autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) soulève plusieurs questions sur les disparitions d’enfants dans les années 1950 et 1960, a affirmé Michèle Audette. La commissaire faisait le bilan des audiences à Montréal, deuxième arrêt québécois de l’enquête après Maliotenam, en novembre dernier.

Un texte de Laurence Niosi

« On a des enfants qui tombent malades et ne reviennent plus jamais à la maison. Comment le système de santé à l’époque n’a-t-il à peine donné d’information aux parents de ces enfants? », s’est-elle demandé, ajoutant que ces disparitions ont touché de nombreuses communautés autochtones du Québec.

En début de semaine, il a notamment été question de deux enfants algonquins, disparus après avoir été traités dans le même hôpital d’Amos dans les années 1950.

Par ailleurs, la commissaire estime que la police locale autochtone au Québec doit en faire plus dans le cas de disparitions ou de morts suspectes.

« Est-ce un manque d’infrastructures, de ressources ou de formation pour savoir quand on intervient quand il y a une mort suspecte? Quelle est la relation que [la police locale] doit avoir avec la Sûreté du Québec? », s’interroge-t-elle.

Depuis le début des audiences, 700 personnes ont témoigné, dont 70 à Montréal cette semaine. Les commissaires espèrent une prolongation du mandat de l’enquête de deux ans pour pouvoir entendre 700 autres témoins.

Un secret gardé pendant 40 ans

Les audiences se sont terminées vendredi avec le témoignage de familles qui ont perdu des proches. Une femme aurait été assassinée sans qu’il y ait enquête policière; l’autre s’est enlevé la vie.

Beatrice Reuben Trapper a gardé un terrible secret pendant presque 40 ans. Sa soeur Kathleen n’est pas morte par noyade, comme le croyaient ses proches dans la communauté algonquine de Pikogan, en Abitibi-Témiscamingue. Elle aurait plutôt été assassinée.

En 1967, le corps de Kathleen Kistabish Reuben, âgée de 43 ans à l’époque, a été retrouvé dans la rivière Harricana, qui borde la communauté algonquine. Sa tête était écrasée, et l’eau n’avait pas pénétré dans ses poumons, ce qui porte à croire qu’elle ne s’est pas noyée, affirme sa famille. Deux hommes ont en outre été aperçus traînant le corps vers la rivière.

Aux dires de Beatrice, ses parents savaient cela, mais ils ont demandé à la Sûreté du Québec (SQ) de ne pas enquêter pour ne pas infliger plus de douleur à la famille.

« Son sourire, son rire me manquent tellement », a affirmé entre deux sanglots la femme de 76 ans, qui s’exprimait en cri, sa langue natale.

Il y a deux ans, Beatrice a finalement décidé de partager le secret qu’elle cachait à sa famille depuis 40 ans.

« Ça a été comme un coup de masse », a raconté, ému, le fils de Kathleen, Maurice Kistabish, qui avait 19 ans au moment des faits.

Maurice a peu connu sa mère, puisqu’il a passé sept ans de sa vie dans un pensionnat autochtone. Quand il est retourné chez lui, il n’a pu revoir sa mère que deux années avant sa mort.

Les allégations de la famille de Kathleen Kistabish Reuben sur le comportement de la SQ, qui n’aurait jamais fait d’enquête en bonne et due forme, ont fait sourciller la commissaire Audette.

« La SQ n’a-t-elle pas une obligation de savoir qui a fait ça? », a-t-elle affirmé à Radio-Canada.

Traumatismes intergénérationnels

Plus tard en après-midi, les membres de la famille de Jacky Lalonde, qui s’est enlevé la vie il y a quelques années, ont pris la parole pour parler de ce douloureux chapitre de leur vie. La soeur de Jacky, Theresa Lalonde, a raconté que leur mère a vécu les pensionnats autochtones, où elle a été battue par les soeurs. Elle a ensuite répété ces comportements violents avec ses enfants.

« Ma mère nous a élevés avec ce qu’elle connaissait. Elle savait comment battre et boire », a raconté Theresa.

La mère de Theresa et de Jacky a en outre épousé un homme (leur père) qui a abusé de ses enfants « depuis qu’ils sont en couche ». Leur père n’a jamais avoué ses torts.

Les audiences de l’ENFFADA se poursuivent au Manitoba la semaine prochaine.

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Le Saviez-Vous ► Les pensionnats autochtones, le génocide culturel amérindien


Un résumé d’une assimilation des Amérindiens (qu’on nomme à tort indien) avec un témoignage d’une amérindienne en vidéo. Quand les européens sont venu en Nouvelle-France, c’est fut le début des ennuis pour les Premières Nations. Quand les colons se sont bien installés, des pensionnats ont été créer pour provoquer un génocide culturel chez les amérindiens. C’est le coté obscur de l’histoire Canadienne qu’il ne faut ne faut pas oublier .. Des enfants ont été séparé de leurs familles, violentés, abusé sexuellement par des missionnaires pour soit disant les civilisés à la culture blanche.
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Les pensionnats autochtones, le génocide culturel amérindien

RACONTÉ  PAR MARINE GASC

Au XIXe siècle, les Canadiens ont créer des pensionnats pour les enfants autochtones (pour les Amérindiens) afin de les civiliser. De fait, pendant plus d’un siècle (le dernier pensionnat a été fermé en1996), les enfants étaient battus, exploités, humiliés… Découvrez les pensionnats pour autochtones ou le génocide culturel au Canada.

« Acquérir les pratiques des Blancs » dans les pensionnats

Les pensionnats avaient une mission très simple, retirer les enfants natifs américains à leurs parents afin de limiter l’influence de la culture autochtone, de leur apprendre les pratiques et les coutumes et ainsi en faire de parfaits petits Blancs. Ça fait flipper un peu et pourtant je n’invente rien, ce sont les mots du Premier ministre John A. Macdonald en 1883 :

«  Les enfants indiens devraient être retirés le plus possible de l’influence de leurs parents, et la seule manière d’y arriver est de les placer dans des écoles industrielles où ils vont acquérir les habitudes et les pratiques des Blancs »

A l’époque on veut permettre aux enfants amérindiens d’avoir les mêmes chances de réussir leur vie que les Blancs. C’est plutôt cool, mais le faire en voulant gommer les différences culturelles, c’est moche. D’autant que les moyens mis en place ne permettent pas d’offrir des chances de réussite aux enfants, au mieux ils apprennent à lire et écrire, au pire ils sont humiliés du fait de leurs langues, de leurs coutumes ou de leur couleur de peau.

Entre 1880 et 1996, plus de 150 000 enfants ont été placés dans les pensionnats.

Qu’est-ce qu’un pensionnat ?

La politique d’assimilation des Amérindiens par le Canada a été mise officiellement en place en 1880, or, entre 1830 et 1880, il existe déjà des établissements pour éduquer et convertir les natifs américains afin de les intégrer à la société.

Des missionnaires catholiques en sont à l’origine « aime ton prochain, mais seulement s’il te ressemble! » En Nouvelle-France, ça ne convainc pas vraiment les parents amérindiens qui préfèrent garder leurs enfants auprès d’eux et il n’existe aucune loi et donc aucune institution pouvant les contraindre à mettre les gamins dans ces pensionnats. C’est ce qui va changer en 1876 avec la loi sur les Indiens :

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« Notre législation indienne repose sur le principe que les autochtones doivent rester dans un statut de tutelle et être traités comme des pupilles ou enfants de l’État […] L’intérêt des autochtones comme celui de l’État requiert que tous les efforts soient faits pour aider l’homme rouge à sortir de sa condition de tutelle et de dépendance et il est clairement de notre savoir et de notre devoir de le préparer, par l’éducation et tout autre moyen, à un plus haut degré de civilisation en l’encourageant à assumer les privilèges et les responsabilités d’une citoyenneté entière. »

Le gouvernement fédéral décide qu’il faut des dispositions liées à l’éducation des Amérindiens (entre autres…). Et là, ça marque mal car les peuples autochtones sont obligés de laisser les enfants (à partir de 6 ans) dans les pensionnats (non mixtes). Dans un premier temps, les chefs amérindiens ne sont pas contre, ils espèrent donner aux gamins la chance de s’adapter à la nouvelle société mais aussi d’avoir l’opportunité de ne pas se laisser dominer par les étrangers en connaissant leurs codes, leurs coutumes, leurs langues. D’un autre côté, le gouvernement espère rendre les peuples autochtones plus indépendants financièrement en les intégrant dans la société et le commerce car le gouvernement verse des fonds publics aux peuples autochtones, il s’agit d’une protection financière en échange de l’occupation des terres (et j’aime autant vous dire qu’ils ne sont pas gagnants les natifs Américains).

En 1883, trois pensionnats autochtones (encore appelés écoles industrielles) sont en marche, ils sont gérés par le gouvernement fédéral et l’Église (catholique, anglicane et presbytérienne). Au cours des cinquante années qui suivent, un véritable réseau de pensionnats se met en place (jusqu’à 80 établissements en 1930). Seules deux provinces refusent de mettre en place les pensionnats : le Nouveau-Brunswick et l’Ile-du-Prince-Edouard. En 1945, le gouvernement décide de couper certaines aides financières aux familles autochtones qui refusent de mettre leurs enfants dans les pensionnats… Et les familles sont nombreuses car les conditions de vie y sont terribles.

La vie dans un pensionnat

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Plus de 150 000 enfants âgés de plus de 6 ans ont intégré les pensionnats autochtones, plusieurs milliers en sont morts. Environ 3200. Du fait des conditions sanitaires indécentes, les épidémies font des ravages, notamment la tuberculose et la grippe, mais aussi la violence. De fait, le taux de mortalité est cinq fois plus élevé dans les écoles industrielles que dans tout le pays.

Dès leur arrivée, les enfants sont humiliés. On les déshabille et on les lave devant tout le monde. Déso du point Godwin mais ça se passe pareil dans l’entrée des camps de concentration. Dans certains pensionnats, des enfants sont même frottés au détergeant afin d’éclaircir leur peau. Sauf qu’en fait ça ne marche pas, ils ne sont pas sales, ils sont Amérindiens.

« Dès que nous sommes entrées dans le pensionnat, les abus ont commencé. Nous avons été déshabillées, amenées dans un dortoir. Nos cheveux ont été vaporisés. […] On nous a dit que nous étions des petites sauvages stupides, et qu’on devait nous éduquer. » – Élaine Durocher

Les journées sont toutes rythmées de la même façon. Le matin les élèves sont en classe, l’après-midi ils travaillent. Chaque jour, ils sont réveillés par une cloche, doivent se lever seuls et partir au réfectoire pour un déjeuner frugal ensuite les enfants enchaînent trois heures de classe. Les cours sont donnés en français et en anglais. Après le déjeuner ils partent travailler, à aucun moment de la journée les enfants n’ont le droit de parler leur langue sous peine d’être battus.

« Ils m’ont volé ma langue. Ils l’ont sortie droit de ma bouche. Je ne l’ai plus jamais parlée. Ma mère me demandait : « Pourquoi, pourquoi? Tu peux m’écouter. » Elle disait : « Je pourrais te l’apprendre. » J’ai refusé. Et quand elle m’a demandé pourquoi, j’ai répondu : « J’en ai assez d’avoir des claques sur la bouche. Je suis tannée. Je suis tannée, c’est tout. » » – Rose Dorothy Charlie

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Le gouvernement justifie le travail (relativement intense) par l’apprentissage pour une meilleure intégration dans le milieu du travail. Ben oui, les petits sauvages doivent apprendre à rester assis pour le travail. En réalité, le boulot des gamins sert à payer les frais liés à l’organisation des pensionnats. Vu que le gouvernement ne veut pas mettre de fric dans les écoles industrielles, il donne du boulot aux missionnaires de l’Église et réduit au maximum le budget alimentaire et matériel. Durant les week-ends et vacances scolaires, les enfants autochtones doivent rester aux pensionnats pour ne pas perdre les bonnes manières. Il n’y a pas de classe mais des activités religieuses Il faut attendre 1960 pour que les enfants puissent rentrer voir leur famille durant les vacances. La séparation avec les parents est très difficile, en plus de ça, les enfants sont victimes de nombreuses violences.

Des enfants brutalisés et abusés dans les pensionnats

Un rapport publié en 2015 fait un triste constat (après plus de 7 ans de travail) à propos du traitement réservé aux enfants. Malnutrition, abus sexuels, violences physiques et psychologiques… Les témoignages sont assez horribles. Outre la qualité médiocre des enseignements apportés par des personnes incompétentes (les missionnaires), la qualité de vie est mauvaise, les enfants n’ont pas de vêtements adaptés aux saisons, ils sont malnutris et sont soumis à de nombreuses maladies sans que des soins particuliers leurs soient accordés.

« J’ai toujours blâmé le pensionnat pour avoir tué mon frère. Il s’appelait Dalton. […] Ils m’ont autorisé à aller le voir une fois avant sa mort, et il ne m’a même pas reconnu. Il n’était qu’un petit garçon allongé dans un lit à l’infirmerie, en train de mourir. » – Ray Silver

La culture autochtone est complètement humiliée, leur langue maternelle est interdite même lorsqu’ils écrivent à leurs parents… De nombreux enfants ont été battus, parfois à mort. Il existe aussi des cas de violences sexuelles par le personnel des pensionnats autochtones…

« Puisque je ne pleurais pas après avoir été battue, elles devenaient furieuses, vous savez, les deux religieuses. Elles commençaient tout simplement à nous battre et elles perdaient le contrôle. Elles nous jetaient contre le mur, nous jetaient sur le plancher, nous frappaient à coups de pied, à coups de poing. » – Géraldine Bob

« J’ai vu la religieuse pousser cette fille en bas de l’escalier. Elle ne s’est jamais relevée, et on nous a éloignés de là, on nous a envoyés en bas. Je ne sais pas ce qui est arrivé, mais elle n’est pas revenue avant des mois. Et, quand elle est revenue, elle était un peu paralysée. » – Margaret Plamondon

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« Ils me couraient après, m’attrapaient et m’amenaient à ce pédophile pour qu’il puisse m’agresser, profiter de moi comme il le voulait. Et on vivait dans la peur permanente. » – Richard Hall

« On me sortait chaque soir. Et ça a continué jusqu’à ce que j’aie environ 12 ans. Il y avait plusieurs superviseurs, des hommes et une femme. Et c’était dans le dortoir, c’était dans leur chambre; c’était dans l’abri d’auto; c’était dans son auto à lui; c’était dans le gymnase; à l’arrière du véhicule… » – Frances

Le rapport pose un constat assez négatif… Depuis 2008, le Canada a présenté plusieurs fois des excuses aux autochtones, reconnaissant sa responsabilité dans le génocide culturel. Aujourd’hui encore, le premier ministre et le gouvernement tentent de réparer autant que possible les erreurs du passé…

Entrez la légende de la vidéo ici

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Fuir et résister, l’histoire méconnue des pensionnats


La plupart des gens, enfin, je crois, conçois que l’arrivé des Européens en Amérique a été le début de la disparition des droits des Premières Nations. L’Église et le gouvernement ainsi bien installés ont voulu assimiler les amérindiens à la foi et culture des blancs en obligeant les enfants d’aller dans des pensionnats tenu par des religieux. Mais peu sait vraiment ce qui s’est vraiment passé dans ces pensionnats. C’est une réalité qui n’est pas si loin, ces enfants sont maintenant des adultes qui ont levé le voile sur une enfance cauchemardesque
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Fuir et résister, l’histoire méconnue des pensionnats

 

Derrière la triste histoire des pensionnats autochtones se cachent des actes de résistance. Des parents ont défié l’Église et le gouvernement en cachant leurs enfants pour les soustraire à l’éducation des Blancs.

Un texte de Josée Dupuis

ENQUÊTE

Marie-Jeanne Papatie a vu ses frères et soeurs aînés quitter la réserve du Lac-Simon pour le pensionnat de Saint-Marc-de-Figuery près d’Amos, en Abitibi.

L’été suivant, son père les entend parler d’abus survenus dans cette institution. Il est secoué. Il n’est pas question de laisser partir sa plus jeune. Il a un plan : cacher Marie-Jeanne.

Il lui aménage une petite pièce au sous-sol, où elle dort sur un matelas de fortune. Par la fenêtre, elle peut voir la rue et l’autobus qui vient chercher les enfants.

Durant les jours qui suivent le départ des écoliers, le père Edmond Brouillard – un oblat qui maîtrise l’algonquin – fait le tour de la réserve avec en main une liste de noms pour s’assurer que tous les enfants sont bien partis. Chaque fois, le père de Marie-Jeanne répond que sa fille s’est enfuie au lac.

Marie-Jeanne se rappelle les mots de son père. «  Il ne faut pas que tu répondes quand on va t’appeler », lui disait-il lorsqu’il la cachait dans le sous-sol.

Une fois le père oblat reparti, Marie-Jeanne pouvait enfin sortir de sa cachette.

La petite fille de 5 ans passe ses journées toute seule, à marcher autour du lac. Le matin venu, avant l’arrivée du père Brouillard, elle retourne se cacher au sous-sol.

Marie-Jeanne a pu échapper au pensionnat indien. Mais par un triste retour des choses, le pensionnat l’a rattrapée. Un proche, victime d’agressions sexuelles à Saint-Marc-de-Figuery, l’a agressée à son tour. Il avait 19 ans. Elle, 8 ans.

« J’ai été épargnée du pensionnat. Mais j’ai quand même des séquelles. Ce qu’ils ont subi, ils l’ont ramené à la maison. Ils m’ont fait subir ce qu’ils ont subi. » – MARIE-JEANNE PAPATIE

La petite Marie-Jeanne libre et insouciante a cessé ce jour-là d’exister.

«  J’ai commencé à consommer à 11 ans. Je sniffais du gaz. Mon père me frappait parce qu’il ne voulait pas que je sniffe. On m’avait abusé la veille, et moi, je sniffais le matin  », raconte-t-elle, ajoutant n’avoir jamais dit à son père qu’elle était agressée.

Marie-Jeanne s’est mariée à l’âge de 14 ans. Elle ne consomme plus depuis plus de 20 ans.

Quand elle pense à son père et ce qu’il a fait pour la protéger du pensionnat, sa voix s’étrangle.

«  Mon père, aujourd’hui, je le remercie beaucoup. Je n’ai pas eu le temps de dire à mon père que je l’appréciais beaucoup.  »

Marie-Jeanne a pu vivre en algonquin avec ses parents et grands-parents jusqu’à l’âge de 7 ans. Puis, elle a fréquenté l’école primaire du village voisin.

Marie-Jeanne Papatie

Marie-Jeanne Papatie PHOTO(S) : RADIO-CANADA

6000 enfants morts dans les pensionnats

Quelque 150 000 enfants amérindiens, inuits et métis ont fréquenté les pensionnats indiens, la plupart contre leur gré, arrachés à leurs parents.

On estime que 6000 d’entre eux sont morts de malnutrition, de maladies, d’abus physiques, de suicide ou morts gelés après s’être enfuis.

De nombreux enfants ont été victimes d’agressions sexuelles de la part des religieux. Peu de parents autochtones ont tenu tête au gouvernement et à l’église en refusant d’envoyer leurs enfants au pensionnat. Mais il y en a eu.

Dans le volumineux rapport de la Commission de vérité et réconciliation, un bref chapitre est consacré à ce mouvement de résistance. Les cas sont peu nombreux et proviennent surtout de l’Ouest canadien. Aucun exemple québécois n’est mentionné.

Attiré par des bonbons

William Papatie, le mari de Marie-Jeanne, n’avait jamais parlé de son séjour au pensionnat, jusqu’au jour où il a pris la parole devant la Commission de vérité et réconciliation.

Il se rappelle l’été précédant son départ au pensionnat.

«  Les soeurs étaient venues nous rendre visite. Elles donnaient des suçons pour nous attirer. J’en voulais. “On va t’en donner au pensionnat”, lui répondaient les religieuses. C’est avec ça qu’elles nous ont attirés, avec des bonbons. »

Des soeurs et des enfants autochtones

Des soeurs et des enfants autochtones PHOTO(S) : OEUVRES OBLATES DE L’ONTARIO (DESCHATELETS / ARCHIVES)

William n’a que 5 ans lorsqu’il prend le chemin du pensionnat de Saint-Marc-de Figuery, où il sera victime d’abus répétés.

Un des religieux l’attire dans sa chambre avec des bonbons pour l’agresser.

«  Quand il est venu me voir, je ne savais pas ce qu’il voulait faire. Il m’a amené dans sa chambre. Il m’a donné des bonbons. C’est là qu’il a commencé à me toucher les parties du corps.  » – WILLIAM PAPATIE

William grandit avec la peur de parler. Le prêtre lui ordonne de se taire. Il fugue à deux reprises, mais la police l’arrête. C’est le père Edmond Brouillard qui vient le cueillir au poste.

Un été, il se confie à sa grand-mère, une femme très croyante, qui ne le croit pas tout de suite.

«  Mon père y a fini par me croire. Parce qu’à un moment donné, je saignais », raconte-t-il.

Pour Salomon Papatie, le choc est brutal. Il doit sauver son fils. À la fin de l’été, le père et le fils partent en canot pour rejoindre le camp familial à une centaine de kilomètres de la réserve. Personne ne viendrait chercher son garçon ici.

Entrez la légende de la vidéo ici

Mais l’Église catholique n’a pas dit son dernier mot. Le rabatteur en chef, le père Brouillard, est à ses trousses. Pas question de laisser un seul enfant se sauver : on craint l’effet d’entraînement.

Accompagné d’un aîné de la communauté, il réussit à le retrouver au fond des bois.

William se rappelle la scène. Son père dit au religieux :

«  Mon fils ne retournera plus à l’école, sa place est ici maintenant [à cause de] ce qu’il a subi au pensionnat. Je le crois maintenant.  »

Le père Brouillard rebrousse donc chemin, sans le petit William.

«  J’étais soulagé. Mon père m’a serré dans ses bras. J’étais surpris que mon père ait été capable de poser un tel geste, défier les autorités religieuses. Je le remercie beaucoup. » – WILLIAM PAPATIE

Un pupitre sur une table en Abitibi

Un pupitre sur une table en Abitibi PHOTO(S) : RADIO-CANADA/LUC SIMARD

Le père Edmond Brouillard a été condamné en 1996 à cinq ans de prison pour attentat à la pudeur, attouchements, sodomie, agression sexuelle et de grossière indécence. Ses victimes sont six Autochtones originaires du Lac-Simon et du grand lac Victoria, en Abitibi.

William et Marie-Jeanne auront au moins eu la chance de lui échapper. Quant au frère qui a agressé William, il n’a jamais été inquiété, même si son nom revient à plusieurs reprises dans le récit de nombreux pensionnaires.

Le pensionnat de Saint-Marc-de-Figuery a fermé ses portes en 1973.

Le dernier pensionnat canadien a fermé ses portes en 1996 près de Regina, en Saskatchewan.

Des soeurs et une famille autochtone

Des soeurs et une famille autochtone PHOTO(S) : OEUVRES OBLATES DE L’ONTARIO (DESCHATELETS/ARCHIVES)

Quand il est temps de fuir

Ces histoires de résistance se sont aussi déroulées ailleurs au pays. En Alberta, une communauté entière, les Foothills Ojibways, a fui l’Église, et cela dès l’arrivée des Européens en Amérique.

On les appelait les « Runners », ceux qui courent. Cette communauté a toujours refusé que ses enfants fréquentent les pensionnats.

Ils avaient un mot d’ordre : fuir les religieux.

« Nous avons fui les robes noires pour protéger notre spiritualité, notre culture, nos cérémonies, notre façon de vivre », nous dit le chef de cette nation, Jimmy O’Chiese, lorsque nous l’avons rencontré à Edmonton.

Le chef des Foothills Ojibways, Jimmy O’Chiese

Le chef des Foothills Ojibways, Jimmy O’Chiese PHOTO(S) : RADIO-CANADA/JOSEÉ DUPUIS

« Ils voulaient que l’on se débarrasse de tout ce qui pouvait avoir une signification spirituelle. Pour nous, se départir de tous ces objets sacrés, c’était perdre qui nous étions », explique M. O’Chiese.

Ces Anichinabés se sont déplacés à de nombreuses reprises au fil des années. À pied, en canot d’écorce et à cheval. Ils sont partis du Michigan, sont montés vers le nord et ont parcouru l’Ouest canadien. Ils se sont finalement établis à Hinton, en Alberta, au pied des Rocheuses.

Cette communauté n’a jamais signé de traité avec les Blancs.

Jimmy O’Chiese enseigne maintenant l’histoire des Runners au Yellowhead Tribal College à Edmonton. Il est professeur émérite, environnementaliste, botaniste et spécialiste de médecine traditionnelle.

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Pensionnats autochtones: les archives pourraient être détruites dans 15 ans


J’avoue ne pas comprendre qu’on puisse décider de détruire des archives qui ont fait l’histoire du Canada, de grands moments de l’histoire très sombres qu’on pue souffrir les Amérindiens, Inuits et métis quand les enfants séparés de leur famille ont été forcés d’aller dans des pensionnats dirigés par l’Église subissant divers abus.
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Pensionnats autochtones: les archives pourraient être détruites dans 15 ans

 

PC  |  Par Presse canadienne

Les survivants du système canadien de pensionnats autochtones pourront conserver les archives relatant leurs histoires, mais autrement, les documents devront être détruits dans 15 ans, a tranché le plus haut tribunal ontarien dans une décision partagée.

Les documents en question sont liés aux demandes d’indemnisation déposées par quelque 30 000 victimes des pensionnats autochtones – des comptes rendus déchirants de leurs agressions sexuelles, physiques et psychologiques.

Les demandeurs n’ont jamais renoncé au contrôle de leurs histoires, a affirmé la Cour d’appel de l’Ontario. Ils sont libres de partager leurs propres expériences malgré les inquiétudes de certains concernant la confidentialité et la vie privée, a-t-elle ajouté.

Cette décision est tombée à la suite de différents appels et appels incidents d’un jugement de la Cour supérieure, en 2014. Les appels avaient été formulés en lien avec un jugement concernant le processus d’évaluation indépendant – ou PEI – et confidentiel qui faisait partie du règlement à l’amiable de l’action collective contre le gouvernement.

Le gouvernement fédéral et la Commission de vérité et réconciliation luttaient contre la destruction des documents, soulignant qu’ils devaient être conservés – de façon sécuritaire – pour leur valeur historique. Les intervenants catholiques voulaient plutôt éliminer les archives.

La cour a indiqué que son jugement déterminait « une fois pour toutes » les droits de chacun.

Le juge George Strathy a statué que le juge de la cour inférieure, Paul Perell, avait eu raison d’ordonner la destruction des documents dans 15 ans _ sauf si les survivants en décident autrement.

De plus, les victimes qui ont parlé sous le couvert de l’anonymat ne devraient pas craindre que leurs histoires soient utilisées contre leur gré dans les archives du gouvernement, selon la cour.

Le juge dissident Robert Shape a écrit pour sa part que les documents étaient effectivement des archives gouvernementales qui ne devraient pas être détruites, mais bien envoyées à Bibliothèque et Archives Canada et soumises aux mesures en vigueur dans cet organisme fédéral.

Le juge Sharpe a expliqué que le processus de la Commission de vérité et réconciliation constituait un « moment important dans l’histoire canadienne ». « Si les documents du PEI sont détruits, nous effaçons une importante partie de nos efforts pour traiter de ce sombre chapitre dans notre histoire », a-t-il précisé.

Dans le dernier siècle, quelque 150 000 enfants autochtones, Inuits et métis ont été forcés de fréquenter les pensionnats autochtones dirigés par l’Église. Plusieurs d’entre eux ont subi de terribles abus.

Du matériel de la Commission de vérité et réconciliation, qui a aussi entendu les témoignages de milliers de survivants, a été entreposé au Centre national de recherche de l’Université du Manitoba.

http://quebec.huffingtonpost.ca/

La commission de vérité et réconciliation Pensionnats autochtones : survivants #44, #58, #99…


Quand les amérindiens reçu les blancs, ils étaient loin de se douter que ce serait l’assimilation qu’ils subiraient. Et pire encore, on obligeait les enfants à aller dans les écoles chrétiennes pour faire taire leur nature amérindienne, leur culture, leur langue ainsi oublier leur propre science. Ils ont été amené de force au pensionnat et ont subit des abus physiques et sexuels .. Peut-on se relevé d’un tel passé ? Peut-être mais il est temps que la loi du silence tombe
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La commission de vérité et réconciliation

Pensionnats autochtones : survivants #44, #58, #99…

 

Richard, Gabriel, Lucie et Samuel.

Richard, Gabriel, Lucie et Samuel.

Dans les couloirs de la Commission vérité et réconciliation sur les pensionnats autochtones, quatre Amérindiens replongent dans leur lourd passé, où ils n’étaient parfois qu’un numéro, pour raconter leurs enfances et les contrecoups de la colonisation sur leur vie.

Un récit de Lili Boisvert.

Lucie Basile, survivante du pensionnat d'Amos de et Pointe bleue.

Lucie Basile, survivante du pensionnat d’Amos de et Pointe-bleue.

NOM : Lucie, « no. 99 »

NATIONALITÉ : Atikamekw

DÉPART AU PENSIONNAT : à 6 ans, en 1958

« On partait de nuit, en train. Ça pleurait beaucoup. On savait, quelque part en dedans de nous, qu’on était en train de vivre un grand bouleversement », explique Lucie, se remémorant son départ pour le pensionnat d’Amos.

Déportée, coupée de sa famille, Lucie a passé « une première année d’enfer » au pensionnat.

« C’était très dur physiquement et moralement », s’attriste-t-elle encore aujourd’hui.

De petite fille grassette habituée à la liberté, elle est devenue une enfant maigre et formatée pour l’obéissance. Elle a appris à dormir enfermée dans des placards à balais, en punition. Traitée de « sauvage » par les sœurs, forcée à oublier sa langue maternelle, Lucie a connu le mépris de sa culture pendant ses années de pensionnaire, mais aussi la violence physique. Et la violence sexuelle.

Au pensionnat, raconte Lucie, lors du passage obligé au confessionnal, les filles n’allaient pas s’installer dans la cabine à côté de celle du curé. L’homme de foi les faisait rentrer avec lui, dans son petit cubicule. Il les plaçait entre ses jambes. Les fillettes ainsi à sa merci, il glissait les mains sous leurs vêtements et abusait d’elles.

Un jour, Lucie en a eu assez. Écœurée, elle a repoussé le curé de toutes ses forces.

« Ça a bardassé! Big! Bang! J’ai ouvert la porte et je suis partie à courir. »

Les autres fillettes qui attendaient leur tour en rang pour se confesser se sont mises à courir avec elle et elles ont fui la chapelle. Mais au détour d’un corridor, des sœurs leur ont bloqué le passage. Les religieuses les ont renvoyées au curé. Pourtant, elles savaient ce que le prêtre faisait, assure Lucie.

« On ne pouvait même pas se fier sur les sœurs pour nous protéger des prêtres. »

Aujourd’hui, Lucie est interprète judiciaire. Elle traduit pour le gouvernement des documents en atikamekw. Cette langue-là même que le gouvernement voulait qu’elle cesse de parler.

Samuel, survivant du pensionnat de Shingwauk.

Samuel, survivant du pensionnat de Shingwauk.

NOM : Samuel, « no. 58 »

NATIONALITÉ : Cris

DÉPART AU PENSIONNAT : à 9 ans, en 1956

« Des fois, quand j’y pense, ça me prend comme un hoquet. Je me mets à pleurer sans pouvoir le contrôler. »

Le pensionnaire no. 58 de Shingwauk, en Ontario, parle rarement de sa vie au pensionnat. Le souvenir des atrocités qu’il a connues là-bas coupe fréquemment sa très douce voix lorsqu’il raconte son histoire.

« On était tout le temps punis et on ne savait pas pourquoi », amorce tout de même Samuel après un long silence.

Les frères lui donnaient tout le temps la fessée, lui frappaient les avant-bras ou la tête, se souvient-il. Et la plupart du temps, parce qu’il avait de la difficulté à comprendre l’anglais, il ignorait pourquoi.

Samuel se rappelle aussi que les pensionnaires avaient tout le temps faim. Ses amis et lui avaient alors fabriqué des arcs et des flèches. Ils s’en servaient pour tuer des oiseaux qu’ils faisaient ensuite griller sur un petit feu, cachés derrière des buissons. Ou ils allaient au poulailler abattre des poules. Mais les frères comptaient les volailles et lorsqu’il en manquait, ils punissaient les garçons. Tous les garçons, à titre exemplaire.

Un jour, un surveillant a fait venir Samuel dans son bureau. Le pensionnaire avait souvent déjà été victime d’agressions sexuelles de la part de surveillants derrière des portes closes. Mais cette fois-là, dans le bureau, il y avait une jeune amérindienne qui était là et qui pleurait. Le surveillant a regardé Samuel et lui a annoncé qu’aujourd’hui, il allait « lui apprendre comment on fait l’amour ». Indifférent à leurs larmes à tous les deux, il a forcé les jeunes Amérindiens à avoir une relation sexuelle.

Le désespoir. La tristesse. Samuel en a un souvenir très vif. L’enfant qu’il était ne souhaitait qu’une seule chose à l’époque : rentrer chez lui. Si bien que lorsqu’il a en a eu la chance, il s’est enfui du pensionnat. Il s’est engouffré dans la forêt. Il y est resté seul pendant trois jours avant d’être retrouvé par les frères et d’être ramené à l’école. À son retour, il a été battu.

Au bout de sept ans de pensionnat, Samuel a été transporté dans un hôpital de Toronto. Né avec une jambe plus courte que l’autre, le pensionnaire no. 58 a appris qu’il devait subir une opération. Les frères en avaient décidé ainsi. Mais l’opération qu’il a subie a finalement aggravé sa situation et le pensionnaire estropié est finalement rentré chez lui, dans son village à Mistissini.

Gabriel, travailleur social cris.

Gabriel, travailleur social cris.  Photo :  Lili Boisvert

NOM : Gabriel

NATIONALITÉ : Cris

38 ans, fils de deux anciens pensionnaires

La mère de Gabriel est comme une pomme. « Rouge à l’extérieur, mais blanche à l’intérieur. » Elle est le produit du pensionnat de Fort George.

« Ma mère est très confuse dans son identité. Elle a été colonisée et elle n’a pas pu faire ensuite le processus de décolonisation », expose Gabriel, très lucide.

Lorsqu’il était jeune, il a toujours senti ce « clash » chez ses parents entre la culture blanche et la culture autochtone. Ses parents, par exemple, ne voulaient pas utiliser de la sauge et ils ne voulaient pas aller aux pow-wow, le grand rassemblement, parce que c’était « diabolique », disaient-ils.

« Parfois, ils disaient qu’il fallait brûler nos tambours. Je me disais, oh wow! Qu’est-ce qui est arrivé à mes parents? »

À cette époque, les gens ne parlaient pas des pensionnats. Mais tout au long de son enfance, Gabriel sentait que quelque chose n’allait pas.

« Il y avait toujours beaucoup d’alcoolisme et beaucoup de disputes. Je ne comprenais pas d’où ça venait. Je me demandais pourquoi mon père était tout le temps en colère, pourquoi ma mère était tout le temps en colère. J’étais très négligé. Mes parents ne savaient pas comment élever des enfants. »

Jeune adulte, Gabriel a appris l’existence des pensionnats. Après cette prise de conscience, le jeune homme avoue qu’il était en colère contre les Blancs pour ce qu’il observait dans sa communauté.

« Je généralisais. Je disais : c’est de votre faute à vous, les Blancs, si nous sommes comme ça. C’est vous qui nous avez fait ça. »

Aujourd’hui travailleur social, Gabriel explique que pour se réconcilier avec son passé, il a préféré se tourner vers le chaman de sa tribu plutôt que vers un psychologue.

« J’avais besoin de comprendre qui j’étais et j’avais besoin de renouer avec cet aspect de mon identité », dit-il.

Impliqué dans le mouvement Idle No More, Gabriel croit aujourd’hui que les communautés autochtones partout au Canada doivent s’entraider et travailler de concert pour régler les problèmes hérités du passé des pensionnats, pour le bien des générations futures.

Richard, survivant d'un pensionnat autochtone.

Richard, survivant d’un pensionnat autochtone.

Nom : Richard, « no. 44 »

Nationalité : « Algonquin selon l’anthropologie, mais moi, je dis Anishamabe »

Départ au pensionnat : à 6 ans, en 1955

La partie « vérité » de la Commission vérité et réconciliation, Richard la saisit bien. Cela fait longtemps qu’il veut parler de ce qu’il a connu et de ce qu’il a vu au pensionnat, même si au début, il rencontrait beaucoup de résistance.

« Les gens me disaient : ce n’est pas vrai, ça ne se peut pas que ce soit arrivé comme ça », dit-il.

La vérité, il veut qu’elle soit connue.

Mais l’aspect « réconciliation » de la commission, l’ex-pensionnaire au franc-parler avoue sans détour qu’il ne la comprend pas. Il se trouve dépourvu devant ce concept qui n’existe pas dans sa langue, dit-il.

« On m’a demandé à l’ouverture de la commission de poser un geste de réconciliation… Mais je n’ai pas su quoi faire. »

« Ce sont des crimes contre l’humanité qui ont été commis contre nous, puis il n’y a personne, personne qui va faire du temps pour ces crimes-là. » — Richard

Après plusieurs années passées dans un pensionnat, Richard a été embauché par le ministère des Affaires indiennes – devenu Affaires autochtones et Développement du Nord Canada. L’un de ses premiers emplois consistait à se rendre dans les réserves amérindiennes et à faire signer aux parents autochtones les formulaires nécessaires pour qu’ils cèdent à la reine leurs droits sur leurs enfants afin qu’ils soient envoyés au pensionnat.

« C’est là où j’ai eu mon Waterloo », se souvient Richard.

Après avoir traduit au chef d’une tribu, ahuri, les formulaires du gouvernement, Richard a compris qu’il ne pouvait pas faire ce travail et qu’il fallait cesser d’envoyer de petits autochtones dans les pensionnats que lui-même avait fréquentés.

Richard croit que l’harmonie entre la société autochtone et la société canadienne est possible, mais il pense qu’elle n’est pas pour tout de suite.

« J’y crois, mais je ne pense pas que ça va arriver de mon vivant. En attendant, il faut continuer à faire ce que l’on fait là, il faut continuer à en parler, parfois avec des mots crus », conclut-il. 

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Pensionnats autochtones : 3000 enfants morts, selon une enquête


Dans le passé, le Canada a une histoire sombre vis a vis les amérindiens. Pour sois-disant les civilisé on voulait les inculquées les valeurs religieuses chrétiennes. Ils ont été forcé selon la loi a quitter leur famille pour rester dans des pensionnat ou plusieurs ont connu la mort, par maladie, accident et suicide .. Beaucoup ont subit des dommages physiques et psychologiques …
Nuage

 

Pensionnats autochtones : 3000 enfants morts, selon une enquête

 

Des élèves d'un pensionnat autochtone au Canada font une prière avant leur repas.

Des élèves d’un pensionnat autochtone au Canada font une prière avant leur repas.

Au moins 3000 enfants sont morts alors qu’ils se trouvaient dans des pensionnats autochtones au Canada, selon une enquête inédite dont La Presse Canadienne a obtenu copie.

Bien qu’il était connu depuis longtemps que de jeunes autochtones étaient morts dans ces pensionnats, il s’agit de la première fois que ces décès sont quantifiés à la suite d’une analyse systématique d’archives des gouvernements, d’écoles et d’autres sources.

« Il s’agit de chiffres réels et confirmés », a déclaré à La Presse Canadienne le gestionnaire de recherche Alex Maass, du Missing Children Project, depuis Vancouver.

« Chaque mort est confirmée par une documentation de première main, indiquant qu’il y a eu décès, le lieu et le moment où elle survenue et les circonstances », a-t-il précisé.

Le nombre de 3000 pourrait s’accroître à mesure que de nouveaux documents d’archives, notamment de sources gouvernementales, sont analysés.

La cause première de décès, et de loin, fut la maladie.

Durant des décennies, à compter d’environ 1910, la tuberculose a fait les plus importants ravages, notamment en raison de l’ignorance sur la manière dont les maladies étaient transmises.

« Les écoles étaient un lieu particulièrement propice à la transmission de la tuberculose, a expliqué M. Maass. Les dortoirs servaient d’incubateurs. »

L’épidémie de grippe espagnole en 1918-1919 a également fait des ravages au sein de la population étudiante ainsi que parmi les employés. Dans un épisode de trois mois particulièrement macabre dans un pensionnat de Spanish, en Ontario, 20 enfants sont décédés, selon les archives.

Bien que l’analyse statistique reste à faire, les documents montrent également que des enfants sont morts de malnutrition et d’accidents. Les incendies étaient fréquents, décimant tant les élèves que le personnel. Les noyades ou l’exposition au froid étaient d’autres causes fréquentes de décès.

En tout, quelque 150 000 enfants autochtones ont subi les affres du système de pensionnats, établi et géré par l’Église dans les années 1870 et en vigueur jusqu’aux années 1990. Dans plusieurs cas, les jeunes autochtones étaient forcés de s’y trouver en vertu d’une politique fédérale visant délibérément à « civiliser » les peuples autochtones.

Plusieurs étudiants y furent agressés sexuellement, physiquement et psychologiquement. De nombreux jeunes se sont suicidés alors que d’autres sont morts en fuyant leur pensionnat.

Un de ces épisodes d’une tristesse inouïe avait, pour une rare fois, attiré l’attention des médias en 1937 alors que les corps de quatre garçons, âgés de 8 et 9 ans, avaient été trouvés gelés ensemble dans de la glace mouillée sur le lac Fraser alors qu’ils se trouvaient à moins d’un kilomètre de chez eux après avoir fui leur pensionnat.
Une enquête du coroner avait par la suite recommandé que l’on « limite » la « discipline corporelle excessive ».

Selon les archives, le nombre de décès n’a chuté considérablement qu’après les années 1950, bien que certaines morts soient survenues jusque dans les années 1970.

« La question que je me pose est la suivante : est-ce que j’enverrais mon enfant dans une école privée où il y a eu ne serait-ce qu’un ou deux décès l’année précédente sans y regarder de plus près? », s’est interrogé Alex Maass.

« On ne s’attend pas, normalement, à des morts dans un pensionnat privé. »

Sauf que, dans les pensionnats autochtones, la mort était une réalité telle que les plans d’architecte de plusieurs d’entre eux comprenaient des cimetières qui étaient aménagés avant même la construction de l’édifice.

Alex Maass, qui a une formation d’archéologue, a indiqué que les chercheurs ont identifié 50 sites d’inhumation en marge du projet.

Environ 500 victimes ne sont toujours pas identifiées. L’information entourant leur décès, basée sur les informations des directeurs de pensionnats, se trouvait dans les rapports annuels du ministère des Affaires autochtones.

Les rapports annuels de décès ont été faits de manière systématique jusqu’en 1917, année où on y a abruptement mis un terme.

Selon M. Maass, il est évident qu’on a décidé en toute connaissance de cause de cesser de rapporter ces décès.

Dans les années 1990, des milliers de victimes ont poursuivi les communautés religieuses qui dirigeaient les 140 pensionnats ainsi que le gouvernement du Canada. Une entente de 1,9 milliard de dollars conclue en 2007 a mis un terme aux poursuites, entraîné des excuses du premier ministre Stephen Harper et la mise sur pied de la Commission de vérité et réconciliation.

Les enquêteurs, qui agissaient pour le compte de la Commission, ont passé au peigne fin plus d’un million de documents gouvernementaux et d’autres archives.

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