On prétend que les crèmes solaires protégeraient des rayons UV tout le monde. Il semble que ce soit faux. En fait, les études sont plus souvent faites sur les peaux claires et les personnes noires ne seraient pas aussi bien protégés
Nuage
La crème solaire ne protégerait pas les peaux noires des cancers
La plupart des travaux de recherche actuels ne prennent pas en compte les différences de pigmentation. | Leilani Angel via Unsplash
Repéré par Ines Clivio
Repéré sur New York Times
Le lien entre exposition au soleil et mélanome n’est pas établi chez les personnes à la peau foncée.
En 1981, Bob Marley mourrait des suites d’un mélanome malin au gros orteil, autrement dit d’un cancer de la peau.
«Si seulement il avait eu de la crème solaire…», déplorait-on.
Sauf que voilà: si les bénéfices de la protection solaire ne sont plus à démontrer pour les peaux claires, la question se pose encore pour les peaux brunes ou noires.
«Est-ce que c’est logique pour moi, une femme noire à la peau foncée, de porter de la crème solaire?», s’interroge à ce titre une journaliste du New York Times.
On aurait tendance à s’empresser de répondre:
«Bien sûr que oui, la crème solaire, c’est pour tout le monde.» Aux États-Unis, la Food and Drugs Administration (FDA) conseille d’ailleurs à toute la population de s’appliquer de la crème solaire, car «n’importe qui peut développer un cancer de la peau, quel que soit son âge, son genre ou son origine».
La science n’est pourtant pas aussi formelle.
Approche universelle
En dépit du peu de recherches menées sur le sujet, on sait déjà que les mélanocytes, ces cellules qui déterminent entre autres notre pigmentation, sont beaucoup plus efficaces chez les peaux foncées que chez les peaux claires: ils absorberaient entre 50% et 70% de rayons ultraviolets en moins.
Une étude de 2005 a également montré que s’il existait une relation très nette entre cancer de la peau et exposition aux UV pour les peaux claires, le lien était beaucoup moins aisé à démontrer pour les peaux foncées.
Pour ce genre de pigmentation, on observe une forte prévalence des cancers de la peau sur la paume des mains et la plante des pieds, des zones pourtant peu exposées au soleil.
L’étude souligne par ailleurs que 95% des mélanomes sont diagnostiqués chez des personnes à la peau claire.
Adewole Adamson, dermatologue et professeur à l’école de médecine de l’université du Texas à Austin, déplore le problème de «l’approche universelle» pour la crème solaire.
Selon lui, les recherches sur les risques et les bénéfices de la protection solaire devraient davantage prendre en compte les différentes pigmentations –pour l’instant, la majorité des travaux scientifiques concernent les peaux claires.
L’enjeu est d’autant plus important que les crèmes solaires à filtre minéral, celles validées par la FDA, ne sont en rien adaptées aux peaux foncées, et que les personnes noires doivent se contenter des crèmes chimiques, qui laisseraient passer des molécules potentiellement nocives dans notre organisme.
Adewole Adamson regrette que l’injonction à mettre de la crème pour tout le monde soit «l’un des seuls messages de santé publique transmis aux dermatologues». «Nous informons mal les personnes noires», conclut-il.