Les derniers mammouths sont morts brutalement sur une île isolée


Les mammouths n’ont pas disparu tous dans un même temps. Ceux de l’île Wrangel séparée de la Sibérie ont été isolés, il y a 10 000 ans. Malgré l’hiver particulièrement froid, ils ne sont probablement pas disparus à cause des changements climatiques, ni de la chasse intensive. Les mammouths laineux de cette île auraient disparu dans un laps de temps par la contamination de l’eau, du moins c’est une des hypothèses retenues par les chercheurs.
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Les derniers mammouths sont morts brutalement sur une île isolée


Céline Deluzarche
Journaliste

    Les derniers mammouths se sont éteints il y a 4.000 ans sur l’île Wrangel, au nord de la Sibérie. Mais, contrairement à leurs congénères du continent, leur disparition a été très soudaine, ce qui exclut bon nombre d’hypothèses jusqu’ici avancées pour expliquer cette extinction.

    Perdus sur une petite île dans la mer des Tchouktches, au Nord de cela Sibérie, les derniers mammouths laineux se sont éteints soudainement il y a 4.000 ans. C’est la conclusion d’une nouvelle étude publiée par des chercheurs des universités d’Helsinki (Finlande) et de Tubingue (Allemagne), et de l’Académie des Sciences russe, qui ont reconstitué les derniers instants de cet animal emblématique.

    Les derniers mammouths coupés du continent il y a 10.000 ans

    La disparition du mammouth laineux, animal largement répandu dans l’hémisphère nord durant le dernier Âge de glace (entre 100.000 et 15.000 ans avant notre ère) a fait l’objet de multiples études et spéculations. Aurait-il été victime de la chasse intensive de l’Homme ? du réchauffement climatique ? d’une accumulation de mutations génétiques délétères ? du changement de la végétation qui aurait affecté son régime alimentaire ? Ce qui est certain, c’est que le réchauffement survenu il y a 15.000 ans a réduit comme peau de chagrin l’habitat de ces géants préhistoriques. Les derniers mammouths ont ainsi disparu de l’Alaska il y a 13.000 ans, et des plaines de Sibérie il y a 11.000 ans. Des petites populations ont cependant subsisté sur quelques îles durant 7.000 années supplémentaires. Le mammouth laineux s’est définitivement éteint sur l’île Wrangel, à 143 km au nord de la Sibérie, il y a 4.000 ans. Autrefois reliée au continent, l’île Wrangel a été séparée de la Sibérie il y a environ 10.000 ans avec la montée des eaux.

    Une mort survenue très rapidement

    Mais ce que vient de découvrir la nouvelle équipe de chercheurs, dont l’étude a été publiée le 15 octobre dans la revue Quaternary Science Reviews, c’est que cette disparition est survenue dans un laps de temps très court, excluant de fait des causes comme le changement d’habitat, le réchauffement ou la chasse. Les chercheurs ont analysé les isotopes de carbone, azote, soufre et strontium d’un échantillon de 52 spécimens de dents et d’os de mammouths laineux, âgés de 48.000 à 4.000 ans et ils ont repris d’anciennes études avec des mammouths de différents endroits pour reconstituer le scénario de leur disparition. Contrairement à leurs congénères de Russie et de l’île Saint-Paul en Alaska, les mammouths de Wrangel ne présentent pas de changement dans la composition isotopique de carbone et d’azote, ce qui suggère que le réchauffement climatique ou qu’une pénurie liée à la raréfaction de l’herbe n’est ici pas en cause.

    « Les mammouths de l’île Wrangel ont continué à bénéficier des conditions favorables jusqu’à leur extinction», indiquent les chercheurs.

    Empoisonnés par de l’eau contaminée ?

    Ces derniers ont en revanche découvert que les échantillons présentaient des niveaux de soufre et de strontium montrant un changement de la composition du substrat rocheux vers la date de l’extinction, conduisant à des teneurs élevées de l’eau en métaux lourds. Les mammouths auraient-ils pu être empoisonnés ? C’est l’une des hypothèses avancées par l’étude qui suspecte également un événement climatique brutal, comme un hiver particulièrement rigoureux ayant gelé les sols et empêchant l’accès à la nourriture.

    « Il est facile d’imaginer qu’une population restreinte et fragmentée de mammouths, déjà affaiblie par des mutations génétiques et une mauvaise qualité de l’eau, ait pu succomber à un désastre climatique », explique Hervé Bocherens, paléontologue à l’université de Tubingue et co-auteur de l’étude.

    Les chercheurs n’excluent pas que l’Homme ait contribué à cette triste fin, même si aucun indice de chasse au mammouth n’a été retrouvé.

    CE QU’IL FAUT RETENIR

  • Les derniers mammouths se sont éteints il y a 4.000 ans sur l’île Wrangel, au nord de la Sibérie.

  • Contrairement à leurs congénères des autres continents, ils ont disparu dans un laps de temps très court.

  • Un événement climatique brutal comme un hiver très rigoureux pourrait avoir causé leur perte

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https://www.futura-sciences.com/

Le cancer sévit chez les êtres vivants depuis le Trias, il y a 240 millions d’années


La paléopathologie est l’étude des maladies anciennes. Le cancer est une maladie beaucoup plus vieille que l’on pense. La plus vieille trace de cette maladie est de 240 millions d’année. En effet, un ostéosarcome aurait été diagnostiqué sur des os fossile sur un dinosaure. Cette tumeur maligne est presque la même celle qu’on voit chez l’humain. Et c’est aussi l’ostéosarcome qui est le premier cancer connu chez l’humain.
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Le cancer sévit chez les êtres vivants depuis le Trias, il y a 240 millions d’années

 

Illustration de Pappochelys rosinae

Crédits : BRIAN ENGH / DONTMESSWITHDINOSAURS.COM

par Brice Louvet, rédacteur scientifique

Un fémur fossilisé vieux de 240 millions d’années serait la plus ancienne preuve connue de la présence d’un cancer chez les amniotes. La victime était une tortue ancienne sans carapace.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue JAMA Oncology.

La paléopathologie (l’étude de maladies anciennes) vise à comprendre comment les maladies ont évolué au fil du temps. Les systèmes immunitaires sont donc également étudiés. Mais l’histoire du cancer en particulier est un peu floue. Ses marques laissées dans les archives fossiles sont en effet exceptionnellement rares. En effet, les cellules cancéreuses ont tendance à s’attaquer aux tissus mous qui ne sont généralement pas préservés lors du processus de fossilisation. D’où l’intérêt de cette nouvelle découverte.

Une tumeur au temps du Trias

Une équipe de paléontologues allemands annonce en effet avoir identifié la présence d’une ancienne tumeur maligne. Ils l’ont retrouvée sur le fémur fossilisé d’une tortue primitive qui vécut à l’époque triasique, il y a 240 millions d’années. À cette époque, les premiers dinosaures et mammifères commençaient seulement à s’étendre sur la planète. Le vivant se remettait peu à peu de la plus grande extinction massive de tous les temps. Celle-ci s’est produite il y a environ 252 millions d’années.

Pappochelys rosinae, qui n’avait pas de carapace, a été découvert en 2015 dans le sud-ouest de l’Allemagne. Son étude avait à l’époque bouleversé la chronologie évolutive de la tortue moderne. Mais à force d’analyses, quelque chose d’encore plus intrigant s’est peu à peu révélé. En fait, les chercheurs ont repéré une croissance inégale le long du fémur gauche de l’animal. Ils en ont conclu qu’il s’agissait d’une tumeur osseuse extrêmement maligne. Cet ostéosarcome périosté est quasiment similaire à celui observé de nos jours chez l’Homme.

cancer tumeur

Le plus ancien cas connu d’ostéosarcome périosté, un cancer malin des os, observé sur un animal vieux de 240 millions d’années. Crédits : Yara Haridy et al/JAMA Oncology 2019

“Une vulnérabilité enracinée dans l’histoire de l’évolution des vertébrés”

“Il était presque évident que des animaux anciens souffraient aussi de cancer, mais il est tellement rare que nous en trouvions des preuves“, a déclaré à Science News Yara Haridy, paléontologue au Museum für Naturkunde à Berlin, et co-auteure de l’étude. “Cette étude prouve que la croissance des cellules néoplasiques non régulées s’est produite dès le trias et que le cancer n’est pas un défaut physiologique moderne, mais plutôt une vulnérabilité profondément enracinée dans l’histoire de l’évolution des vertébrés“.

Si plusieurs cas de cancers anciens ont été observés chez les poissons et les amphibiens fossilisés, cette nouvelle découverte représente ici le plus ancien exemple connu de cancer chez un amniote (mammifères, oiseaux et reptiles). On note par ailleurs que le tout premier cas connu de cancer chez l’Homme était également un ostéosarcome. Il fut découvert sur les os fossilisés d’un ancien hominidé vieux d’environ 1,7 million d’années mort dans la grotte de Swartkrans, en Afrique du Sud.

Source

https://sciencepost.fr/

Le mystère de l’enfant aux bois de cerf


Il y a 100 mille ans un enfant meurt et fût enterré d’une façon particulière en rapport avec les autres sépultures, Pourtant cet adolescent à cause d’une blessure, avait un cerveau d’un enfant de 6 ans et son comportement devait être très différent du reste du groupe. A-t-il représenté quelque chose de particulier pour sa tribu ?
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Le mystère de l’enfant aux bois de cerf

 

La sépulture de l'adolescent à Qafzeh Anne-Marie Tillier

La sépulture de l’adolescent à Qafzeh

 

Le crâne d’une des plus anciennes sépultures de la préhistoire vient d’être passé au scanner. Les résultats éclairent les raisons de l’inhumation, il y a près de cent mille ans.

En juillet 1965 débarque en Israël un jeune préhistorien qui n’a même pas trente ans, Bernard Vandermeersch. Il est là pour étudier la grotte de Qafzeh, à deux kilomètres de Nazareth, dans le nord du pays. Il ne le sait pas encore, mais il va y faire l’une des plus importantes découvertes de sa vie. Avec un chercheur israélien, il met au jour en effet des squelettes d’hommes anciens, à l’anatomie semblable à la nôtre. Stupeur : ceux-ci semblent avoir manipulé les mêmes outils que les néandertaliens. Allons donc… Des outils archaïques dans les mains d’une espèce évoluée comme la nôtre ? L’annonce fait lever de nombreux sourcils chez les paléoanthropologues.

Ces derniers ne sont pas au bout de leurs surprises. Car en 1988, la nouvelle tombe : les fossiles de Qafzeh ont plus de 90 000 ans. Eux qu’on voyait comme des cousins orientaux de l’homme de Cro-Magnon sont près de soixante mille ans plus anciens. L’histoire de notre espèce, les Homo sapiens modernes, se révèle bien plus longue que prévu. Elle plonge ses racines en Afrique, et bien plus loin dans la Préhistoire que ne le pensaient les chercheurs.

Et ce n’est pas fini. Car plusieurs années auparavant, ce site extraordinaire avait dévoilé un autre de ses trésors. Le 17 août 1969, l’équipe met en effet au jour une des plus anciennes sépultures du monde, et peut-être la plus frappante de la préhistoire. Elle est, encore aujourd’hui, sans véritable équivalent à une époque aussi ancienne.

C’est un adolescent, de douze ou treize ans. Il est sur le dos, au fond d’une petite fosse creusée dans un calcaire tendre. Ceux qui l’ont enterré lui ont replié les jambes et mises sur le côté. Sur ses hanches, ils ont déposé un gros bloc de calcaire. Ils lui ont allongé les bras sur la poitrine. Et entre ses mains, posées près de son cou, ils ont laissé une curieuse offrande : les bois d’un cerf, ou d’un grand daim, encore attachés à un morceau du crâne de celui-ci.

Les archéologues remarquent que l’adolescent a une fracture sur le front. Sans doute causée par un coup, ou une pierre. Ils décident de confier les restes à un médecin pour qu’il les examine. Ce dernier constate que la lésion a cicatrisé. Ce qui veut dire que l’enfant a survécu. Le médecin penche donc plutôt pour un choc léger, sans grande conséquence.

Mais l’une des anthropologues de l’équipe, qui a elle aussi étudié les restes, a toujours conservé un doute. Or au cours des années 1980, des chercheurs commencent à utiliser des scanners sur des crânes d’hommes fossiles. Au milieu des années 2000, les progrès de la technique permettent de réaliser des empreintes 3D extrêmement précises de l’intérieur de crânes fossiles. Une sorte de moulage virtuel du cerveau. D’où l’idée des chercheurs d’appliquer la technique à l’enfant de Qafzeh. Le fossile est envoyé pour cela dans un hôpital de la côte, à Haïfa.

Vu par l'arrière, le cerveau reconstitué de l'adolescent, superposé à son crâne. Il a été touché un peu au-dessus du front, à droite.

Vu par l’arrière, le cerveau reconstitué de l’adolescent, superposé à son crâne. Il a été touché un peu au-dessus du front, à droite.

Et ces techniques montrent que la blessure de l’adolescent était beaucoup plus grave qu’on ne l’avait pensé. D’abord parce qu’elle a entraîné un retard de croissance majeur.

 « Son cerveau a la taille de celui d’un enfant de six ans » explique Hélène Coqueugniot, du CNRS, qui a conduit l’étude.

Autrement dit, il a reçu ce coup dans l’enfance. D’où des séquelles irréversibles. Après, savoir exactement quelles en ont été les conséquences neurologiques reste un exercice périlleux. D’après les zones du cerveau touchées, il pouvait avoir du mal à contrôler ses mouvements, à réaliser certaines tâches, et/ou à fixer son regard.

Bref, il avait très certainement une personnalité singulière, un comportement étrange pour le groupe d’hommes et de femmes avec qui il vivait. Est-ce pour cela qu’à sa mort, il a bénéficié d’un traitement spécial ? Car sa tombe est unique. Toutes les autres sépultures de la grotte sont beaucoup plus simples. Au mieux une fosse, et jamais d’offrandes. Incontestablement, cet adolescent qui n’était pas comme les autres, incarnait quelque chose pour le groupe venu l’enterrer dans cette grotte, il y a près de cent mille ans.

Nicolas Constans

Anne-Marie Tillier

  • Hélène Coqueugniot (CNRS), Olivier Dutour (EPHE) (et à Frank Rühli (université de Zürich) pour son avis).

  • La publication scientifique : H. Coqueugniot et al.,PLoS ONE 9(7): e102822. 2014

  • Les plus anciennes sépultures du monde sont dix à vingt mille ans plus anciennes. Elles se trouvent dans le site cousin de Qafzeh, Skhul, également dans le nord d’Israël. C’est l’archéologue britannique Dorothy Garrod qui les a mis au jour dans les années 1930. (Elle a également co-découvert les frises sculptées du Roc-aux-sorciers en France).

  • Les fossiles de Qafzeh et Skhul sont parmi les plus anciens hommes modernes du monde (i.e. avec la même anatomie que nous). Il y a eu par la suite d’autres découvertes. Savoir ceux qui sont les plus anciens ne fait pas l’objet d’un consensus chez les paléoanthropologues. Les noms de l’homme de Herto (150 000 ans) et d’Omo Kibish (200 000 ans) en Éthiopie sont néanmoins fréquemment cités.

  • Moshe Dayan, par Anefo / Croes, R.C.− https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Anefo_930-3763_Moshe_Dayan_27-07-1979.jpg − CC BY-SA 3.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.frMoshe Dayan Féru d’antiquités, le stratège militaire de la guerre des Six jours a aidé les fouilles de Qafzeh. Il dépêche d’abord une équipe de démineurs dans la grotte en 1965. Puis il mettra à disposition un hélicoptère militaire pour transporter certains squelettes en laboratoire. À l’époque, le général passait pour un paisible archéologue amateur. Mais aujourd’hui, son goût immodéré pour les antiquités n’a plus bonne presse. Car la plupart de ses « fouilles » s’apparentaient en fait clairement à du pillage, d’après cet article du Haaretz ou cette étude détaillée, en anglais.

    http://archeo.blog.lemonde.fr