Médicaments d’ordonnance: être le «pusher» de ses enfants


On dit souvent de garder ses médicaments hors de la portée des tout-petits, mais, il faut aussi que les médicaments à la maison soient inaccessibles pour les adolescents qui pourraient s’en servir pour se droguer. Je ne sais pas si je suis trop naïve, mais je n’aurai jamais pensé à prendre, plutôt voler des médicaments prescrits à mes parents pour me droguer.
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Médicaments d’ordonnance: être le «pusher» de ses enfants

 

C'est dans la pharmacie de leurs parents, à... (Archives La Presse)

C’est dans la pharmacie de leurs parents, à la maison, que bon nombre d’adolescents trouvent la drogue qu’ils consomment.

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DAPHNÉ CAMERON
La Presse

Antidouleurs, calmants, antidépresseurs, somnifères… Votre pharmacie renferme des pilules qui font peut-être de vous le «pusher» de vos enfants. Un adolescent sur huit aurait déjà consommé un médicament d’ordonnance pour se droguer. Dans la plupart des cas, la médication provenait de sa maison. Inquiet de ce fléau grandissant, l’Ordre des pharmaciens lance aujourd’hui une campagne de sensibilisation à l’égard des jeunes et de leurs parents.

Estelle n’a jamais eu de mal à cacher sa consommation de médicaments d’ordonnance à ses parents.

«Ils ne se sont jamais doutés de grand-chose, c’est facile de passer à côté de la pharmacie de la salle de bains sans penser à compter les pilules dans les pots pour être sûrs qu’il n’en manque pas», raconte, au bout du fil, la jeune fille de 17 ans à la voix angélique.

Traitée depuis trois mois et demi au centre Portage pour régler ses problèmes d’alcool et de toxicomanie, elle raconte la facilité avec laquelle elle a pu mettre la main sur des médicaments d’ordonnance.

Sa première expérience a été avec du Valium.

«C’est des amis qui avaient apporté ça. J’ai découvert que ça m’aidait à faire face au down que j’éprouvais après avoir consommé du speed.»

Une amie qui vole des médicaments dans la pharmacie de sa mère lui fait ensuite découvrir l’OxyContin, un antidouleur dérivé du pavot, de la famille des opiacés, au même titre que la morphine ou l’héroïne.

Estelle a même déjà fait semblant d’avoir des douleurs au dos afin qu’un médecin lui prescrive des pilules. Un jeu d’enfant, explique la jeune femme articulée.

«Si je suis capable de le faire, n’importe qui peut y arriver.»

Après une tentative de suicide et une arrestation pour conduite avec les facultés affaiblies, Estelle a fait son entrée au centre de traitement Portage, qui accompagne les jeunes toxicomanes.

Guillaume Potvin y est intervenant depuis 14 ans. Ce centre de traitement pour les jeunes accueille les cas les plus lourds. Il affirme que 20% des jeunes qu’il suit ont déjà consommé des médicaments d’ordonnance qui ne leur avaient pas été prescrits dans le but de se droguer.

Il pense cependant que la consommation de médicaments d’ordonnance est aussi banalisée chez les jeunes qui n’ont pas de problèmes graves de toxicomanie.

«Puisque ce sont des produits légaux, ils ont moins l’impression de commettre un crime lorsqu’ils en consomment», remarque-t-il.

Dangers

C’est à la suite d’une rencontre avec le coroner en chef du Québec, l’été dernier, que la présidente de l’Ordre des pharmaciens, Diane Lamarre, a décidé de faire de l’abus de médicaments d’ordonnance chez les jeunes le thème de la Semaine de la pharmacie, qui débute aujourd’hui.

Lors de cette rencontre, le coroner en chef lui a fait part de sa préoccupation à la suite du décès du jeune Alexandre Lallemant-Capocci, de Longueuil, mort l’an dernier à l’âge de 16 ans, après avoir consommé avec deux autres amis les médicaments appartenant à sa mère emportée par un cancer. Ce dernier a succombé, mais ses deux autres amis s’en sont tiré.

«Lorsqu’on parle d’opioïdes, par exemple, les pilules sont très petites, mais ce sont des produits très puissants et malheureusement les gens ne font pas tous la corrélation», a déclaré Diane Lamarre en entrevue la semaine dernière (avant qu’elle annonce sa candidature pour le Parti québécois).

Un danger mortel

Il n’y a malheureusement pas de statistiques sur l’utilisation de drogues d’ordonnance à des fins récréatives au Québec. Une étude récemment menée en Ontario montre cependant qu’un adolescent sur huit en a déjà consommé pour se droguer.

«De ce nombre, 70% d’entre eux avaient pris la drogue à la maison», souligne Mme Lamarre. «Aux États-Unis, quatre ados sur dix pensent qu’un médicament prescrit est plus sécuritaire qu’une drogue illicite», ajoute-t-elle.

C’est pourquoi l’Ordre suggère aux parents et aux grands-parents de toujours garder leurs médicaments sous clé. Lorsque des médicaments ne sont pas nécessaires, on recommande aussi de les rapporter à la pharmacie afin qu’ils soient détruits de façon écologique.

«Les produits pharmaceutiques bénéficient d’une espèce d’aura, car ils sont utilisés pour aider ou guérir les gens. Or, il suffit de ne pas suivre la posologie pour que ça devienne un danger mortel. C’est pourquoi il faut en discuter avec nos jeunes et aussi être très vigilant.»

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Les pharmaciens auront bientôt plus de pouvoirs


Je pense que cela serait une bonne chose quand il s’agit que de renouvèlement de médicaments ou des petits problèmes qui seraient résolument plus vite a la pharmacie… Par contre, on dirait on plus la faveur des médecins que les infirmières cliniciennes
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Les pharmaciens auront bientôt plus de pouvoirs

 

Avant d'obtenir ces nouvelles responsabilités, environ 6000 pharmaciens... (Photo: François Roy, La Presse)

Avant d’obtenir ces nouvelles responsabilités, environ 6000 pharmaciens devront être formés au cours des prochains mois.

PHOTO: FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

DAPHNÉ CAMERON
La Presse

À compter du printemps prochain, les pharmaciens pourront prescrire une dizaine de médicaments et renouveler la plupart des ordonnances d’un médecin, a annoncé lundi après-midi le ministre de la Santé, Réjean Hébert. Il reste toutefois encore à déterminer comment seront rémunérés les pharmaciens pour la réalisation de ces nouveaux actes médicaux.

L’entente dans le but d’élargir les pouvoirs de prescription des pharmaciens avait déjà été conclue plus tôt cette année entre le ministère de la Santé et des Services sociaux et le Collège des médecins du Québec et l’Ordre des pharmaciens. Aujourd’hui, les deux ordres professionnels ont annoncé qu’ils s’étaient entendus sur les activités qu’ils pourront désormais partager.

Ils ont aussi convenu de 11 conditions de santé pour lesquelles les pharmaciens pourront bientôt prescrire des médicaments. Il s’agit notamment de l’herpès labial, des vaginites, de l’acné mineure, de la prévention du paludisme, du traitement de la diarrhée du voyageur, des nausées chez les femmes enceintes et de la contraception hormonale pour les femmes qui ont pris la pilule du lendemain en attendant leur rendez-vous avec le médecin.

Les pharmaciens pourront aussi prolonger ou ajuster une ordonnance d’un médecin pour les patients qui souffrent d’une maladie chronique dont l’état est stable. Ils pourront aussi la substituer en cas de rupture d’approvisionnement complète au Québec. Ils pourront également administrer un médicament afin d’en démontrer l’usage approprié. Les pharmaciens qui travaillent dans les hôpitaux auront enfin le droit de prescrire et analyser des tests de laboratoires aux fins de la thérapie médicamenteuse.

«Les patients sont les grands gagnants de cette entente. Ils pourront profiter davatange de l’expertise des pharmaciens», s’est réjoui le Dr Hébert lors d’un point de presse à Montréal. «Le Québec était la province canadienne qui utilisait le moins les pharmaciens pour l’accès à la première ligne et avec l’adoption de ce règlement-là on devient la première.»

«Ça va aussi permettre de mieux suivre et contrôler les conditions chroniques qui deviennent plus en plus importantes et qui expliquent une grande partie de l’engorgement des urgences de nos hôpitaux», a-t-il ajouté.

Avant d’obtenir ces nouvelles responsabilités, environ 6000 pharmaciens devront être formés au cours des prochains mois. Le gouvernement devra aussi négocier la rémunération de chaque acte avec le syndicat qui représente les pharmaciens, l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires. Le ministre Hébert est toutefois resté flou sur cette question. Il reste aussi quelques étapes légales à franchir.

L’ancien ministre de Santé, Yves Bolduc, qui avait déposé le projet de loi modifiant la Loi sur la pharmacie en novembre dernier, s’est réjoui de la progression du dossier.

«C’est une excellente nouvelle pour l’accessibilité des soins. Il s’agit d’une avancée tant pour les pharmaciens que les médecins», a-t-il affirmé en entrevue téléphonique.

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Je hais les pharmacies!


J’ai bien aimé ce billet de Monsieur Frédéric Metz sur les pharmacies .. Il est bien vrai que nos pharmacies ont bien changés a comparer a aujourd’hui,. Jean Coutu est devenu une entreprise florissante, Bravo pour lui. Mais n’est pas avant tout une pharmacie ??? Et je trouve que de plus en plus … aller chercher sa prescription est devenu un fardeau car on a vraiment l’impression qu’ils nous font attendre pendant que nous regardons les tablettes Il est vrai qu’on peut toujours appeler avant .. ainsi ne pas être tenter d’acheter plus Sauf que …
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Je hais les pharmacies!

 

Je hais les pharmacies

© iStockphoto.com

 

Par Frédéric Metz , AGI, professeur et directeur du programme de design graphique Université du Québec à Montréal , Montréal, Canada

Les pharmacies: un antre horrible qui regorge de bébelles n’ayant aucun lien avec notre santé.

Punis pour nos excès, nous y passons tous un jour, une ordonnance au bout des doigts: la pharmacie. Ce sera rapide, se dit-on. Erreur! Le génial Jean Coutu, le vrai, a trouvé l’astuce: nous faire poireauter dans son antre horrible qui regorge de bébelles n’ayant aucun lien avec notre santé.

 

Presque tous l’ont imité: Brunet, Familiprix,Proxim et Uniprix se concurrencent pour vendre croustilles, savon à lessive, mascottes, casseroles, casquettes, horloges, albums de photos, timbres… Pendant qu’un aide-pharmacien recompte vos pilules en les transvasant de leur emballage original à d’insipides «vials», anonymes et difficiles à ouvrir, on est coincé dans de minuscules allées tellement encombrées qu’elles en sont dangereuses. Supports-crochets limitant le passage. Paniers métalliques qui heurtent nos tibias. Tourniquets antivol qui nous coincent les «amourettes».

Terrifiantes pour les yeux, perturbantes pour la psyché, ces cavernes d’Ali Baba vouées à notre santé nous anéantissent avant de nous faire «passer au cash». «Cash» tant convoité par ces empoisonneurs de bonne santé, qu’ils nous mettent tous dans le panier des voleurs en série: serrures, alarmes, tout est en place pour anéantir les timides acheteurs.

Et pour souligner les rabais, des cartons fluo, rouges ou verts, de mauvais goût, sont installés n’importe comment à côté des produits-vedettes. Les dépliants, amputés de leurs précieux coupons-rabais qui jonchent le sol, donnent cet air de carnaval à longueur d’année. Pour couronner le tout, on y ajoute cette touche subtile de sons «Musak» au fil des «Fêtes joyeuses» à souligner.

Quelle agression. Aïe! Je me sens tout étourdi.

Antithèse idéologique? Certaines chaînes de pharmacies poursuivent leurs excès sur le terrain de la médecine alternative: «pétries» de respect pour notre santé, elles proposent produits naturels, bio, voire homéopathiques. Mais que font des produits santé dans la cour des plus violents poisons?

Pas en bas de la ceinture!

L’exception, la pharmacie où le design a sa place, se nomme Pharmaprix. Quel calme. On y respire. Respect de normes «humaines». Plafond dégagé, larges allées aérées où sont disposés les produits maison Life, impeccablement conçus, graphiquement intéressants et placés juste à la bonne hauteur pour les yeux. Car notre oeil balaie tout, inconsciemment.

Les tests d’Eliot Young effectués pour Perception Research Service(PRS)ont démontré depuis belle lurette et avec grande précision que notre regard «suit son chemin», en dehors de toute volonté de notre part. Notre vision balaie les produits et s’arrête sur un détail qui retient notre attention. Ce n’est pas à la hauteur des yeux que les produits ont la meilleure visibilité, mais au niveau des bras. Étonnant, non? Les produits placés plus haut que les yeux ont moins de visibilité (30%). Tout ce qui est en bas de la ceinture est peu vu, car plus c’est bas, moins on regarde. Savez-vous que 85% des nouveaux produits sont retirés des étagères parce qu’ils ne sont jamais vus?

Optimiser la visibilité d’un produit

Bien entendu, tout manufacturier veut que les regards convergent vers son produit chéri, situé au niveau idéal. La guerre est donc déclarée entre concurrents. C’est la ruée vers le niveau idéal. Dans les «supermarchés pharmaceutiques», tous envient cette place de choix garantissant le plus de ventes possible. Et on est prêt à tout promettre pour l’obtenir.

Ce problème n’existe plus au Mexique. Dans les grandes surfaces, on fait appel à la théorie scientifique de la perception visuelle pour donner la même visibilité à tous les produits, plaçant ingénieusement, ceux de la même marque sur un axe vertical plutôt qu’horizontal. La même bouteille de shampoing se retrouve ainsi en colonne, le client le plus grand prenant le produit sur l’étagère du haut, et le plus petit, sur celle du bas. Tout le monde est content. Visuellement magnifique, verticalement malin, simple et efficace. Et le commerçant n’est plus obligé de louer au rabais les tablettes qui ne font pas partie du champ visuel idéal.

La chaîne de magasins d’alimentation Métro n’est pas en reste: elle a réussi un bon coup par son côté attractif. Chaque rayon possède un puissant éclairage au néon. De loin, les tubes de dentifrice, les bouteilles de shampoing ou les pots de crèmes corporelles brillent! Mais le consommateur qui s’en approche est ébloui par leur blancheur qui rend la lecture des étiquettes pratiquement impossible. Bel exemple d’anti-design qu’on pourrait qualifier d’«over design».

Bouillie pour consommateurs

Dans le monde des grandes surfaces de vente au détail, on sait que rien, absolument rien, n’est laissé au hasard. On se demande alors pourquoi aspirines, sparadraps et couches trônent-ils au milieu des salades et de la «bouffe à chiens»?

Cette réunion de produits disparates dans le même magasin me fait penser aux populaires sandwiches jambon-fromage. Quant à moi, je préfère manger un sandwich au jambon le lundi et un sandwich au fromage le mardi, plutôt que de manger le lundi et le mardi le même sandwich jambon-fromage. Pourquoi désirer deux fois de suite le même repas?

Et que dire de l’odeur d’une pharmacie – une vraie -? Dans ces boutiques d’apothicaire, les émanations de mixtures à l’ancienne possèdent ce quelque chose de rassurant, d’auréolé: on se sent «pris en charge». À Montréal, j’apprécie beaucoup le pharmacien Jean-François Boyer, rue Amherst. Il nous attend, comme dans le bon vieux temps, derrière son simple comptoir. Devinant notre malheur, par la magie des posologies il conseille, fier de ses potions, comme un vrai libraire qui a lu tous les livres qu’il vend. Et si l’onguent n’est pas disponible, il nous le livre personnellement à la maison, avec un sourire en plus. Ça fait du bien. Serait-ce çà la bonne prescription?

Grâce aux pharmaciens, on a vaincu la variole. Bravo. Mais doit-on absolument payer cette victoire en supportant la vue de ces monstrueuses enseignes criardes et de tous ces artifices ? Prend-on les gens pour des demeurés?

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Du vélo comme médicament


Chapeau à nos cousin Français qui innove dans les ordonnances médicales. Une façon de donner au corps une opportunité de reprendre sa vie en main et de rechercher une meilleurs santé physique qui aura surement une diminution de médicaments
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Du vélo comme médicament

 

velhopstationJe suis tombée récemment… non pas de mon vélo mais sur une nouvelle particulièrement intéressante: La ville de Strasbourg va permettre à une cinquantaine de médecins de prescrire… du vélo à leurs patients qui pourraient bénéficier de cet exercice sur le plan médical.

En pratique, les patients munis d’une telle ordonnance pourront utiliser gratuitement les vélos du réseau Vélhop(équivalent du Bixi québécois).

Les patients seront ceux ayant des maladies chroniques (diabète, hypertension artérielle, obésité ou problèmes cardio-vasculaires), pour qui l’efficacité de l’activité physique est établie depuis longtemps, en complément du traitement pharmacologique. Ces patients seront aussi suivis par un conseiller sport et santé, vraisemblablement l’équivalent du kinésiologue québécois.

Un premier bilan de cette initiative sera dressé dans un an. Si l’expérience s’avère positive, elle sera généralisée en France.

Parlez-en à votre médecin et… à votre député!

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Naître drogué de parents accros


Quand je pense qu’on voudrait légaliser les drogues, alors qu’il y a tellement de conséquences pour le corps et le cerveau. Imaginez les bébés qui dans l’utérus rentre en contact avec les drogues, alcool, cigarettes et médicaments .. c’est un début de vie bien difficile pour ce petit être.
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Naître drogué de parents accros

Naître drogué de parents accros

Leur corps minuscule s’est habitué à l’héroïne, aux médicaments antidouleur ou à la méthadone dans l’utérus de leur mère. À la naissance, lorsqu’ils en sont brutalement privés, c’est la souffrance.

Photo: Alain Roberge, La Presse

Marie-Claude Malboeuf
La Presse

Chaque année, au Québec, près d’une centaine de bébés doivent être sevrés parce qu’ils naissent drogués et sont en manque d’opiacés, révèlent les toutes dernières données de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

Leur corps minuscule s’est habitué à l’héroïne, aux médicaments antidouleur ou à la méthadone dans l’utérus de leur mère. À la naissance, lorsqu’ils en sont brutalement privés, c’est la souffrance. Après quelques jours, les bébés les plus touchés peuvent se mettre à trembler, à pousser des cris aigus, à vomir, à respirer péniblement, à s’agiter et à pleurer intensément dès qu’un bruit, une lueur ou un mouvement les perturbe. Certains symptômes peuvent mettre des semaines à disparaître.

Les mères ne viennent pas toutes de la rue ou de milieux pauvres, même si c’est souvent le cas.

«J’ai accouché des avocates et des notaires qui prenaient de l’héroïne de façon récréative», rapporte l’obstétricien montréalais Samuel Harper, qui suit la majorité des héroïnomanes enceintes.

Dans son bureau du CLSC des Faubourgs, dans le quartier Centre-Sud, il suit aussi la grossesse d’un petit nombre de femmes incapables de se passer de médicaments antidouleur. Dérivés du pavot, comme l’héroïne, ils leur ont été prescrits à la suite d’une opération ou pour soulager de violents maux de dos, et les choses ont mal tourné.

En Ontario, dans les deux dernières années, la forte popularité de ces médicaments a fait augmenter de 38% le nombre de bébés qui ont nécessité un sevrage, constate l’ICIS. Au Québec, leur nombre a parallèlement baissé de 21% – une donnée surprenante puisque le nombre de Québécois consommateurs d’opiacés d’ordonnance a bondi de 182% depuis 2000, tandis que les dépenses du gouvernement pour le paiement de l’un d’eux (l’OXyContin) ont augmenté de 1280%.

Les toxicomanes québécoises sont peut-être plus prudentes que les autres durant leur grossesse.

«Malgré nos efforts, il est aussi possible que plusieurs femmes passent encore inaperçues, avance le Dr Harper. Celles qui fonctionnent bien n’éveillent pas les soupçons et peuvent avoir déjà quitté l’hôpital quand les premiers symptômes de sevrage se manifestent, après quelques jours.»

Des milliers de bébés touchés

Les patientes du Dr Harper accouchent pourtant au Centre des naissances du CHUM, qui se trouve à l’avant-garde pour le dépistage et l’accompagnement des mères toxicomanes. Le centre en a dépisté 111 en 2010-2011 (39 abusaient de cannabis, 29 de cocaïne, 22 d’opiacés, 15 d’alcool et 6 d’amphétamines), et sevré 19 bébés.

Ailleurs, l’ampleur du problème est encore plus difficile à cerner, même si le dépistage des femmes enceintes devrait être «systématique», selon le Plan d’action interministériel en toxicomanie 2006-2011. On y lit que 5% des Québécoises font une consommation abusive d’alcool durant leur grossesse et que, dans certains secteurs, 10% se droguent alors qu’elles attendent un bébé.

Les gynécologues doivent poser plus de questions et envoyer plus souvent leurs patientes aux travailleurs sociaux, car plusieurs d’entre elles ont le réflexe de minimiser les quantités qu’elles consomment», plaide l’infirmière-chef du service de néonatalogie de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, Patricia Geraldes.

L’an dernier, de 20 à 25 femmes accros à la cocaïne ou aux amphétamines ont accouché à son hôpital. Les femmes enceintes qui consomment du cannabis s’y comptent carrément par dizaines, mais elles ne sont pas nécessairement ciblées pour cette raison.

«On leur suggère quand même de fumer moins», indique la travailleuse sociale Maude Ménard.

Comme le tabac, le cannabis peut causer des retards de croissance. La cocaïne et les amphétamines aussi, en plus de provoquer chaque année des dizaines de naissances prématurées.

«À long terme, ces substances laissent même plus de traces dans le cerveau que les opiacés», affirme l’anesthésiologiste Édith Villeneuve, chef de la Clinique antidouleur du CHU Sainte-Justine.

Les bébés qui y ont été exposés restent hospitalisés jusqu’à ce que toute trace de drogue ait disparu de leur urine. Pour les soulager, il n’y a pas grand-chose à faire.

«Quand il s’agit d’une substance qu’on ne trouve que dans la rue et qui a pu être mélangée à toutes sortes de choses, ses effets sont plus néfastes, et c’est impensable d’en donner à un bébé, même à toutes petites doses», précise la Dre Villeneuve. Elle se rabat donc, à l’occasion, sur des médicaments qui servent à réduire l’anxiété ou l’hyperactivité, ou encore à induire la somnolence.

On donne parfois de la caféine aux bébés exposés à la cocaïne, dit de son côté Patricia Geraldes. En général, les mères n’ont eu aucun suivi de grossesse. Elles arrivent à la salle d’accouchement en pleine crise, sans carte d’assurance maladie. Mais d’autres nous arrivent très adéquates. Elles sont organisées et n’ont pas l’air d’avoir consommé. On le découvre parce que le bébé ne va pas bien.»

Ces mères ont beau être moins démunies, la travailleuse sociale Maude Ménard s’en inquiète.

 «Gérer un emploi tout en consommant, c’est une chose; être parent, c’en est une autre, dit-elle. La fatigue fragilise. Sans compter qu’avoir un enfant, c’est très confrontant. Ça peut aggraver les problèmes.»

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Imiter Toronto et Vancouver

Depuis plus de 10 ans, le CHUM cherche à ouvrir un centre périnatal et familial en toxicomanie où les parents trouveraient tout sous le même toit: thérapies, diagnostics, soins médicaux, conseils éducatifs, dépistage, stimulation, gardiennage, etc.

Vancouver et Toronto ont déjà leur centre de suivi (Sheeway Project et Breaking the Cycle), et ils sont apparemment très efficaces.

«Si le bébé est stimulé après sa naissance, si on aide la mère à lui offrir de bonnes conditions de vie, il peut s’en tirer relativement bien. Même s’il a été exposé à la drogue, plusieurs effets se résorbent», souligne l’obstétricien Samuel Harper.

À Montréal, les parents doivent faire le tour de la ville pour obtenir les services dont ils ont besoin, se désole la travailleuse sociale Marielle Venne. Ce n’est pas très efficace. Souvent, ils n’osent pas tout dire à leur pédiatre, qui prescrit des examens inutiles.»

Déjà en 1999, le Comité permanent de lutte contre la toxicomanie a applaudi le projet du CHUM, mais le centre hospitalier est toujours à la recherche de partenaires pour le lancer.

***

Le crack moins nocif que l’alcool

Au risque de choquer, le Dr Samuel Harper est catégorique:

«Ce qui est légal – le tabac et l’alcool en grande quantité – est pas mal plus dangereux pour le foetus que certaines drogues illicites.»

Et le gynécologue n’hésite pas à le dire aux héroïnomanes enceintes qu’il suit au CLSC des Faubourgs, en plein coeur du quartier Centre-Sud, à Montréal.

«J’aime mieux que mes patientes arrêtent la cigarette que la méthadone, dit-il. Et j’aime mieux qu’elles prennent un peu de crack chaque jour plutôt que de se soûler une fois par mois.»

À fortes doses, l’alcool peut avoir un effet dévastateur, rappelle le Dr Harper.

«À cet égard, on devrait aussi s’inquiéter pour la dame qui déprime à la maison, et qui va sans doute passer inaperçue parce qu’elle a de l’argent», dit-il.

Pendant la grossesse, le banal Advil est plus problématique que la morphine», affirme de son côté l’anesthésiologiste Édith Villeneuve, chef de la Clinique antidouleur du CHU Sainte-Justine.

Chaque année, elle y traite une dizaine de femmes enceintes qui ont remplacé l’héroïne par la méthadone, plus une dizaine d’autres qui ont besoin d’opiacés pour supporter des douleurs chroniques ou aiguës. Et ce n’est pas une attitude égoïste, dit-elle.

Ces patientes ne veulent rien prendre parce qu’elles trouvent ça atroce pour leur bébé. Mais les douleurs fortes peuvent déclencher des contractions et interrompre la grossesse. Le sevrage est préférable, car il est assez simple quand une femme n’a rien pris d’autre que des opiacés achetés à la pharmacie. La moitié des bébés n’en auront même pas besoin.»

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