Quand Instagram nous conseille


C’est une des choses que je n’aime pas dans les réseaux sociaux, ceux qui prétend être des coach santé, il y a de tout des naturopathe, des nutritionnistes, des guérisseurs et même des psychologues dont la plupart n’ont pas de formation, ou du moins un manque de formation ou encore des diplômes. Ils peuvent rendre les gens plus malades qu’ils ne le sont.

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Quand Instagram nous conseille

PHOTOMONTAGE JULIEN CHUNG, LA PRESSE/PHOTOS GETTY IMAGES

Les « coachs santé » prolifèrent sur les réseaux sociaux. Ils évoluent dans un marché florissant… et sans encadrement.

Jeûne intermittent. Prise de comprimés de vitamines, de minéraux et d’antioxydants. Consommation de chlorophylle pour « un meilleur transport de l’oxygène dans notre corps ». Voici quelques exemples prodigués par des utilisateurs d’Instagram qui se présentent comme des « coachs santé », « coachs holistiques » ou « coachs bien-être ». Un phénomène qui inquiète plusieurs experts.


MARISSA GROGUHÉ
LA PRESSE

Sur les réseaux sociaux, et sur Instagram plus particulièrement, les « coachs santé » sont à portée de clic. Certains n’ont qu’une poignée d’abonnés et d’autres, plusieurs milliers. Ils évoluent dans un marché florissant… et sans encadrement.

Aux États-Unis particulièrement, les « coachs santé » connaissent une grande popularité. L’Association médicale américaine (AMA) recommande même d’être accompagné d’un « health coach » lors d’un suivi médical. Toutefois, il s’agit plutôt d’infirmières, d’assistants médicaux ou d’éducateurs en santé.

Ceux qui prolifèrent sur les réseaux sociaux se disent surtout « naturopathes », « guérisseurs », « herbalistes ». On trouve beaucoup d’Américains, mais aussi des Européens et plusieurs Québécois.

Parmi eux, une utilisatrice se présente comme une « coach en santé holistique ». Catherine Plamondon veut « inspirer les femmes à rayonner au quotidien » et à « adopter un mode de vie sain, équilibré ». 

Jointe par La Presse, Catherine Plamondon a expliqué détenir un baccalauréat en kinésiologie, une formation de deuxième cycle en exercices thérapeutiques et « beaucoup de formation » en naturothérapie. 

Tracy se présente pour sa part sous le nom TheMindfulady et exploite un blogue du même nom. La Montréalaise se présente comme une holistic health coach.

« C’est parti de ma propre expérience, puisque je travaille énormément (comme ingénieure) et que je trouvais que notre style de vie (surtout les femmes de carrières) était hyper rapide et pas très orienté sur notre bien-être », explique-t-elle dans un échange sur Instagram.

En portant plus attention à son alimentation, par une approche holistique, et en constatant de « bons résultats », elle a décidé de suivre une formation dans le domaine à l’Institute for Integrative Nutrition.

Elle indique sur son site que son contenu « est à titre informatif uniquement et ne doit en aucun cas être considéré comme un avis médical ». « Je ne suis ni médecin ni diététiste, par conséquent toute utilisation des informations de ce site est entièrement à vos propres risques », précise-t-elle.

Des nutritionnistes qui n’en sont pas

La Française Mélanie Frey est suivie par près de 6000 personnes sur Instagram. Elle alimente également un compte YouTube. Elle fait la promotion de la « santé au naturel » et donne des ateliers concernant les troubles du comportement alimentaire. 

Un exemple des conseils qu’elle donne : la monodiète, qui consiste à « ne manger qu’UN aliment à volonté, pendant un repas, deux repas, une journée, ou plusieurs jours d’affilés… » La pratique permettrait de « détoxifier l’organisme et de mettre au repos les organes digestifs ». 

« Masseur-kinésithérapeute diplômée d’État », Mme Frey indique qu’elle est « sur le point de terminer […] plus de 350 heures de cours en nutrition et micronutrition » dans le cadre de sa formation en naturopathie.

Une formation qui lui confère le droit de « conseiller sur quoi [manger] pour optimiser la bonne vitalité de l’individu tout en étant adapté à son mode de vie », dit-elle.

Plusieurs « coachs santé » recommandent certaines habitudes alimentaires, vantent des diètes, des programmes nutritionnels et des produits miracles. C’est là un des plus gros problèmes de ce phénomène, soulève Paule Bernier, directrice de l’Ordre professionnel des diététistes du Québec (OPDQ).

« Tout le monde mange, tout le monde se sent concerné. Alors c’est facile d’avoir son opinion et de penser que l’expérience de l’un ou de l’autre vaut des résultats scientifiques », dit-elle.

Beaucoup de nos membres en pratique privée nous rapportent qu’ils ramassent des patients ayant suivi des conseils mal dirigés qui faisaient la promotion de diètes. Ils se sont retrouvés complètement déséquilibrés. Paule Bernier, directrice de l’OPDQ

L’Organisation mondiale de la santé a reconnu la naturopathie comme une méthode de « médecine traditionnelle », au même titre que la médecine chinoise ou l’ayurveda.

Mais pour Mme Bernier, la naturopathie relève de la pseudoscience.

Si bien que l’Ordre qu’elle préside a adopté, en 2017, une résolution stipulant que « l’exercice de la naturopathie est incompatible avec l’exercice de la profession de diététiste ou de nutritionniste ».

Des professionnels inquiets

Au Québec, un système de dénonciation a été implanté au sein de l’Ordre des diététistes, afin de lever le drapeau rouge sur des cas problématiques de faux nutritionnistes.

Depuis la période 2016-2017, l’OPDQ observe une augmentation des dénonciations de 200 %.

« Les réseaux sociaux aident le mouvement, c’est tellement plus facile de diffuser de l’information, bonne ou mauvaise », constate Mme Bernier. 

Certains « coachs » présents sur Instagram représentent également un problème pour l’Ordre des psychologues. La directrice de l’Ordre, la Dre Christine Grou, note une « prolifération » de ce titre sans les qualifications requises. 

Il y a beaucoup de désinformation et d’informations scientifiquement non fondées qui circulent. Dre Christine Grou, directrice de l’Ordre des psychologues du Québec

L’utilisation du terme « coach » fait aussi sourciller la Fédération internationale des coachs (ICF).

« Le titre de coach n’est pas protégé, donc n’importe qui peut dire qu’il fait du coaching », explique Lyne Leblanc, présidente de l’association. Les réseaux sociaux, en conséquence, sont « inondés » de « coachs » sans formation.

Attention, ne pas avoir de diplôme ne veut pas dire qu’on « ne fait rien de valable », souligne Mme Leblanc. « Mais on apprête tout et n’importe quoi à la chose du coaching. C’est un mot à la mode, et on le sert à toutes les sauces. »

Une formation remise en question

Des écoles offrent des formations pour devenir « coach santé ». La plus populaire est l’Institute for Integrative Nutrition (ou Institut de nutrition holistique) de New York (IIN).

La Française Claire Orriols a cofondé le site Super Souper, qui propose des conseils nutritionnels et des programmes alimentaires. La jeune femme a étudié à l’IIN. Elle se présente maintenant comme « coach en nutrition et santé holistique ». 

« C’est grâce à ma formation et mon expérience professionnelle que je peux partager des conseils, qui ne sont pas la vérité absolue, mais aidant ou sensibilisant les personnes à reprendre le pouvoir sur leur santé », explique-t-elle à La Presse.

L’IIN, fondée il y a 25 ans, réapparaît fréquemment dans notre navigation au gré des profils de « coachs bien-être ». La Québécoise Anne-Marie Archambault, qui a lancé le blogue d’inspiration bien-être À volonté, est une des diplômées de l’Institut. Elle se dit « coach de santé ». Professeure de yoga et de méditation, elle suit également une formation à l’École d’enseignement supérieur de la naturopathie du Québec à Montréal.

« Je ne suis donc ni médecin ni nutritionniste, prévient-elle sur son site. Mon focus, ce sont les habitudes de vie, et je travaille dans une approche naturopathique. »

L’Institut affirme, dans un courriel envoyé à La Presse, avoir formé une « communauté » de 100 000 coachs de santé, dans plus de 120 pays.

À l’Ordre professionnel des diététistes du Québec, « le bureau des enquêtes est en train d’évaluer comment juger [cet établissement] », explique Paule Bernier.

Sans vouloir se prononcer catégoriquement, elle avance que l’IIN n’est « définitivement pas quelque chose de pertinent ou qui peut remplacer la formation [de diététiste] ». « Quand vous voulez régler un problème de tuyauterie, vous appelez un plombier. Un problème légal, un avocat. Mais lorsqu’il est question de nutrition, tellement de monde veut donner ses conseils, alors que seuls les diététistes et les nutritionnistes ont un permis pour le faire », dit-elle.

La crédibilité de l’IIN est donc remise en question. Mais des dizaines de milliers d’élèves de partout dans le monde sont prêts à payer des milliers de dollars pour suivre ses formations. Beaucoup d’entre eux se servent de ces nouvelles compétences pour se lancer en affaires, donner des conseils. Très souvent… sur Instagram.

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Santé : attention aux sectes !


Quand la médecine semble avoir des limites sur la guérison ou sur le contrôle de la douleur, il y est normal de chercher autre chose pour se soulager, voir quelque chose que l’on croit plus naturelle, et sur le net, les thérapies alternatives est un domaine très florissant mais aussi dangereux de s’y aventurer à tâtons
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Santé : attention aux sectes !

Un naturopathe extra, trouvé sur internet… Un guérisseur conseillé par l’amie de la voisine d’une amie… Une technique de jeûne qui permet de diminuer les symptômes de pratiquement toutes les maladies…

Toutes ces méthodes pourraient être bonnes, mais elles pourraient aussi être une porte ouverte vers une secte.

Comment faire la différence ?

Pourquoi les sectes sont-elles actives dans le domaine de la santé ?

En matière de santé, nous savons tous que la médecine n’a pas toutes les réponses. Quand la douleur ou d’autres symptômes désagréables aux traitements, il est souvent tentant de se tourner vers des thérapies alternatives. C’est une démarche logique, qui peut même être salutaire.

Mais elle présente un danger : celui des dérives sectaires.

En effet, promettre une guérison est très efficace pour attirer des patients déçus ou angoissés, qui seront alors susceptibles de se laisser manipuler.

Ceci ne signifie évidemment pas que tous les traitements alternatifs soient dispensés par des gourous, mais simplement que dès que l’on quitte les sentiers battus, la vigilance doit être de mise. C’est pourquoi le Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles, organisme officiel lié au Service public fédéral Justice, a publié en annexe de son dernier rapport une brochure concernant les dérives sectaires dans le domaine de la santé.

Les sectes sont très mauvaises pour la santé

Le problème, c’est qu’en réalité les sectes mettent souvent la santé de leurs adhérents en danger. Le CIAOSN cite notamment :

  • Des régimes déséquilibrés, qui rendent les personnes plus faibles te donc plus vulnérables et faciles à manipuler.
  • Le manque de sommeil.
  • L’absence des soins médicaux qui, eux, seraient efficaces, y compris souvent les vaccinations ou les transfusions sanguines.

Inutile de dire que ces mauvaises pratiques sont d’autant plus dangereuses pour des personnes déjà malades. Et pire encore quand elles concernent des enfants en bas âge ou des personnes âgées.

Attention, les psychothérapies peuvent aussi faire l’objet de dérives sectaires.

Les « thérapeutes » profitent alors de la détresse de leurs patients pour satisfaire leurs propres besoins, qu’ils soient financiers, affectifs ou autres…

Comment repérer les sectes ?

Le CIAOSN conseille de se poser quelques questions pour débusquer les dérives sectaires possibles :

  • Quelles sont les qualifications de la personne qui veut me soigner ? Est-elle inscrite à une organisation professionnelle ? Semble-t-elle exagérer ses compétences ?
  • Les méthodes utilisées sont-elles reconnues par d’autres personnes que le praticien en question ?
  • Ma liberté de patient(e) de poursuivre d’autres traitements en parallèle, et particulièrement les traitements conventionnels scientifiquement prouvés, est-elle reconnue ?
  • Après quelques séances de traitement, y a-t-il une amélioration ?
  • Le régime ou le rythme de vie conseillé est-il approprié ou épuisant ?
  • Me promet-on la lune ?
  • Les prix sont-ils excessifs ?
  • Est-il difficile de combiner cette thérapie avec une vie normale ?

Si les réponses à ces questions vous font douter de la vraie qualité d’un thérapeute, consultez un (autre) médecin pour avoir un avis objectif

par Marion Garteiser, journaliste santé

http://www.e-sante.be

Gourous: des cadavres dans le placard


On entends que très peu parler des horreurs que les gourous de la médecine douce peuvent provoquer en suggérant fortement de ne pas se fier a la médecine traditionnelle .. Je n’ai rien contre la médecine douce, bien au contraire… mais sans pourtant délaisser la médecine traditionnelle et je n’ai aucune confiance aux pseudo-guérisseurs
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Gourous: des cadavres dans le placard

 

ILLUSTRATION DAVID LAMBERT, LA PRESSE

 

MARIE-CLAUDE MALBOEUF
La Presse

Plusieurs Québécois sont morts après avoir boudé des traitements reconnus afin de se remettre entre les mains d’un pseudo-guérisseur.

Leurs histoires font rarement les manchettes, car ils n’y sont plus pour porter plainte. Et lorsque leur famille s’en charge, il est rarissime que la police s’en mêle.

Exception notable : une naturopathe de Wesmount, Mitra Javanmardi, est poursuivie pour homicide involontaire et négligence criminelle.

On l’accuse d’avoir tué un homme de 84 ans en lui injectant du magnésium. L’homme, qui lui avait versé 585 $, a vomi, est devenu fiévreux et a fait une crise cardiaque le lendemain.

Malgré ses symptômes, la naturopathe aurait dissuadé sa famille de le conduire aux urgences un conseil qui n’est peut-être pas étranger au fait qu’elle avait déjà été poursuivie trois fois par le Collège des médecins.

Autre cas tragique : François Leduc, ingénieur civil devenu naturothérapeute, a vendu des pilules faites d’huile et d’argile à un homme atteint du cancer de la prostate. Il lui avait dit que la chimiothérapie et la morphine l’empêcheraient de guérir. La tumeur s’est métastasée aux os et son client est mort dans d’atroces souffrances, après avoir étalé du plantain sur ses plaies. Leduc a payé 26 000$ d’amende, mais n’a jamais été emprisonné.

Myriam Villiard, naturopathe et homéopathe, l’a été brièvement. Bien qu’une injonction lui ait interdit d’offrir des traitements, elle venait de soutirer 450 $ par visite à une dame atteinte du cancer de la peau. La femme est morte.

Villiard, qui en était à sa sixième récidive, a ensuite prétendu soigner un enfant atteint d’une maladie rare. Ses parents lui ont versé plus de 1000 $ en produits et analyses, sans succès. Indigné, un juge des petites créances a traité la naturopathe de profiteuse et écrit que rien ne pouvait excuser «ses actes ignobles ».

Sur son site internet, la Commission des praticiens en médecine douce du Québec présente pourtant Myriam Villiard comme l’un « des grands noms qui ont contribué à l’avancement des médecines douces dans notre province ». La Commission n’a pas répondu à nos courriels.

À donner froid dans le dos

En Belgique, Nathalie de Reuck traque des gourous dans le documentaire Mort biologique sur ordonnance téléphonique, qui a été suivi du livre-choc On a tué ma mère ! La journaliste y raconte comment sa mère a découvert une masse dans son sein, et comment des adeptes de la biologie totale lui ont juré qu’elle mourrait si elle allait à l’hôpital. Même lorsque sa tumeur cancéreuse a paralysé et fait gonfler son bras. Même lorsqu’elle a causé une plaie suppurante.

Bonne élève, la vieille dame enregistrait toutes ses conversations pour mieux comprendre. Ce fut son testament. On y entend son gourou la culpabiliser lorsqu’elle se plaint de douleurs insupportables, ou de dépenser beaucoup sans amélioration.

« Avec vous, rien ne marche jamais, madame, la blâme-t-il. Vous vous opposez à tout. À quoi ça sert de vous aider si vous ne voulez pas être aidée.»

Il relance pourtant sa cliente jusqu’à l’hôpital, pour lui dire qu’il est fier d’elle, car elle va «partir en harmonie ».

Avant sa mort, Mme de Reuck mère a plutôt demandé à sa fille de porter plainte en lui disant : «Je me suis trompée de chemin. Pardon.»

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Gourous Inc.: les pédiatres imaginaires


Je suis estomaquer de voir comment de charlatan vont donner a qui mieux mieux des recette miracles pour guérir diverses maladies chez les enfants .. ce qui est pire c’est que certains vont même négliger les traitements conventionnels et risque de faire empirer l’état de santé de l’enfant et même des adultes. Tout ca par ce que des voleurs, de arnaqueurs se foutent pas mal de mettre la vie en périls eux ce qu’ils veulent c’est faire de l’argent tant pis pour le reste ..
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Gourous Inc.: les pédiatres imaginaires

 

Nicole Ouellet a été condamnée  à quatre... (Archives La Tribune)

 

Nicole Ouellet a été condamnée à quatre reprises pour exercice illégal de la médecine.

ARCHIVES LA TRIBUNE

MARIE-CLAUDE MALBOEUF
La Presse

L’an dernier, le Québec a découvert avec stupéfaction qu’une jeune mère de famille était morte «cuite», enveloppée de pellicule plastique et de terre, en suivant les prétendues thérapies d’une gourou de l’épanouissement personnel. Comment la quête de bonheur de cette femme a-t-elle pu mener à une telle tragédie?

Pour répondre à cette question, La Presse a lancé un ambitieux projet d’enquête. Pendant trois mois, nous avons écumé l’internet et visité – souvent incognito – des pseudo-guérisseurs et des gourous en tout genre.

La chose s’est révélée facile. Les maîtres à penser sont partout. Dans des officines discrètes, mais aussi dans des hôpitaux, des écoles et des bureaux de psychologues.

Ils nous ont reçue en robe ou en blouse blanche, armés d’aimants, de diapasons ou de «fréquences invisibles». Tous débordants de confiance. Parfois louches et avides, parfois sympathiques et sincères, mais pas inoffensifs pour autant.

Leur promesse: éliminer le mal de vivre, l’hyperactivité, le cancer, alouette, grâce à des méthodes bizarres, ou carrément choquantes. Et ces soins, très onéreux, sont souvent remboursés à tort par les compagnies d’assurances.

On suit leurs conseils à ses risques et périls. Certains clients ont simplement dépensé beaucoup d’argent, et disent avoir été aidés. Mais d’autres en sont morts ou se sont suicidés. Certains ont abouti à l’hôpital psychiatrique ou dans des sectes.

Le résultat de notre enquête se retrouve dans une grande série qui sera publiée pendant deux semaines.

On y découvre un Québec dangereusement obsédé par la quête du bonheur et de la santé. Une terre où l’on a largué la religion, mais qui demeure fertile pour les prêcheurs de la bonne parole ésotérique.

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Les pédiatres imaginaires

Nicole Ouellet a commencé sa carrière comme infirmière. Aux soins intensifs et en néonatalogie. Difficile à croire lorsqu’au téléphone, elle nous déclare traiter les tout petits bébés en se fiant aux «vibrations» de leurs couches pleines d’urine.

«Avant de nous la poster, les parents la font sécher», prend soin de préciser la résidante de Sherbrooke.

Interrogée en avril au sujet d’une fillette de 3 ans aux intestins infestés de polypes, la sexagénaire est catégorique: quoi qu’en disent les médecins – et malgré les risques de cancer -, la chirurgie est inutile. Avec quelques traitements de «médecine vibratoire», dit-elle, toutes les excroissances vont sûrement disparaître. La petite n’a qu’à gribouiller sur une feuille de papier. Encore une fois, l’ex-infirmière se fiera aux «vibrations» qui en émanent pour la guérir… en pondant une liste de mots.

Nicole Ouellet énumère ses clients passés: une petite de deux ans et demi couverte d’eczéma et de psoriasis, une enfant brûlée au troisième degré… Son site web affiche même les photos douteuses avant/après d’une fillette de 11 ans, qui lui serait arrivée très fiévreuse, peinant à respirer et vomissant.

Depuis 1994, Nicole Ouellet a été condamnée à quatre reprises pour exercice illégal de la médecine. Mais le Collège des médecins du Québec ne savait pas qu’elle avait aussitôt repris du service. Encore moins qu’elle s’en prenait aussi aux enfants.

Vérification faite auprès de l’organisme, aucun guérisseur autoproclamé n’a encore été poursuivi pour avoir traité un jeune. Un seul a reçu un avertissement à cet égard, après avoir forcé les jambes d’un bébé, qui s’est retrouvé à l’hôpital.

Pourtant, Nicole Ouellet a une immense concurrence. Au fil d’une enquête de trois mois sur l’industrie des pseudo-guérisseurs, nous avons constaté que la plupart d’entre eux jouent les pédiatres. Énergie, vibrations, aimants, fréquences: chacun prétend avoir trouvé LA méthode miracle pour tout guérir, des otites à l’autisme.

Leurs actions sont très souvent illégales, mais payantes. Les consulter coûte souvent au moins 100$ par visite.

«Mais le plus inquiétant, c’est qu’on risque de priver l’enfant de soins reconnus», dit le Dr François Gauthier, directeur des enquêtes au Collège.

Difficile de les épingler, car les parents viennent rarement se vanter d’avoir exposé leur enfant à des pratiques occultes.

Guérir au téléphone

Lorsque nous avons libéré la table d’une magnétiseuse du quartier Côte-des-Neiges, une écolière s’y est aussitôt allongée pour subir à son tour un traitement. Sur son site web, un autre pseudo-guérisseur, Sylvain Champagne, cible carrément les jeunes, qu’il dit «beaucoup plus réceptifs que nous, les adultes». L’ex-ingénieur électrique prétend régler leurs problèmes par téléphone. Endormez votre fille et appelez-moi, nous dit-il.

«On va l’observer 30 minutes. Ses yeux et ses doigts vont avoir des sursauts, son ventre va peut-être faire du bruit. C’est le signe que les fréquences travaillent.»

Le naturothérapeute reçoit aussi les jeunes à Boisbriand, dans le sous-sol rouge de son bungalow encombré de matériel promotionnel. Devant le garçonnet de 4 ans qui nous accompagnait en mars dernier, il agitait distraitement les mains en parlant sans cesse. L’homme ne voulait surtout pas savoir de quoi souffrait l’enfant, «pour ne pas contraindre l’univers», justifie-t-il. Parce qu’on ne choisit pas sa guérison, même lorsqu’elle coûte 111$.

Champagne n’offre aucune garantie, mais raconte qu’à son contact, un enfant autiste «est sorti de sa bulle».

Un jour, une cliente de 8 ans, hyperactive, «a même vu trois anges pendant le traitement», ajoute-t-il.

Une amie lui aurait enfin demandé de guérir son fils par téléphone, tandis que le petit – atteint du cancer du cerveau – était à l’hôpital pour recevoir une greffe de moelle.

«Ça pourrait avoir inspiré le médecin», assure le pseudo-guérisseur.

Rien n’a toutefois changé pour l’enfant de 4 ans que nous avons amené chez lui. De retour dans son duplex de Rosemont, le petit s’est mis à agiter les mains autour de son chat en expliquant imiter «le magicien» pour que l’animal cesse de griffer. Le chat griffe toujours…

Méthodes extrêmes

Pour certains parents, tout semble préférable aux médicaments et à la résignation.

«Des gens leur disent que leur enfant autiste ou hyperactif est plus avancé que son prof, que c’est un être supérieur, venu faire avancer la société, rapporte la psychoéducatrice Natacha Condo-Dinucci. Le filtre affectif laisse passer ça. C’est plus facile à avaler qu’un diagnostic douloureux.»

Les tenants de cette théorie parlent d’enfants «nouveaux», «indigo», «arc-en-ciel» ou «de cristal». Et prétendent, bien sûr, pouvoir guider leurs familles. Certains vont jusqu’à affirmer que, sans leur aide, l’enfant risque un jour le suicide.

Désespérées et avides de solutions, bien des familles lisent tout ce qu’elles trouvent sur l’internet, où il est facile de les embrigader, constate avec inquiétude l’orthopédagogue Karine Martel, spécialiste des troubles envahissants du développement.

«Les gens en moyens sont prêts à toutes les dépenses», observe-t-elle.

D’après nos recherches, sur un premier forum, les parents d’un enfant autiste écrivent par exemple qu’un praticien du reiki (forme d’imposition des mains très en vogue) visite leur domicile chaque week-end.

Sur un deuxième, d’autres racontent avoir soumis leur enfant à des prises de sang «vivant» pour chercher des champignons et des parasites supposément responsables de l’hyperactivité. Ces tests sont pourtant «insensés» et les diagnostics qui en découlent sont «inventés», indique le site internet américain Science-Based Medecine.

Dans les Laurentides, la mère d’un enfant autiste se présente pour sa part comme «un ange à la rescousse». Auteure d’un livre très controversé, elle recommande entre autres la chélation – une approche «non seulement inefficace, mais dangereuse», peut-on lire sur le site internet de l’Association des médecins psychiatres du Québec.

Ses adeptes administrent un cocktail de substances – parfois illégalement, par intraveineuse – pour forcer le corps à évacuer les métaux lourds.

«Un de mes clients est malade comme un chien après. Il vomit, il a la diarrhée, il ne peut pas aller à l’école pendant trois jours», s’inquiète une intervenante, qui préfère garder l’anonymat pour ne pas insulter les parents.

La naturopathe d’un autre petit autiste lui prescrit une crème à mettre derrière les genoux. D’autres ne jurent que par une diète sans gluten – même si l’Ordre des naturothérapeutes(qui n’est pas un véritable ordre professionnel, mais une simple association) nous a déclaré que cette diète n’est pas une panacée.

«Pourtant, à en entendre certains, c’est toujours les parents qui ne suivent pas leurs règles assez religieusement», dénonce Karine Martel.

«Les parents sont démunis et tristes, dit-elle. Lorsqu’ils nous arrivent, ils sont prêts à faire n’importe quoi. C’est choquant de voir des gens profiter de leur vulnérabilité.»

– Avec la collaboration d’Hugo Meunier

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