Pour faire cette recherche, ils ont rdonné des sédatifs aux crocodiles pour passer un IRM tout en faisant jouer du Bach. Des régions du cerveau des crocos semblent similaires aux oiseaux et les humains… Reste à savoir l’utilité de cette recherche
Nuage
Les crocodiles du Nil sont sensibles à la musique classique…
Les cinq crocodiles du Nil qui ont participé à l’étude sont, comme ceux-ci, issus de la Ferme aux crocodiles à Pierrelatte (France). © davric, Wikipedia, Domaine public
Nathalie Mayer
Journaliste
Les scientifiques peuvent, parfois, sembler avoir de drôles d’idées. Mais s’ils ont fait écouter de la musique classique à des crocodiles du Nil, c’est bien dans l’espoir de percer quelques mystères de plus de l’évolution.
L’anatomie du cerveau des crocodiliens n’a plus beaucoup de secrets pour les chercheurs. Son fonctionnement, en revanche, reste sujet à questionnement. Et pour savoir ce qu’il se passe dans le cerveau de crocodiles du Nil lorsqu’ils entendent de la musique classique, une équipe internationale de chercheurs leur a fait passer une IRM.
Une grande première à laquelle il a fallu s’adapter. Ainsi les animaux « à sang froid » ont été légèrement sédatés, leur corps étant maintenu à 23 °C et immobilisé. Ils ont ensuite été soumis à des stimuli auditifs, notamment. Des sons simples, qui ont activé des zones attendues dans les cerveaux des crocodiles.
Dans le cerveau des crocodiles comme dans celui des oiseaux
La surprise est venue des images enregistrées suite à l’émission de sons plus complexes. Des œuvres de Jean-Sébastien Bach. Ceux-ci ont activé d’autres zones de leur cerveau. Des zones similaires à celles qui peuvent l’être en pareille situation chez des oiseaux ou même chez des mammifères.
Rappelons que l’on nomme sauropsides l’ensemble des oiseaux et des reptiles vivant de nos jours. Parmi eux, les crocodiles ont très peu évolué au cours de ces 200 millions d’années passées. Et ils sont les reptiles les plus proches des oiseaux, faisant le lien entre eux et les dinosaures. Ainsi, ces résultats supposent que les aspects tant structurels que fonctionnels du traitement sensoriel ont pu se former à un stade évolutif précoce et être conservés pendant l’évolution de sauropsides. Peut-être même trouvent-ils la même origine chez tous les vertébrés.