Une mouche semble ne pas être grand chose à cause de sa petitesse. Mais en réalité, vouloir créer une petite créature semblable serait très difficile. Imaginer environs 2204 groupes de neurones différents chez quelque 400.000 mouches ont été filmée en vidéo 225 jours de données. Il faudrait plus de 3 000 ans pour l’homme les décrypter. Heureusement, que l’intelligence artificielle peut aider à aller plus vite. Il semble que ce genre d’étude permette de mieux comprendre l’activité cérébrale humaine
Nuage
Une intelligence artificielle a décrypté le cerveau des mouches
Les chercheurs américains connaissent désormais précisément l’activité cérébrale des mouches du vinaigre pour plusieurs comportements.
© ROBIE ET AL./CELL 2017
Anne-Sophie Tassart
Journaliste
Des chercheurs américains ont fait appel à une intelligence artificielle pour étudier l’activité cérébrale des mouches.
Le cerveau des mouches du vinaigre (Drosophilia melanogaster) n’a absolument plus aucun secret pour eux : des chercheurs américains ont réussi à mettre au point une carte détaillée de l’activité neuronale de ces insectes pour plusieurs comportements. Selon les résultats publiés le 13 juillet 2017 dans la revue Cell, cette recherche a permis l’analyse de pas moins de 2204 groupes de neurones différents chez quelques 400.000 mouches.
3800 ans de données à décrypter pour un humain
Les scientifiques ont filmé des insectes dont certains neurones ont été activés artificiellement pour observer les résultats et ils ont ainsi pu enregistrer 225 jours de vidéos. Face à cette masse colossale de données (des humains auraient mis environ 3800 ans à décrypter les vidéos), ils en ont confié l’analyse à une intelligence artificielle nommée JAABA pour Janelia Automatic Animal Behaviour Annotator.
Cette dernière a permis de confirmer certaines hypothèses sur le rôle de plusieurs groupes de neurones dans différents comportements mais elle a aussi permis de faire de nouvelles découvertes. Par exemple, les neurones nécessaires à la vision sont impliqués dans les comportements de fuite et un groupe de neurones présent dans le protocérébron (cerveau antérieur) est quant à lui impliqué dans les comportements agressifs entre femelles.
Comprendre les mouches pour étudier l’humain
Etudier les quelques 100.000 neurones du cerveau des mouches peut fournir des pistes pour analyser l’activité cérébrale humaine et les comportements qui en découlent.
« Les mouches font tout ce qu’un organisme doit faire pour survivre dans ce monde, affirme Alice Robie, l’auteure principale de l’étude. Elles ont besoin de trouver de la nourriture, d’échapper à des prédateurs, de trouver un partenaire sexuel et de se reproduire ».
Ces actions nécessitent une interaction complexe avec l’environnement que l’on retrouve au quotidien chez l’espèce humaine.