Avoir un gros cerveau, est-ce que cela rend plus calculateur pour mieux échapper au danger ? Alors que les mouches à fruits qui ont un minuscule cerveau sont capables de changer de direction plus vite qu’un clin d’oeil
Nuage
La drosophile, une mouche de combat
Une mouche drosophile Photo : iStockphoto
Les mouches drosophiles, plus communément appelées mouches à fruits, exécutent des manoeuvres de diversion similaires à celles des avions de combat quand elles sont pourchassées par des prédateurs, selon une étude publiée dans la revue américaineScience.
Ces mouches, de la taille d’une graine de sésame et dotées d’une vision leur permettant de détecter rapidement des prédateurs, effectuent des virages brusques à 90 degrés, volant même parfois presque sur le dos pour échapper à une attaque.
Pour arriver à ces observations, des chercheurs de l’Université de Washington ont utilisé trois caméras vidéo sophistiquées capables de prendre 7500 images à la seconde. Chacune saisissait les mouvements des ailes et du corps de 40 à 50 mouches volant dans un cylindre alors qu’on leur montrait des projections de prédateurs qui s’approchaient.
« Ces insectes battent des ailes 200 fois par seconde, et ils peuvent en un seul battement très vite changer de direction et continuer ensuite à accélérer », précise Florian Muijres, de l’Université de Washington, principal auteur des travaux.
« Nous avons découvert que les mouches drosophiles peuvent changer de cap en moins d’un centième de seconde, soit 50 fois plus vite qu’un clin d’œil, et beaucoup plus rapidement qu’on aurait pu l’imaginer. Le cerveau de ces mouches est capable d’effectuer des calculs complexes dans un laps de temps très bref, permettant de localiser le danger et de déterminer la meilleure manoeuvre pour y échapper, selon que le prédateur se trouve sur le côté, droit devant ou derrière », indique Michael Dickinson, professeur de biologie à l’Université de Washington et coauteur de cette recherche.
M. Dickinson considère comme remarquable le fait qu’un insecte ayant un cerveau de la taille d’un grain de sel puisse générer des comportements comparables à ceux d’animaux beaucoup plus grands, comme les souris.