Une famine qui laisse des traces jusque dans nos gènes


Bien qu’il faut encore plus d’études pour vérifier les résultats actuels des mères enceintes lors d’un évènement très stressant tel que famine, guerre, crise du verglas, le 11 septembre etc, laisserait des marques dans le code génétique de l’enfant en gestation.C’est ce que des chercheurs néerlandais ont conclut avec les mamans qui ont vécu la famine de septembre 1944 et mai 1945
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Une famine qui laisse des traces jusque dans nos gènes

 

Un fœtus se recroqueville dans le ventre de la mère.

Développement du fœtus dans le ventre de la mère. Photo : Radio-Canada/Source : Affiche de la série Neuf mois pour la vie

En documentant une famine survenue au cours de la Deuxième Guerre mondiale, des chercheurs ont montré que cet événement pourrait avoir modifié l’état de santé et les gènes de milliers de personnes qui l’ont vécu… en tant que fœtus!

Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné

Un événement traumatisant peut laisser des marques dans nos souvenirs ou notre cerveau pour une vie entière. C’est un phénomène qui a été observé à propos de la transmission du stress de la mère à l’enfant, que ce soit pour les survivants des camps de concentration, chez des New-Yorkais après le 11 septembre 2001, ou même au Québec à la suite de la crise du verglas en 1998.

Outre le stress, des chercheurs ont longtemps soupçonné qu’un événement majeur peut avoir d’autres impacts sur le corps. Un traumatisme assez important aurait le potentiel de s’imprimer dans nos gènes et de changer le comportement de nos cellules, et ce, même si nous l’avons vécu alors que nous étions encore dans le ventre de notre mère.

Le phénomène a déjà été répertorié dans des études animales, mais il est beaucoup plus difficile de tester ce principe chez des humains, pour des raisons éthiques évidentes. Par contre, il est quand même possible de profiter d’un événement historique tragique pour tenter de comprendre ce mécanisme.

C’est ce qu’a fait une équipe de chercheurs néerlandais, en documentant l’état de santé de personnes qui ont vécu une famine ayant frappé leur pays il y a 70 ans.

Leur découverte montre que certains adultes en portaient encore la marque dans leurs gènes, et elle pourrait aussi expliquer comment un événement vécu par la mère peut affecter la santé de ses enfants avant leur naissance.

De mémoire historique…

La famine en question est arrivée aux Pays-Bas entre septembre 1944 et mai 1945. Elle a commencé après que les employés des chemins de fer du pays furent entrés en grève pour bloquer le transport de marchandises de l’armée nazie et favoriser l’avancée des forces alliées.

Les Alliés n’ont toutefois pas réussi à libérer les Pays-Bas immédiatement, et les nazis ont répliqué en coupant l’approvisionnement en nourriture du pays. La sanction a entraîné une famine de six mois, et jusqu’à 20 000 personnes ont perdu la vie.

Dans une étude publiée en 2014, le groupe de chercheurs a remarqué que les personnes qui ont vécu cette famine alors qu’elles étaient encore dans le ventre de leur mère présentaient, une fois à l’âge adulte, un plus haut taux de mortalité que les autres membres de la société.

Les chercheurs ont donc supposé que la famine les avait marqués à vie, mais ignoraient alors les éléments ainsi que les mécanismes impliqués.

… à mémoire génétique

L’équipe néerlandaise est allée voir du côté du code génétique, plus précisément en étudiant ce qui se passe autour de l’ADN, un champ d’expertise que l’on appelle l’épigénétique.

Si le code génétique, qu’on nomme aussi le génome, peut être vu comme un livre, c’est l’épigénome qui dicte quelles pages vont être lues. L’ADN est une structure très organisée, et la cellule va y ajouter des molécules qui vont en changer l’accessibilité.

Certaines vont faciliter l’accès aux gènes, et d’autres vont les bloquer. Ce processus est essentiel pour le bon fonctionnement de toute forme de vie complexe; c’est ce qui permet à une cellule de peau d’être différente d’une cellule du cœur, par exemple. Toutefois, l’épigénome peut aussi être modifié en réaction à un événement extérieur.

Les chercheurs se sont intéressés au blocage des gènes, un mécanisme que l’on nomme méthylation. Pour ce faire, ils ont prélevé des échantillons sanguins et collecté des données médicales chez des adultes qui étaient dans le ventre de leur mère au moment de la famine ainsi que chez leurs frères ou sœurs nés après la guerre.

Ensuite, ils ont cherché s’il y avait des liens entre ces modifications épigénétiques et des problèmes de santé indiqués dans les dossiers médicaux.

Les chercheurs ont alors remarqué que les personnes ayant vécu la famine et présentant un surpoids en tant qu’adultes avaient un blocage au niveau de plusieurs gènes impliqués dans le métabolisme et le contrôle de la glycémie.

Ils émettent l’hypothèse que la famine vécue pendant leur développement a modifié la lecture de certains gènes pour les orienter vers une conservation de l’énergie. Bien que cette hypothèse relie de manière vraisemblable un fait historique et un état de santé, il faudra d’autres études pour montrer qu’il s’agit bien d’un lien de cause à effet, et non pas d’une simple coïncidence.

http://ici.radio-canada.ca/

Les hommes vivent-ils moins longtemps parce qu’ils ont davantage souffert de la famine dans le passé?


Une étude révèle qu’en Russie lors d’une grande famine en 1922 a fait beaucoup de morts. Les descendants des survivants, les hommes auraient une longévité réduite par rapport aux femmes qui ne semble pas être affectée
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Les hommes vivent-ils moins longtemps parce qu’ils ont davantage souffert de la famine dans le passé?

 

Des chromosomes (en bleu) et leurs télomères (en rouge) | National Institutes of Health (NIH) via Flickr CC License by

Des chromosomes (en bleu) et leurs télomères (en rouge) | National Institutes of Health (NIH) via Flickr CC License by

Repéré par Peggy Sastre

C’est l’une des questions que soulève une nouvelle étude portant sur notre «mémoire génétique». Un travail montrant que seuls les survivants de famines de masse en Russie et leurs descendants masculins ont des télomères plus courts, un signe de vieillissement accéléré et de longévité diminuée.

Que la moyenne des hommes vive moins longtemps que la moyenne des femmes est un fait universel, dans le sens le plus littéral du terme –à l’exception du sud de l’Afrique ravagé par le sida, les femmes vivent aujourd’hui plus longtemps que les hommes dans tous les pays du monde. Cette moindre espérance de vie masculine est-elle due, en partie, au fait qu’ils ont eu davantage tendance à souffrir de malnutrition et de famine dans le passé? C’est une des question que soulève une étude menée par quatre chercheurs israéliens, publiée dans le numéro de novembre de l’American Journal of Clinical Nutrition.

«Diverses études expérimentales et épidémiologiques estiment que la restriction calorique pourrait ralentir le processus de vieillissement et augmenter la longévité», explique Eugene Kobyliansky, professeur de génétique des populations à la faculté de médecine de l’université de Tel Aviv et auteur principal de l’étude. «Mais des éléments démontrent aussi qu’une restriction calorique même modérée pourrait risquer non pas d’augmenter la longévité, mais de la raccourcir».

Parmi ces éléments, la taille des télomères des globules blancs (leucocytes) des survivants des grandes famines russes du début des années 1920 et de leurs descendants –l’objet de recherche de Kobyliansky et de ses collègues. Au total, leur travail aura rassemblé 687 hommes et 647 femmes nés entre 1909 et 1980 en Tchouvachie, sur la rive gauche de la Volga. Au plus fort de la famine, fin mars 1922, 90% des habitants de cette région souffraient de la famine, qui sera mortelle pour 30 à 50% des populations paysannes.

Les télomères désignent l’extrémité de nos chromosomes, qui se raccourcit invariablement à chaque nouvelle division cellulaire. En l’état actuel de nos connaissances, il existe une solide corrélation entre cet élimage progressif et les processus déterminant le vieillissement et la longévité.

De nombreuses interrogations

L’étude de Kobyliansky révèle que les hommes nés après 1923, soit après la fin de la famine de masse, présentent des télomères leucocytaires plus courts que ceux nés avant 1922. Elle montre aussi que la taille des télomères se transmet de manière assez stable entre les générations masculines –les pères à télomères courts auront des fils à télomères courts, et ainsi de suite. Chez les femmes, les chercheurs n’observent aucune corrélation de ce genre, qu’elles soient nées avant ou après la famine.

Cette nouvelle étude sur la «mémoire génétique» soulève de nombreuses questions. Est-ce que seuls les descendants masculins de survivants de la famine ont des télomères plus courts parce que ce sont les hommes qui, à l’époque, en ont majoritairement souffert? Est-ce que cette diminution des télomères induite par une forte restriction calorique relève d’un phénomène sexo-spécifique? Et si oui pourquoi? Les études sur les effets (bénéfiques ou non) de la restriction calorique sur la longévité ont-elles tout intérêt à sexuer leurs résultats?

Des questions auxquelles l’équipe de Kobyliansky espère répondre dans de futures expériences menées in vivo.

http://www.slate.fr/

La mémoire de vos ancêtres dans votre ADN?


Intéressant comme étude, surtout qu’on peut le prouver chez l’animal et cette mémoire génétique semble se transmettre par le mâle. Est-ce la même chose pour l’être humain ? Ce qui peut-être expliquerais certaines peurs irrationnelles de quelque chose auquel nous ne pouvons être confronté dans l’environnement que l’on vit
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La mémoire de vos ancêtres dans votre ADN?

 

Photo :  iStockphoto

Existerait-il une forme de mémoire génétique qui se transmet d’une génération à l’autre? 

Les résultats d’une recherche réalisée aux États-Unis sur un modèle animal laissent à penser que les comportements peuvent être influencés par des émotions ressenties lors de situations vécues par des générations précédentes, et qui seraient transmises par ce qui peut être décrit comme une mémoire génétique.

Les expériences menées par le Dr Brian Dias et ses collègues de l’Université Emory tendent à montrer qu’un événement traumatique affecte l’ADN dans le sperme et modifie le cerveau et le comportement des générations suivantes.

Dans leurs travaux, les chercheurs ont constaté que des souris entraînées à éviter une odeur transmettaient leurs aversions jusqu’à leurs « petits-enfants » .

Ces résultats, publiés dans la revue Nature Neuroscience, pourraient avoir d’importantes retombées dans le traitement de phobies ou de l’anxiété.

Les rongeurs étaient entraînés à craindre une odeur similaire à celui des cerisiers.

Les chercheurs ont ensuite observé les changements survenus à l’intérieur des spermatozoïdes.

Ils ont découvert qu’une partie de l’ADN impliquée dans la sensibilité de l’odorat aux cerises était plus active dans le sperme des souris.

Ainsi, les rejetons et leurs petits étaient par la suite très sensibles à cette odeur et l’évitaient, et ce, malgré le fait qu’ils n’aient jamais vécu d’expériences traumatisantes qui étaient liées à cette odeur.

Certains changements dans la structure cérébrale ont également été observés.

« Les expériences d’un parent, même avant la conception, influencent fortement la structure et la fonction du système nerveux des générations futures. » — Auteurs

Cette découverte montre donc l’existence d’une hérédité épigénétique transgénérationnelle, affirment les chercheurs.

http://www.radio-canada.ca