Les six dégoûts essentiels aux humains


Le dégout que ce soit une mauvaise hygiène, de certains animaux, de lésion, d’insecte sert à diminuer les risques de maladies. Probablement une intuition en rapport à leur environnement et l’évolution des maladies
Nuage

 

Les six dégoûts essentiels aux humains

 

Deux pommes pourries.

Le dégoût est une réponse innée pour éviter, ou du moins diminuer, les risques d’infection et de transmission de maladies. Photo : iStock

Le dégoût est reconnu depuis longtemps comme une émotion dont l’évolution au cours des siècles a permis à nos ancêtres d’éviter les infections de toutes sortes. Des chercheurs britanniques montrent aujourd’hui qu’il se structure autour de six thèmes différents liés à l’évitement d’animaux ou de personnes, et à des habitudes.

Un texte d’Alain Labelle

C’est la première fois que des chercheurs utilisent la perspective de la maladie pour analyser la nature du dégoût, ce qui leur a permis d’établir six catégories qui le déclenchent :

  • De la nourriture pourrie;
  • Une mauvaise hygiène;
  • Des animaux et des insectes;
  • La sexualité;
  • Les difformités physiques;
  • Les lésions et blessures.

Le dégoût est ainsi une réponse du corps pour éviter, ou du moins diminuer, les risques d’infection et de transmission de maladies.

Les chercheurs de l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres (LSHTM) affirment que l’établissement de ces catégories peut aider à mieux cibler les messages de santé publique, par exemple pour encourager le lavage des mains ou contrer la stigmatisation associée à certaines maladies.

Des rats fouillent dans des sacs de poubelle.

Les animaux et insectes inspirent le dégoût. Photo : iStock/Chanawat Phadwichit

Ce type de comportement d’évitement de la maladie est très répandu chez les animaux, ce qui nous porte à croire qu’il est très ancien du point de vue de l’évolution. Le professeur Val Curtis, LSHTM

Le professeur Val Curtis et son équipe ont interrogé plus de 2500 personnes sur Internet, énumérant 75 scénarios potentiellement dégoûtants auxquels elles pourraient devoir faire face, comme des personnes présentant des signes évidents d’infection, des lésions cutanées purulentes, ou encore des objets grouillant d’insectes.

Les participants devaient évaluer la force de leur réaction de dégoût pour chaque scénario sur une échelle allant de « pas de dégoût » à « dégoût extrême ».

Parmi tous les scénarios présentés, les plaies purulentes ont été jugées les plus dégoûtantes. Le manquement aux normes d’hygiène de base, comme le fait d’avoir une mauvaise odeur corporelle, a également été jugé particulièrement dégoûtant.

Une plaie ouverte avec du pus.

Les infections purulentes inspirent aussi le dégoût. Photo : iStock

Le dégoût d’hier à aujourd’hui

C’est en analysant les réponses des participants que les chercheurs ont été en mesure de déterminer les six catégories communes de dégoût. Elles se rapportent toutes à divers types de menaces de maladies infectieuses rencontrées chez nos ancêtres.

Par exemple, le fait de manger de la nourriture pourrie menait à des maladies comme le choléra. Un contact intime avec des personnes malpropres risquait de transmettre la lèpre, des pratiques sexuelles exposaient un individu à la syphilis et le contact avec des plaies ouvertes pouvait conduire à la peste ou à l’infection par la variole.

Éviter les parasites

Ces résultats confirment la « théorie de l’évitement parasitaire », selon laquelle la notion du dégoût a évolué chez les animaux, ce qui les encourage à adopter des comportements visant à réduire le risque d’infection.

Un comportement qui est reproduit par l’humain, le dégoût incitant celui-ci à agir de manière particulière, ce qui minimise chez lui le risque d’être exposé aux maladies.

Une meilleure compréhension du dégoût nous permet de mieux comprendre les mécanismes du comportement d’évitement des maladies et nous aidera à mettre au point de nouvelles méthodes pour garder notre environnement, les animaux et nous-mêmes en bonne santé. Le professeur Val Curtis, LSHTM

Différences entre hommes et femmes

Ces travaux montrent qu’il existe des différences entre les sexes dans leurs réactions aux différents scénarios dégoûtants qui leur ont été présentés. Par exemple, les femmes évaluent les scénarios plus intensément que les hommes.

Une réalité qui concorde avec le fait que les hommes sont connus pour se livrer à des comportements plus risqués que les femmes.

Les catégories les plus dégoûtantes pour les participantes étaient liées aux comportements sexuels à risque et aux animaux porteurs de maladies.

Avant cette étude, l’équipe avait prédit que les types de dégoût correspondraient directement aux catégories de menaces potentielles de maladies.

Cependant, ce travail a permis de constater que les types de dégoût étaient plus étroitement liés aux mesures que les gens doivent prendre pour éviter les maladies, par exemple en ne touchant pas les lésions cutanées ou en ne s’approchant pas des personnes ayant une mauvaise odeur corporelle.

Il est certain, d’après ces résultats, que les gens ont un sens intuitif de ce qu’ils doivent éviter dans leur environnement, et notre coévolution avec les maladies n’y serait pas étrangère.

Micheal de Barra, Université Brunel de Londres

Le détail de ces travaux est publié dans la revue Biological Sciences.

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