Un rituel qui consiste à se suicider dans le but de fuir l’humiliation, l’éche, sde désaccord avec l’autorité ou encore, de prouver sa sincérité, sa loyauté envers un maître. Heureusement, cette tradition a disparu, mais probablement certain évènement la fait ressurgir de temps à autre
Nuage
Le Seppuku : suicide des guerriers japonais

Les origines :
Cette pratique, provient de Chine, elle était employée par les femmes afin de prouver qu’en n’étant pas enceinte, elles gardaient leurs vertus intacte.
Au Japon, selon la légende, c’est Minamoto no Tametomo qui fût le premier a avoir commis la première éventration après avoir tenté un coup d’état contre la capitale.
Le Seppuku apparaît donc à l’époque de Kamakura, dans une période de guerre où l’on tue et torture, il valait parfois mieux se tuer soi-même pour échapper à la souffrance et l’humiliation.
En 1716, le livre «Hagakure» va donner un sens encore plus dramatique au Seppuku en en faisant l’une des seules voies de réalisation pour le samouraïs qui sera résumé par la phrase célèbre: «La voie du samouraï, c’est la mort».
La valeur d’un tel geste:
Démontrer l’honneur, le courage, la loyauté, la sincérité et la volonté d’un samouraï. Un geste unique et radical, lourd de symbole et d’une grande valeur.
«A l’époque féodale, nous croyions que la sincérité résidait dans nos entrailles; et s’il nous fallait montrer notre sincérité nous devions nous trancher le ventre pour en sortir notre sincérité visible. C’était aussi le symbole de la volonté du soldat, le samouraï; tout le monde savait que c’était le moyen le plus douloureux de mourir. Et si l’on préférait mourir de la façon la plus atroce, c’est qu’elle prouvait le courage du samouraï [1] »
La différence entre le «seppuku» et le «Hara-kiri» :
En France (ou ailleurs ndl) on a pour habitude d’employer l’expression «hara-kiri» bien que les japonais ne l’emploient presque jamais. Pourtant nous n’avons pas entièrement tord d’utiliser ce terme, le mot «seppuku» étant chinois et non japonais. Ces derniers refusent de parler d’hara-kiri, le mot étant devenu à leurs lèvres vulgaire. On parle d’hara-kiri si le geste est pratiqué par les petits gens du peuple, par contre si ce sont les samouraïs qui se tranchent le ventre, on peut parler de seppuku.

Quant à l’étymologie du mot, c’est bien dans le « hara-kiri » que l’on va trouver une signification . En japonais, « hara » signifie « ventre ». Mais il est souvent employé pour parler du centre de gravité, le point d‘équilibre du corps, où sont concentrées les forces vitales. Ce centre se trouve à l’intérieur de l’abdomen: entre, d’une part, quatre centimètres environ (2 ou 3 doigts) sous le nombril et, d’autre part, la cinquième vertèbre lombaire. Le «Hara» est le noyau de l’énergie vitale, de la force instinctive ou ki. Dynamiser l’instinct commande de vivre en harmonie, avec la nature, en chacun de nous comme à l’extérieur, car je suis dans la nature et la nature est en moi.
Les obligations :
Il existe quatre grandes raisons de faire seppuku pour les samouraïs :
La défaite au combat : C’est le cas le plus connu, à la fin d’une bataille, plutôt que d’être capturé, le samouraï préfère se donner la mort lui-même. Ainsi il peut à la fois prouver son courage, et réparer l’échec de sa défaite. Il évite également, avec la torture, de livrer des secrets militaires de son clan.
Les remontrances: (KANSHI) Souvent pratiqué par les vassaux du shogun qui accompagnait leurs critiques au gouvernement par leur propres suicide. Cette tradition remonte à l’empereur Nobunaga Oda qui un jour reçu une lettre de reproche d’un de ses vassaux qui en commettant le seppuku attira son attention sur la situation catastrophique du Japon.On trouve un autre exemple en 1933, où le capitaine de corvette Kusuhara s’éventra dans un train parce que le gouvernement refusait de construire deux croiseurs. Après la mort de celui-ci, les croiseurs furent construits.
La sanction pénale: (TSUMEBARA) Instituée par les shogun Tokugawa, elle permettait d’éviter l’exil ou la prison pour les samourais.
A l’époque Edo, il y avait deux catégories de supplices, « les sublimes et les atroces. Les gens du commun étaient, selon la gravité de la faute, exposés au pilori, tatoués, fouettés, bannis et pour la peine de mort, décapités, brûlés ou crucifiés…Ces exécutions avaient lieu en public, alors que le tsumebara se déroulait en silence, à huit-clos.2 »
L’accompagnement dans la mort: (JUNSHI) Directement inspiré de la Chine, cette pratique était la seule raison qui ne faisait pas suite à un échec. Lors de la mort de son seigneur, les samouraïs prouvaient leur fidélité et leur attachement en suivant leur maître dans la mort. Comme on peut l’imaginer, cette pratique causa la perte de nombreuse vie, un seppuku collectif pouvant rassembler jusqu’à 500 guerriers.
Le «jigai»
C’est le seppuku féminin, il porte un autre nom car les pratiques de cérémonies n’étaient pas les mêmes. La femme devait préalablement se nouait les jambes pour garder une attitude décente puis, elle se coupait la veine jugulaire avec un poignard (le tantô) qu’elle possédait toujours sur elle. Cette pratique était réservée aux femmes nobles et de samouraïs.
Les seppukus célèbres:
L’histoire du Japon est parsemée de personnages célèbres morts par Seppuku. La légende populaire en fait souvent des héros, émut par le caractère désespéré et tragique de leur destins.
On peut citer quelques exemples qui ont chacun marqué une époque :
Minamoto no Yoshitune : Frère du premier shogun, général des armées, il se donne la mort suite à la jalousie maladive de son frère devant sa célébrité et ses succès à la guerre.
Hôjô Nakatori:En 1333, ce seigneur de la guerre commit le seppuku après une défaite. Ses 432 vassaux se tuèrent avec lui.
Les 47 Rônins: (voir «légende des 47 Rônins»)
Mishima: écrivain japonais qui pratiqua le Kanshi publiquement en 1970 après avoir échoué son coup d’état.
Le général Nogi: Après la première guerre mondial, il pratique le Junshi dés qu’il apprends la mort de l’empereur survenu en 1912. Sa femme l’accompagnera en se poignardant la gorge.
Les géneraux Ushijima et Chô: En 1945, ces deux hommes commettent le seppuku face à leurs officiers, suite à le défaite du Japon.
La fin d’une coutume:
La pratique du Junshi disparaît en 1663, interdite par le shogun actuel devant l’ampleur des pertes humaines. Quant au seppuku, à part quelque rares cas exceptionnels, la pratique disparaît à l’ère Meiji.

UNE MISE EN SCENE : LE SEPPUKU
Tout comme une pièce de théâtre classique, la pratique du seppuku nécessite une mise en scène.
Toujours la même, c’est une sorte de cérémonie que l’on exécute selon des codes très précis.
Les caractéristiques de ce rituel :
1) Les préparatifs avant l’exécution:
Le condamné doit d’abord se vêtir d’un kimono blanc; s’il le souhaite, il peut écrire un poème, réciter des prières ou méditer derrière un paravent. Bien sûr, tout dépend de la situation du moment; par exemple sur le champ de bataille où le temps presse, le guerrier n’a pas le temps d’enfiler un costume, encore faut-il qu’il en est un, il peut donc se limiter à un discours ou un poème d’adieu.
2) La salle:
Le plus souvent, on pratique le seppuku dans un endroit assez calme, généralement un sanctuaire.
La taille de la salle va dépendre de l’importance du samouraï.
3)Le public:
Le seppuku se pratique dans la majorité des cas, devant une assemblée restreinte de personnes, spectateurs et témoins, leur présence est indispensable.
4) Les acteurs:
Deux acteurs pour cette mise en scène :
Le héros (l’homme qui va se faire seppuku)
Le personnage secondaire, tenu par l’assistant.
Avant l’exécution, le condamné doit choisir un Kaishaku, qui aura pour rôle de lui trancher la nuque une fois que celui-ci aura fini de s’éventrer. Le choix de l’assistant est généralement confié à des amis du condamné.
«Beaucoup hésitaient à accepter:
il n’y a aucune gloire à gagner,
même si le travail est impeccable,
et si par hasard on s’y prend pas bien,
c’est une honte ineffaçable!
Il fallait être sûr de son geste.»
5) Les codes d’exécutions :
Avec un poignard spécial, le Kusungobu, d’environ 25 centimètres,le condamné entoure sa lame d’un bout de tissu blanc,sans crier et en regardant toujours fixement droit devant,il l’introduit lentement sur le côté gauche de son abdomen dans l’axe du nombril, il fait une longue incision jusqu’a l’autre extrémité d’environ 15 à 20 centimètre,puis une deuxième incision de haut en bas pour former un X, enfin l’assistant décolle la tête d’un coup de sabre. Si le condamné n’a pas de Kaishaku alors, il doit laisser sortir ses intestins et se laisser mourir.
LE SEPPUKU:
UN OBJET SPECTACULAIRE
La pratique du seppuku fut reprise dans presque toutes les activités artistiques reconnues. Du Théâtre au cinéma, de la littérature à la peinture, on n’a cessé de la représenter.Ce n’est pas un hasard, mais la confirmation que cette activité dégage une force spectaculaire de part son geste sanguinaire et courageux qui dévoile toute la valeur de l’homme qui l’exécute.Le spectacle, mis en scène de surcroît, ne laisse indifférent personne, dégoût ou admiration, il reste unique et exceptionnel.
[1] Propos recueillis dans le livre d’Henry Scott Thomas, « Mort et vie de Mishima »
[2 « La mort volontaire au japon » p :151
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