Insectes ravageurs: les prochaines invasions


Quand j’étais adolescente, papa voulait protéger ses épinettes noires de la tordeuse d’épinette, depuis quelques années, nous entendons parler de l’agrile du frêne, un insecte asiatique d’ou les coupes d’arbres de frêne, mais d’autres insectes ont été introduites et peuvent causer de grands dommages à une grande richesse du pays, les forêts.
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Insectes ravageurs: les prochaines invasions

 

L'agrile du frêne est vorace et impossible à... (PHOTO ALAIN DION, LA VOIX DE L'EST)

L’agrile du frêne est vorace et impossible à éradiquer (photo), mais d’autres menaces planent sur les arbres.

PHOTO ALAIN DION, LA VOIX DE L’EST

Charles Côté
La Presse

Les frênes qui dépérissent sous nos yeux au Québec sont victimes de la pire espèce exotique jamais introduite sur le continent, selon les experts.

En effet, l’agrile du frêne est vorace et impossible à éradiquer. Introduit par accident dans une palette de bois dans la région de Detroit en 2002, il a atteint le sud du Québec.

Mais d’autres menaces planent sur les arbres.

La Presse a interviewé Robert Lavallée, entomologiste au Service canadien des forêts, pour identifier ces insectes ravageurs dont on risque d’entendre parler dans les prochaines années.

Selon M. Lavallée, les espèces exotiques, «c’est un peu comme une boîte à surprise: on ne sait jamais quand elle peut nous exploser à la figure».

L’agrile du frêne est un bon exemple, dit-il. Il n’était pas un problème en Chine, mais en dix ans, il s’est répandu dans 24 provinces et territoires, du Québec jusqu’au Colorado, à l’ouest, en Géorgie, au sud, tuant des dizaines de millions d’arbres. «L’éradication est impossible et les frênes vont probablement tous y passer», affirme l’entomologiste.

Mais l’agrile n’est que le dernier d’une série d’insectes et de maladies exotiques qui ont infesté les forêts canadiennes.

«Il y en a eu plus de 80, dit-il. Quand on pense par exemple à la maladie hollandaise, elle a décimé les ormes, qui ont bien du mal à se rétablir.»

Érables et chênes menacés

Une espèce qui frappe à nos portes, le longicorne asiatique, fait frémir M. Lavallée. «Je ne souhaite surtout pas ça au Québec», dit-il

Découvert en 1996 à Brooklyn et apparu en Ontario en 2003, ce grand insecte s’attaque à toutes les principales espèces de feuillus, comme les érables et les chênes.

Au printemps 2013, le gouvernement fédéral avait annoncé son éradication en Ontario, dans les deux seuls lieux où on l’avait trouvé. Cependant, un nouveau foyer a été trouvé à Mississauga quelques mois plus tard.

Pour l’éradiquer, il faut abattre tous les feuillus dans un rayon de 400 mètres de l’arbre infecté.

«L’approche est toujours la même: abattage massif, dit M. Lavallée. Vous pouvez imaginer l’impact sur un quartier.»

L’expert a l’oeil sur une autre espèce qui présente une menace immédiate pour le Québec: la cochenille du hêtre.

Introduit au Canada vers 1880, par des des hêtres ornementaux importés d’Europe et plantés à Halifax, la cochenille est un petit insecte qui s’installe sur l’écorce du hêtre pour y enfoncer un tube lui permettant de se nourrir de sa sève.

Les blessures causées par les cochenilles servent d’entrées à deux types de champignons qui tuent l’arbre en quelques années.

M. Lavallée poursuit ses recherches pour trouver un agent pathogène naturel, comme un champignon, susceptible de tuer l’insecte.

«La maladie progresse lentement vers l’ouest du Québec et compromet sérieusement la croissance et la survie des hêtres», dit-il.

Une autre espèce qui est aux portes du Québec représente une menace réelle pour l’industrie forestière: le longicorne brun de l’épinette.

Lui aussi est apparu à Halifax et s’est répandu dans tout le sud de la Nouvelle-Écosse. M. Lavallée travaille à trouver des façons de lutter contre cet insecte, qui pourrait compliquer les exportations canadiennes de bois d’oeuvre.

«On étudie deux méthodes de lutte: avec des phéromones qui attirent les mâles et les empêcheraient de trouver les femelles et aussi des champignons, qui seraient pathogènes pour ces insectes et que les mâles inoculeraient aux femelles pendant la reproduction.»

Il reste l’espoir que les arbres eux-mêmes développent une résistance.

«Il y a environ un frêne sur 1000 qui résiste à l’agrile, et les chercheurs s’intéressent à cela aux États-Unis», dit M. Lavallée.

Changements climatiques

Cependant, les changements climatiques pourraient intensifier les attaques des ravageurs exotiques.

Par exemple, le puceron lanigère de la pruche, un insecte asiatique, fait des ravages juste au sud de la frontière.

La disparition des pruches, en particulier le long des ruisseaux de montagne, y a causé de «graves conséquences environnementales», selon le gouvernement fédéral canadien, qui souligne que cet insecte ne survit pas aux températures inférieures à -30oC.

«Il n’y a pas de réponse unique et simple, résume M. Lavallée. Les changements climatiques peuvent favoriser la remontée vers le nord de certaines espèces limitées par le froid hivernal. Par contre, des automnes plus doux et plus longs et des redoux hivernaux suivis d’un gel peuvent faire baisser la survie de certaines espèces.»

En plus des espèces exotiques, les ravageurs autochtones continuent d’inquiéter. La tordeuse du bourgeon de l’épinette, cette petite chenille d’un papillon de nuit, semble prospérer sur la Côte-Nord, ce qui est nouveau, explique Louis De Grandpré, chercheur en écologie forestière au Service canadien des forêts. Cela pourrait être relié au réchauffement climatique.

 «Les insectes, ce qui les limite, c’est la température, dit-il. Si l’été est trop frais, l’insecte ne peut pas compléter son cycle vital. Mais les foyers de défoliation sont beaucoup plus au nord que tout ce qu’on a vu par le passé. Depuis neuf ans, la population de tordeuse se maintient sur la Côte-Nord. Contrairement à ce que son nom indique, la tordeuse s’attaque d’abord au sapin baumier. Mais si l’insecte peut se maintenir dans la région où l’épinette noire est dominante, comme la Côte-Nord, il va avoir l’occasion de s’adapter et d’attaquer aussi l’épinette.»

http://www.lapresse.ca/

Éradication ► Le Canada annonce l’élimination d’un dangereux insecte asiatique


Pour une fois, qu’on entend parler d’une espèce envahissante qui ne serait plus une menace pour les forêts canadiennes … Reste a espéré quand même qu’elle ne reviendrait pas
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Éradication ► Le Canada annonce l’élimination d’un dangereux insecte asiatique

 

Agence France-Presse

Le gouvernement canadien a annoncé vendredi l’éradication réussie d’un insecte d’origine asiatique mangeur de bois, le longicorne asiatique, dit aussi capricorne asiatique (Anoplophora glabripennis).

Il a fallu abattre trente mille arbres infestés ou vulnérables dans les zones touchées, où le coléoptère originaire de Chine et de Corée avait été signalé pour la première fois en 2003, à Vaughan et à Toronto, en Ontario, indique un communiqué de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).

L’opération, seul moyen connu de lutte contre cette espèce, a apparemment réussi: le longicorne, qui mesure environ 3 cm sans compter les antennes, et peut être identifié par des taches claires sur un corps noir brillant, a été signalé dans cette zone pour la dernière fois en décembre 2007 et il n’a jamais été détecté ailleurs au Canada.

Les femelles déposent leurs oeufs dans les rainures qu’elles pratiquent dans l’écorce de nombreuses espèces de feuillus, dont les érables, les ormes, les bouleaux, les peupliers et les saules. Ensuite, les larves s’enfoncent plus profondément dans le tronc où elles hibernent tout en se nourrissant de bois et causent des dommages importants, avant que l’insecte adulte ne creuse encore un tunnel pour sortir de l’arbre.

«Nous venons de franchir une étape importante dans la lutte contre les organismes nuisibles envahissants», a déclaré le ministre de l’Agriculture Gerry Ritz, cité dans le communiqué de l’ACIA.

L’insecte, qui a causé des pertes très importantes aux forêts chinoises, est également combattu actuellement au sud de la frontière canadienne, dans le Massachusetts, l’Etat de New-York et l’Ohio.

http://fr.canoe.ca