Elle faisait des compétitions de patinage de vitesse à 15 ans, mais elle a délaissé, car elle trouvait cela demandait trop aux muscles. C’est à 48 ans qu’elle a décidé de faire de la planche abdominale après que son fils l’encourageât dans cette voie. En 4 ans, elle réussit le record Guinness, c’est de la discipline et beaucoup de volonté.
Nuage
Plus de 4 h en planche abdominale : l’exploit surhumain d’une Montréalaise
Dana Glovacka au coeur de sa meilleure performance mondiale réalisée le 18 mai, à Naperville, en Illinois Photo: Courtoisie Dana Glowacka-Facebook
Jean-François Chabot
La Montréalaise Dana Glowacka est discrètement entrée dans le Livre des records Guinness le 18 mai dernier en maintenant la position de la planche abdominale pendant 4 h 20 min. L’exploit relève d’une immense discipline personnelle.
Issue d’une famille d’immigrants polonais, Dana Glowacka est la fille d’un ancien entraîneur de ski de fond. De l’âge de 10 ans à 15 ans, elle a pris part à des compétitions de patinage de vitesse sur longue piste de niveau national.
Et dire qu’elle a raccroché ses lames parce qu’elle trouvait son sport musculairement trop exigeant…
Cette mère au foyer de 48 ans ne pratique la planche abdominale que depuis quatre ans. Jusqu’alors, elle s’adonnait au yoga et se rendait régulièrement au gymnase pour entretenir son tonus.
Tout a commencé quand son fils Ralph, aujourd’hui âgé de 15 ans, est tombé par hasard sur une vidéo sur le web montrant un homme en train de réaliser un record du monde de la planche.
Il m’a dit : « Regarde maman, ça a l’air facile. Toi aussi tu pourrais avoir ton nom dans le livre des records. » J’ai tout de suite voulu essayer. J’ai tenu quatre minutes, au milieu de mon salon, en écoutant ma chanson préférée [tirée de la bande originale de la télésérie Supergirl, NDLR].
Dana Glowacka
Peu de temps après, elle a entamé ses propres recherches dans le but d’entrer en contact avec l’homme de la vidéo.
Il s’agissait en fait de George E. Hood, un ex-marine américain à la retraite qui a également été agent spécial à la Drug Enforcement Agency (DEA).
Après une mission où il a formé des policiers en Afghanistan, l’homme de 61 ans a établi de nombreux records mondiaux.
Il détient la marque masculine de la planche abdominale en 10 h 10 min 10 s, réalisée en juin 2018. Au même moment, il a signé le record de la plus longue période de planche sur 24 heures (18 h 10 min).
Progrès rapides
Une fois le contact établi, Dana Glowacka lui a fait parvenir une vidéo dans laquelle elle participait à un défi de planche en compagnie de quelques parents et amis. On pouvait alors la voir tenir la pose durant 25 min.
Voyant que cette adepte du yoga était sérieuse dans sa démarche, Hood est venu de Chicago à Montréal pour la rencontrer.
Avec les conseils de son nouvel ami, celle qui ne se décrit pas comme une personne compétitive a vu ses performances s’améliorer rapidement. Ainsi, six mois plus tard, elle planchait, sans broncher, durant 1 h 20 min.
Dans la planche, il faut mettre notre mental ailleurs. Le corps va augmenter son endurance. L’esprit va s’adapter au message reçu. On va faire quatre minutes pendant une semaine. Puis, on va prolonger de quelques secondes, puis de quelques minutes par semaine. Mais ça se passe essentiellement dans la tête. Le corps et le mental doivent fonctionner ensemble. Dana Glowacka
C’est ainsi qu’elle a tranquillement choisi de repousser ses limites pour atteindre un état de bien-être en tenant son corps immobile pendant des heures. Le tout en ne s’appuyant que sur ses avant-bras et sur ses orteils.
À l’avant-scène mondiale
Ne cherchez pas de club de planche abdominale. Aux dires de Dana Glowacka, il n’en existe pas au Canada. C’est essentiellement une activité qui se pratique en solitaire.
Nul besoin d’être membre d’un gymnase ou de se procurer de l’équipement à prix fort. Elle explique que c’est justement parce qu’elle n’apprécie pas la notion d’embrigadement, où l’on devient un numéro, qu’elle aime tellement faire la planche.
À partir de son salon, elle s’est jointe à la Hood Team, qui parcourt le territoire américain pour donner des démonstrations et faire de nouveaux adeptes.
Sa nouvelle passion l’a conduite à la Coupe du monde de planche abdominale présentée en 2016, à Pékin, en Chine.
Pour sa première compétition officielle, elle a obtenu les grands honneurs avec un temps de 2 h 5 min.
Avant d’en arriver au record du monde établi il y a deux semaines, à Naperville, en Illinois [l’ancienne marque était de 3 h 31 min, NDLR], elle s’est soumise à un régime strict. Durant un peu plus d’une heure, deux ou même trois fois par jour, elle a conditionné son corps et son esprit.
Certains pensent que j’ai gaspillé toutes ces heures. Mais rien que pour aller et revenir du gymnase, il me faudrait déjà plus d’une heure par jour. J’utilisais donc ce temps pour m’entraîner, tout en écoutant de la musique, en chattant avec mes amis sur les médias sociaux ou en regardant la télévision le soir, au lieu de rester assise et de manger des chips sur le divan. Dana Glowacka
Une pause
Si elle adore la planche abdominale et le bien-être que cela lui procure, Dana Glowacka veut s’accorder un peu de repos et offrir à ses coudes le temps de guérir. Car les blessures existent bel et bien dans cette discipline en apparence immobile et sans risque.
Cette athlète au corps sculpté, qui fait sans doute bien des envieux, a expliqué qu’à force de servir de point d’appui, la peau de ses coudes finit par s’irriter et se fendre.
Cela a été une surprise pour moi de constater que mes coudes souffraient plus que mon corps. Ça finit par se déchirer quand on fait beaucoup de planche. Il y a de petites frictions. Je mets toutes sortes de crèmes et de médicaments pour hydrater et pour que ça puisse guérir le plus vite possible. Dana Glowacka
Au cours des prochains mois, elle marquera une pause et retournera se consacrer au yoga. La chasse aux records sera mise en veilleuse.
Malgré les risques inhérents, Dana Glowacka a dit qu’elle continuera à s’offrir deux séances quotidiennes d’une heure et quart chacune, pour de ne pas perdre ses acquis.
La vie pour elle n’est pas une compétition. Elle est heureuse et contente de ce qu’elle a réalisé. Mais à ses yeux, le plus important est que son fils soit fier d’elle.