Science décalée : l’homme qui faisait de la bière dans ses intestins


Un syndrome heureusement rare, mais qu’il est heureusement possible de soigner. La flore intestinale est importante, si elle est endommagée un champignon peut s’y installer
et changer le sucre, pâte, pomme de terre … en alcool et augmenter considérablement le taux d’alcoolémie dans le sang
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Science décalée : l’homme qui faisait de la bière dans ses intestins

 

Par Janlou Chaput, Futura

Publié le 04/11/2017

Un États-Unien de 61 ans se présente aux urgences pour cause de vertiges. L’éthylomètre révèle une alcoolémie de 3,7 g/l. Pourtant, l’individu promet qu’il n’a pas bu une goutte d’alcool. Menteur ou victime d’un syndrome rare ? La deuxième hypothèse, évidemment !

Drôle d’histoire que celle qui est récemment arrivée à un Texan. Ce sexagénaire était ivre alors même qu’il affirmait n’avoir rien bu. D’où venait cet alcool qui lui gâchait la vie ? Les résultats de cette enquête sont parus dans l’International Journal of Clinical Medicine.

Le contexte : ivre sans boire d’alcool

En novembre 2009, un homme se présente aux urgences d’un hôpital texan. En revenant de l’église, il raconte souffrir de vertiges importants. Les symptômes classiques d’une intoxication alcoolique. L’éthylomètre est sans appel : 3,7 g d’alcool par litre de sang, soit 7 fois plus que ce qui est autorisé en France pour conduire (0,5 g/l). Aurait-il abusé du vin de messe ? Le sexagénaire nie les faits, mais le personnel médical doute de sa bonne foi. Pourtant sa femme, infirmière, confirme les propos de son mari.

Un cas étrange qui interpelle Barbara Cordell, du Panola College et Justin McCarthy, gastro-entérologue dans la ville de Lubbock. Et si ce patient disait vrai ? En discutant avec lui, ils apprennent que l’homme a subi une opération du pied qui l’a obligé à prendre par la suite un traitement antibiotique. Depuis, il disait se sentir mal après avoir bu deux bières et ressentait même l’ébriété sans avoir consommé d’alcool.

C’est alors que son épouse, intriguée par la question, a expliqué avoir mené ses propres recherches et suppose que son mari souffre du syndrome de fermentation intestinale, un trouble rare et très peu documenté. Alors, en avril 2010, le protagoniste est invité à revenir pour participer à une petite expérience afin de vérifier l’hypothèse.

L’étude : les levures de la bière dans les intestins

Il est placé dans une chambre et interdit de visite. Ses affaires sont fouillées de manière à s’assurer qu’aucune fiole d’alcool n’y est cachée. Ainsi isolé durant 24 h, le patient reçoit une alimentation riche en sucres, avec notamment des friandises. Toutes les deux heures, l’alcoolémie est évaluée par un éthylomètre. Verdict : son taux d’alcool dans le sang est monté jusqu’à 1,2 g/l. Des prélèvements révèlent la présence dans ses intestins d’une levure :

 Saccharomyces cerevisiae.

La levure Saccharomyces cerevisiae est un champignon unicellulaire circulaire très familier et surtout non pathogène. Sauf dans certains cas... © AJC1, Flickr, cc by nc sa 2.0

La levure Saccharomyces cerevisiae est un champignon unicellulaire circulaire très familier et surtout non pathogène. Sauf dans certains cas… © AJC1, Flickr, cc by nc sa 2.0

Ce champignon unicellulaire est célèbre car il est aussi bien utilisé par les boulangers pour faire lever le pain que par les brasseurs pour alcooliser la bière (d’ailleurs, cerevisiae et cervoise ont la même étymologie). Retrouvée fréquemment, cette levure n’est normalement pas pathogène car elle ne fait que transiter dans le tube digestif. Malheureusement pour cet Américain, les antibiotiques utilisés après son opération ont probablement débarrassé son tube digestif d’une bonne partie de sa flore intestinale. Le champignon a donc profité du vide pour coloniser les lieux.

Ainsi, à chaque fois que cet homme consommait sucré (friandises, pâtes, pommes de terre, soda, etc.), les levures transformaient le glucose en éthanol pour produire l’énergie nécessaire à leur métabolisme. Voilà pourquoi l’alcoolémie montait parfois en flèche. Six semaines de régime sans sucre combiné à un antifongique ont eu raison des levures.

L’œil extérieur : une maladie rare, des conséquences importantes

Dans la littérature scientifique, seules quelques situations similaires ont été rapportées. Dans les années 1970, une bonne douzaine de cas ont été décrits dans deux études. Mais sur les 30 dernières années, on en dénombre moins qu’il n’y a de doigts sur une main. Évidemment, dans un premier temps, les médecins sont un peu stupéfaits, car il est bien plus fréquent d’avoir affaire à des personnes alcoolodépendantes qui se cachent pour boire. Ici, ce n’est pas le cas. Cependant, il peut arriver que le traitement soit le même : certains patients, notamment une adolescente de 13 ans, ont eu droit à une cure de désintoxication pour apprendre à supporter le manque.

http://www.futura-sciences.com

Une pâte à tartiner ralentit le cerveau


Une autre preuve que notre alimentation peut modifier notre cerveau. On parle ici de la tartinade de la Marmite originaire du Royaume-Uni se vend dans quelques épiceries du Québec. Cette tartinade ne guérit pas, mais laisse a pensé qu’il serait une piste sérieuse pour traiter certaines maladies comme la dépression, l’hyperactivité ou encore l’épilepsie en ayant une alimentation mieux ciblée
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Une pâte à tartiner ralentit le cerveau

 

marmite

Une tartine chaque jour de cette pâte à tartiner provoque une diminution de l’activité cérébrale.

Consommer chaque jour pendant un mois une tartine de Marmite, une pâte à tartiner à base de levure de bière, fait baisser l’activité cérébrale. Encore une preuve que notre alimentation modifie notre cerveau.

Bénédicte Salthun-Lassalle

 

Ce n’est pas la célèbre pâte à tartiner à laquelle vous pourriez penser… Il s’agit de la Marmite, une pâte à tartiner d’origine britannique, à base de levure de bière, que vous aimerez ou détesterez dès la première cuillère tant son goût est prononcé. Et bien quelques tartines de cet aliment – une par jour pendant un mois – ont suffit à diminuer de 30 % l’activité du cortex visuel de 14 volontaires, comparés à celle de 14 autres personnes ayant mangé du beurre de cacahuète.

Ces résultats obtenus par l’équipe de Daniel Baker, à l’université d’York en Angleterre, confirment l’idée selon laquelle notre alimentation modifierait l’activité de notre cerveau, et donc nos pensées et nos comportements. C’est parce qu’il existe des connexions entre les intestins et le cerveau, soit directes via des échanges neuronaux et hormonaux, soit indirectes via la flore intestinale (l’ensemble des bactéries du tube digestif). Et de plus en plus d’études révèlent que les intestins et la flore interviennent sur les fonctions cognitives.

Dans le cas de la Marmite, l’intermédiaire entre serait l’acide gamma-aminobutyrique, le GABA, le principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux. La pâte à tartiner contient en effet 116 fois plus de vitamine B12, trois fois plus de vitamine B6 et 1,85 fois plus de glutamate que le beurre de cacahuète. Or certains augmentent les quantités de GABA sécrétées dans le cerveau. La vitamine B12, en particulier, serait un co-facteur, à savoir une molécule intervenant dans la production de la myéline, la gaine isolante qui entoure les prolongements des neurones et accélère la transmission des messages et la libération des neurotransmetteurs. Plus de vitamine B12, ce serait donc plus d’activité neuronale et plus de GABA libéré. D’où une inhibition de certaines régions cérébrales comme le cortex visuel primaire des volontaires.

Le bon fonctionnement de notre cerveau repose sur un équilibre subtil entre activation et inhibition neuronales. De nombreuses pathologies, comme l’épilepsie, les troubles autistiques, l’anxiété, la dépression ou l’hyperactivité, sont liées à une excitation ou une inhibition anormale de différentes zones cérébrales. La Marmite ne soignera personne, mais ses effets observés ici sur le cerveau des participants ressemblent à ceux provoqués par certains traitements des patients épileptiques. Les chercheurs suggèrent qu’augmenter les concentrations de GABA avec une alimentation particulière pourrait être une piste pour traiter certaines pathologies, notamment l’épilepsie.

http://www.pourlascience.fr