Les épiceries et comptoirs de repas, veulent nous faire économiser du temps, alors ils offrent des fruits, des légumes, lavés, épluchés, coupés et emballés. Il y a aussi d’autres produits comme des sachets de gruau qu’on a qu’à ajouter l’eau, des plats tout préparer etc … Cela permet effectivement d’économiser le temps, mais ce qu’on ne dit pas, c’est qu’ils font des profits de 100 à 150 %. Sans parler du surplus d’emballage qui augmente.
Nuage
Économiser du temps en cuisine a un coût

En optant pour un petit bol de pamplemousse déjà préparé, on gagne 2 minutes 12 secondes.
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Barbara Ann Gauthier
Précoupés, prélavés, précuits, préportionnés : l’industrie alimentaire offre tout un arsenal d’aliments avec la promesse de faciliter la vie au consommateur et de lui faire économiser du temps. Mais qu’en est-il vraiment?
L’épicerie a voulu savoir combien de temps nous gagnons et combien cela nous coûte, en faisant l’exercice de comparer le prix et le temps d’aliments préparés à des aliments non préparés.
Trois repas d’une journée pour une seule personne, totalisant 16 aliments différents, ont été évalués.
Par exemple, le petit déjeuner maison composé d’un pamplemousse, d’un bol de gruau, d’un yogourt avec noix et d’un café a été comparé à son équivalent préportionné. Au total, 4 minutes 7 secondes ont été économisées, mais cela a coûté 2,91 $ de plus.
En optant pour le pamplemousse déjà préparé, on gagne 2 minutes 12 secondes. Cela nous évite de l’éplucher, de le couper et d’en faire une portion.
Acheté entier, il coûte 0,66 $ pour 90 grammes de chair, comparativement à 2,19 $ pour la même quantité en petit pot. Une économie d’argent qui exige juste un peu de temps et d’effort.

Éplucher et couper soi-même le pamplemousse prend un peu plus de temps.
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La version maison du yogourt saupoudré de noix a nécessité 56 secondes à préparer, mais elle a coûté 0,76 $ de moins que la version déjà assemblée.
Quant au bol de gruau, le temps de préparation est le même pour un gruau déjà portionné contre un gruau non portionné. Ici, on évite de mesurer la quantité de céréales à préparer. Cela coûte 0,27 $ de plus.
Ce n’est pas tant que ça prend beaucoup plus de temps, mais c’est ce qui nous permet de penser qu’on va mettre ce temps-là à autre chose.
Jacques Nantel, professeur de marketing, HEC Montréal.
Autre exemple : le café en dosette comparé au café préparé avec un filtre réutilisable. On gagne 41 secondes, mais on paie la tasse deux fois plus cher.
Le signal qu’on vous donne, c’est : voici une partie qui n’est pas plaisante pour vous dans votre journée, consacrez donc votre temps à faire quelque chose de mieux, nous, on va s’occuper de la partie non plaisante. Ce qu’on ne vous dit pas, évidemment, c’est combien on va vous faire payer pour s’occuper de la partie qui ne vous plaît pas
, ajoute Jacques Nantel.

L’industrie alimentaire offre toute une variété d’aliments préparés afin de vous faciliter la vie.
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Des marges de profits qui peuvent atteindre 150 %
En épicerie, les comptoirs de prêt-à-manger offrent en quantité fruits et légumes précoupés. Ces produits génèrent de grandes marges de profits pour le détaillant.
Par exemple, des bâtonnets de carottes s’affichent à 7,50 $ le kilo, alors qu’un sac de carottes peut se vendre la moitié moins cher.
On parle d’un profit moyen brut sur des produits de base d’à peu près 19-20 %, là on est rendu dans le 100-150 % facilement.
Jacques Nantel, professeur de marketing, HEC Montréal.
Perte des savoirs culinaires
Certains aliments vendus pour faciliter la vie au consommateur ont de quoi étonner. Pommes coupées en quartiers, pommes de terre enveloppées de papier d’aluminium, prêtes à mettre au four, oeufs cuits durs écalés sont autant de produits conçus pour éviter la plus élémentaire des préparations.
On a perdu beaucoup notre relation avec les aliments, avec la préparation d’aliments. On dirait qu’on fait beaucoup de recettes quand on va recevoir des gens, mais pour tous les jours, on veut éviter tout ça, puis on achète du tout fait
, précise Marlène Hutchinson, spécialiste en environnement, Cycle Environnement.
Coûts collatéraux, coûts environnementaux
Et ce tout fait
produit une quantité considérable d’emballages.
Le dommage de plus, c’est vraiment l’emballage supplémentaire qui est requis aux aliments pour avoir une durée de vie plus longue. Si on prend l’exemple d’un pamplemousse qui a déjà sa protection naturelle, une fois qu’il est coupé, on a besoin d’y mettre une nouvelle protection et on a besoin en plus de le réfrigérer pour garder sa durée de vie, contrairement à un pamplemousse qui peut rester sur la tablette
, explique Marlène Hutchinson.

Les emballages générés par le prêt-à-manger ne représentent qu’une petite partie de l’impact environnemental global de ces produits.
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Les emballages générés par le prêt-à-manger ne représentent qu’une petite partie de l’impact environnemental global. Le coût environnemental doit tenir compte du cycle de vie des emballages pour offrir un portrait juste de la réalité.
C’est sûr qu’on voit beaucoup l’emballage, mais l’impact va plus loin que ça. Il va aussi dans la préparation, il va dans la réfrigération, il va dans l’espace supplémentaire requis, l’espace supplémentaire des tablettes réfrigérées en supermarché, l’espace supplémentaire dans nos frigos chez nous. Tout ça aussi a un impact.
Marlène Hutchinson, spécialiste en environnement, Cycle Environnement.
Au terme de l’exercice de comparaison, L’épicerie constate que pour trois repas, une personne seule gagne 23 minutes dans sa journée en utilisant du préportionné, mais elle a 15 $ de moins dans ses poches. C’est un manque de 105 $ par semaine et de 420 $ par mois. Et si on multipliait ce coût pour une année, un couple, une famille?
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