Sur Internet, il existe aussi des gentils justiciers


A travers Internet, des hackers sont a la chasse contre les pédophiles, de revenge porn, de harcèlement ou tout autre injustice. C’est une bonne chose que ceux qui savent se servir de l’informatique l’utilisent dans le but de protéger, mais malheureusement, il y a des risques de causer des torts collatéraux ou  encore des erreurs sont toujours possible et peuvent détruire des réputations
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Sur Internet, il existe aussi des gentils justiciers

 

A backlit laptop computer keyboard / Colin via Wikimédia License by

A backlit laptop computer keyboard / Colin via Wikimédia License by

Repéré par Vincent Manilève

Souvent experts en sécurité informatique, ils s’en prennent aussi bien aux sites pédopornographiques qu’aux grandes entreprises coupables d’espionnage des internautes.

Si vous avez regardé l’excellente série Mr Robot, vous avez pu voir comment le personnage principal, un hacker de génie prénommé Elliot, passe ses nuits à jouer au justicier masqué pour traquer pédophiles et escrocs en ligne afin de les piéger.

Le site Fusion nous explique aujourd’hui que ce genre de personnage ne relève pas uniquement du domaine de la fiction.

Depuis quelques temps, au-delà du mystérieux groupe Anonymous, s’est mis en place «une nouvelle sorte de “héros numériques“ qui utilisent leur capacités technologiques pour rendre une justice citoyenne sur Internet quand les forces de l’ordre officielles ne peuvent pas enquêter, ou ne le feront pas elles-mêmes.»

Einar Otto Stangvik, ancien expert en sécurité informatique norvégien, a passé les dix derniers mois à surveiller les gens qui téléchargent en ligne des vidéos de pédopornographie. Grâce à un programme informatique qu’il a lui-même mis en place, et avec l’aide d’un journal norvégien, il a pu lister 95.000 personnes qui ont téléchargé ce genre de contenus l’année dernière. Et comme n’importe quel super-héros, il estime faire le travail que la police ne fait pas:

«Tu penses que quelqu’un d’autre le ferait, que la police le ferait?» a-t-il dit un jour à sa femme. «Quand il s’agit de harcèlement ou de pornographie en ligne, la police est vraiment mal équipée pour gérer ces problèmes, explique aus site l’universitaire spécialisée Gabriella Coleman. Cela comble un vide.» 

Sauf que plutôt que d’enfiler une cape, un masque et d’errer dans la rue pour empêcher le crime, ils passent leur temps sur leur ordinateur pour traquer les gens et les entreprises qui volent en ligne des données, des photos, des vidéos, à des personnes innocentes.

On peut citer Adam Steinbaugh, légiste américain qui traque les sites de «revenge porn», où les gens postent des photos et des vidéos pornographiques de leur ex, ou encore la «Ligue des justiciers numériques» au Canada, ce groupe d’activistes qui dénonce les compagnies qui vendent des logiciels espions aux régimes répressifs à travers le monde. 

Bien sûr, le risque zéro n’existe pas quand on se lance dans ce genre d’aventure, même si l’on est caché derrière son ordinateur. Les hackers qui ont révélé la liste des membres d’Ashley Madison, ce site de rencontres extra-conjugales, ont fait savoir qu’ils avaient un objectif purement moral. Et pourtant, ils ont été sous le feu des critiques, de la même façon que ceux qui on fait fuiter les emails de Sony. Et quand on a découvert qu’un dentiste américain avait tué le lion Cecil, des justiciers se sont emparés de leur ordinateur pour «venger» l’animal. À l’époque, Buzzfeed expliquait que des gens publiaient en ligne des informations personnelles sur le dentiste ainsi que des milliers de messages pour détruire sa réputation en ligne.

Néanmoins, rares sont ceux qui, comme Einar Otto Stangvik, assume leur identité et peuvent réellement assumer ce rôle de vrai justicier du net. Pour lui, il faut être prêt d’un point de vue psychologique et surtout technique.

«J’avais les bonnes capacités. J’ai ressenti le besoin de contribuer car je pouvais contribuer.»

Surtout qu’une simple erreur peut détruire la vie d’un innocent. Un grand pouvoir implique bien de grandes responsabilités. 

http://www.slate.fr/

Le père de Rehtaeh Parsons louange Anonymous


Devrions-nous faire justice soi-même sans procès ? Je pense qu’Anonymous à sa place sur internet, car nombre de fois, à mon avis, ils ont agi pour les victimes. On s’aperçoit que les gens n’ont plus cette confiance envers la justice, et quand justice il y a, elle se présente sous des peines bonbons. Et grâce a internet certaines causes ont fait bouger les choses .. Alors ne soyons pas surpris de revoir des membres d’Anonymous récidiver
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Le père de Rehtaeh Parsons louange Anonymous

 

Le collectif Anonymous regroupe des activistes qui s'expriment de façon anonyme sur le web.Le collectif Anonymous regroupe des activistes qui s’expriment de façon anonyme sur le web. Photo :  ICI Radio-Canada

Alors que des experts et les autorités dénoncent les récents actes justiciers du collectif de pirates informatiques Anonymous, un des bénéficiaires de leur activisme est convaincu que justice n’aurait jamais pu être rendue pour la mort de sa fille sans leur participation.

Glen Canning, le père de Rehtaeh Parsons, a déclaré croire que les menaces d’Anonymous d’identifier publiquement les jeunes garçons qui ont prétendument cyberintimidé l’adolescente de la Nouvelle-Écosse qui s’est par la suite suicidée ont incité la police d’Halifax à rouvrir leur enquête, et plus tard à porter des accusations.

M. Canning est persuadé que rien de tout cela ne serait arrivé si Anonymous ne s’était pas impliqué dans l’affaire.

Rehtaeh Parsons s’est suicidée en 2013, et ses proches soutiennent qu’elle ne pouvait plus supporter la cyberintimidation et les injures à la suite de la publication dans les médias sociaux des images de son viol, commis en novembre 2011.

M. Canning affirme que c’est une publication exaspérée de la mère de l’adolescente sur les réseaux sociaux qui a attiré l’attention d’Anonymous, une communauté peu structurée d’internautes activistes qui ciblent les gouvernements, les entreprises et les groupes religieux de la planète concernant les grands enjeux de justice sociale.

Le groupe a fait les manchettes le mois dernier quand l’un de ses membres présumés, James McIntyre, a été abattu par un agent de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à Dawson Creek, en Colombie-Britannique.

Anonymous a par la suite menacé de fermer des sites Internet policiers et de rendre public un document secret sur les moyens de communication outre-mer du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). Le site Internet national de la GRC et celui de Dawson Creek sont devenus inaccessibles peu après la menace. La GRC a par la suite expliqué qu’il s’agissait d’un problème de maintenance.

Glen Canning, le père de Rehtaeh Parsons

Glen Canning, le père de Rehtaeh Parsons Photo :  Jack Julian/CBC

« Pourquoi passer par les tribunaux? Pourquoi passer par le système? s’est questionné Glen Canning en entrevue téléphonique. Pourquoi être victimisés de nouveau quand […] certaines personnes en ligne peuvent faire vraiment beaucoup plus que la police et les tribunaux pour nous procurer un sentiment de justice? »

Wayne MacKay, professeur de droit et expert en cyberintimidation à l’Université Dalhousie, à Halifax, croit qu’Anonymous a joué un rôle dans l’avancement de la cause de la justice, par exemple en stimulant les gouvernements à agir.

Aucun gouvernement ne concédera cependant publiquement avoir été influencé par les pressions du collectif de pirates informatiques, nuance-t-il.

Le professeur MacKay s’inquiète néanmoins du style d’activisme non orthodoxe d’Anonymous.

« Même s’ils comblent une lacune de notre système de justice, est-ce que ça justifie d’enfreindre la loi? se demande-t-il. Souvent, la réponse sera non. »

« Nous avons un système de justice structuré pour une raison et nous ne devrions pas nécessairement permettre une réaction de type justicier, même si nous estimons que le système de justice central fonctionne trop lentement », conclut-il.

http://ici.radio-canada.ca/

Les justiciers du Web sont incontrôlables (et parfois dangereux)


Je trouve important de dénoncer les injustices comme ce dentiste qui a chassé Cecil, mais de là à rendre public des informations personnelles, menaces et harcèlements, cela va trop loin. Devenir des justiciers du web est dangereux, car des innocents risques d’en payer le prix
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Les justiciers du Web sont incontrôlables (et parfois dangereux)

 

La porte d'entrée du cabinet du dentiste responsable de la mort du lion Cecil | REUTERS/Eric Miller

La porte d’entrée du cabinet du dentiste responsable de la mort du lion Cecil | REUTERS/Eric Miller

Repéré par Vincent Manilève

Le meurtre de Cecil le lion par un dentiste américain nous rappelle qu’il existe certains internautes bien décidés à venger les injustices tout autour du monde.

Fin juillet, on apprenait que Walter Palmer, un dentiste du Minnesota, avait tué Cecil, l’un des lions les plus célèbres du Zimbabwe. Après une traque de quarante heures,l’animal a été achevé à l’arme à feu, décapité et dépecé.

Très vite relayée sur Internet, cette nouvelle a provoqué aussi bien l’émotion que la colère. La chasse a alors commencé, mais cette fois pour traquer le dentiste. Comme l’expliquait Buzzfeed, certains internautes ont commencé à partager sur les réseaux sociaux d’autres photos de ses trophées de chasse, l’adresse de son cabinet dentaire, des informations sur sa famille, mais aussi à envoyer des menaces de mort. Sur la page Yelp du cabinet, certains ont commencé à publier des avis négatifs (supprimés par le site depuis). Même chose sur Facebook, où les commentaires et les messages indignés ont inondé la page gérée par le cabinet.

Une pétition a été même lancée pour demander «justice» et une pancarte «Va rôtir en Enfer» a été accrochée sur la porte du cabinet du dentiste.

Pour Vox.com, il s’agit là d’une nouvelle étape franchie par les «justiciers du Web», qui deviennent de plus en plus incontrôlables.

«C’est une mode grandissante au sein des justiciers du Web, qui entraîne souvent un harcèlement dans le monde réel avec des conséquences dans le monde réel».

Le site rappelle alors l’affaire du Gamergate, dans laquelle des femmes travaillant dans le secteur de la technologie ont été harcelées, tout comme de nombreuses journalistes femmes.

Manque d’objectivité

Ce que craint le journaliste de Vox, c’est de voir de telles méthodes devenir «mainstream». Il est en effet assez effrayant de voir à quel point certains internautes utilisent des leviers psychologiques ou financiers dans le monde réel pour mettre à mal la vie d’une personne ou d’un groupe:

Le système judiciaire se trouve relégué au second plan

«Il est facile d’oublier à quel point une “quête de justice“ est injuste est dangereuse quand elle vise quelqu’un que vous méprisez, Plus ce comportement est normalisé, et plus il sera déployé contre des cibles qui ne méritent pas forcément d’avoir leur vie détruite.»

Pire encore, le système judiciaire se trouve relégué ici au second plan. La mobilisation en ligne souffre d’un manque d’objectivité criant, à l’inverse de la justice, qui s’efforce de mettre en place des punitions adéquates et de maintenir les valeurs de démocratie et d’égalité.

Harcèlement et menaces

En février 2015, le New York Times racontait en détail l’histoire de Justine Sacco, responsable des relations publiques du groupe média américain IAC, dont la vie a été ruinée après un tweet raciste sur l’Afrique.

«Je vais en Afrique. J’espère ne pas attraper le sida. Je plaisante. Je suis blanche!»

Les gens bien intentionnés, quand ils sont dans une foule, poussent souvent la punition trop loin

Le New York Times

Au-delà de la colère et de l’indignation que ce tweet a provoquées, et à juste titre, le journal américain expliquait que cette quête de justice par le peuple existe en réalité depuis longtemps, et qu’Internet n’a fait que la rendre encore plus puissante et plus visible:

«Beaucoup de gens des siècles passés déploraient l’énorme cruauté de la pratique, estimant que les gens bien intentionnés, quand ils sont dans une foule, poussent souvent la punition trop loin.»

Plus grave encore, ce problème peut concerner n’importe qui, et même des personnes innocentes. En 2013, après les attentats de Boston, rappelle Vox.com, un jeune homme a été pris en chasse sur Reddit parce qu’une personne lui ressemblant a été vue sur des photos ce jour-là. Sa famille a été harcelée et menacée. À tort, le jeune homme s’était en fait suicidé quelques jours avant l’attentat. 

http://www.slate.fr/

Le Saviez-Vous ►Jesse James, héros du Far West ou Terroriste des temps modernes ?


Jesse James, un voleur prolifique aux États-Unis, était considéré par la population une vedette, un Robin des Bois, alors que pour les banquiers, les patrons des compagnies du chemin de fer et le gouvernement, le voyaient plutôt comme un criminel à éliminer à tout prix
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Jesse James, héros du Far West ou Terroriste des temps modernes ?

 


(Source)

EVELYNE FERRON, Spécialiste ders histoire ancienne

Le 3 avril 1882, il y a de cela 133 ans, le célèbre criminel et hors-la-loi américain Jesse James était assassiné par un de ses compagnons, Robert Ford.

Une jeunesse dans l’ombre de la guerre civile

Jesse James est né en 1847 dans l’État du Missouri, un état frontière entre le Nord et le Sud des États-Unis. Il a vécu sa jeunesse dans un climat de conflits entre les mouvements prônant l’abolition de l’esclavage et ceux qui désiraient maintenir cette façon de faire, de peur de voir toute une économie s’effondrer.

Un début dans un groupe de guérilla


Photo: Bloody Bill (Source)

En pleine guerre de Sécession, Jesse James, âgé de 16 ans, et son frère Frank, ont fait partie d’un groupe de guérilla particulièrement violent mené par William Anderson, surnommé « Bloody Bill ». Ils se cachaient dans les forêts et attaquaient par surprise les troupes de l’Union, laissant un véritable carnage derrière eux, dont des corps scalpés aux organes mutilés…

Un hors-la-loi célèbre

(Source)

La fin de la guerre, la victoire de l’Union américaine et les politiques du président Abraham Lincoln ont mené le jeune Jesse James à rejeter les nouvelles législations et à vivre conséquemment en dehors de la société. Pour survivre, il fut obligé de piller des banques et son premier coup d’éclat médiatique eut lieu le 7 décembre 1869, alors qu’il avait tué un caissier à bout portant.


Photo: Armes de Jesse James (Source)

L’âge (22 ans) et la volonté du jeune homme de porter les valeurs des États confédérés ont fait de lui une vedette partout aux États-Unis! Les journaux, dont le Kansas City Times, en firent un justicier plutôt qu’un criminel. Cette publicité autour de lui le transforma rapidement en un Robin des Bois du Far West, qui se battait pour défendre ses idéaux face au gouvernement américain.

Un homme pourchassé

Une telle réputation explique par ailleurs pourquoi les gens étaient prêts à l’héberger, à lui fournir de la nourriture et même des chevaux, alors que sa tête était mise à prix. Mais les propriétaires de banques et de compagnies ferroviaires détestaient quant à elles ce hors-la-loi et sa bande… 


Photo: Allan Pinkerton (Source)

Le vol de marchandises à bord des trains coûtait une fortune et nuisait à la réputation de ces compagnies. C’est pourquoi le propriétaire du Adam’s Express fit appel à l’agence de détectives privés d’Allan Pinkerton pour pourchasser Jesse James.

Leur slogan? « Nous ne dormons jamais ».


(Source)

Une mort par trahison

Mais c’est finalement une entente entre des membres du gang de Jesse James et le gouverneur du Missouri qui mit fin à la carrière du célèbre hors-la-loi et meurtrier, dont la tête était mise à prix pour 10 000$. Le gouverneur avait promis le pardon à Robert Ford si celui-ci éliminait enfin Jesse James. Ce qu’il fit le matin du 3 avril 1882, d’une balle à la tête tirée par-derrière. Jesse James n’avait que 34 ans.


Exposition du corps de Jesse James (Source)

Son corps fut exposé comme preuve et sa mort moussa à nouveau sa popularité. À un point tel que sa mère faisait payer les gens qui désiraient voir sa tombe et repartir avec un peu de pierre concassée! 


(Source)

Une vie de dangers et de péripéties qui expliquent pourquoi Jesse James demeure un personnage incontournable de l’histoire américaine!

 

http://www.historiatv.com/

Tueurs en série


Depuis toujours, des gens mal dans leur peau, écoeurée du système auquel ils vivent, se sont tournées vers ce qu’ils pensaient être une solution pour sauver un groupe, un peuple, le monde des effets négatifs d’une société malade. Certains ont choisi DES religions mais de façon radicale, d’autres vers des théories, mais probablement que tout à commencer par un esprit troublé
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Tueurs en série

 

Photo présumée de Michael Zehaf-Bibeau ayant circulée sur Twitter.

Photo présumée de Michael Zehaf-Bibeau (Twitter)

Le 8 décembre 1980, Mark David Chapman, 25 ans, tire cinq coups de feu sur John Lennon devant son appartement de New York. Il plaide coupable, affirmant qu’il accomplissait la volonté de Dieu. Après l’assassinat, Chapman est demeuré sur les lieux du crime, attendant la police en lisant The Catcher in the Rye, le roman de J.D. Salinger.

Le 30 mars 1981, John Hinckley Jr., 26 ans, tente d’assassiner Ronald Reagan de six coups de feu. Hinckley souffre de troubles psychiatriques et est obsédé par l’actrice Jodie Foster. Après l’attentat, la police fouille sa chambre d’hôtel et trouve une copie de The Catcher in the Rye.

Le 8 mai 1984, Denis Lortie, 25 ans, fait irruption à l’Assemblée nationale, où il assassine trois personnes et en blesse 13 autres. Lortie se perçoit comme un justicier. Il cherche à libérer le peuple québécois du joug du gouvernement de René Lévesque. Il croit suivre la volonté de Dieu. Le Dr Pierre Mailloux, à l’époque, déclare que Lortie souffre de schizophrénie paranoïde.

Le 6 décembre 1989, Marc Lépine, 25 ans, assassine 14 femmes à l’école polytechnique. Son meurtre est motivé par une misogynie délirante, devenue meurtrière. Dans une lettre, Lépine fait référence à Lortie et affirme que son geste est d’origine politique. Sans doute croyait-il libérer les hommes de l’oppression des féministes.

Le 13 septembre 2006, Kimveer Gill, 25 ans, tue un étudiant et en blesse 19 autres au collège Dawson, à Montréal. Gill était fasciné par diverses théories du complot et par la tuerie de Columbine. Dans un profil Internet, il expliquait qu’il avait rencontré une poignée de personnes décentes dans sa vie, mais que la vaste majorité étaient des êtres «mesquins, traîtres, menteurs, fraudeurs». Les gens qui le connaissaient le décrivaient comme un type exceptionnellement gentil et doux, avec «un cœur en or». Dans son journal virtuel, une entrée recensait les viols, les meurtres et les mensonges qui sont le lot de l’humanité, et demandait dans «quelle espèce de monde» nous vivons.

Le 8 janvier 2011, à Tucson, en Arizona, Jared Lee Loughner, 26 ans, tue six personnes et en blesse 13 autres, dont la représentante Gabrielle Giffords, qu’il visait en particulier. Loughner est obsédé par les théories conspirationnistes concernant, entre autres, les attentats du 11 septembre, la monnaie et le contrôle de la grammaire par le gouvernement. Il détestait Giffords, qu’il accusait d’être hypocrite.

Le 22 juillet 2011, Anders Breivik, 32 ans, tue 77 personnes et en blesse 151 autres dans un attentat visant le parti travailliste de Norvège. Breivik est un ultranationaliste qui dénonce le multiculturalisme et l’immigration musulmane en Europe. Il est d’abord déclaré schizophrène, puis jugé sain d’esprit. Son geste était apparemment une tentative d’attirer l’attention sur son manifeste identitaire de 1 518 pages.

Le 22 mai 2013, à Londres, Michael Adebowale, 22 ans, et Michael Adebolajo, 28 ans, assassinent le soldat Lee Rigby en pleine rue. Après le meurtre, ils attendent sur place et se ruent vers les policiers armés quand ces derniers arrivent sur les lieux. Les deux jeunes hommes sont Britanniques, d’origine nigériane, élevés comme chrétiens, puis convertis à l’islam. Ils justifient leur geste comme une vengeance pour les musulmans innocents tués par l’armée britannique.

Le 4 juin 2014, à Moncton, Justin Bourque, 24 ans, tue trois policiers de la GRC et en blesse deux autres. Il est obsédé par les théories conspirationnistes, en rébellion contre l’autorité, et est apparemment partisan des thèses délirantes des Free Men, qui se perçoivent comme prisonniers d’une tyrannie et qui refusent le pouvoir des États.

Le 20 octobre 2014, Martin Couture-Rouleau, 25 ans, tue un militaire et en blesse un autre avant d’être abattu par la police. Ses amis le décrivent comme «sociable, généreux et ouvert aux autres», un type «cultivé» et «toujours prêt à aider un de ses proches». Il y a deux ans, il est tombé dans les théories conspirationnistes.

«Il s’est mis à haïr le capitalisme, le “crédit” et toutes ces choses que remettent en question les théories du complot», écrit La Presse.

Le même article note que Rouleau «s’est vraiment souvent fait décevoir par l’humain. À un moment donné, il a voulu comprendre pourquoi il y avait tant de merde dans le monde».

Il s’est converti à l’islam radical et a commencé à promettre l’enfer aux «hypocrites» et aux «mécréants».

Deux jours plus tard, le 22 octobre 2014, Michael Zehaf-Bibeau, 32 ans, tue un militaire à Ottawa avant de faire irruption au Parlement, où il est abattu par le sergent d’armes. On sait encore peu de choses sur lui. Il avait eu des démêlés avec la justice, pour des affaires de drogue, de bris de conditions et de menaces. Il se serait lui aussi récemment converti à l’islam.

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Le héros de The Catcher in the Rye, Holden Caulfield, est un adolescent marginal, en rébellion contre un monde faux, insensible et superficiel. Il n’aime réellement que sa petite sœur de 10 ans. Son rêve — qui donne son titre au roman — est de protéger des jeunes enfants qui jouent au baseball dans un champ de seigle, au bord d’un précipice, et de les attraper avant qu’ils ne tombent. Caulfield est un jeune homme meurtri, dégoûté par l’artificialité médiocre des adultes, qui rêve de préserver l’innocence du monde.

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Tous des hommes. La plupart dans la vingtaine. À des points divers sur le spectre qui mène de la santé à la maladie mentale. Certains plus délirants, d’autres plus lucides.

Plusieurs avalés par des théories conspirationnistes qui décrivent un système corrompu, contrôlé par un réseau d’intérêts financiers, militaires ou politiques, ou les trois à la fois. Des jeunes hommes convaincus que leur société vit sous le joug d’une puissance occulte, qui gâche leur vie et exploite les faibles. Les ennemis varient : des féministes aux capitalistes, en passant par les musulmans, le multiculturalisme, le gouvernement, l’Occident et la CIA.

Dans plusieurs cas, des types sensibles, blessés par un monde moins idéal, pur et propre qu’ils l’auraient souhaité. Radicalisés par leur déception et leurs échecs au point de sombrer dans une pensée sans nuance, érigée en certitude absolue. Des fantasmes de pureté, de nettoyage et de rédemption, doublés d’une incapacité à endurer le vide, la faiblesse ou l’ambiguïté morale. L’humanité divisée entre les innocents à sauver et les exploiteurs à décimer. Des anges déchus devenus justiciers solitaires.

Couture-Rouleau et Zehaf-Bibeau se sont apparemment tournés vers l’islamisme. Ils ne sont pas les seuls, et ils ne seront pas les derniers. Comme tous les fanatismes, l’extrémisme musulman propose le fantasme d’une justice divine, la défense des innocents contre les forces du mal, et l’accession à un monde meilleur.

La croisade djihadiste exerce une attraction irrésistible sur certains jeunes prêts à mourir pour combler leur vide par un absolu existentiel. Dans son recrutement, al-Qaida propose d’ailleurs de cibler, entre autres, les idéalistes déçus et les personnes en détresse.

Aux prises avec la même infection existentielle, d’autres jeunes hommes ont trouvé un refuge idéologique dans les délires des Free Men, les chimères ultranationalistes et autres rêves de rédemption politique ou personnelle. N’importe où hors de ce monde, écrivait Baudelaire.

Tous sont libres de tirer leurs propres conclusions et enseignements de ces tragédies. Cela dit, expliquer les attentats en se limitant à évoquer les croyances de leur auteur, c’est peut-être confondre la fin et le commencement de l’histoire.

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À propos de Jérôme Lussier

Jérôme Lussier est juriste et journaliste. Au cours des dernières années, il a notamment travaillé à Radio-Canada et tenu un blogue au journal Voir, en plus d’avoir été conseiller politique à la Coalition Avenir Québec. Il blogue sur les enjeux sociaux et politiques contemporains à L’actualité depuis 2013. On peut le suivre sur Twitter : @jeromelussier.

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