C’est cette nuit qu’à Montréal et plusieurs autres villes du Québec, la Nuit des sans-abris. Des personnes vont passer la nuit dehors comme des sans-abris, dans le but de sensibiliser la population à la dure réalité de vivre dans la rue. Cette nuit, il fera froid, et l’hiver, on prévoit beaucoup de neige et a certains moments de grands froids. Les choses s’améliorent avec les années, mais ce n’est pas suffisant, il y a de plus en plus de sans-abris, les besoins sont criant
Nuage
Une 30e Nuit des sans-abri… toujours nécessaire!
SRDJANNS74 VIA GETTY IMAGES
Alors que la Nuit se tiendra à seulement quelques heures de la tenue des élections fédérales, force est de constater que cet enjeu de société majeur est largement passé sous l’écran radar lors de cette campagne électorale.
Ce vendredi 18 octobre se tiendra la 30e Nuit des sans-abri à Montréal. Ce rendez-vous annuel de solidarité se déroulera simultanément dans plus de 30 villes au Québec. Organismes et citoyen.ne.s concernés se mobiliseront pour attirer l’attention sur le phénomène de l’itinérance et interpeller les autorités afin que des réponses accrues soient apportées pour le contrer.
Même si des progrès ont été faits depuis 30 ans, cet événement conserve toujours sa pertinence, surtout considérant que l’itinérance demeure en croissance. Alors que la Nuit se tiendra à seulement quelques heures de la tenue des élections fédérales, force est de constater que cet enjeu de société majeur est largement passé sous l’écran radar lors de cette campagne électorale.
Il y a 30 ans, c’est autour d’un modeste brasero installé devant les studios de MusiquePlus que s’est tenue la première Nuit des jeunes sans-abri de Montréal. Le réseau des Auberges du Cœur et une poignée d’alliés voulaient alors souligner l’importance de l’itinérance jeunesse.
Des personnes de plus en plus âgées cognent dorénavant à la porte des ressources déjà à pleine capacité.
Comme en témoigne entre autres le thème choisi cette année, «Différents visages, différentes histoires», la Nuit des sans-abri s’est depuis longtemps élargie à toutes les populations touchées par le phénomène. L’itinérance jeunesse demeure importante, mais des personnes de plus en plus âgées
cognent dorénavant à la porte des ressources déjà à pleine capacité.
Des avancées importantes
Il demeure que de nombreuses réponses aux besoins se sont développées au fil des ans, fruits de l’action des organismes 365 jours par année et du soutien important, mais insuffisant, des gouvernements et de la Ville de Montréal. Les actions se développent en cohérence avec une approche globale, aujourd’hui amplement reconnue comme la clé pour prévenir et réduire l’itinérance.
À Montréal uniquement, plus de 3000 logements sociaux ont été construits pour offrir un toit aux personnes à la rue ou à risque de l’être. Ces logements ont permis de stabiliser des milliers de personnes, mais le soutien communautaire
qui y est offert, une intervention essentielle pour assurer cette stabilité, demeure largement sous-financé.
Avec 644$, réussir à payer un loyer ou en trouver un est un défi de plus en plus insurmontable.
De plus, il n’est plus nécessaire d’avoir une adresse de résidence pour obtenir un chèque d’aide sociale. À lui seul, l’organisme Le Sac à dos permet à 1200 personnes d’obtenir cette aide, bien qu’elle demeure insuffisante. Avec 644$,
réussir à payer un loyer ou en trouver un est un défi de plus en plus insurmontable.
Aussi, à Montréal et plus récemment à Québec, on n’emprisonne plus les sans-abri pour non-paiement d’amendes inutiles. Il demeure que ceux-ci continuent de recevoir un nombre injustifié de tickets qui leur sont remis en raison de leur condition sociale.
Enfin, après plus de 15 ans de travail, des organismes ont enfin pu mettre sur pied quatre services d’injection supervisée (SIS) à Montréal. Ceux-ci réduisent les risques de surdoses, mais il est nécessaire de poursuivre le développement d’actions pour les contrer, notamment en ouvrant ce type de services ailleurs au Québec.
Des défis majeurs persistent
En prévention, la lutte à l’itinérance souffre d’un manque de moyens. La perte d’un logement, la sortie des établissements carcéraux, des centres jeunesse et du réseau de la santé demeurent des voies qui mènent trop de personnes à la
rue.
Depuis des années, La Rue des femmes, l’Auberge Madeleine et d’autres ressources d’hébergement pour femmes doivent effectuer des refus faute de places. Les refuges pour hommes font aussi face à un débordement. L’ancien hôpital Royal-Victoria qui a fait office d’unité de débordement l’hiver dernier sera encore nécessaire cet hiver.
Rappelons qu’une Politique nationale de lutte à l’itinérance a été adoptée en 2014 pour faire face à ces situations. Demandée par le milieu communautaire et au cœur de nombre de Nuits des sans-abri, cette politique intitulée Ensemble,pour éviter la rue et en sortir interpelle une dizaine de ministères au Québec.
Un rôle majeur pour le fédéral
L’approche globale de la lutte à l’itinérance prônée dans cette Politique québécoise en itinérance interpelle aussi le gouvernement fédéral. Au premier rang des demandes qui y sont véhiculées, Ottawa doit accroître les fonds destinés au développement du logement social.
L’aide apportée aux personnes âgées à faible revenu doit aussi être augmentée et le gouvernement doit s’assurer que toutes les personnes admissibles reçoivent le Supplément de revenu garanti.
Finalement, si le gouvernement a accru, avec son programme Vers un chez soi, les fonds destinés à la lutte à l’itinérance, ceux-ci demeurent insuffisants. Le Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec demande un investissement de 50 millions $ par an pour le Québec, avec l’assurance que ces fonds puissent soutenir la diversité d’actions pour venir en aide aux différents visages de l’itinérance et leurs différentes histoires.
Venez faire un tour!
Que ce soit pour quelques instants ou quelques heures, venez exprimer votre solidarité en participant à la 30e Nuit des sans-abri.
À Montréal, celle-ci se tiendra pour une première fois dans Hochelaga.
17h00: Marche de solidarité, départ de la station Joliette, au coin de la rue De Chambly.
De 18h00 à 1h00 : Vigile, avec activités, à la Place Gennevilliers-Laliberté, qui jouxte le Marché Maisonneuve
Ailleurs au Québec : www.nuitdessansabri.ca