Être isolé dans un environnement extrême, a des effets sur le cerveau. L’hippocampe rétrécie. Heureusement, cela est réversible. Sauf que cette expérience sur des scientifiques en Antarctique, permet d’entrevoir un autre problème des voyages de longues durée ou habité sur une base sur Mars
Nuage
Rester trop longtemps en Antarctique fait rétrécir le cerveau
La base de recherche scientifique Neumayer III, située au nord de l’Antarctique. © Felix Riess
Céline Deluzarche
Journaliste
L’isolement social, les nuits prolongées et l’environnement monotone conduisent à faire rétrécir l’hippocampe chez les personnes effectuant un séjour prolongé en Antarctique, avance une étude publiée dans la revue The New England journal of Medecine.
Les chercheurs ont passé à l’IRM le cerveau de neuf scientifiques avant et après un séjour de 14 mois dans la station allemande Neumayer III, située au nord de l’Antarctique. Ils ont constaté qu’une partie de leur hippocampe appelée gyrus dentelé avait rétréci de 7 % entre leur départ et leur retour.
Ce n’est pas la première fois que la solitude est mise en cause dans les modifications du cerveau. En 2018, une étude avait montré que des souris nées dans un environnement social riche qui, placées à l’isolement pendant 30 jours, voyaient la taille de leurs cellules nerveuses diminuer de 20 %, ainsi qu’une réduction d’une protéine appelée BDNF, qui stimule la croissance neuronale. Heureusement, ces changements sont normalement réversibles lorsque l’on retrouve un environnement stimulant, expliquent les chercheurs. Si les conséquences sur les scientifiques polaires restent donc limitées, la question reste ouverte sur les futurs voyages spatiaux, où les passagers devront rester confinés durant des années dans une navette ou une base sur Mars.